Grain de sel - Forum littéraire et culturel
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Forum littérature, roman, polar, poésie, théâtre, BD, SF, auteurs et livres du monde entier sur le forum littéraire et tous les arts, cinéma, peinture ...

Une table conviviale pour parler des livres, des spectacles, et goûter aux plaisirs des mots.
 
AccueilPortail*Dernières imagesIndex auteursS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon EV6.5 : où trouver le ...
Voir le deal

 

 Edmond Rostand

Aller en bas 
4 participants
AuteurMessage
Aristarque
pilier
Aristarque


Nombre de messages : 1790
Localisation : Septimanie
Date d'inscription : 28/12/2005

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyMer 14 Nov 2007, 21:44

CHANTECLER Pièce en 4 actes et en vers d'Edmond Rostand représentée pour la première fois le 7 février 1910
Au Théatre de la Porte Saint Martin Paris.

Beaucoup de romanciers ont fait parler les bêtes. D'aucuns comme Esope ou Jean de La Fontaine, pour nous donner des leçons de morale ou de sagesse. D'autres avec un langage plus subtil traduisant la gestuelle atavique ou acquise au contact des humains, au fil des temps: Maurice Genevoix, Colette, Jean Rostand etc.... Pour se démarquer, le père de ce dernier, Edmond Rostand a voulu leur faire jouer la comédie. Avec l'aide de soixante dix acteurs travestis en animaux de le basse-cour "Une sorte de féerie symbolique qui représente les prétentions et les jalousies de hommes (et des femmes)."
Et la Fable commence
"Et puisque la Nature entre dans notre rêve
Puisque pour régisseurs nous avons les coucous
Chut ! il faut maintenant que le rideau se lève
Car le bec du pivert a sonné les trois coups !."

Paraît alors le Coq: Chantecler
"Je suis beau. Je suis fier. Je marche. Je m'arrête..
"J'esquisse une gambade ou de brusques écarts.."
Il règne sur sa cour de poulettes
"Il a des éperons, mais porte un bonnet rouge
Le porte voix en quelque sorte officiel
Par qui le cri du sol s'échappe vers le ciel"

Son meilleur ami, Patou le Chien…
« Je suis un horrible mélange....
Je suis le chien total, fils de tous les passants"

le met en garde contre ses ennemis. Car il a des ennemis : les envieux les jaloux, le Merle " qui siffle avec l'art d'un gamin qui serait pâtre en Sicile" et qui est de tous les complots pour dénigrer Chantecler. Le Dindon, infatué de lui-même et envieux du chant du Coq : "Moi Dindon, je peux apprendre à coqueriquer: je gougloute" Sans oublier tous les animaux de la nuit qui lui reprochent d'annoncer le soleil.
Arrive la Faisane
" Elle a cessé de pondre et de couver. Alors,
La nature lui rend les parures et les ors
Et la faisane, libre et superbe amazone
Fuit, préférant avoir du bleu, du vert et du jaune
Que sous son aile grise avoir des faisandeaux"

Elle est partie courir le guilledou. Les chasseurs l'ont poursuivie. Elle se réfugie dans la basse-cour pour leur échapper. Naturellement Chantecler la courtise. Elle veut l'entraîner dans la forêt. Il hésite attaché à sa ferme et à son grand-oeuvre : « faire lever le soleil tous les matins. »
Ne nous y trompons pas, c'est au Soleil qu'est dédiée la pièce. Lucien Guitry qui y incarnait Chantecler était sublime alors qu'il déclamait l'hymne au soleil !.
Et lorsqu'à la fin il affirme...
"Et la preuve...Que je servais à la clarté quand je chantais
C'est que tous les Hiboux sont gais quand je me tais !
Je fais venir l'Aurore et je fais plus !
Car dans les matins gris où tant de pauvres bêtes
S'éveillant sans y voir, n'osent croire au réveil
Le cuivre de mon chant remplace le Soleil."


Qu'importe si la pièce n'a eu en son temps qu'un succès d'estime. Et avoir été considérée comme "Une fable totalement incomprise" !
La cadence des rimes, la poésie lyrique avec la pointe de panache propre à Rostand, l'action soutenue, les réparties ironiques et parfois piquantes (du Merle en particulier), font que la lecture en est plaisante. Et enrichissante pour les amateurs de bonne littérature à la française.
"Chut ! Baissez le rideau, vite ! Voilà les hommes."
Revenir en haut Aller en bas
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Cyrano de Bergerac   Edmond Rostand EmptyJeu 13 Oct 2011, 07:55

Dans cette tragédie héroïque, Edmond Rostand met somptueusement en scène Cyrano de Bergerac, un personnage aux talents de bretteur, de poète et d'écrivain et dont l'éloquence n'a de rivale que la longueur de son appendice nasal. L'auteur écrit une pièce de théâtre sans égal où se mêlent amour et humour, émouvante tant par sa poignante intrigue passionnelle que par la verve et la répartie des personnages, créant un véritable festival de mot et rendant le récit inoubliable par sa beauté.



