Persépolis - Marjane Satrapi

Persepolis, adaptation de la bande dessinée de Marjane Satrapi, sur son enfance durant la révolution islamique de 1979 a été très apprécie par plusieurs milliers de personnes à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Champigny-sur-Marne ou Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Luc-Besson qui avait diffusé les films en compétition à Cannes dans dix villes de banlieues parisiennes est particulièrment content du succès obtenu par persepolis.

Citation :

«Je garderai en tête les images de ces femmes voilées regardant l'histoire de cette gamine, elle-même sous une burqa, en Iran...»

a-t-il déclaré.

Pas de doute, Marjane Satrapi a reussi son coup et les critiques de france-culture sont favorables : le film peut être vu à tout âge, en famille, avec les enfants et la grand-mère.

Ce n'est pas l'Iran qui fait l'interêt du film, mais le regard porté sur le monde. Ainsi dans l'épisode autrichien, les dames en noir sont maintenant des religieuses occidentales, et l'intérêt ne faiblit pas.

Citation :

Les parents de Marjane décident de l'envoyer en Autriche pour la protéger.
A Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l'adolescence, la liberté, les vertiges de l'amour mais aussi l'exil, la solitude et la différence

Vous pouvez écouter le podcast de France-culture tout arrive et l'entretien avec marjane satrapi.

Marjane S en substance :

j'etais aux arts deco de strasbourg, et j'ai eu ainsi l'idée de faire une bande dessinée pour mon histoire. quant au cinéma, on s'est jeté à l'eau et pendant 2 ans on a appris à nager.

Mes amis m'ont donné leurs avis sur les albums et j'ai tenu compte de leurs remarques.

Le réalisateur Vincent Paronnaud a dû travailler de manière inédite pour l'animation : il a tenté de traduire à l'ecran la febrilité du trait de dessin.
L'utilisation de la couleur est resté sobre.

Pour les décors, il a fallu d'abord une documentation avec photos de Vienne et de Téhéran puis une stylisation s'est effectuée.

Le réalisateur comme la dessinatrice ont respecté la pudeur du récit. Pour une histoire qui dure sur seize ans il a fallu faire des fondus enchaînés ce qui est inhabituel dans ce genre de film d'animation. La musique joue aussi un rôle important.

Marjane, sa langue bien pendue et ses positions rebelles

La Thaïlande a cédé aux pressions de l'Iran et retiré le dessin animé "Persepolis" de la sélection du Festival international du film de Bangkok, qui se déroule le mois prochain.

Marjane Satrapi, sur le portail, sur le forum BD et en film

Persepolis de Marjane Satrapi et de Vincent Paronneau mérite bien sa bonne réputation.

C’est un vibrant plaidoyer contre l’oppression, un regard acéré sur les êtres et les civilisations, un itinéraire personnel à la fois malicieux et grave.

A part la voix off de Catherine Deneuve qui m’a semblé froide et déplacée, j’ai bien aimé ce film d’animation dans son scénario (une fin un peu longuette ?), les dessins, les cadrages, la manière expressionniste de Marjane.

Les défilés de manifestants et les vues d’ensemble de la ville m’ont fait penser



à Franz Masereel que j’aime beaucoup.

Les visages durs et fermés des « frères » ressemblaient beaucoup aux traits figés des marionnettes représentant les fascistes turcs.

J'irai voir le film la semaine prochaine, tu m'as mis l'eau à la bouche.

rotko a écrit:

Franz Masereel que j’aime beaucoup.

Le centre Frans Masereel, en campine (Belgique).

un superbe film. Je n'avais pas lu la bd. Et je suis ravie de découvrir une telle oeuvre.
C'est un peu un conte philosophique initiatique, il m'a fait penser à Voltaire, à son zadig.
Un regard très humain.

queenieinlove a écrit:

.
C'est un peu un conte philosophique initiatique, il m'a fait penser à Voltaire, à son zadig

ma foi, c'est très juste

et je penserais aussi à Candide vu que j'ai oublié Zadig

: pamphlet contre la guerre et l'intolérance (religieuse notamment, qu'elle soit musulmane ou catholique autrichienne, ou laïque et xénophobe).

