Michael Mann: Miami Vice

Hier soir je le vis, étant assez fan de Michael Mann, le réalisateur. Je ne parlerai pas du scenario, il vous suffit de savoir que c'est du policier qui se tient. Je vous parlerai plutôt d'une mise en scène terriblement précise filmée de manière souvent très nerveuse. Quelques passages magnifiques, de vraies peintures animées. L'oeuvre d'artistes qui ont suffisamment leur technique à la main pour faire vibrer l'improvisation. C'est du cinéma américain à gros budget mais qui reste d'auteur.

C'est en effet ce que j'ai lu ici ou là.
Vu le titre et la série, on pouvait craindre.... à ne pas surestimer non plus, si ?

Je ne connais pas trop la série tv, j'étais trop jeune à l'époque et elle ne m'a pas trop accrochée à l'époque.
Je ne suis pas du tout attirée par les films de Michael Mann - l'ambiance bien virile, le sombre polar, les acteurs... rien ne m'y plaît, mais je n'en ai vu encore aucun, donc je ne donnerai pas mon avis (sisi c'est logique).

Mais alors qu'est-ce que je viens fichtre sur ce post hein ??

Ben en fait le magazine chronic'art auquel je suis abonnée a fait tout un dossier sur miami vice, et michael mann en passant. Pour situer l'article : chronic'art est magazine de bobos (vous vous souvenez : bourgeois bohèmes. Bien représentés par Beigbeder côté bourgeois et par charlotte Gainsbourg côté bohème), et ils sont fous de Michael Mann.
A noter également qu'à l'époque ils n'avaient pas encore vu le film et ont surtout parler de la série et de l'univers de mann.

Donc voici un petit compte rendu qui pourrait peut-être vous éclairer.

D'abord Michael Mann était déjà le producteur de la série télévisée.

Ensuite quelques morceaux choisis du dossier :
"Cinéaste du reflet et de la desertion du réel, Mann annonce ici ses pièces maîtresses, en décrivant une Amérique avalée toute crue par l'artifice"

"La série est surtout réputée pour renouveler la forme des fictions télé policières" (dont les héritiers seraient des séries non policières : profit et nip/tuck)

"il y a 20 ans Miami Vice annonçait que la grande idéologie du rêve US s'était délocalisée dans la pure surface : moins la réussite que ses signes extérieures."

"La série de Mann, légère mais dense, funky mais grave, brillante mais mélancolique"

"Au premier degré, Miami Vice est bien un monument de coolitude rutilante qui ferait passer les clips de Hype Williams pour du Tarkovski. Ingrédients imparables de son cocktail branché : une bande son entre electro-funk au mètre et pop synthétique FM ; des personnages ultra-stylés |[...] ; une galerie de bad guys funky. [...] Visuellement, la série est évidemment cousine de Scarface, sorti en salles un an avant le pilote. Mais surtout, elle partage avec le film de De Palma une même sérieuse ambition, en sourdine : dresser un état des lieux du rêve américain à l'ère de l'hypercapitalisme."

"Nos deux flics se font à peine 350$ la semaine. Le vrai point de départ de la série est là, dans ce vertige permanent des petits officiers qui n'ont droit qu'à la simulation de la réussite. Le yacht et la Daytona de Crockett, les costumes à 1000$ de Tubbs sont en fait autant de faux-semblants pour tromper les nababs de la pègre"

j'ai trouvé une critique de spectateur qui me parait interessante dans la mesure où elle deborde le cadre jeu des acteurs pour mettre a jour un aspect ideologique; c'est la Critique d'un spectateur sur nord cinema

Au sujet de la série télévisée Miami Vice, savez-vous que sa version française est parfois bien loin de la version originale ?

Par exemple, dans un des premiers épisodes, dans une discothèque, la compagne d'un trafiquant de drogue en s'éloignant dit (à peu de choses près) : "I'm going to powder my nose (Je vais me poudrer le nez)" et il répond "In or out ? (Dedans (le nez) ou dehors ?)" Cette allusion à l'inhalation de drogue en poudre est gommée de la version française, et le dialogue devient : " - Je reviens dans cinq minutes. - Tu va prendre une douche ? "
Globalement ce sont les mentions de drogue et d'homosexualité qui passent ainsi à la trappe.

Un ami cinéphile m'indique que la série Starsky & Hutch a subi le même genre de traitement.