Matteo Garrone, Gomorra, Reality

GOMORRA
Matteo Garrone
Avec Salvatore Abruzzese, Gianfelice Imparato, Maria Nazionale

Adapté d'un livre-enquête de Roberto Saviano le film "Gomorra", a décroché le Grand prix du jury au Festival de Cannes.

Cette fresque brutale et violente décrit avec précision les cercles infernaux de la Camorra napolitaine.

Gros succès en Italie.


Tous les trafics...

Citation :

Tout le monde doit suivre les règles du système, celles de la Camorra. Seuls les plus riches peuvent envisager de mener une vie "normale".

Un voyage dans le monde affairiste et criminel de la mafia

Sur ce site de gallimard remplissez le formulaire et laissez faire le hasard :

Citation :

Inscrivez-vous à l'aide du formulaire avant le 31 août 2008 : un tirage au sort déterminera les gagnants parmi les participants.

formulaire d'inscription (là il faut cliquer)


Les lauréats du 1er au 10e prix recevront un exemplaire de Gomorra. Dans l'empire de la camorra de Roberto Saviano. Les lauréats du 11e au 60e prix recevront une invitation à la projection de Gomorra, le film de Matteo Garrone.

Vraie menace ou fause alerte à but commercial ?

Citation :

Roberto Saviano vit avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Pour avoir dénoncé les agissements de la camorra, la mafia napolitaine, dans Gomorra, un livre-enquête devenu best-seller international.

L'écrivain-journaliste vit depuis octobre 2006 sous protection policière. Les menaces à son encontre se sont précisées : La Repubblica révèle mardi que le clan mafieux des Casalesi voulait tuer l'écrivain d'ici Noël.

des interprètes à la hauteur des rôles !

Citation :

Le clan des Casalesi est l'un des plus violents de la camorra. Il est tenu pour responsable de la récente tuerie de Castel Volturno, qui a fait sept morts, dont six Africains, le 18 septembre dernier. Samedi dernier, sept membres présumés du clan ont été arrêtés dans le cadre d'une vaste opération policière, selon France-Soir.

Parmi les personnes appréhendées, figurait... un des acteurs de Gomorra, le film de Matteo Garrone adapté du roman de Saviano. "Bernardino Terrascciano y interprète oncle Bernardino, un chef local de la Camorra", souligne le quotidien.

TF1

Les Nobel soutiennent Salviano

21/10/2008
Lire.fr


Six prix Nobel viennent de s'engager auprès de l’auteur de Gomorra, menacé de mort par la Camorra. Ils ont signé une lettre, publiée par La Repubblica, dont Roberto Saviano est l'un des collaborateurs. Orhan Pamuk, Mikhail Gorbatchev, Dario Fo, Günter Grass, Levi Montalcini et Desmond Tutu lancent un appel à la responsabilité de l’Etat italien, jugeant "intolérable que tout cela puisse se produire en Europe et en 2008", soulignant qu’il s’agit d’un réel "problème pour la démocratie", qui "nous concerne tous en tant que citoyens". L’appel a déjà recueilli quelque 100 000 signatures, dont celles des Britanniques Martin Amis et Ian McEwan, ou encore du Portugais José Saramago.


------

Que du solide...

Tu fais bien de le dire.

Salman Rushdie est aussi du lot. Quand j'avais lu mention de ces menaces, je me demandais s'il fallait les prendre au sérieux.

La réponse est oui, et le mentionner était indispensable. Merci ARC !

rotko a écrit:

Quand j'avais lu mention de ces menaces, je me demandais s'il fallait les prendre au sérieux.

La mafia tient toujours parole.
Je crois qu'ils vont vraiment tenter de le flinguer - HELAS.

ITALIE • Saviano va se réfugier à l'étranger

Après les menaces - confirmées par le gouvernement - d'un attentat contre lui et l'escorte qui l'accompagne depuis deux ans, l'auteur de Gomorra annonce qu'il va quitter l'Italie. Amer, il constate qu'il n'est plus le bienvenu dans son propre pays.

