Iain Levison

Iain Levison est né à Aberdeen en Ecosse en 1963. Il arrive aux USA en 1971 et poursuit sa scolarité à Philadelphie. Il connaît ainsi les deux facettes les plus extrêmes de nos sociétés occidentales : les taudis écossais où il vécut avec sa mère célibataire et les plus riches quartiers américains, pays le plus opulent du monde !

Après son bac, il retourne en Angleterre pour intégrer l’armée où il apprend l’allemand et l’espagnol. De retour à Glasgow, dix mois de chômage le décident à retourner en Amérique... et devient travailleur itinérant. Pendant dix ans, il exerce différents petits boulots à travers tout le pays, de conducteur de camions à peintre en bâtiments, de déménageur à pêcheur en Alaska !

Tous ces jobs serviront de cadre à son premier livre : Working Stiff’s Manifesto (Tribulations d'un précaire).

biographie issue du site de son éditeur Liana Levi.

Bibliographie :

• Tribulations d'un précaire
  
• Une canaille et demie
  
• Un petit boulot
  

La scène : le Wisconsin, au coeur de l'Amérique profonde.

Le héros : Jake.

Le trame : la dernière usine vient de fermer. Jake se retrouve au chômage. Mais en plus de perdre son job, il va perdre sa femme, son abonnement au cable, puis sa télé... Il n'est plus rien !

Le suspens : Alors qu'il se sent au fond du néant, sans avenir et sans espoir, seul et abandonné, son bookmaker mafieux va lui proposer un petit boulot. Jake retrouve enfin espoir : quelqu'un croit à ses capacités et a envie de l'employer. Et en plus, Jake va aimer ce nouveau job et y trouver des compétences insoupsonnées.

L'écriture : Magnifique ! C'est la première fois que je découvrais cet écrivain (une carrière qui débute seulement) et j'ai adoré. Cette histoire "sociale" est raconté avec tellement d'humour et de simplicité que c'est un bonheur de suivre Jake dans son nouveau boulot. En un mot : Désopilant...

Excusez-moi la comparaison si elle vous parait un peu audacieuse, mais je rapprocherait son style à Fante... Donc une MERVEILLE Pour Moi...

Tu me donnes envie de le découvrir et ils sont à la biblio, j'ai déjà noté Jim Harrison, cela me permettra de faire une petite coupure avec l'Asie.

La couverture est superbe, enfin elle me plaît !

Je me permets de citer une phrase de ton blog :

Mouton sauvage a écrit:

Morosité, tristesse, désespoir... Cela ne semble pas une lecture très propice à l’optimisme et à la joie de vivre. Et pourtant, la plume de Levison est ravageuse, mortellement humoristique, voir désopilante.

C'est ce que je ressens en lisant Fante, Bukowski et d'autres, pourtant ce n'est pas optimiste, ni même drôle, cela vient de l'écriture ? ou alors de cette capacité à l'auto-dérision ...
En tout cas, j'aime beaucoup, je prends beaucoup de plaisir à les lire et ils me font rire. Je ressens très fort cette autodérision qui sauve et qui coule en même temps celui qui l'utilise

J'avais beaucoup ri à ce petit livre amoral à sa sortie.

Tu as raison, Le Mouton Sauvage (1), un style proche de Fante, dans Un petit boulot. J'avais moins accroché à Une canaille et demie. Il faudra peut-être que je tente à nouveau.



(1) Va-t-on tenter LMS? Ailèmesse? ou autre? (Ou rien , mais c'est long pour les doigts fatigués des vieillissantes intervenantes...le mouton sauvage)

Tchipette a écrit:

Va-t-on tenter LMS? Ailèmesse? ou autre? (Ou rien , mais c'est long pour les doigts fatigués des vieillissantes intervenantes...le mouton sauvage)

As you want... je ne me vexerai pas pour si peu...

J'avoue que ce petit boulot fut ma première découverte de l'auteur, et elle m'a franchement plu...

