Caos calmo

Caos calmo de Antonello Grimaldi

Citation :

« La mort soudaine de Lara, son épouse, bouleverse la vie heureuse de Pietro, jusque là comblé par sa famille et son travail. Le jour de la rentrée, Pietro accompagne à l’école sa fille Claudia, 10 ans, et décide subitement de l’attendre. Il se réfugie dans sa voiture, garée en face de l’école. Il fait de même le lendemain et les jours suivants. Il attend que la douleur se manifeste. Il découvre petit à petit les facettes cachées des gens qui l’entourent et l’abordent. Ses chefs, ses collègues, ses parents, ses amis, tous cherchent à comprendre ce drôle de calme chaos qui l’habite. »

Irréalité : comment ce cadre supérieur influent d’un consortium spécialisé en audiovisuel et en passe de fusion, peut-il passer ses jours sur une place à l’heure de la rentabilité ? Hors cet à-priori, qui lui donne un côté cocasse et poêtique, le film est juste et émouvant.
Nanni Moretti interprète avec brio et retenu ce veuf un peu coincé et en apparence insensible, qui masque ses blessures sous des rites maniaco-dépressifs (il fait notamment mentalement des listes…).
Les personnages se succèdent sur cette place ; le semblant d’absence de Pietro, son silence et ses réactions laconiques, permettent aux autres de se révéler à lui, mais aussi à eux-mêmes. Les acteurs, et surtout les français, paraissent prendre grand plaisir à leur rôle.
Mais par ricochet, peu à peu les propres failles de Pietro se dévoilent à lui et il devient plus humain. Il fait son deuil. Belle scène où, après une errance en voiture à toute vitesse, il se retrouve de nouveau, de nuit, sur la place et éclate enfin en sanglots.
Une belle mention aussi pour le jeu de Claudia qui est très émouvante et digne dans son deuil ; elle reste apparemment stoïque comme si elle attendait la douleur de son père ; et c’est elle qui, à la fin du film, lui demandera de quitter la place pour que la vie retrouve son cours…
Un beau film en nuances et sensible, et qui fait sourire, sur ce sujet douloureux de la perte et du deuil. J’ai beaucoup aimé.

ah, ce compte-rendu m'avait échappé, merci Nymphéa.

voici la bande-annonce sur ce film.

Le livre de Sandro Veronesi, chaos calme, paraît lui aussi intéressant (mais il fait 500 pages).