Giraud-Moebius

le site officiel

Giraud travaille sur La Version irlandaise, et Vance sur Le Dernier Round. Dargaud fait cavaler le lecteur sur deux chevaux à la fois.

aahhh, Blueberry ... J'ai pratiquement appris à lire dans La mine de l'allemand perdu (à l'insu du plein gré de mes parents j'imagine )

une video de Moebius qui annonce "La Citadelle du Vertige" au futuroscope de poitiers.



Futuroscope.

Dommage que cette vidéo ne nous en donne pas plus à voir, mais connaissant Moebius, je suis curieux.
Arte a consacré une émission à Giraud-Moebius fin 2007, montrant toute la richesse mais aussi la complexité du personnage. Des extraits sont visibles ici: http://www.arte.tv/fr/art-musique/Moebius/1730922.html
Personnellement, je suis tombé dans Moebius avec la série de l'Incal...

Actualité MOEBIUS


► « Arzak T.1 : L’arpenteur » de Moebius, éditions Glénat/Moebius Productions, 72 pages, Parution le 15 septembre.
► « Moebius-Transe-forme », exposition de Moebius, du 12 octobre 2010 au 13 mars 2011, Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, 75014 Paris

"Moebius, Transe-Forme" - Fondation Cartier - du 12 octobre 2010 au 13 mars 2011

L'exposition présente 400 dessins, planches de bande dessinée, peintures, carnets, agrandissements de l'oeuvre prolifique et polymorphe de l'artiste.

Un film d'animation en 3D, "La planète encore", adapté d'une BD de l'artiste et coréalisé avec Geoffrey Niquet, est également projeté à la Fondation Cartier, ainsi qu'un portrait filmé.

l'exposition vue par le Monde

La première partie de l'exposition, la plus grand public, consiste en vitrines reproduisant un long "Ruban de Moebius", nom du mathématicien et astronome allemand choisi pour pseudonyme par Jean Giraud pour créer ses univers et renaître en Moebius. Ces vitrines serpentines déclinent six de ses héros et leur monde. L'humour distancié des autoportraits de Giraud-Moebius, dans Inside Moebius, sert de prélude aux métamorphoses du corps et du décor.

Blueberry, le plus populaire des héros de Gir-Moebius, adopte les traits de Jean-Paul Belmondo, Keith Richards, Vincent Cassel, voire Charles Bronson, comme le montrent des planches originales de L'Homme à l'étoile d'argent, d'Arizona Love ou The Black Birds, une histoire en 26 cases.

Arzach, personnage mi-organique, mi-mécanique, voit son nom changer (Arzach, Harzach ou Arzak) et son aspect se transformer, selon les mondes minéral ou végétal qu'il traverse. En plus des planches de la BD qui fit les beaux jours de Métal Hurlant, magazine que Moebius cofonda en 1975, l'exposition offre des extraits du storyboard du film inspiré d'Arzach, Starwatcher.

Enfin, 45 pages de carnet sur papier bible, véritables miniatures modernes, introduisent élégamment le major Gruber, tandis que l'antihéros John Difool, ange et diable créé avec Alejandro Jodorowsky, fait écho au couple androgyne Stel et Atan (a) et leur Monde d'Edena.

Joyau de "Moebius Transe Forme", le film d'animation inédit de huit minutes coréalisé en 3D par Moebius et Geoffrey Niquet, La Planète encore, réalisation magistrale et décors à couper le souffle, joue les sas avec la seconde partie de l'exposition. Loin du réalisme western de Blueberry et de la science-fiction assumée de Arzach ou du Monde d'Edena, les oeuvres présentées ici renvoient radicalement à la méditation et au rêve, à l'inconscient et à ses sinuosités.

Entouré de bornes d'images, de crayonnés pour films (Le Cinquième Elément, Abyss, Alien...), un cristal, minéral cher à Moebius, trône au centre de la salle. Sur un mur, "L'Eclosion", série de métamorphoses parues dans Le Bandard fou, en 1974, inaugure la "seconde vie" de Jean Giraud devenu Moebius.