Acte I :

La scène se déroule dans l'hôtel de Bourgogne où un public nombreux et varié composé de bourgeois, de soldats, de voleurs et de petits marquis va assister à une représentation de La Clorise, une pastorale de Balthasar Baro. Nous découvrons Roxane, une jeune femme belle et distinguée, Christian de Neuvillettte, un jeune noble qui l'aime en secret et le comte De Guiche qui veut marier Roxane au Marquis Valvert ce à quoi la jeune femme ne souscrit pas. C'est alors qu'intervient Cyrano de Bergerac, le cousin de Roxane au moment où Montfleury, l'un des acteurs, déclame sa première tirade. Cyrano interrompt la présentation et le chasse pour des raisons qui lui sont propres. Valvert intervient et se moque du long nez de Cyrano, mais celui-ci lui donne la réplique par une brillante tirade à l'honneur de son incroyable appendice. Tout en rimant, il sort son épée et chasse le marquis qui est la risée de toute l'assemblée. Le calme revient. Cyrano, qui est secrètement amoureux de sa cousine Roxane mais dont le long nez l'empêche de se déclarer, a le bonheur d'apprendre que celle-ci lui fixe un rendez-vous le lendemain.

Acte II :



Cyrano rencontre Roxane chez leur ami restaurateur et poète Ragueneau. Laissés seul à seul, Roxane révèle à Cyrano qu'elle est amoureuse de Christian de Neuvillette et que leur amour est né d'un regard lors d'une représentation de théâtre. Christian vient d'être engagé dans la compagnie dont Cyrano est le second et Roxane qui craint pour la vie de son amour demande à Cyrano de le protéger. Désespéré, il accepte pourtant.

Rencontrant Christian, Cyrano se prend de sympathie pour le courageux jeune homme. Ce dernier lui avoue qu'il ne sait pas parler d'amour mais Cyrano lui propose de l'aider à conquérir Roxane. Le jeune cadet accepte.



Acte III :



Christian est beau et vaillant mais totalement incapable de séduire par les mots sa belle précieuse. Caché dans l'ombre sous le balcon de Roxane, Cyrano souffle à Christian sa déclaration d'amour, puis va jusqu'à séduire la jeune femme en déclamant lui-même des vers, la laissant totalement charmé par un si bel esprit qu'elle pense être celui de Christian.

Avec beaucoup d'adresse, Roxane parvient à repousser les avances de De Guiche et à le convaincre de ne pas mener le régiment de Christian et de Cyrano à la guerre. Craignant néanmoins le départ de son soupirant, elle décide de précipiter son mariage avec Christian. Les retrouvant mariés, De Guiche se rend compte qu'il a été abusé et envoie aussitôt Christian et Cyrano combattre au siège d'Arras.



Acte IV :



Assiégeant les espagnols à Arras, la compagnie que dirige De Guiche est bloquée par les espagnols et les soldats, affamés, commencent à se décourager. Quand à Cyrano, il franchit régulièrement et au péril de sa vie les lignes ennemies pour faire parvenir à Roxane des lettres qu'il écrit et signe du nom de Christian.

Touchée par ces lettres, Roxane parvient, grâce à la complicité de Ragueneau, à se rendre au siège d'Arras avec un carrosse remplit de victuaille. Elle veut prouver à Christian son amour et lui dit que c'est la « sincérité » et la « puissance » des lettres qu'elle recevait qui l'ont faite venir ici. Le jeune homme comprend alors que Cyrano est lui aussi amoureux de Roxane et que c'est de lui que la resplendissante jeune femme est amoureuse. Il enjoints Cyrano de révéler la vérité à Roxane, mais les espagnols attaquent le camp et le jeune homme court au combat. Tué dans la bataille, il meurt dans les bras de Roxane en lui laissant une dernière lettre d'adieu et d'amour écrite par Cyrano. Celui-ci décide de garder le secret de son amour. De Guiche s'enfuit avec Roxane à la demande de Cyrano qui se lance à peine perdue dans le combat.



