"La Vague", Dennis Gansel

Réalisé par Dennis Gansel
Avec Jürgen Vogel, Frederick Lau, Max Riemelt

Une semaine thématique dans un lycée allemand est consacrée à l'etude des systèmes politiques, et un professeur étudie, en dépit de ses choix originaux, le fonctionnement totalitaire. Il mène l'expérience avec ardeur et non sans imprudence.

En dépit de quelques faiblesses qui sacrifient les personnages à l'intrigue, le film dense et rythmé touche le public. Les composantes de ce régime, et les circonstances de l'expérience sont bien mises au premier plan, assurant le succès de l'entreprise.

Musique et images contribuent à l'embrigadement du spectateur qui participe à l'expérience. Les scènes m'ont paru bien choisies et bien amenées. On a donc droit à un film dense, à l'intrigue soignée.

Le tout est mené tambour battant, et si on sort un peu "sonné" par le film, on a le loisir d'y repenser par la suite : il tient bien la route

Une compétition, un match de water polo, et la réaction de différents groupes dans la ville, permettent à l'équipe du lycée de se souder et de jouer son rôle à bonne échelle.

Bon, bah je m'y colle, je vais encore jouer les rabat joie.
grosse deception pour moi. Je ne sais pas si c'est parceque c'est "inspiré"
d'un livre lui même "inspiré" d'un fait réel que je me suis perdue.

Pour moi la mayonnaise n'a pas pris du tout. Pourquoi ?
Parce qu'il manque l'essentiel à mes yeux.
Dans le film, tout ce joue en une semaine (ce qui est très court),
on assiste à un engrenage sans aucune base idéologique
qui permettrait de réunir les personnages.
Les seuls indices que l'on a pour leur union c'est le port d'une chemise,
et la définition d'un geste commun... un peu leger non ?

Même les scouts en bas de chez moi ont plus de points communs que cette classe.

Il y a des moments que je n'ai pas trouvé credibles (du moins pour la France)
qu'une élève puisse entrer dans un établissement scolaire la nuit,
et ait accès à une photocopieuse couleur (on ne se refuse rien).
Que le proviseur laisse des mômes de 12 ans gerer l'entrée du même établissement sans intervenir.

Dès le début, on sait de qui viendra le problème.. on attend juste.
Tous les sterotypes du psychopathe sont réunies.

Globalement décevant. Bien moins politique que ce qu'on nous avait promis.
Il manque une cause, et sans elle, le film devient juste un teen movie
sans grande consistance, avec une histoire d'amour en parrallèle
qui ne sauve pas le film...

oui, c'est ça, battons-nous !

la classe est préparée à la vie collective, du moins dans le film, par deux experiences qui ont foiré à cause de comportements individualistes :
- la representation théatrale où un des participants modifie les répliques et rend ainsi impossible les enchaînements du dialogue,

- le match de water polo où certains s'obtinent à jouer perso, en pure perte.

les invraisemblances que tu notes : si l'entrée dans les etablissements scolaires était impossible, il y aurait moins de vols d'ordinateurs, à tel point que certains établissements doivent avoir une système d'alerte directement lié au commissariat.

les photocopieuses couleurs : on est en Allemagne pas chez Darcos

D'accord avec ce que tu dis sur certains personnages : ils sont réduits à des rôles.

Que tout se déroule en une semaine ? c'est une manière de dramatiser le film. D'ailleurs il ya urgence, le match doit avoir lieu, et le bac approche, comme le note un renvoyé du groupe qui revient..

le cineaste use des mêmes procédés que le prof pour embrigader les élèves : il les soumet à un rythme haletant, à des slogans, à de mots d'ordre etc. Si en tant que spectatrice tu n'as pas marché, c'est que tu ne veux pas rentrer dans le moule

Moi j'ai été destabilisé, sans cesse à me demander ce qui était à prendre pour argent comptant, et ce qui était feint, joué à l'intention des élèves.

Comme le film est court (1h 47) et plein de peripéties et rebondissements, on est obligé de suivre sans trop s'attarder sur nos interrogations.

Qu'un ado isolé et sans famille s'accroche à un groupe solidaire (les adversaires soudent le groupe) me parait très vraisemblable.

Joyce carol oates dans gang de filles montre bien comment fonctionne un groupe qui devient capable de tout.

Alors, Monique Rannou, tu refuses de faire partie de ma bande ?

L'ambiance du lycée sert de microcosme à un monde fasciste :

- l'idée d'une compétition où il faut gagner à tout prix pour le prestige perso et celui de l'établissement - à noter que la directrice, au départ réticente, est ensuite vivement favorable ;

- la personnalité du prof : apparemment moins diplômé que les autres, il trouve l'occasion de se valoriser et de se mettre en scène. D'ailleurs il a dès le départ un réel ascendant sur les élèves, et une belle prestance physique.

