Mathieu Amalric, Tournée.

Toute la presse chante ses louanges, et c'est à juste titre !
voici l'article de libération qui revient sur l'histoire de ce film peu banal :

La base du scénario, c’était Colette. Une série de textes, pas souvent réédités hélas, parus en feuilleton dans un journal du début du siècle pour rendre compte de son expérience de danseuse de music-hall, l’Envers du music-hall.

«Le premier chapitre est extraordinaire. Cela s’appelle "La ville où on ne joue pas". Un train en panne, et toute la troupe investit un hôtel, des rues, mal à sa place. J’ai longtemps voulu n’adapter que ce premier chapitre, mais tout le reste suivait, splendide. Après, il s’est passé trois ans à chercher un équivalent du music-hall. Refaire les numéros d’époque, qui était l’idée de base, c’était rance et on bloquait.

La découverte de la troupe de New Burlesque, à partir de la lecture d’un article d’Elisabeth Leibovici dans Libé [en 2004, ndlr], a tout emporté. Mais il reste encore beaucoup de choses de Colette, des pans entiers de dialogue. Quand, à la fin, la danseuse dit à Joachim, dans le lit : "Tu ne nous as pas proposé une promenade qui fait le tour de la vie, alors commençons par le plus facile."»

Tournée

L'argument est simple : un metteur en scène engage une troupe de strip-teaseuses américaines qui ne sont pas "canon" à faire une tournée en France. Il veut y rentrer la tête haute, après des déboires multiples, mais il ne maîtrise rien, ni les problèmes matériels, ni la logistique, ni sa vie personnelle.

Le spectacle, on l'attend depuis les coulisses, on le verra, un peu dérisoire et pourtant inventif, kitsch à souhait, et on retourne dans les coulisses. Ces femmes qui vivent à un autre rythme et avec intensité sur ma scène, gardent leur maquillage à la ville, mais souvent il laisse voir la solitude, le sentiment de vie ratée.

Il en est de même pour le personnage incarné par Amalrik : on passe de la séduction à la crise de désespoir, à l'autodérision, à l'amitié et à l'affection. La large palette des sentiments humains s'épanouit à l'écran.

Allez voir Tournée, c'est le bonheur et le incertitudes de la représentation, la victoire sur les complexes, l'audace de braver le mauvais goût, pour se définir en tant qu'être humain.

La bande-son est de qualité, particulièrement judicieuse, allègre quand il le faut, nostalgique aussi. J'ai trouvé des souvenirs de Fellini, mais lapatte d'Amalrik est bien personnelle.

Citation :

Des numéros des filles et de Roky Roulette émane une magie un peu triviale, désuète (on se croirait, à dessein, dans une fête foraine) et d'une audace formelle parfois saisissante. Ils sont assez élaborés pour que, lorsque Mimi Le Meaux devient un personnage à part entière du film, intervenant dans la vie de Joachim, elle le fasse de plein droit.

Sa formidable présence scénique lui permet de s'imposer dans les séquences qui ébauchent l'idylle avec Joachim, alors même qu'elle n'est pas actrice ; c'est une évidence dont la mise en scène de Mathieu Amalric s'accommode très bien. La souplesse documentaire est tendue par une volonté dramatique qui s'impose au fil des tribulations de Joachim Zand.

l'article du Monde.

Film de Mathieu Amalric avec Mathieu Amalric, Mimi Le Meaux, Dirty Martini, Roky Roulette, Kitten on the Keys, Evie Lovelle, Julie Atlas Muz

Un très bon moment que ce film.

Des personnages attachants :
le producteur de la tournée, une espèce de raté, maladroit, parfois violent, parfois désagraéble, mais souvent touchant ;
de très belles femmes, pas anorexiques, pas androgynes, pas des des fillettes, non, des femmes adultes avec de vraies formes de femmes et une envie de s'amuser énorme ;
un homme dont on se demande le rôle dans la tournée jusqu'à comprendre qu'il est lui aussi strip-teaser, pas plus dans le cliché que ses comparses féminines.

Une bande son qui a du sens (c'est à dire que la musique n'est pas là pour souligner une action, elle là quand elle doit être là). Et je lève mon chapeau pour le choix final, c'est vraiment bienvenu !

Des prises de vues intelligentes : le show n'est pas filmé de face, mais vu des coulisses, du fond de scène ou au pied de la scène ; on est du côté des artistes, pas du côté du public, et ça c'est vraiment intelligent.


Le film ne raconte pas une histoire, avec un début et une fin. C'est l'extrait d'une histoire que l'on prend en cours et dont on ne connaitra pas le dénouement.

Bref, je ne crierai pas au génie ni au chef-d'œuvre, mais s'il est encore à l'affiche chez vous, je vous le recommande !

"de très belles femmes, pas anorexiques, pas androgynes, "

MDR, donc selon toi une femme androgyne ou anorexique est forcément vilaine. Sympa. J'espère qu'il n'y en a pas sur le forum.

Pantagruelle a écrit:

"de très belles femmes, pas anorexiques, pas androgynes, "
MDR, donc selon toi une femme androgyne ou anorexique est forcément vilaine. Sympa. J'espère qu'il n'y en a pas sur le forum.

Pantagruelle, je ne sais pas pourquoi tu es morte de rire.
Je fais référence aux femmes qui peuplent les magazines féminins. Et je pense à toutes les femmes bien foutues qui se prennent la tête pour des kilos en trop imaginaires.

Et, oui, les anorexiques ne sont pas belles ! Et de plus elles sont sont détruites. Et pour lutter contre cette destruction il faut, entre autres, revaloriser des corps normaux.

Ton énervement m'étonne. La maigreur est sans cesse valorisée. Toutes les femmes maigres ne le sont pas par choix, je sais que certaines en souffrent terriblement. Mais notre société a plus tendance à valoriser les maigres que les "bien en chair".

rotko a écrit:

Tournée

L'argument est simple : un metteur en scène engage une troupe de strip-teaseuses américaines qui ne sont pas "canon" à faire une tournée en France. Il veut y rentrer la tête haute, après des déboires multiples, mais il ne maîtrise rien, ni les problèmes matériels, ni la logistique, ni sa vie personnelle.

Le spectacle, on l'attend depuis les coulisses, on le verra, un peu dérisoire et pourtant inventif, kitsch à souhait, et on retourne dans les coulisses. Ces femmes qui vivent à un autre rythme et avec intensité sur ma scène, gardent leur maquillage à la ville, mais souvent il laisse voir la solitude, le sentiment de vie ratée.

Il en est de même pour le personnage incarné par Amalric : on passe de la séduction à la crise de désespoir, à l'autodérision, à l'amitié et à l'affection. La large palette des sentiments humains s'épanouit à l'écran.

Allez voir Tournée, c'est le bonheur et le incertitudes de la représentation, la victoire sur les complexes, l'audace de braver le mauvais goût, pour se définir en tant qu'être humain.

D'accord avec tout ça ! En revanche, j'ai trouvé la fin assez décevante, même si elle rentre bien dans le cadre "épisode de vie" du film.