Et l'interdiction en Iran comme en Thailande par des pressions, c'est la signature au bas de l'acte d'accusation.

Je vais le voir tout à l'heure. L'enthousiame de Rotko est contagieux.

C'est absolument fantastique, avec La vie des autres, le meilleur film que j'ai pu voir au ciné depuis le début de l'année.
L'histoire de cette femme mérite d'être entendue, en particulier car elle permet de mieux perçevoir ce que les iraniens ont vécu depuis une trentaine d'années.

Par ailleurs, les dessins sont très bien faits, en particulier les décors (il me semble qu'ils se sont basés sur des photos). Pour ne rien gacher la BO est absolument splendide!!

J'étais bien sûr que ça te plairait C'est un film riche qui développe beaucoup de thèmes. On devrait le mettre au programme du bac !
Au passage, une citation de Avec vue sur le royaume qui définit bien les choix de chacun dans une perspective sartrienne :

Citation :

pendant que je préparais le bac, [mon copain] s'orientait vers la delinquance pour laquelle il avait d'étonnantes dispositions.

rotko a écrit:

J'étais bien sûr que ça te plairait C'est un film riche qui développe beaucoup de thèmes. On devrait le mettre au programme du bac !

Tout à fait! Ma prof d'allemand nous a bien fait étudier La vie des autres.

Voici des raisonnements curieux sur les messages prétendument subliminaux de Marjane Satrapi qui a sur le dos le régime iranien et de soi-disants opposants à ce regime, et qui tous deux ne visent qu'à l'enfoncer. j'avoue que je m'y perds.

Pour ce site

Citation :

l'héroïne de la BD est une femme : il s’agit d’une méthode subliminale pour laisser entendre que les femmes jouent un rôle central sous le régime des mollahs.(1) Ceci est évidemment faux et le laisser entendre est criminel car Marjane fournit des informations diamétralement opposées de la réalité iranienne à ses lecteurs occidentaux, qui sont généralement jeunes, avides de libertés et souvent de gauche : elle contribue à faire oublier l’urgence d’un engagement massif de cette tranche d’âge et cette appartenance politique en faveur des femmes et des jeunes iraniens.

(1)

Je viens de voir le film, j'ai beaucoup aimé*, et n'attends qu'une chose, qu'une jeune (ou plutôt vieille) femme irakienne fasse de même...

* On passe du rire aux larmes, le graphisme m'a convaincu (plus même que dans la BD) et l'aspect historique n'est pas négligé.

rotko a écrit:

Pour ce site

Citation :

l'héroïne de la BD est une femme : il s’agit d’une méthode subliminale pour laisser entendre que les femmes jouent un rôle central sous le régime des mollahs

C'est évident que Marjane est issue d'un milieu aisé, on comprend très bien dans le film qu'on a affaire (que ce soit sous le régime du Shah ou postérieurement) à un monde plus que machiste, même si, dans l'intimité, les femmes ont plus que leur mot à dire. La religion musulmane est hypocrite à ce point de vue là, il faut bien le souligner.

"Persépolis" representera la France. pour les Oscars 2008, sélection opérée par une commission de sept membres dont le président de l'Académie des arts et techniques du cinéma Alain Terzian.

le torchon brûle avec l' Iran.

En attendant les oscars 2008; persepolis montre les conflits opposant les grands complexes aux petites salles qui ne peuvent se procurer les copies du film.

Si les grandes salles raflent tout, les petites sont asphyxiées !

d'ou la difficulté des cinemas d'art et essai à obtenir des films d'almodovar ou de ken loach.



il faut arroser les petits cinemas pour qu'ils deviennent de belles plantes.

une copie piratée du DVD, sous-titrée en persan. a été diffusée au centre Ressaneh, un petit centre culturel de la capitale iranienne, pour 70 personnes. Mais le DVD circule au marché noir.

Information rapportée par le Monde suite à l'interdiction du film au Liban.

