Bamako, la cour d'Abderrahmane Sissako

de Abderrahmane Sissako



Abderrahmane SISSAKO, mauritanien ayant vécu au Mali, étudié à Moscou, vit actuellement à Paris. Réalisateur et producteur, il nous présente un film mêlant la représentation d’un procès de la mondialisation et la vie quotidienne. Il fut tourné dans la cour de la maison de son père à Bamako.

Scénario:
Melé est chanteuse dans un bar, son mari Chaka est sans travail, leur couple se déchire...
Dans la cour de la maison qu'ils partagent avec d'autres familles, un tribunal a été installé.
Des représentants de la société civile africaine ont engagé une procédure judiciaire contre la Banque mondiale et le FMI qu'ils jugent responsables du drame qui secoue l'Afrique.
Entre plaidoiries et témoignages, la vie continue dans la cour.
Chaka semble indifférent à cette volonté inédite de l'Afrique de réclamer ses droits...

Extraits d'interview du réalisateur:

Comment est né ce projet ?

"Ce film est d'abord lié au désir de tourner dans la maison de mon père, aujourd'hui disparu. Cette maison se trouve à Bamako, dans le quartier populaire d'Hamdallaye. C'est une maison simple, construite en terre. Dans la cour se côtoient, depuis des années, un robinet et un puits. Ici, l'eau coûte cher, et pour faire des économies, mon père a fait creuser un puits. C'est dans cette cour que j'ai grandi, avec mes nombreux frères, soeurs, cousins, cousines, tantes, oncles, parents proches et lointains. Jamais nous n'avons été moins de vingt-cinq à dormir, à manger, à apprendre, à vivre presque à tour de rôle.
Aujourd'hui, la plupart d'entre nous a quitté cette maison pour vivre ailleurs ; pour autant la maison ne désemplit pas... De nouveaux cousins, cousines, parents proches ou lointains y vivent, vont à l'école ou abandonnent pour s'accrocher à un petit boulot de survie. Pour moi, cette maison est liée au souvenir de discussions passionnées avec mon père sur l'Afrique.
L'autre raison qui m'a poussé à faire ce film tient à mon regard sur l'Afrique - l'Afrique, non pas comme le continent qui est le mien, mais comme un espace d'injustices qui m'atteignent directement. Quand on vit sur un continent où l'acte de faire un film est rare et difficile, on se dit qu'on peut parler au nom des autres : face à la gravité de la situation africaine, j'ai ressenti une forme d'urgence à évoquer l'hypocrisie du Nord vis-à-vis des pays du Sud".

Ce qui frappe, c'est précisément la vie qui continue tout autour du tribunal : des femmes teignent des étoffes, une mère soigne sa petite fille, un couple se déchire, un autre se marie ...

"J'ai développé ces intrigues secondaires parce que je voulais que la vie des habitants de la cour fasse écho ou interfère avec la parole délivrée à la barre. Le discours des avocats illustre une forme d'intelligence qui monopolise toute l'attention et il fallait impérativement que cette érudition du propos soit relativisée par ces vies qui continuent tout autour de la cour.
Les gens qui gravitent autour du tribunal croient au procès mais n'attendent rien de son verdict. Parlant de l'Occident, l'un des témoins m'a dit pour m'encourager : "Au moins, ils sauront que nous savons".

Comment avez-vous élaboré les "dialogues" des protagonistes du procès ?

"Il faut savoir que j'ai fait appel à des magistrats et avocats professionnels et à de véritables témoins. J'ai eu une longue préparation avec eux. J'ai déterminé le cadre des débats puis je les ai mis en situation. Au moment du tournage, je leur ai laissé une grande liberté pour témoigner, accuser ou défendre. Certains témoins ont été choisis parmi les victimes des fameux "ajustements structurels" de la Banque mondiale et du FMI : ce sont ceux qu'on appelle les "compressés", les "déflatés", les "ajustés", comme ces anciens fonctionnaires qui se sont retrouvés au chômage parce que les services publics ont été privatisés et cédés à des multinationales occidentales ... Ces "témoins" avaient le sentiment qu'un authentique procès se déroulait et ont donc déclaré à la barre ce qu'ils avaient sur le coeur. Là encore, je n'ai rien inventé.
Vous rappelez que ce sont les femmes qui jouent un rôle moteur en Afrique et empêchent le continent de s'embraser.
Oui, et ce sont elles qui empêchent qu'on soit trop pessimiste sur l'avenir du continent ... Quand on voit leur volonté de se battre, leur force, il était normal de leur donner un rôle essentiel dans le film, dans le procès comme dans la vie qui continue autour de la cour."

