Hubert Selby Jr

Hubert Selby Jr, chanson de la neige silencieuse, Editions de l'Olivier.
2879291534
"Le manteau"
Cette nouvelle de 32 pages chante comme un conte moderne.
Dans un monde moderne où règne le mal, où les enfants transforment par jeu un clodo en brûlot, où les démunis ne pensent qu'à s'approprier les rares biens de leurs compagnons de misère, le protagoniste a objet-fétiche : son manteau. Il est comme le tissu auquel s'attachent les enfants,un gage de survie, un réconfort, un compagnon. Le lecteur en comprendra, mieux que le psychiâtre de service, toute l'importance affective.

"

Citation :

Il s'assit [...], riant et pleurant tout à la fois, étreignant et embrassant son manteau, lui disant à quel point il l'aimait et combien l'attente avait été longue, que personne ne pouvait les séparer, qu'il n'avait pas de soucis à se faire car, quoi qu'il arrivât, il l'aurait retrouvé... se balnçant d'avant en arrière, des larmes roulant sur ses joues, sanglotant et riant de soulagement..."

"Salut, champion".

- Harry, soucieux de faire bonne impression, prépare anxieusement sa première sortie avec Sara. Le garçon de bar devra le saluer familièrement, comme un habitué, pour impressionner la jeune fille...

Cette courte nouvelle brosse musicalement le portrait d'un solitaire : les préparatifs - l'attente et la montée de l'espérance, la sortie - acmé des sentiments, la chute. Construction rigoureuse et mélodique, où la clé de sol est en soi.

Voilà ! j'ai posé mon hameçon, et j'attends que "baitman" (jeu de mots) morde à pleines dents !

Waiting Period

Ultime brulot lancé à la face d'Etats-Unis toujours plus réactionnaires et religieux, Selby achève ici une vie littéraire comme il l'avait débuté : au milieu des laissés pour compte, des exclus, des marginaux, tant socialement que psychologiquement.
Waiting period compte les derniers instants d'un type paumé, qui bosse dans une boîte d'informatique et qui ne possède plus rien pour continuer à vivre sa petite vie. Il décide de mettre fin à ses jours et le meilleur moyen, aux Etats-Unis, pour achever le travail est de se procurer une arme. Mais voila, au lendemain du fiasco du bug de l'an 2000, notre "héro" est victime d'une panne informatique chez l'armurier, qui l'oblige à patienter quelques jours avant de pouvoir obtenir son arme.
Ces quelques jours d'attente vont se transformer en une période de réflexion profonde sur sa vie, son passé, sur ces relations avec les autres, avec cette administration qui n'a jamais reconnu son importance lors de la guerre du VietNam ou avec les injustices flagrante d'un système judiciaire qui met en prison plus d'innocents que de coupable... S'installe alors dans l'esprit du narrateur le doute sur la réalisation et la portée d'un tel acte.

Un monologue intérieur puissant, dont le style rappelle d'autres livres de Selby, du Démon à la Geôle, en passant par Requiem for a Dream. Style syncopé, phrase interrompue, ponctuation halletante... Waiting Period est à lire d'une traite, sans reprendre son souffle, pour entrer pleinement dans l'esprit torturé de cet américain qui veut en finir.

Waiting Period d'Hubert Selby Jr, Traduction Claro, Edition Flammarion

peztite notice pour qui (comme moi) a une connaissance insuffisant de cet auteur
http://authologies.free.fr/selby.htm
ou
http://www.lapropagationduchaos.net/livres_selby_jr_le_demon.htm

Selby est un de mes auteurs de prédilection mais "Waiting period" n'est pas à la hauteur du reste de sa production. Avec Le Saule déjà il tentait de revenir maladroitement aux bons sentiments, à la morale commune, et se montrait très peu convaincant. Avec Waiting period il revient à son public de toujours, qui aime son côté trash. Mias il ne fait que broder pendant 250 pages autour d'une idée qui aurait pu fournir une bonne nouvelle, mais en aucun cas un roman : l'histoire d'un informaticien qui a perdu son énergie vitale et retrouve une raison de vivre dans une série de meurtres "parfaits" d'hommes représentant l'Amérique réactionnaire. Au bout d'une cinquantaine de pages (si on est patient) on s'ennuie profondément et on se prend à espérer un rebondissemnt qui ne viendra pas. Je veux bien comprendre que Selby ait eu besoin d'argent (ses romans ne se sont jamais très bien vendus) mais c'est tout de même dommage de finir sur une fausse note.

Pour moi Selby est le raté du trio Thompson-Wolfe-Selby. Celui qui m'a dégoûté fut Le Démon, où la violence entame le fond jusqu'à tout annihiler. On dirait qu'il s'est pris pour Miller ou Bukowski..

"Le Saule" ressort en points seuil dans la traduction de Francis Kerline, assorti d'une préface de Nick Tosches.

Citation :

Bobby est un adolescent noir qui vit avec sa mère, ses frères et ses sœurs dans un taudis du South Bronx infesté par des rats. Maria, sa "fiancée", est une jeune fille d'origine hispanique. Mais leur amour ne peut durer : ainsi en ont décidé les membres d'une bande qui les attaque sauvagement.

Citation :

Le Saule marque un tournant dans l'oeuvre de Selby, qui atteint ici des sommets poétiques bouleversants, tout en conservant le style concis et incisif qui est le sien.

dit l'éditeur,

Citation :

Les plus belles pages de ce roman frénétique sont celles où s'exprime la vélocité du jeune Bobby, aveuglé par son désir d'annihilation de ses ennemis. Selby décrit avec une précision sans affect les déplacements félins du jeune homme dans le Bronx, la précision chirurgicale de ses coups sous la lune froide, la cruauté désincarnée de ses gestes impensables et, pour finir, sa fuite dans la nuit du barrio avec aux trousses le seul souvenir de ce qu'il vient de commettre.

chronic art.

le démonde Huber Selby Junior

  POCHE: 350 pages Editeur : Editions 10/18 (4 mars 2004)
ISBN-10: 2264005785

Côté écriture, l'auteur maîtrise l'art de transcrire la monotonie d'une vie commune, sans rebondissement. Les marques indefectibles de l'éducation américaine pudibonde jalonnent l'aventure d'un type qui prend un "malin" plaisir à les bousculer. Le texte aurait mérité un bon élagage pouvant éviter les répétitions, les redites.

Côté intrigue, l'histoire s'installe, doucement, tout doucement avec une lenteur déprimante qui découragerait plus d'un lecteur trop pressé de découvrir enfin un petit évènement.

Côté drame, je serai tenté de vous inviter à visionner "Sous le soleil de Satan" de M. Pialat, adaptation prestigieuse du roman de Bernanos.

Bien sûr l'effet de style, mêlant dialogues au reste du récit parfois cru, peut rappeler quelques pages de Bukowski, l'art et l'alcool en moins (c'est étonnant d'ailleurs que ce Harry ne boive que très rarement).

Rentrez chez vous en ayant acheté "la geôle" de ce génie que représente Selby Junior...
Enfermez vous et dévorez le...c'est un livre coup de poing, un style incontournable...