Wall E

Il sort partout en avant première !

Audacieux cocktail mêlant science-fiction, fable écologique, poésie et humour, mais aussi superbe réussite graphique bourrée de clins d'oeil au cinéma des années 1970, le film d'animation "Wall-E"est la dernière production des studios Pixar.


Les tours d'une megalopole délirante sont en fait de vertigineuses piles de déchets, broyés et compactés, minutieusement empilés par un infatigable petit robot, baptisé Wall-E.

Wall E, modeste broyeur rouillé, aux formes obsolètes, est la seule "présence" sur une Terre désertée par l'Homme depuis sept siècles.

Arrive une mystérieuse navette spatiale, d'où sort Eve, un menaçant robot blanc et fuselé à l'allure ultra-sophistiquée...

dont il tombe immédiatement amoureux.

Ce film d'animation est présenté comme poétique et plein de gags hérités - ou de la veine de Buster keaton.

Je n'irai sûrement pas

Le film déchaîne la polemique aux USA :

certains lui reprochent de montrer des humains obèses et apathiques, reflet d'une réalité qu'ils se refusent à voir.
De là à y voir la représentation du déclin de l'humanité...

D'autres voient dans le film une parabole dénonçant la surconsommation.

Bref, si le film fait réagir, c'est qu'il chatouille - ou gratouille, là où la plaie est sensible.

Je suis allée le voir lundi dernier (en avant-première ) avec Alexandrine, sa copine et M. Syl (si, si !).

Nous avons tous les quatre apprécié. Ca peut faire réfléchir. Si nous ne changeons pas de comportement vis-à-vis de la planète, c'est ce qui pourrait se passer un jour.

C'est une caricature de la société à l'américaine avec ses obèses qui peuvent à peine se mouvoir et sont nourris de cochonneries.
C'est aussi un signal d'alarme quant au risque de voir se déshumanier la société (on est en bonne voie, là !).
A un moment, j'ai pensé au livre "Brave new world" d'Aldous Huxley.

C'est aussi un message d'espoir : si tout le monde s'y met, il y a moyen de faire changer les choses.

Donc, en ce qui me concerne, j'ai bien aimé.

Lemonde est de ton avis

Citation :

La grâce un peu gauche de la machine-personnage, l'économie forcée de l'expression des émotions (deux cellules photoélectriques en guise d'yeux, pas de bouche, pas de nez) contribuent à un comique d'une élégance que l'on n'imaginait pas compatible avec l'animation numérique.

on pense à fin de partie de beckett, dans l'argumentation, s'entend !, où les vieux sont dans des poubelles.

Citation :

Andrew Stanton montre ce reliquat d'humanité comme une collection de larves devenues incapables de mouvements autonomes, des être dépendants des écrans et des machines. Ils sont tout ronds, tout roses et pas mignons du tout. (1)

La mise en scène de ce futur tout aussi inquiétant que ceux qu'imaginèrent George Orwell ou Aldous Huxley respecte pourtant les règles du dessin animé burlesque.

Wall.E et EVE doivent affronter les tenants de l'ordre établi, robots modernes et bien-pensants, qui veulent maintenir l'humanité en servitude.

(1) ce que les Americains appellent les "couch potatoes" : obèses à force de manger des pop corns en regardant la télevision.

Il y aura en France des consommateurs de pop corns à regarder le film

Mes enfants m'ont fait savoir qu'ils avaient envie de le voir ; je les y amène à 19h30.

troglodyte a écrit:

Mes enfants m'ont fait savoir ...

T'as beau brandir tes pistolets, c'est eux qui font la loi

J'ai bien aimé mais ce n'est presque pas de la science-fiction : des humains mous du corps et du cerveau, il y en a plein les rues, et c'est pour cette raison que je me rétracte de cette société.

C'est techniquement très réussi, très beau.
C'est émouvant : la vision de notre planète, dans le futur, recouverte de détritus, désertée par les humains puisqu'invivable, l'amour entre les robots Eve (la belle) et Wall-E (la bête), la redécouverte par les humains de la terre d'autrefois, avec sa végétation et sa vie sociale sans écrans interposés (souvenez-vous qu'avant internet nous nous parlions de vive voix) sont autant d'éléments forts qui donnent de la densité au film.
Le message écologiste est bien passé chez mes enfants, mais pas celui de mise en garde quant à la surconsommation, puisque dès notre sortie de la salle ils m'ont réclamé le jeu vidéo Wall-e, dont la publicité avait été projetée juste avant le film. Vendre des produits dérivés d'un film dénonçant la surconsommation n'est-il pas un acte pervers ?

Eh oui, Troglodyte, ça aurait peut-être été mieux qu'ils veuillent s'occuper d'une plante que de vouloir le jeu video Wall-E ... Business is business. Difficile d'y échapper. Plutot que de commercialiser à outrance les objets ou jeux liés au film, ça autait été bien qu'ils offrent des plantes vertes à la sortie des cinés (mais là, je rêve).
Comme nous n'avons pas de téléviseur à la maison et que nous vivons d'une manière relativement "décroissante", nous échappons en partie au "matraquage" médiatique qui accompagne un film, mais pas complètement car la pub est partout (sur le net, dans les rues, les illustrés pour gosses, etc). Enfin, je me dis que c'est toujours cela de pris pour ce qui est de "conscientiser" les gosses à propos de l'environnement et de la malbouffe.

troglodyte a écrit:

J'ai bien aimé [...]

C'était ma réaction à chaud, quand l'affectif était encore soulevé par la poésie. Mais maintenant que je cherche ce qu'il me reste de ce film, une fois mis de côté l'histoire d'amour, l'histoire de sauvetage héroïque, les gags, la démonstration de l'auto-destruction des humains, toutes ces choses qui sont soit secondaires, soit déjà vues, force m'est de reconnaître qu'il ne me reste rien.
J'avais préféré Némo, qui au moins donnait à voir de manière fine et fouillée la relation filiale.

Si, Troglo, il te reste que tu auras partagé un bon moment avec tes gosses et ça c'est peut-être le plus important, non ?

Merci, Syl, tu dis vrai.

l'aviez-vous remarqué ?

Andrew Stanton a privilégié une approche impressionniste pour les décors et les paysages, dans lesquels s'insèrent des personnages et des objets réalistes.

Citation :

"C'est volontairement que les arrière-plans comportent quantité d'imperfections. Pour se recentrer sur l'essentiel." Un choix artistique qui n'est pas sans rappeler le style du Japonais Miyazaki au studio Ghibli.
"Il possède une vraie vision, tout comme Nick Park et Peter Lord chez Aardman (Wallace & Gromit). John Lasseter a révolutionné le monde de l'animation avec Toy Story en réalisant un vrai film d'auteur. C'est devenu la politique de Pixar.

Le studio donne naissance à des films indépendants et uniques, marqués par la personnalité de ses réalisateurs. Il n'y a pas d'autre endroit au monde où j'aurais une telle liberté, voilà pourquoi je ne partirai jamais!"

dixit le JDD.