Je suis surtout impressionné par tant de culture sur ce forum parce qu'on peut pas dire que cet auteur soit "mondialement" connu et médiatisé...

Mais je ne connais pas encore ses autres romans... Je serai fortement tenté par les tribulations d'un précaire, récit autobiographique de sa quarantaine de petits boulots qu'il a fait... Mais si tu nous parlais de Une canaille et demie ?

Utopie a écrit:

La couverture est superbe, enfin elle me plaît !

Moi aussi, elle me plait. Il y a une telle lumière qui met en valeur ce vieil escabeau pourri. Une belle photo d'art... Je regarderai pour savoir si elle est issue d'un photographe professionnel...

Le mouton sauvage a écrit:

Je suis surtout impressionné par tant de culture sur ce forum parce qu'on peut pas dire que cet auteur soit "mondialement" connu et médiatisé...

C'est la multitude qui te fait cet effet Enfin non c'est Tchipette qui est culturée et... donc

Citation :

Mais si tu nous parlais de Une canaille et demie ?

Justement autant qu'elle la partage
Je dépose la couverture pour l'encourager ...



Encore une couverture sympa ...

Veux pas être culturée...





C'est juste que je lis pas mal de polars, et Ian Levison était dans ma catégorie "mauvais" genre que j'adore.



Allez, je révise ce week end, et je vous dit tout lundi!

Bon, Une canaille et demie est en fait tout à fait dans la lignée de un petit boulot.

Des personnages peu reluisants mais vaguement sympathiques.

Une absence complète de morale.

Une critique caustique et perfide de la société.

En quelques mots :
Elias white, professeur d'histoire qui se croit génial, se retrouve coincé dans sa propre baraque avec Phil Dixon, braqueur de banques, en fuite et blessé.

Vous rajoutez Denise Lupo, agent superdouée du FBI, mais amère et décue par cet organisme lourdingue et macho,

Quelques jeunes étudiantes aux dents longues,

Vous secouez le tout vigoureusement, à consommer immédiatement, petit cocktail drôle et impertinent.

Tchipette a écrit:

Bon, Une canaille et demie est en fait tout à fait dans la lignée de un petit boulot.

Des personnages peu reluisants mais vaguement sympathiques.

Une absence complète de morale.

Une critique caustique et perfide de la société.

[...]
Quelques jeunes étudiantes aux dents longues,

Dis comme ca, ca ne donne pas tres envie de lire. Tu es sincere, tu as vraiment apprecie ? Qu'as tu aime ?

La question qui me travaille le plus : tu dis que "un petit boulot" est un livre amoral, et puis par ailleurs tu notes a travers ses ecrits une "critique caustique de la societe". Alors qu'entends tu par une oeuvre "amorale" ?

merci d'avance !

Voilà ce que l'éditeur dit d'Un petit boulot

Citation :

Une petite ville américaine est ravagée par la fermeture de l’unique usine, délocalisée au Mexique. Jake Skowran a non seulement perdu son travail, mais aussi sa petite amie partie vers des cieux plus cléments. Autant dire qu’il est prêt à accepter n’importe quel « petit boulot » pour s’en sortir, y compris celui que lui propose Ken Gardocki : tuer sa femme. Avec sérieux et application, il s’attelle à son nouveau travail… et y prend goût, ce qui le plonge dans des situations complètement extravagantes.
Derrière ce burlesque s’impose un portrait au vitriol de l’Amérique des laissés-pour-compte, jusqu’au final inattendu.

Tu avoueras que tuer est parmi les activités peu morales.


Ce qui n'empêche pas la critique de la société : tueurs, voleurs (Une canaille et demie), banquiers, professeurs d'universités, gens du FBI, ils sont tous aussi peu reluisants. Dans
Une canaille et demie, le plus sympa est le braqueur de banque...


Ce que j'ai aimé, c'est vraiment le côté drôle et impertinent,


Dur d'en dire plus sans dévoiler le livre

Oui j’avoue que j’avais lu en diagonal ce petit resume la premiere fois, et j’etais passee a cote de l’aspect trash.