Scannées à l'ordinateur, les immenses digigraphies en noir et blanc du Chasseur déprime, hommage indirect à l'illustrateur Guy Pellaert, répondent à de minuscules carnets de "La Faune de Mars", savants et drôles. En face, dessins et grands tableaux (La Chasse au Major, Mesa rouge, Arzach sur Gazalon...) traduisent la mutation des corps et des matières, la méditation et les rites sur fond de désert, paysage cher à Moebius

Je ne rajouterai rien à l'article très descriptif du Monde, sinon que j'ai préféré les dessins et heros de science fiction à l'univers de western de blueberry.

Les tableaux qu'on peut voir au sous-sol frappent l'imagination des adultes comme des enfants, pour des raisons différentes, et les films sont inégalement intéressants à mon avis. La biographie supppose qu'on connaisse bien Moebius dont elle donne une idée du personnage. Le second ravira tout lemonde : un petit film en 3D, la planète encore, 8 ' qui vous font voyager sur une planète désertique qui devient très luxuriante.

Des effets sonores et visuels, l'engin aérien passe entre les falaises et nos héros à travers des dangers imprévus, mais esthetiques

Jacques de Loustal

C’est grâce à lui qu’on a pu faire de la bande dessinée transformée en une lecture adulte, au niveau du graphisme comme du scénario. Il était un pur génie du dessin, dans le réalisme comme la création personnelle.

Même si j’ai ensuite noué des liens proches avec lui, même si nous organisions des sessions de dessins ensemble, dans nos ateliers respectifs, avec François Avril et Mattotti, je me souviendrai toujours d’une date: le n°1 de "Metal Hurlant", le choc graphique d’"Arzak", alors que j’étais étudiant aux Beaux Arts.

Et Lorenzo Mattotti confirme:

Il a ouvert la possibilité de faire sortir des choses impossibles, de donner forme à un monde personnel. On pouvait enfin concrétiser ces choses qu’on avait en nous, ces images de l’inconscient universel qu’on n’osait dessiner, et que le cinéma n’avait pas encore rendu visibles.


Adieu à Moebius

La BD d'aujourd'hui doit tout à Jean Giraud


Jean Giraud, alias Moebius, alias Gir, alias Moe… est décédé samedi 10 mars 2012. Il a tout dessiné, il a connu l’histoire de la BD. Et, dans sa double signature, l’a incarné mieux que tout autre.



- Image tirée d'un album de Jean Giraud -


Il y a une trentaine d’années, Jean Giraud était venu à Montpellier pour une séance de dédicaces. L’Incal noir venait de sortir. Je me souviens d’un homme souriant, au dessin remarquablement assuré. Pour L’Homme au point d’acier, je lui demandai Steelfingers: il s’interrogea: «à quoi il ressemble déjà, celui-là?» Il ouvrit l’album: «Ah oui!» Et en fit aussitôt un portrait, au feutre, sans la moindre hésitation. Qu’il signa Gir. Pour L’Incal, d’un trait aussi assuré, il me fit un «Berg», qu’il signa Moebius. Le feutre courait sur le papier avec une aisance stupéfiante.

Etudiant en arts plastiques, je montrai un jour à mon professeur de dessin quelques albums de Giraud-Moebius. Elle les regarda avec condescendance: «c’est de la BD. Vous feriez mieux de travailler.» Plus tard, j’eus l’occasion d’entendre la reconnaissance de ses pairs, comme Gotlib, qui disait simplement: «c’est le meilleur», ou Cavanna qui regrettait qu’il ne soit pas resté à Hara Kiri.