Roberto Saviano
AFP

"Je vais quitter l'Italie, du moins pour un temps. Après, on verra…" A la suite des révélations d'un repenti de la Camorra selon lesquelles la mafia napolitaine a prévu de tuer Roberto Saviano d'ici la fin de l'année, l'auteur du roman-enquête Gomorra annonce à La Repubblica qu'il souhaite trouver refuge à l'étranger. "Je pense avoir droit à une pause, a-t-il confié au quotidien romain. Ces temps-ci, j'ai pensé que céder à la tentation de reculer n'était pas une bonne idée, que, surtout, ce n'était pas intelligent. J'ai cru qu'il était très stupide – en plus d'être indécent – de se trahir, de devoir céder face à des hommes de rien du tout, des gens que l'on méprise pour ce qu'ils pensent, pour la façon dont ils agissent, pour leur manière de vivre, pour ce qu'ils sont dans leur être le plus intime. Mais, en ce moment, je ne vois aucune raison de m'obstiner à vivre comme ça, prisonnier de moi-même, de mon succès. Qu'il aille se faire foutre le succès ! Je veux une vie, voilà. Je veux une maison. Je veux tomber amoureux et pouvoir sortir boire une bière, aller dans une librairie et choisir un livre en consultant la quatrième de couverture. Je veux me promener, prendre le soleil, marcher sous la pluie, rencontrer ma mère sans avoir peur et sans lui faire peur. Je veux avoir autour de moi mes amis et pouvoir rire, et ne pas devoir toujours parler de moi, toujours de moi, comme si j'étais un malade en phase terminale et qu'ils se débattent avec une visite ennuyeuse et pourtant nécessaire. Je n'ai que 29 ans, putain ! Et je veux encore écrire, écrire et écrire, parce que c'est ma passion et ma résistance. Et moi, pour écrire, j'ai besoin de plonger les mains dans la réalité, de me frotter contre elle, d'en sentir l'odeur et la sueur, et non pas de vivre comme dans un caisson de décompression, dans une caserne des carabiniers – un jour ici, le lendemain à 200 km –, déplacé comme un paquet, sans savoir ce qui s'est passé ou ce qui pourrait se passer. Dans un état de confusion et de précarité permanentes qui m'empêche de penser, de réfléchir, de me concentrer sur quoi que ce soit. Parfois, je me surprends à penser ces mots : rendez-moi ma vie. Je les répète un à un, en silence, dans ma tête."

"Pourquoi dois-je vivre comme un détenu, un lèpreux, caché à la vie, au monde, aux hommes ? demande encore Saviano. Quelle est ma maladie, mon infection ? Quelle est ma faute ? Je n'ai voulu que raconter une histoire, l'histoire de mes concitoyens, de ma terre, toutes celles de son humiliation. J'étais satisfait de l'avoir fait et je pensais avoir mérité cette petite joie d'être approuvé par mes semblables, par mes concitoyens. J'ai été naïf : à Naples, personne ne veut me louer un appartement. Mes amis, mes vrais amis, quand je les ai enfin revus après tant de fuites et d'absences, m'ont dit : 'Ça suffit, nous n'en pouvons plus de te défendre, toi et ton maudit bouquin ; nous ne pouvons pas être en guerre contre le monde entier par ta faute.' Faute ? Quelle faute ? C'est une faute d'avoir voulu raconter leur vie, ma vie ?"

-----

A lire aussi : un dossier sur les emplois générés par la Camorra :

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=90922

Le film inspiré du roman de Roberto Saviano "Gomorra" a raflé samedi 6 décembre, cinq statuettes lors de la 21e édition de l'EFA (European Film Awards) à Copenhague (Danemark), dont celle du meilleur film de l'année, celle du meilleur réalisateur saluant le travail de Matteo Garrone et celle du meilleur scénario (Maurizio Braucci, Ugo Chiti, Gianni de Gregorio, Matteo Garrone, Massimo Gaudioso et Roberto Saviano).

source le nouvel obs.

Gomorra d'après ce qu'a écrit Saviano, et j'ai retrouvé des accents de son travail, notamment sur les jeunes, aspirés et éliminés par la Gomorra.

dès le départ, contraste entre la richesse de l'organisation - les billets coulent à flots, et une partie est redistribuée parcimonieusement, et sans garantie de l'avenir, et la pauvreté des logements, des quartiers et des habitants.