Citation :

Comme il l'avait fait, avec succès, pour une pièce de théâtre du jeune auteur metteur en scène et comédien Rabih Mroué, le ministre libanais de la culture, Tareq Mitri a l'intention de "(se) battre" pour faire lever l'interdiction de la diffusion en salles du film d'animation franco-iranien Persepolis. La Sûreté générale, chargée de la censure des oeuvres littéraires et artistiques au Liban, vient de mettre le film à l'index.[...]

M. Mitri n'a pas encore visionné le film. Mais, a-t-il déclaré mercredi 26 mars au Monde, "c'est une question de principe : dès lors que l'oeuvre ne porte pas atteinte à l'ordre public, ni à la morale, ni à l'islam et qu'il ne distille aucun racisme, il n'y a aucune raison de l'interdire". Et de déplorer "une loi désuète, qui accorde un pouvoir discrétionnaire à la Sûreté générale" et qui pose quasi quotidiennement des problèmes. [...]

Le ministre de l'intérieur, Hassan Al-Sabeh, a convoqué Wafiq Jezzini, directeur général de la Sûreté générale, pour avoir des éclaircissements sur les raisons de cette interdiction. Ce dernier a répondu que le film dénigre la République islamique d'Iran, rapporte M. Mitri, qui ajoute lapidaire : "C'est un jugement politique subjectif." L'allusion est évidente aux sympathies pro-Hezbollah attribuées au directeur de la Sûreté générale.
De nombreux artistes se sont plaints de verdicts jugés arbitraires de la Sûreté générale. Mais certains des cinq volumes de la BD de M^me Satrapi sont allégrement passés au travers des filets de la censure pour se retrouver sur les rayons de libraires.

- ça montre que le Liban est traversé par maints courants contradictoires, et, en tout cas, cette interdiction ne fait pas l'unanimité.
- intéressant de voir que le film est considéré comme un média beaucoup plus "dangereux pour l'ordre public" que la BD elle-même qui apparemment est passée sans trop de problème.

A suivre...

Un superbe film d'animation ! ou du moins une BD mise en image.

Je viens de le voir, et j'ai tout compris de l'histoire récente de l'Iran. Comme quoi, c'est pas si compliqué d'expliquer ce pays en image

Plus sérieusement, j'ai trouvé ce film vraiment intéressant et intelligent et suis content qu'il ait si bien marché en France et dans le monde. Avec ce genre de documentaire et de témoignage, nous pouvons mieux comprendre un pays tel que l'Iran, sa culture et son pays.

Bien qu' me semble extrêmement fidèle à la BD, j'ai quand même envie de me procurer les 4 tomes, histoire de prendre plus de temps pour découvrir Marjane, son peuple, ses guerres en chantant l'oeil du tigre, façon Rocky Balboa... oooooahhhha (là, c'est Rocky qui vient de dire qu'il était d'accord aussi)

Je l'ai vu. J'avoue qu'au début, j'avais peur d ne pas aimer. Néanmoins, je ne fus absolument pas déçue. J'aime le graphisme simple mais efficace. Dans cet animé, on y trouve que du bon. Un scénario riche qui nous montre les dessous de la guerre vue par les yeux d'une personne qui grandit. Je suis restée scotchée devant l'écran du début à la fin.

Je conseille lui et la Valse avec Bakkir.

rotko a écrit:

queenieinlove a écrit:

.
C'est un peu un conte philosophique initiatique, il m'a fait penser à Voltaire, à son zadig

ma foi, c'est très juste

et je penserais aussi à Candide vu que j'ai oublié Zadig

: pamphlet contre la guerre et l'intolérance (religieuse notamment, qu'elle soit musulmane ou catholique autrichienne, ou laïque et xénophobe).

Et l'interdiction en Iran comme en Thailande par des pressions, c'est la signature au bas de l'acte d'accusation.

Je l'ai vu ce matin dans le cadre de "Collège au cinéma". Il y a vraiment des manières de tout mettre sur le même plan qui me sidèrent. Quand on connaît la répression dont peuvent être victimes les opposants aux barbus en Iran, c'est légèrement choquant. Bien sûr que les bonnes soeurs en Autriche sont aussi dangereuses que les intégristes islamiques . Les bonnes soeurs lui ont offert un refuge un certain temps. Elle n'a pas craché dessus. Qu'un occidental aille chercher refuge chez les barbus en Iran à ce moment-là puisque tout vaut tout. Ca se passera sans doute autrement plus mal qu'un rapprochement mal venu entre le fait que Marjanne mange dans une casserole et qu'elle est iranienne.

