Capitaine Achab

Film français de Philippe Ramos avec Dominique Blanc, Denis Lavant, Jean-François Stévenin, Philippe Katerine, Jacques Bonnaffé, Carlo Brandt.

Citation :

Capitaine Achab est moins à proprement parler une adaptation de Moby Dick qu'une variation autour du roman, gage sans doute supérieur de la vitalité des oeuvres et de l'appel à la liberté, donc à la trahison, qu'elles requièrent.

Ramos modifie les rapports de force entre l'homme et le Léviathan, confère au premier la mystérieuse aura que le livre attribue au second, transforme une tragédie de la prédestination en un roman d'éducation, infléchit le puritanisme de celui-ci au profit de l'humanisme de celui-là.

Sans galvauder la noirceur du récit et du personnage, il sauve néanmoins Achab en le ramenant à une mesure plus modeste et plus émouvante que celle qui guide un pur instrument du destin, gouverné par l'obsession du Mal. Par son refus délibéré de la grande forme, Capitaine Achab est cohérent avec ce propos. Son style, au réalisme si dépouillé qu'il confine au maniérisme, est d'une précision de trait et d'une délicatesse impressionnantes.

Ce qui n'empêche ni l'humour, ni l'âpreté, ni le lyrisme d'y trouver leur place. Servie par une pléiade d'acteurs dont le jeu va littéralement à l'os, cette diversité de ton trouve un écho dans la richesse des registres d'images, depuis les archives d'une pêche traditionnelle déboulant sans crier gare dans le cours du récit jusqu'au magnifique trucage élevant Achab à la stature d'un géant de la mer.

dit lemonde, séduit par cette adaptation du roman de melville.

On peut encore écouter l'émission "L'humeur vagabonde" d'hier soir sur Franc inter, consacrée à Ramos et au film :
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/humeurvagabonde/index.php?id=64327

Un film de Philippe Ramos avec Denis Lavant, Domnique Blanc, J. F. Stevenin...

Au départ une bonne idée : inventer au capitaine fou et mythique de Melville, qui poursuit de sa haine Moby Dick la baleine blanche, une biographie...
Le film se décline en cinq chapitres. J'ai bien aimé ceux qui racontent l'enfance imaginaire et forcément tragique du petit Achab.
Moins la fin, sorte de résumé transposé du roman de Melville, qui sombre dans un symbolisme à mon avis un peu simpliste et où je n'ai pas trouvé Denis Lavant très convaincant...

Capitaine Achab

J'ai été un peu gêné par le début un peu raide, divisé en chapitres.

Explication du personnage ou pistes a suivre : la frustration initiale - on lui refuse le plaisir d'aller à la chasse -, les différents traumatismes de violence et de trahison dont il est victime, la naissance d'un caractère irréductible, attaché à des reliques.

Pourtant à y repenser, j'y trouve des idées intéressantes, d'autant qu'il y a ensuite une ellipse importante : entre le moment où Achab s'embarque sur l'océan et celui où on le retrouve en piteux état :

que s'est -il passé ? le personnage s'enfonce dans le mystère, et nous, dans les interrogations.

L'idée d'une jambe "en cachalot" est-elle dans le livre ? que le cachalot devienne une partie de son être, le rappel incessant d'une haine qui est en même temps haine de soi, est géniale.

J'ai donc attendu la fin, frustré car il y a finalement peu de scènes maritimes, mais des images fortes : Achab géant sur l'océan, et des images de documentaires.

Sans être à mon avis un grand film, Capitaine Achab interesse et interroge.

Capitaine Achab

Virtuosité dans le "récit" : les différents épisodes ne sont pas vus par les mêmes narrateurs.

Et le symbolisme est-il le même que dans le livre ?

Achab quitte la blanchisserie - où il pourrait renaître en "gentleman Achab", et poursuit la baleine blanche, une haine chevillée au corps, un compte personnel métaphysique à règler entre deux géants des mers.

Citation :

Selon une théorie communément admise, Melville a
voulu faire de son livre la description symbolique de la lutte que se
livre l’humanité pour appréhender le Divin. L’Inconnaissable.

Tour à
tour Christique ou Luciférienne la baleine est à la fois une créature
rédemptrice ou qui entraîne les humains vers la chute et le chaos.

Et Achab, Prométhée possédé par le désir de puissance, représente, par son ambition blasphématoire, l’entité humaine qui tente d’égaler et de détruire Dieu...