Ta reponse m’a fait beaucoup reflechir. Pardonne moi d’avance de rentrer dans le vif du sujet, je ne remets pas en doute tes dires, et ton objectif n’etait probablement pas d’entrer dans un debat a rallonge sur la question. Mais il se trouve que la question de la moralite d’un roman me travaille depuis que j’ai lu le bouquin de Charles Dantzig « Je m’appelle Francois ».

Quand on entre dans le dimension du burlesque comme dans la cadre du roman d’Iain Levison, c’est surement pour mettre en exergue encore mieux certaines absurdites de la societe, et donc faire jouer pleinement le role critique du roman. (alors role critique et mission moralisatrice ? ou situer la difference ? la question se pose certes) N’oublions pas que le narrateur n’est pas l’auteur, et ce que le narrateur ne juge pas, l’auteur nous en montre toute la dimension par des jeux de styles. Mais ce que l’auteur a vraiment voulu dire, quand ce n’est pas explicite, est laisse a l’interpretation du lecteur, et finalement on ne pourra jamais vraiment savoir.

Alors, est-ce amoral ? Je n’ai pas lu Iain Levison, donc je n’ai rien de plus a dire au sujet de la moralite de son roman.
Mais, sincerement vous croyez vraiment que c’est possible un roman amoral ? C’est ce que je me demande. Et une personne amorale ? Un etranger de Camus ? C’est possible ?

C’est la que Rotko arrive et me dit que je ne suis pas sur le bon fil…

La reponse de Tchipette sur le sujet de l'immoralite du roman de Iain Levison est sur ce fil ici



reponse convaincante en effet !

J'ai retrouvé une petite citation extraite d'un petit boulot...

Citation :

« - Tu veux une bière ?

- Il est dix heures du matin, Ken. Je suis au chômage et je joue. Je ne suis pas un ivrogne. »

ça me fait trop marrer. j'ai l'impression de me reconnaître dans ces personnages...

myriam2199 a écrit:

Mais, sincerement vous croyez vraiment que c’est possible un roman amoral ? C’est ce que je me demande. Et une personne amorale ? C’est possible ?

Jette un coup d'oeil sur la fille aux ciseaux et tu me diras si c'est une bonne couturière

Ayant offert, Un petit boulot, une réaction qui est du même ton que le mot de Tchipette :

Tchipette a écrit:

Une absence complète de morale.

Une critique caustique et perfide de la société.
[...]
Vous secouez le tout vigoureusement, à consommer immédiatement, petit cocktail drôle et impertinent.

Dans un grand rire, le lecteur l'a trouvé complètement amoral et impertinent ! Bon, je regarde mon planning et essaye de le lire rapidement

Iain Levinson, Arrêtez-moi là ! Chez Liana Levi.

1/2

Le titre prête au calembour puisqu’il s’agit d’un chauffeur de taxi, qui, après quelques courses tout à fait banales, se voit mis en état d’arrestation. Pourquoi ? Il ne le sait pas, on ne répond pas à ses questions, tout le monde a un air entendu et lui un air tout - sauf détendu.

Ce récit se lit fort bien, il est linéaire et en temps direct, tout pour plaire à qui recherche un moment de détente.

Vous pourriez même déclarer que vous le lisez pour mieux connaître la justice américaine !

Toute ressemblance avec de personnes ou des situations etc.

Sous le coup d’une accusation infâmante, le chauffeur a des réflexions ingénues :

Citation :

« En face du centre de détention, j’ai la surprise de trouver davantage de journalistes. Il ne se passe donc rien d’autre aujourd’hui en Amérique que mon entrée dans un fourgon dont je sors ensuite ? Tous ces adultes ont un emploi et sont pourtant debout dans des parkings et devant des grilles surmontées de barbelés pour m’apercevoir, moi ? »

Citation :

- « Jeffrey Stutton, vous êtes accusé de ***. Que plaidez-vous ?