La xénophobie, donc, pas plus que ça. Certes il y a la réflexion de la bonne soeur dont la congrégation lui a quand même offert un toit quand personne ne voulait plus d'elle. Marjanne lui a répondu qu'avant d'être soeur, elle était pute. Ouais bon, un partout. Marjane n'assume pas un jour le fait d'être iranienne et dit à quelqu'un qu'elle est française parce qu'elle ne supporte pas les réflexions qu'elle entend sur son pays d'intégristes alors que cela ne correspond pas du tout à l'éducation occidentale qu'elle a reçue. les clichés sur les pays des autres, c'est quand même pas l'horreur ayatollesque. J'en connais qui sortent pas mal de clichés sur les Américains. Ce ne sont pas des intégristes pour autant.

Critique de la laïcité ? A la fin du film, elle part en France et juste avant son arrivée en France, on la voit à l'aéroport dire au revoir à ses parents et à sa merveilleuse grand-mère et elle dit "Je n'ai jamais revu ma grand-mère. La liberté est à ce prix". Et où va-t-elle pour trouver la liberté ? dans le seul pays laïc au monde. (La Turquie étant un pays laïc uniquement sur le papier).

Enfin, pour moi, la critique de l'Occident se situe ailleurs dans ce film :

- le père du Shah, voulait instaurer une République. Les Anglais lui ont suggéré de se faire plutôt monarque ("vous aurez tous les pouvoirs, en échange, vous nous laisserez le pétrole")

- Les Etats-Unis ont soutenu le Shah, la Savak a été formée par la CIA. (Et là aussi, la critique est nuancée. Certes, ce n'est pas fort de la part d'un pays qui se veut le phare de la démocratie d'apprendre à une police politique à torturer mais avec le shah, il y avait 3000 opposants emprisonnés, exécutés, avec les ayatollahs, il y en 300 000).

- Marjane a passé des nuits dans la rue après son renvoi de l'institution catholique et elle a dormi dans la rue. Ce qui lui fait dire à quelqu'un "En Occident, on te laisse mourir dans la rue". (Bon, elle s'en est quand même sortie, elle a été soignée dans un hôpital aux frais du contribuable autrichien). Donc, même si on sait bien que la critique peut-être recevable, en l'occurrence, elle est à nuancer. Si l'Occident l'avait laissée mourir dans la rue, elle n'aurait pas fait son film. Marjane Satrapi n'est pas une fille idiote mais c'est toujours gênant de tenir des propos qui semblent être des accusations sans appel et qui finalement se dissolvent dans une lapalissade.

- L'Occident a vendu des armes à l'Irak et à l'Iran pendant huit ans. Et là, effectivement, il n'y a pas de réfutation possible. Il y a de quoi se sentir honteux.

Enfin, dire que tout vaut tout et que la critique de la bonne soeur autrichienne vaut la critique des islamistes, c'est une manière de tuer une deuxième fois les victimes des ayatollahs.

si je comprends bien, c'est ma formule que tu vises : l'intolérance.

pourquoi pas, tout raccourci court le risque d'être réducteur.

je ne me souviens plus trop du film et ma reponse continuait la comparaison avec Candide.

il peut y avoir différentes formes et différents degrés d'intolérance, des formes benignes et d'autres plus malignes et radicales ; oui.

Diffusé par Nessma TV, persepolis en dialecte tunisien crée des remous en Tunisie :

Des spectateurs ont eu l'occasion s'indigner des scènes

où l'héroïne consomme de la drogue, boit de l'alcool, vit quelques expériences sexuelles et surtout s'adresse à un Dieu représenté en vieillard barbu. Une atteinte à la morale et à l'interdiction de représenter Dieu dans l'islam.

Selon RFI il s'agirait de groupes isolés.