La mort brutale est une signature, devenue une pratique habituelle, pour cette organisation qui s'exerce dans tous les domaines : contrefaçon pour les modèles de haute couture, drogue, élimination des déchets pour les municipalités, ce qui nécessite des compromissions à tous les niveaux. Tout le corps social est gangrené.

La rivalité entre différents clans entraîne un état de guerre permanent : concurrence avec les Colombiens pour la drogue, avec les Chinois pour le textile, et on voit des ateliers immenses pour la contrefaçon.

La tentation de gagner de l'argent "sale" vient naturellement aux jeunes qui tombent dans le piège des salles de jeux, des boîtes de nuit, et des filles de bars. D'où la tentation de faire des braquages, la "récupération" d'armes de tout calibre, et le désir de se mettre à son compte pour régner sur un territoire.

La réalisation est efficace pour montrer qu'on s'engage dans une impasse : étroits couloirs d'immeubles, caches multiples, endroits sombres, ce sont les coulisses inférieures de ce qu'on voit à la surface : immeubles collectifs de grandes envergures. Pas besoin d'insister pour comprendre le lien entre les deux vues.

A la fin du film, un réquisitoire chiffré des dégâts dus à la Gomorra, le pire restant sa contamination des esprits, son emprise sur l'imaginaire, l'avidité et l'injustices créées, sur fond de corruption généralisée, de peur, et de morts violentes.

ce qui est impressionnant dans le film c'est l'organisation dans les immeubles vétustes où règne la mafia. Ils veillent sur tout depuis l'entrée d'une voiture dans la cité jusqu'à son stationnement, avec des guetteurs qui s'interpellent toutes les minutes pour se tenir en alerte. On sent que c'est une organisation en état de guerre permanente qui veille sur son territoire en rémunérant les occupants pour qu'ils ne parlent et en éliminant sans état d'âme toute personne qui ne joue pas le jeu ou les balance...On en est pas loin dans certaines de nos cités malheureusement...

je l'ai regardé. Rien a ajouter après vous. C'est très dur, décrit sans concession, terrifiant !

REALITY

de Matteo Garrone avec Aniello Arena, Loredana Simioli, Nando Paone

Dans le cadre d'une "soirée italienne", avec différentes pizzas,brioches, Chianti, et valpolicella, après avoir écouté des chants siciliens, italiens, accompagnés par un guimbarde, notamment, j'ai vu REALITY

Dans le Générique, le titre est constitué par des néons, ce qui montre le caractère artificiel de cette prétendue réalité que les gens affectionnent dans la vie comme dans les spectacles (Télé-réalité). Du clinquant, des paillettes sans lendemain, un abus d'image comme d'autres abusent de la parole.

Les premières images du film montrent un mariage en grande pompe, carrosse et flonflons, pour des gens ordinaires, voire "populaires", comme on dit.

Ils sont à la recherche d'une image valorisante d'eux-mêmes, d'une reconnaissance par l'image qui transformerait leur vie, et les évènements marquants, en conte de fées. Déjà on voit que le marié joue un rôle de bonimenteur, à la limite franchie de l'escroquerie ; il postule pour un "casting" dans une émission de télévision qui promet fortune et célébrité.

Le récit est drôle, dans l'esprit de romans photos dont on verrait les coulisses, et aussi pitoyables : les logis sont pauvres, les personnages gros et pas très beaux, pour la plupart, mais ça fait tant de bien de rêver. Le personnage principal, mieux gâté par la nature, aime l’esbroufe, il tombe dans le piège de la vanité, avec un cœur de midinette.

Le réalisateur va plus loin dans son analyse, il montre que la religion aime aussi les grands spectacles, et que par les images on fait naître la foi chez les plus déshérités et les plus crédules.

Le film n'a pas été bien accueilli par la critique en général, c'est dommage car il est à la fois divertissant et profond.

article et video

Matteo Garrone arrive même à rendre touchant et drôle le regard émerveillé de son héros qui découvre, soudain, ce monde d'illusions... dit Télérama.