Vincent Delecroix.

Très désireuse de rencontrer d'une manière un peu plus intime ( n'ayez pas des pensées grivoises ) ce jeune professeur de philo, après avoir vu Michel Aumont "jouer" superbement son texte "A la porte" au Théâtre de l'Oeuvre, je me suis précipitée sur Ce qui est perdu, roman, en blanche Gallimard, paru fin 2006.

C'est court (156 pages) mais particulièrement savoureux. Récit à la première personne, par un narrateur qui s'appelle Vincent Delecroix, a raté l'agreg de philo mais surtout sa vie amoureuse parce que la femme de sa vie l'a quitté.
Alors, il se raconte à son coiffeur, à son frère, à des êtres de rencontre... et surtout, il décide d'écrire une biographie de Kierkegaard, persuadé que quand elle lira ce livre, la traîtresse comprendra enfin qui il était et ce qu'elle a perdu... et peut-être reviendra.
Ce roman ne se raconte pas. Il n'est pas linéaire, les interlocuteurs se mêlent, le temps est tournant, instable, l'histoire n'est qu'un ressassement du manque, du chagrin d'amour. C'est triste et drôle, bourré d'humour et l'on y apprend pourquoi il se vend à la sortie du métro La Chapelle des épis de maïs trop salés ou comment un chat noir peut devenir blanc...
"L'amour est une sensation, bien plus qu'un sentiment, la sensation qui vous donne le monde en vérité. C'est le véritable organe de la connaissance."

je viens d'entendre du bien de ce livre

La chaussure sur le toit, chez Gallimard, Collection Blanche



Au centre du roman, une chaussure abandonnée sur un toit parisien, proche de la gare du Nord. Tous les personnages du livre fréquentent le même immeuble, à proximité des rails : citons l'éditeur

Citation :

un enfant rêveur, un cambrioleur amoureux, trois malfrats déjantés, un unijambiste, un présentateur vedette de la télévision, un chien mélancolique, un immigré sans papiers, une vieille excentrique, un artiste (très) contemporain, un narrateur au bord du suicide...

il y a du pérec dans cet immeuble m'a-t-on dit.

La Chaussure sur le toit

Ex-goncourable (éliminé )

Perec ? Je ne dirais pas ça. C'est juste du Delecroix...
Un jeu de piste, un labyrinthe d'écriture, assez jubilatoire. C'est bon de rire en lisant... et surtout c'est rare !
Tout part d'une chaussure réellement aperçue par l'auteur sur le toit de son immeuble. Il s'est mis à imaginer comment elle avait pu arriver là. Chaque chapitre propose une hypothèse différente, mais l'ensemble forme pourtant un tout puisque les personnages ont tous un lien avec l'immeuble, certaines histoires se recoupent, on peut apprendre que l'une a été écrite par un personnage d'une autre etc...
Pour les amoureux des bestioles, il y a même un chien qui est l'auteur d'un récit (un des meilleurs, à mon avis !)
C'est drôle, frôlant parfois la caricature sans y tomber vraiment. Inégal, sans doute, quelques histoires étant moins réussies. L'essentiel est que derrière cette légèreté -quel joli talent d'écriture il a ce Vincent ! - pointe une réflexion mélancolique sur la solitude... très réussie.

maïa a écrit:

C'est drôle, frôlant parfois la caricature sans y tomber vraiment. Inégal, sans doute, quelques histoires étant moins réussies. L'essentiel est que derrière cette légèreté -quel joli talent d'écriture il a ce Vincent ! - pointe une réflexion mélancolique sur la solitude... très réussie.

Là aussi d'accord avec Maïa.
Ce roman m'a laissé un sentiment doux/amer. A la fois gai et un peu triste , ses histoires enchevêtrées se rejoignent finalement par cette réflexion sur la solitude et la quête des personnages , leurs lubies parfois , pour en sortir.
Je ne connaissais pas Delecroix, mais pour moi un auteur à suivre, à l'écriture fine et légère: un petit régal

Citation :

C'est drôle, frôlant parfois la caricature sans y tomber vraiment. Inégal, sans doute, quelques histoires étant moins réussies. L'essentiel est que derrière cette légèreté -quel joli talent d'écriture il a ce Vincent ! - pointe une réflexion mélancolique sur la solitude... très réussie.

Citation :

un auteur à suivre, à l'écriture fine et légère: un petit régal

D'accord avec vous Maïa et Roxane
Une belle découverte !

J'ai trouvé la chaussure sur le toit très moyen. Et j'interdis de comparer Delecroix à Pérec. C'est une insulteà Pérec. La chaussure sur le toit est juste un petit roman divertissant pour plagistes et lecteurs de métro.
Par contre, je veux bien admettre qu'il y a un vrai travail en ce qui concerne la construction. On devine que l'écrivain a conçu des organigrammes et tableaux divers avant de se mettre à l'écriture.

Igitur a écrit:

. Et j'interdis de comparer Delecroix à Pérec. C'est insultant à Pérec. On devine que l'écrivain a conçu des organigrammes et tableaux divers avant de se mettre à l'écriture.

rotko a écrit:

il y a du pérec dans cet immeuble m'a-t-on dit.

Je reçois deux baffes : Ca m'apprendra à écouter les racontars.

En revanche,

Citation :

On devine que l'écrivain a conçu des organigrammes et tableaux divers avant de se mettre à l'écriture.

Comme dans la vie mode d'emploi, alors ?

euh, j'ai voulu écrire 'une insulte à Pérec' évidemment.


Qui, ici, a lu une vie mode d'emploi entièrement ?

Moi. Est-ce grave ? Un de mes livres fétiches en fait.

Sinon Vincent Delecroix me rappelle David Foenkinos. Ecrivains parisiens au style neutre, pauvre et sans ambition, qui arrivent quand même à se faire éditer chez Gallimard, et dans la blanche.
Je ne suis pas anti-littérature française contemporaine (au contraire même, j'en lis bcp), mais ça n'empêche pas de dire ce qui est de certains écrivains largement surestimés. (parce qu'ils sont jeunes, beaux et qu'ils font les salons).

Igitur a écrit:

Et j'interdis de comparer Delecroix à Pérec.

A quel titre ? De quel droit ?
Que risque-t-on si l'on persiste ? La prison, la flagellation... ou pire ???

façon de parler évidemment -)

Je l'avais compris comme ça

De toute manière, tu es pardonné : quelqu'un qui aime Zola ne peut être tout à fait mauvais

pas tout à fait mais un peu quand même.

Delecroix prend fait et cause pour le "bouillant Achille" dans Tombeau d'Achille, Gallimard, collection l'un et l'autre.