Mieux qu'un simple documentaire, mais ayant valeur de véritable documentaire, ce film soulève les questions de la dette africaine, du rôle de la Banque Mondiale et du FMI...Il donne le point de vue très conscient des Africains.
Le genre de film que l'on ne va pas voir pour se divertir mais pour apprendre, pour se confronter à la dure réalité.

Pas d'écho à ce post...
J'ai eu envie de le faire remonter tout de même devant le terrible constat concernant le cinéma d'auteur...

Je vous souhaite vraiment de "croiser" ce film.

je crois qu'il faut eviter de faire remonter artificiellement des fils. mais on peut facilement completer le sujet avec des informations trouvées sur le net comme ici sur africultures

Sissako est aussi l'auteur de la vie sur terre et de en attendant le bonheur voici
un entretien du realisateur.

rotko a écrit:

je crois qu'il faut eviter de faire remonter artificiellement des fils. mais on peut facilement completer le sujet avec des informations trouvées sur le net comme ici sur africultures

Sissako est aussi l'auteur de la vie sur terre et de en attendant le bonheur voici
un entretien du realisateur.

Comment ajouter des nouvelles fraîches si les films disparaissent dans les oubliettes des médias?
Et c'est justement ce qui me rend folle...que des oeuvres intéressantes aient à peine le temps de trouver un public!

Je regrette mais ce que tu as ajouté ici ne concerne pas le film Bamako!

on fait un fil sur un auteur ou un realisateur, non sur une oeuvre isolée : il y a donc regroupement des infos, et reactualisation des anciennes données.

je partage ton point de vue sur Bamako, mais je n'ai pas reussi à aller le voir. qu'ajouter ?

je voulais le voir mais il ne passe plus, je le regrette bien

voila ce que je pourrais dire ; Le lecteur serait-il plus avancé ? quand un film ne passe plus, quel interet d'en parler, sauf a faire un renvoi a l'interieur d'un nouveau post pour attirer le lecteur surce fil auquel tu tiens.
donc 2 solutions

1) le complement d'information qui reactualise le fil
2) le renvoi indirect par un lien qui rappelle l'existence du fil sans le déplacer

coline a écrit:

Comment ajouter des nouvelles fraîches si les films disparaissent dans les oubliettes des médias?

Poster une info qui permette de voir dans quelles salles on peut voir le film par exemple :
sur le site du film (mis à jour en plus, il y a les salles où l'on peut voir ce film à partir du 10 janvier 2007)

coline a écrit:

Je regrette mais ce que tu as ajouté ici ne concerne pas le film Bamako!

Mais c'est intéressant de suivre l'auteur ...

On parle de Bamako sur un blog consacré au cinéma et l'enseignement:
http://cinema-education.fluctuat.net/blog/9913_Bamako%2C+la+mondialisation+en+proc%E8s.html

rotko a écrit:

quand un film ne passe plus, quel interet d'en parler,[b]

L'intérêt est qu'il ne tombe pas très injustement et si vite dans l'oubli...
Il y aura encore quelques occasions de le voir ici ou là (je l'ai vu au mois de décembre!) ...
L'intérêt c'est que ceux qui auront la chance de pouvoir bénéficier de ces occasions ne la laissent pas passer...pour le réalisateur..Et pour eux-mêmes!

Pour ma part, je trouve cela aussi intéressant que de parler de vieux films que tout le monde a vu cinquante fois à la télé...

clmemont a écrit:

On parle de Bamako sur un blog consacré au cinéma et l'enseignement:
http://cinema-education.fluctuat.net/blog/9913_Bamako%2C+la+mondialisation+en+proc%E8s.html

Justement...il y a je pense des enseignants qui fréquentent plus ou moins assidûment ce forum...Ils sont spectateurs, ils sont aussi éducateurs...
L'intérêt est donc de les sensibiliser à l'existence de ce film qui peut servir aussi d'outil pédagogique.

