Ce film a été présenté en mai dernier à Cannes, en sélection officielle, dans la section "Un certain regard".
SynopsisSoraya, 28 ans, née et élevée à Brooklyn, décide de rentrer s'installer en Palestine, le pays d'où sa famille s'est exilée en 1948. Dès son arrivée à Ramallah, Soraya cherche à récupérer l'argent de ses grands-parents gelé sur un compte à Jaffa mais elle se heurte au refus de la banque. Sa route croise alors celle d'Emad, un jeune Palestinien qui, au contraire d'elle, ne souhaite qu'une chose, partir pour toujours. Pour échapper aux contraintes liées à la situation du pays mais aussi pour gagner leur liberté, Soraya et Emad devront prendre leur destin en main quitte à transgresser les lois. Dans cette course à la vie, ils nous emmèneront sur les traces de leur Histoire en Palestine perdue.
Mon avisEncore un très beau film palestinien, après ceux de Michel Khleifi (
Noce en Galilée) et de Hany Abu Assaad (
Paradise Now). Le film met en scène le retour de Soraya sur la terre de son grand-père, retour évidemment impossible. D'entrée, ce retour est confronté à la suspicion des autorités israéliennes, qui n'ont accordé qu'un visa de deux semaines. Durée dérisoire quand on connaît le projet de Soraya: bien que née et élevée à Brooklyn, Soraya n'a jamais perdu son rêve de Palestine et elle est bien décidée à exercer son droit au retour, récupérer l'argent que son grand-père lui a laissé avant de mourir dans une banque palestino-britannique, revoir la maison du vieil homme à Jaffa (forte rencontre avec l'Israélienne qui en a "hérité" après la dépossession).
Suhair Hammad interprète avec conviction ce rôle magnifique: arrivée en Américaine, souriante, essayant de composer avec la dure réalité des check-points, des fouilles au corps, du mur de séparation, elle devient, au fil de son cheminement, de plus en plus Palestinienne, de plus en plus déterminée, jusqu'à la folie du désespoir, sans jamais se départir de sa douceur.
Dans son périple, elle rencontre Emad (Saleh Bakri, superbe acteur déjà vu dans
La visite de la Fanfare) qui lui, rêve du chemin inverse, émigrer au Canada. D'une certaine manière, tous deux sont prisonniers de leur rêve, et vont unir leurs forces pour s'échapper dans une cavale grandiose à travers une Palestine rêvée (Haifa, Jaffa, Jerusalem, la mer...) qui n'est plus.
Réalisé sans grands moyens, le film parvient néanmoins à susciter une émotion de tous les instants, enveloppant personnages et paysages dans une profonde sensualité.