Acte V :



Quinze ans plus tard, Roxane, toujours amoureuse de Christian, s'est retirée dans un couvent où Cyrano lui rend visite une fois par semaine. Ce jour là, Cyrano est tombé dans un attentat et arrive au couvent blessé à la tête. Mourant, il ne dit pourtant rien à Roxane et lui demande juste de pouvoir voir la dernière lettre de Christian. Il la lit avec une telle aisance et une telle passion que Roxane se pose des questions. Malgré l'obscurité due à la tombée de la nuit, Cyrano continue à déclamer la lettre qu'il connait par cœur et Roxane reconnait la voix entendue du haut de son balcon. Elle réalise alors qu'en croyant aimer Christian, c'est de Cyrano qu'elle était réellement amoureuse. Cyrano demande à Roxane de pleurer sa mort au même titre que celle de Christian. Divaguant, il veut mourir debout et attend la Parque, l'épée à la main, en pourfendant vainement les « Sottise », « Préjugées », « Lâchetés » et « Compromis ». Comblé de l'amour de Roxane, il finit par mourir heureux, en emportant avec lui….. son Panache !





3) Présentation :

Cyrano de Bergerac est une pièce de théâtre qui se déroule en plusieurs endroits. Tout d'abord dans l'hôtel de Bourgogne, un lieu où sont représentées un grand nombre de pièces de théâtre vers le XVIIe siècle. Puis dans la boutique de Ragueneau, la rôtisserie des poètes, où le rôtisseur-pâtissier Ragueneau dirige les travaux de ses cuisiniers tout en écrivain des vers. Ensuite devant le balcon de Roxane où Cyrano et Christian parleront d'amour à celle-ci. Après, dans le camp d'Arras où le régiment de Cyrano assiégera la ville. Enfin, le couvent des Dames de Lacroix où Roxane s'est retirée. Il semble que tous ces endroits se situent à Paris, excepté le camp d'Arras qui se situe bien évidement près d'Arras, au Nord de Paris.

D'un point de vue temporel, cette pièce se déroule en deux parties distinctes.

La première partie (les quatre premiers Actes) s'étend entre le 3 juin et le 9 aout 1640, laps de temps durant lequel se déroula le siège d'Arras à laquelle participe Cyrano de Bergerac dans ce récit et à laquelle le véritable Cyrano de Bergerac (car Edmond Rostand s'est inspiré d'un personnage réel) participa également.
La seconde partie a lieu « 15 ans après le siège d'Arras, en 1655 » dans un cinquième Acte digne d'une tragédie grecque et dans lequel Cyrano meurt sous les yeux malheureux de Ragueneau, Le Bret et Roxane.

Historiquement, la pièce a été écrite alors que l'affaire Dreyfus défrayait la chronique (ce fut avant le « J'accuse » d'Emile Zola). « Dans un tel contexte, cette pièce, grandiose, héroïque, dépeignant un héros qui se bat même lorsque c'est inutile, fut ressentie comme une bouffée d'oxygène dans une époque troublée, et comme un exemple à suivre. » (Wikipédia).



4) Description :

Cyrano de Bergerac : Poète et écrivain à la verve sans égale, Hercule-Savinien de Cyrano de Bergerac est un personnage qui a marqué la littérature et le théâtre français par sa personnalité hors du commun. Philosophe, physicien et musicien, il est intelligent et cultivé mais, seule ombre au tableau, il possède un nez démesurément long et en souffre énormément. C'est son nez qui l'empêche de se déclarer à sa cousine Roxane, de qui il est épris, par peur que celle-ci se moque de lui. Mais c'est également grâce à cet incroyable appendice que l'intrigue de la pièce se développe et c'est aussi grâce à la situation tragique de Cyrano de Bergerac que celui-ci est devenu, au fil du temps, un des personnages les plus connus du théâtre français.

Roxane : Cousine de Cyrano de Bergerac, Magdeleine Robin, dite Roxane, est une jeune femme intelligente, fine, libre et d'une grande beauté. Sa personnalité évolue tout au long des cinq actes. Aguicheuse et écervelée, elle ne se fie tout d'abord qu'au paraître des garçons. Puis, elle découvre l'amour aux mots de Cyrano/Christian sous son balcon mais reste néanmoins superficielle. Cependant, les lettres que Cyrano lui envoie depuis Arras la transforment définitivement : elle est totalement affranchie du paraître et son amour de l'esprit de celui qu'elle croit être Christian devient absolu. Lorsque Christian meurt, elle se retire dans un couvent pendant près de quinze ans, jusqu'au jour où elle découvre que c'est de Cyrano qu'elle est éprise. Elle se rend compte qu'alors qu'elle croyait aimer la beauté de Christian, s'était de l'esprit de Cyrano qu'elle était éprise. Roxane respectera les dernières volontés de Cyrano – qui meurt à ses cotés – et donnera un double sens à son deuil, pleurant et se lamentant de la mort de Cyrano au même titre que celle de Christian.