Giraud-Moebius est là, dans ces déclarations: un créateur de chefs d’œuvre, mais un dessinateur qui choisit la voie des «mikés», au mépris de l’Académie du bon goût. Il a tout connu des petites cases et sa vie accompagne le changement de statut de la BD, passée du rayon pour enfants, à celui des ados attardés, pour finir dans les musées et les collections de riches amateurs.

Et la BD dévia


BD bicéphale ou schizophrène? Il en eut très tôt conscience, sans doute est-ce pour cela qu’il utilisait plusieurs signatures. Dès 1963, à côté du très classique Blueberry, il dessine pour Hara Kiri, avec ce nom, Moebius, emprunté à un mathématicien du 19^ème siècle. C’est avec La Déviation qu’il assume définitivement cette autre carrière, ce double. Le titre évidemment en dit long. Et l’intrigue, le dessinateur et sa femme empruntant une déviation pour se rendre à l’Ile de Ré, route qui débouche sur un monde richement parallèle, est une forme de programme.



Le dessin est admirablement fouillé, renouant avec le travail des plus grands graveurs (Albrecht Dürer, Gustave Doré…), riche en contrastes, en clairs obscurs. La BD prend une nouvelle dimension. Et ce récit annonce un bouleversement personnel: il quitte Pilote en 1973, participe à L’Echo des savanes (qui fut un journal avant de finir en torchon), fonde Métal Hurlant avec Dionnet, Farkas, Druillet… Dans un livre d’entretiens avec Numa Sadoul, il dira regretter ce départ fracassant, prolongement larvé de mai 68, lorsqu’une fronde de dessinateurs s’en prit à René Goscinny. Il fallait tuer le pair, mais surtout le père, cette BD d’avant.

La gloire touche alors Moebius plus que Giraud: Arzach, épisodes quasi muets, posant des questions au lecteur qui ne peut que rester muet devant un graphisme à son apogée, rehaussé d’une gouache chaleureuse. Dans cet univers minéral, Moebius est chez lui, dessinant ce qu’il aime par-dessus tout: des cailloux. Rehaussées de traits, de points, les ombres soulignent des formes qu’on dirait animées d’une vie sourde.

l'article de Slate

Jamais à court d'imagination, Moebius était aussi pour ses adeptes un chaman féru de fantastique et de science-fiction (SF). Il crée à la fin des années 60 le pseudonyme de Moebius, emprunté à un mathématicien allemand, pour signer ses premières illustrations de magazines et de livres sur la SF.

C'est sous ce nom qu'il réalise la série L'Incal, une créature mystérieuse et double (l'Incal Lumière et l'Incal Noir) scénarisée par le réalisateur chilien Alexandro Jodorowsky

France soir propose un diaporama

Je vois que l'on s'extasie sur Giraud en prétextant que la bd contemporaine lui doit tout... Cela me fait vraiment beaucoup rire et ne démontre chez ce pseudo connaisseur qu'une autre condescendance en parlant de cette bd qui passa des enfants aux adultes, qui d'objet sans intérêt devient quelque chose de digne. Il devrait peut-être un peu plus sortir de l'Hexagone pour lire des auteurs Argentins, Américains, Espagnols et Italiens qui n'ont pas attendu Giraud/Moebius pour faire de la bd un art. Ce qu'elle était déjà à l'époque de Winsor McKay... L'article de Slate est encore une belle preuve que les poncifs en ce qui concerne la bd ont la vie dure. De plus Giraud a toujours eut le plus grand respect pour les auteurs classiques n'en déplaise à notre critique.

Ceux qui parlent de lui sont quand même des connaisseurs (1), et l'exposition à la Fondation Cartier, qui me l'a fait découvrir, montrait un createur aux multiples domaines, notamment dans la Science-fiction qu'il rendait accessible à beaucoup.

que des hommages lui soient rendus par Vivès, Loustal et Mattotti, tous trois sur GDS*, me paraît significatif.