Sans entrer dans une polémique, ce film semble fort intéressant, il est encore diffusé dans certaines salles selon CADTM

Citation :

12 janvier, St Just en Chaussée, débat animé par Roseline Péluchon
12 janvier, Romainville, Le Trianon, débat animé par Véronique Racine, 20h30
15 janvier, Vendôme, Le Ronsard, débat animé par Damien Millet, 21h
16 janvier, Plélan le Grand, Cinéma l’Hermine, débat animé par Julie Castro
19 janvier, Charleville-Mézières, débat animé par Serge Vienne
21 janvier, Callac, débat animé par Roseline Péluchon
23 janvier, Romilly sur Seine, Cinéma Eden, débat animé par Julie Castro, 20h
26 janvier, Mont St Aignan, Cinéma Ariel, débat animé par Roseline Péluchon
29 janvier, Salies de Béarn, Cinéma Le Saleys, débat animé par Olivier Duteille
30 janvier, Sèvres, Ciné-Sel, débat animé par Julie Castro, 21h
1er février, La Châtre, débat animé par Claude Quémar
27 février, Chateaugiron, débat animé par Claude Quémar
28 février, Bréal sous Montfort, débat animé par Claude Quémar
12 avril, Cozès, débat animé par Claude Quémar

Voici l'adresse où l'on trouve les dates et lieux des projection-débat:
http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=2096

J'ai même lu qu' ARTE diffusera au second semestre 2007 le film de Abderrahmane Sissako, Bamako, la cour.
Sans vouloir faire remonter de fil, ce film commence à percer petitement mais il perce. Je crois qu'il y a aussi un article des cahiers du cinéma.


Avez-vous remarqué dans la liste des cinémas, il y en a qui semble fait pour GDS* ? "Ciné-Sel"

On est bien d'accord sur ce film que je suis très fâché de ne pas avoir vu, et je guette les salles où je pourrai le voir.

Dans ces cas-là, je n'hesite pas à faire des km pour voir un film interessant dans les localités voisines. Il m'arrive aussi d'y entraîner des amis.

clmemont a écrit:

Sans entrer dans une polémique, ce film semble fort intéressant, il est encore diffusé dans certaines salles selon CADTM

Citation :

12 janvier, St Just en Chaussée, débat animé par Roseline Péluchon
12 janvier, Romainville, Le Trianon, débat animé par Véronique Racine, 20h30
15 janvier, Vendôme, Le Ronsard, débat animé par Damien Millet, 21h
16 janvier, Plélan le Grand, Cinéma l’Hermine, débat animé par Julie Castro
19 janvier, Charleville-Mézières, débat animé par Serge Vienne
21 janvier, Callac, débat animé par Roseline Péluchon
23 janvier, Romilly sur Seine, Cinéma Eden, débat animé par Julie Castro, 20h
26 janvier, Mont St Aignan, Cinéma Ariel, débat animé par Roseline Péluchon
29 janvier, Salies de Béarn, Cinéma Le Saleys, débat animé par Olivier Duteille
30 janvier, Sèvres, Ciné-Sel, débat animé par Julie Castro, 21h
1er février, La Châtre, débat animé par Claude Quémar
27 février, Chateaugiron, débat animé par Claude Quémar
28 février, Bréal sous Montfort, débat animé par Claude Quémar
12 avril, Cozès, débat animé par Claude Quémar

Voici l'adresse où l'on trouve les dates et lieux des projection-débat:
http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=2096

J'ai même lu qu' ARTE diffusera au second semestre 2007 le film de Abderrahmane Sissako, Bamako, la cour.
Sans vouloir faire remonter de fil, ce film commence à percer petitement mais il perce. Je crois qu'il y a aussi un article des cahiers du cinéma.


Avez-vous remarqué dans la liste des cinémas, il y en a qui semble fait pour GDS* ? "Ciné-Sel"

J'adore les madeleines!