Liza Ward est née a New-York.
“Outside Valentine” est son premier roman. Elle vit aujourd’hui dans le Massachussetts.
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En 1958, le Nebraska connaît la terreur avec les meurtres commis par Charles Starkweather, 19 ans, et Caril Ann Fugate, 14 ans. Onze personnes ont trouvé la mort, dont les propres grands-parents de Liza Ward.
Malgré sa proximité avec ces atrocités, Liza Ward fait preuve de recul. Pas de colère, d'ombre de vengeance, plutôt une tentative pour comprendre. Elle permet d'appréhender le drame sans pour autant le justifier ni l'excuser. Elle raconte les destins des personnes que la tragédie touchera de près ou de loin, en alternant récits et époques.
1958, Caril Ann raconte ; adolescente paumée, « laissée pour compte », elle rencontre Charlie, un gars comme elle, paumé, mais plus combatif ; leurs deux solitudes les rapprochent, les soudent en un amour brut et viscéral. Il dit tuer pour elle, n’avoir plus le choix, elle suit, la spirale sans fin, la fuite en avant…
Après le premier meurtre, le beau-père de Caril
- Citation :
- « et je regarde Charlie pour être sûre que ce n’est pas lui. Il a l’air d’un chevreuil pendant une nuit froide et humide, qui se rend compte que la route est une route, qu’il est en plein milieu et qu’un semi-remorque arrive sur lui. J’observe ses yeux qui s’ouvrent et se ferment . J’ai envie de lui dire Je t’aime toujours, mais son regard s’efface, comme celui du chevreuil. Son menton est tout recroquevillé sur sa poitrine comme s’il essayait d’avaler quelque chose. Son visage devient dur, et il ne relève pas la tête. »
1962, Bouchon ; adolescente lucide et esseulée dont les parents cherchent de toute force à recréer l’amour perdu jusqu’à ce que sa mère les abandonne son père et elle.
- Citation :
- « C’était fini avec ma mère. Comment pouvait-il (le père) ne pas le voir ? On n’avait jamais formé une vraie famille. Elle n’avait jamais été une vraie mère ni une vraie épouse. C’était juste quelqu’un qui faisait en sorte que les autres l’aiment, les autres qui n’étaient pas aussi séduisants ni aussi exceptionnels qu’elle. »
Elle fantasme sur un adolescent plus âgé, Lowell, qui habite près de chez elle, qu’elle n’a jamais vu mais dont les parents ont été assassinés par les deux amoureux tueurs. Ce sera l’Amour de sa vie…
1991, un homme, las d'une vie morose et d'un passé qui n'arrête pas de le poursuivre.
On passe d’une époque à l’autre, d’une voix à l’autre, plongeant dans les pensées des uns et des autres. Procédé, il me semble, à la mode ces temps-ci, mais habilement mené par Liza Ward ; elle réussit à conserver une certaine part de mystère dans les vies de chacun, laissant au temps le choix d'emboîter les éléments et de reconstituer le puzzle final. C'est une histoire, racontée de l'intérieur, avec sobriété et sensibilité.
Mais c’est aussi tout au long l’hiver et la neige, une sensation de froid qui gagne les corps et les cœurs. J’ai ressenti peu à peu comme un vide face à un destin inéluctable, une pesanteur de la vie ; un livre que je qualifierai de triste et désenchanté néanmoins.