Excuses Rotko, c'est une vision assez basse de croire qu'il est le seul a avoir "révolutionné" la bd. C'est ignorer Breccia, Oesterheld, Pratt, Toppi et autres Battaglia. Qu'il soit important est vrai, mais il ne fut pas le seul. Et je m'inscris en faux face à l'hypothèse que le bd contemporaine lui doit tout. Et ne crois pas que je sois anti-Giraud, que du contraire il fut avec Hermann mon auteur de référence dès le début de mes études de dessin. Mais je regrette, alors qu'il en était toujours à Blueberry; Pratt, Oesterheld et Breccia en étaient déjà à Ernie Pike, L'éternaute ou Mort Cinder.

Battaglia avait déjà explosé le cadre de la planche classique et Jijé avait déjà pris fait et cause pour les Mexicains et les indiens (d'ailleurs c'est Jijé que Sergio Leone appela pour travailler sur un de ses films et non Giraud -ceci étant dit Giraud n'a pas été le seul auteur de bd approchés à cette époque pour travailler avec un cinéaste, je pense à Hermann qui devait faire le story-board de Pirates de Polanski). Le fait que Loustal et Mattotti lui rendent hommage est une chose mais qui ne doit pas occulter qu'il y a eut d'autres auteurs tout aussi importants.

De plus affirmer qu'il aurait fait rentrer la bd dans l'âge adulte avec un ton condescendant à propos de l'adolescence et de l'enfance, revient à avoir la même attitude méprisante et élitiste que ce professeur qui regrettait que Giraud se consacre à la BD (Franquin fut aussi dans ce cas et d'autres auteurs encore).
C'est une attitude que Gir n'a jamais eue. Il savait que trop ce qu'il devait à son maître Jijé et à Charlier qu'il respecta jusqu'à la fin. La bd n'est pas devenue un art subitement, elle le fut dès les premières cases du Yellow Kid en 1896.

Et, petite précision, j'ai tous les albums de Giraud et de Moebius à la maison, ayant acheté le premier livre il y a prêt de 30 ans. La première fois que j'ai eu la chance de voir de mes yeux les travaux de Giraud-Moebius est durant une expo dans le cadre de Charleroi/BD en 1986. Et pour connaître tout aussi bien le travail de Mattotti (qui a la sortie de Feu fut incendié par Franquin et Morris), je doute que Giraud soit son seul auteur de référence...

Que Gir soit un tout grand le l'art que je pratique est une chose mais Hermann l'est tout autant, Will Eisner, Dino Battaglia, Alberto Breccia, Hugo Pratt, Dave McKean et tant d'autres, et aucun de ces géants ne doit quoi que ce soit à Jean Giraud.

je suis loin d'avoir tes connaissances. Merci de ces références.

Rotko, je n'enlève rien au génie de Giraud. Il est un des dessinateurs de bd qui m'a le plus influencé, mais ce n'est pas lui faire injure que de le mettre dans la même vitrine qu'Alberto Breccia ou Hugo Pratt, que du contraire. A la mort de Pratt on a eu droit aux mêmes mouvements d’encensoir (tous aussi vrais qu'excessifs), se sera pareil pour Hermann, qui a le même âge que Jean Giraud.

Et si vous voulez vraiment voir un grand moment de BD, un tac au tac de 1972 entre Jigé et Giraud, bluffant (la vidéo en deuxième). Quels artistes !!!
http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/03/10/mort-unique-de-deux-geants-de-la-bd-jean-giraud-et-moebius-230083

Merci Tchipette, je ne me souvenais plus de ces émissions qui ont pourtant bercé mon enfance... Merci franchement!

Ce genre d'exercice n'est pas étonnant dans notre monde. Son origine vient des studios où les artistes se côtoyaient à longueur de journée et se lançaient ce genre de défis pour détendre l'atmosphère. Personnellement j'ai réalisé des planches bicéphales avec deux amis dessinateurs. Chacun réalisant une case. C'était jouissif et amusant.