5) Un extrait :



LE BRET
Eh bien ! mais c'est au mieux ! Tu l'aimes ? Dis le lui !
Tu t'es couvert de gloire à ses yeux aujourd'hui !

CYRANO
Regarde moi mon cher, et dis quelle espérance
Pourrait bien me laisser cette protubérance !
Oh ! je ne me fait pas d'illusions ! – Parbleu,
Oui, quelquefois, je m'attendris, dans le soir bleu ;
J'entre en quelque jardin où l'heure se parfume ;
Avec mon grand diable de nez, je hume
L'avril, - je suis des yeux, sous un rayon d'argent,
Au bras d'un cavalier, quelque femme, en songeant
Que pour marcher, à petits pas, dans de la lune,
Aussi moi j'aimerai au bras en avoir une,
Je m'exalte, j'oublie… et j'aperçois soudain
L'ombre de mon profil sur le mur du jardin !

LE BRET, ému.
Mon ami !...

CYRANO
Mon ami, j'ai de mauvaises heures !
De me sentir si laid, parfois, tout seul… »





Cet extrait situé au début de la pièce (Acte I Scène 5) tient une place importante dans le récit car c'est à ce moment là que Cyrano fait savoir au lecteur sa situation amoureuse désespérée et sa tristesse, dues à son nez si grotesque.

Le Bret est alors en train de parler à Cyrano et lorsqu'il apprend que son ami est amoureux de Roxane, il l'enjoint de se déclarer à la jeune femme. Cyrano lui donne alors la réplique dans une triste tirade blâmant ce long nez qui le défigure et dévoilant à Le Bret – et au lecteur – sa peur de déclarer son amour à Roxane, par crainte que celle-ci se moque de lui ne «lui rie au nez».



6) Conclusion :

Récit plein d'humour et débordant de vie, Cyrano de Bergerac est également une pièce envoutante et émouvante dans laquelle Edmond Rostand mêle admirablement amour et passion. Cette pièce intemporelle a si bien su conquérir les innombrables personnes qui l'ont lue ou qui l'on vue qu'elle est, aujourd'hui encore, à l'affiche d'un grand nombre de théâtres. Egalement adaptée et immortalisée sous forme cinématographique, sa version la plus célèbre est sans doute celle où Gérard Depardieu interprète magistralement Cyrano.

Œuvre épique et grandiose, Cyrano de Bergerac m'a ébahi par sa beauté héroïque. Le lire étant déjà enivrant, j'espère pouvoir prendre encore plus de plaisir en allant le voir au théâtre Richelieu. Je pourrais ainsi profiter pleinement de cette si belle œuvre, qui reste et demeure une des plus belles tragédies du monde théâtrale.




Voilà, pour celles et ceux qui ne le connaitraient pas encore, c'est mon livre de chevet (merci papa) je l'ai lu une dizaine de fois et je pense que je le relirai encore jusqu'à la fin de mes jours Smile
Revenir en haut Aller en bas
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyDim 16 Oct 2011, 18:48

Je ne resiste pas a mettre ma scene préférée (toutes mais celle ci est extraordinaire) Si un jour je pouvais trouver un Cyrano coeur!