Je ne réponds pas puisque Randall [ l’avocat] m’a demandé de le laisser parler, mais il me pousse du coude et murmure « vous devez parler. »

Je réponds « Non coupable » et je suis surpris de la faiblesse de ma voix. C’est celle d’un homme honteux, d’un coupable qui espère qu’un procès, une tentative auprès du système judiciaire le sauvera.

Je me râcle la gorge pour parler à nouveau, mais le juge me précède

- « Placé en détention provisoire » déclare-t-il;

Bientôt la suite, à suivre.

Iain Levinson, Arrêtez-moi là ! Chez Liana Levi.

2/2

On se situe au-delà d’une quelconque affaire pour découvrir la justice aux USA, essentiellement une affaire de gros sous. Si vous apparaissez pauvre et/donc présumé coupable, vous aurez un avocat qui fera le minimum syndical, et encore !

Par contre si vous êtes victime d’une erreur judiciaire , les meilleurs avocats accourent pour faire monter les enchères des « réparations » qui vous sont dues, et partager avec vous le pactole.

La vérité importe peu, seule compte la négociation. Tout le monde se satisfait de cette situation et les medias comme les séances du tribunal vous donnent un rôle à jouer. Qui le joue bien conquiert le jury et le public.

J’ai toujours été sceptique sur le motif de la rédemption, type « j’ai rencontré Dieu dans la prison », mais aux Etats-Unis, ça paie.

Au passage, Levinson évoque la justice rapide qui, sur ordre des banques, vous exproprie illico de votre maison, forcément au-dessus de vos moyens, puisque vous n’en payez plus les traites !

Je recommande ce livre : il évite le mélo, le couplet kafkaîen, et la surcharge polémique pour trouver le ton juste :

On s’amuse de certains raisonnements criminels à « décharge »;

Citation :

« Je n’ai tué personne jusqu’à trente et un ans. J’ai tout gardé à l’intérieur pendant trente et une années. Ça été dur. Pour quelqu’un comme moi, c’est un exploit. Personne n’en a fait état au procès »

On note les dysfonctionnements les plus flagrants : pressions de la police sur des « témoins » douteux et vulnérables (en échange « d’allègements de peine »), l’acharnement d’un procureur élu qui veut rester populaire avec un coupable sur mesure. Rien de tel qu’un fait divers juteux, aux « States » comme ici, ils servent à faire des lois, sans que l’équité y trouve son compte.

De plus, l’histoire, dont je n’ai rien dit, vous plaira.

Arrêtez-moi là !

rotko en ayant déjà très bien parlé je mets juste ce petit mot pour dire " heureusement qu'il y a l'humour " parce que tout de même tout ça fait froid dans le dos. Du jour au lendemain se retrouver sans rien, paria de la société, présumé coupable d'entrée de jeu et n'y rien comprendre, il y a de quoi se sentir comme un vulgaire pion.

J'ai passé un chouette moment et me laisserai probablement de nouveau tenter par cet auteur.

Iain Levison sera à mauves-sur-loire les samedi-dimanche 13 et 14 avril, avec bien d'autres "polardeux" de talent, comme le rappelle ]Fondu au noir à qui je dois ce petit extrait :

Quelqu'un a raflé tout l'argent, c'est sûr. Il y en avait tellement qu'il doit bien se trouver quelque part. La propagation de la prospérité du haut vers le bas s'est sans doute inversée. Les Américains ont perdu leur richesse goutte à goutte pendant qu'une succession de décisions inconsidérées permettait aux millionnaires de se tailler une part de plus en plus grosse. Les riches philanthropes, les Carnegie d'autrefois qui déploraient les difficultés des pauvres, ont été remplacés par une nouvelle race de millionnaire, le millionnaire-né qui ignore que la pauvreté existe. C'est chaque millionnaire pour soi.

(Iain Levison, Tribulations d'un précaire, récit, Liana Levi)