- le mépris général pour le prof chargé de la démocratie : plus âgé, mou, et peu interessant, alors que Herr Vangel offre des perspectives exaltantes à des jeunes dont la vie exterieure semble se réduire à la présence au lycée et à des beuveries nocturnes sans grand relief. Ses cours connaissent un vrai engouement et les élèves dont il s'occupe sont enviés par les autres.

Ces jeunes ont de l'énergie à dépenser, et ils le sentent à ecouter cette musique hard rock très présente dans le film.

C'est en premier lieu pour cette énergie du cinéaste (musique, hardiesse des images) que j'ai apprécié le film, plus que pour l'analyse du thème et les personnages.

ideologie ? culte de la personnalité, valorisation du groupe, exploits, mépris pour autrui, fans et supporters.

Ce n'est pas que je ne veuille pas faire partie de ta bande
(si tu acceptes comme uniforme les bas résilles...).
Oui, on voit les effet des phénomènes de groupes ...
mais le film était annoncé comme un film allant beaucoup plus loin,
c'est du totalitarisme dont il devait traiter.. et je trouve que ça n'y répond pas.
On dirait que le fait que ça se passe en Allemagne est un argument suffisant pour motiver le film.

Quand au malaise des jeunes actuels, un livre comme "la fille sans qualité" m'avait semblé bien plus riche en reflexion.

Pour l'idéologie, tu cites : "culte de la personnalité, valorisation du groupe, exploits, mépris pour autrui, fans et supporters."
Donc aucune différence avec tous les films américains (mais pas que) autour du sport...


Personne d'autre ne l'a vu pour qu'on puisse te taper en groupe ?

la fille sans qualités, vous le mentionnez sans en dire grand chose, à vrai dire. Vous n'êtes pas tenu(e)s d'en faire une quatrième de couverture, mais s'il parle des jeunes, autant qu'on sache sous quel angle et dans quels domaines.

Mais rien n'est obligatoire ici, comme tu le sais, Monique Rannou

je n'ai rien lu sur la vague, ni avant, ni après le film.

Quant à me tomber dessus, pas de problème, on surnommait ma mère la môme caoutchouc. Tu peux lui écrire, elle a un site

J'ai lu le livre en allemand et suis allée voir le film, car on allait en parler en cours.

Un teen movie, oui, et pour cause, il vise les jeunes, c'est évident, à prendre conscience du risque d'une autocratie, encore de nos jours, encore dans nos pays. La vraisemblance frôle certaines limites, certes, mais celles que tu relèves, Monique, sont expliquées par le fonctionnement du pays. L'idée de tenir en une semaine n'est pas une folie digne de l'Art poétique de Boileau, c'est le temps dans lequel sont réalisés ces "Projektwoche" en Allemagne, et sont donc justement un élément de réalisme pour les jeunes qui voient le film (allemands, du moins). La photocopieuse, après, bon... Il faut garder en tête le dessein et le public auquel se destine le film, ce n'est pas bien important de s'attarder sur ces détails, je pense, car les destinataires du film ne le feront pas, et ils ont raison.

Les jeux des acteurs ne sont pas très bons, les effets ne sont pas révolutionnaires, c'est une esthétique presque racoleuse, les élèves posant problème se distinguent aussitôt, c'est sûr. Personnellement, je n'avais pas du tout les mêmes attentes que j'ai avec un film ordinaire, sans quoi, pour une seule des raisons citées ci-dessus, j'aurais fustigé le film aussitôt. J'en ai parlé avec des amis, qui ont autour de 16 ans, eux n'avaient pas du tout repéré le jeune "défaillant" au début, et en ont pris conscience en retournant une seconde fois voir le film.

Bref, il est efficace, ni vulgaire ni caricatural. C'est sur ce dernier point que j'avais des craintes, à vrai dire. Là, les exceptions ne sont pas mises de côté et la vie et l'avis des jeunes ne sont pas stigmatisés. Ce n'est pas un grand film, mais il invite la jeunesse universelle à garder un esprit critique et à ne pas être rassuré par l'héritage historique de leurs pays. Apparemment, aux nombreux avis que j'ai entendu autour de moi, ça fonctionne plutôt très bien.

Oui, ça fonctionne plutôt bien. Comme rotko le dis au début, c'est un film efficace qui illustre bien le fait que les dangers de l'émergence d'une dictature dans les pays occidentaux ne sont pas nuls.

Alors bien sûr, certains fils sont assez gros, cf. le jeune à problème qui se démarque dès le début, comme le dit Firenze.

Néanmoins, on passe un bon moment et c'est un film qui donne à réfléchir, ce qui est déjà une victoire.

Ce film est vraiment effrayant, on voit bien la progression et la montée de la violence, sans que personne ou presque ne s'en rende vraiment compte...Et la toute fin (la scène dans l'amphi) est absolument incroyable. J'avais vu le film dans une grande salle où il devait y avoir environ 4 personnes, et l'ambiance n'en était que plus glaçante .