Cyrano de Bergerac

Troisième acte, scène 7


ROXANE, entrouvrant sa fenêtre
Qui donc m’appelle ?
CHRISTIAN
Moi.
ROXANE
Qui, moi ?
CHRISTIAN
Christian.
ROXANE, avec dédain
C’est vous ?
CHRISTIAN
Je voudrais vous parler.
CYRANO, sous le balcon, à Christian
Bien. Bien. Presque à voix basse.
ROXANE
Non ! Vous parlez trop mal. Allez-vous-en !
CHRISTIAN
De grâce !...
ROXANE
Non ! Vous ne m’aimez plus !
CHRISTIAN, à qui Cyrano souffle ses mots
M’accuser, -justes dieux !
De n’aimez plus... quand... j’aime plus !
ROXANE, qui allait refermer sa fenêtre, s’arrêtant
Tiens, mais c’est mieux !
CHRISTIAN, même jeu
L’amour grandit bercé dans mon âme inquiète...
Que ce... cruel marmot prit pour... barcelonnette !
ROXANE, s’avançant sur le balcon
C’est mieux ! -Mais, puisqu’il est cruel, vous fûtes sot
De ne pas, cet amour, l’ettouffer au berceau !
CHRISTIAN, même jeu
Aussi l’ai-je tenté, mais tentative nulle
Ce... nouveau-né, Madame, est un petit... Hercule.
ROXANE
C’est mieux !
CHRISTIAN, même jeu
De sorte qu’il... strangula comme rien...
Les deux serpents... Orgueil et... Doute.
ROXANE, s’accoudant au balcon
Ah ! c’est très bien.
-Mais pourquoi parlez-vous de façon peu hâtive ?
Auriez-vous donc la goutte à l’imaginative ?
CYRANO, tirant Christian sous le balcon et se glissant à sa place
Chut ! Cela devient trop difficile !...
ROXANE
Aujourd’hui...
Vos mots sont hésitants. Pourquoi ?
CYRANO, parlant à mi-voix, comme Christian
C’est qu’il fait nuit,
Dans cette ombre, à tatons, ils cherchent votre oreille.
ROXANE
Les miens n’éprouvent pas difficulté pareille.
CYRANO
Ils trouvent tout de suite ? oh ! cela va de soi,
Puisque c’est dans mon coeur, eux, que je les reçois;
Or, moi, j’ai le coeur grand, vous, l’oreille petite.
D’ailleurs vos mots à vous descendent: ils vont plus vite,
Les miens montent, Madame: il leur faut plus de temps !
ROXANE
Mais ils montent bien mieux depuis quelques instants.
CYRANO
De cette gymnastique, ils ont pris l’habitude !
ROXANE
Je vous parle en effet d’une vraie altitude !
CYRANO
Certes, et vous me tueriez si de cette hauteur
Vous me laissiez tomber un mot dur sur le coeur !
ROXANE, avec un mouvement
Je descends !
CYRANO, vivement
Non !
ROXANE, lui montrant le banc qui est sous le balcon
Grimpez sur le banc, alors, vite !
CYRANO, reculant avec effroi dans la nuit
Non !
ROXANE
Comment... non ?
CYRANO, que l’émotion gagne de plus en plus
Laissez un peu que l’on profite...
De cette occasion qui s’offre... de pouvoir
Se parler doucement, sans se voir.
ROXANE
Sans se voir ?
CYRANO
Mais oui, c’est adorable. On se devine à peine.
Vous voyez la noirceur d’un long manteau qui traîne,
J’aperçois la blancheur d’une robe d’été
Moi je ne suis qu’une ombre, et vous qu’une clarté !
Vous ignorez pour moi ce que sont ces minutes !
Si quelquefois je fus éloquent...
ROXANE
Vous le fûtes !
CYRANO
Mon langage jamais jusqu’ici n’est sorti
De mon vrai coeur...
ROXANE
Pourquoi ?
CYRANO
Parce que... jusqu’ici
Je parlais à travers...
ROXANE
Quoi ?
CYRANO
...le vertige où tremble
Quiconque est sous vos yeux !... Mais ce soir, il me semble...
Que je vais vous parler pour la première fois !
ROXANE
C’est vrai que vous avez une toute autre voix.
CYRANO, se rapprochant avec fièvre
Oui, tout autre, car dans la nuit qui me protège
J’ose être enfin moi-même, et j’ose...
Il s’arrête et, avec égarement.
Où en étais-je ?
Je ne sais... tout ceci, -pardonnez mon émoi,-
C’est si délicieux... c’est si nouveau pour moi !
ROXANE
Si nouveau ?
CYRANO, bouleversé, et essayant toujours de ratraper ses mots
Si nouveau... mais oui... d’être sincère
La peur d’être raillé, toujours au coeur me serre...
ROXANE
Raillé de quoi ?
CYRANO
Mais de... d’un élan !... Oui, mon coeur
Toujours, de mon esprit s’habille, par pudeur
Je pars pour décrocher l’étoile, et je m’arrête
Par peur du ridicule, à cueillir la fleurette !
ROXANE
La fleurette a du bon.
CYRANO
Ce soir, dédaignons-la !
ROXANE
Vous ne m’aviez jamais parler comme cela !
CYRANO
Ah ! si, loin des carquois, des torches et des flèches,
On se sauvait un peu vers des choses... plus fraîches !
Au lieu de boire goutte à goutte, en un mignon
Dé à coudre d’or fin, l’eau fade du Lignon,
Si l’on tentait de voir comment l’âme s’abreuve
En buvant largement à même le grand fleuve !
ROXANE
Mais l’esprit ?...
CYRANO
J’en ai fait pour vous faire rester
D’abord, mais maintenant ce serait insulter
Cette nuit, ces parfums, cette heure, la Nature,
Que de parler comme un billet doux de Voiture !
-Laissons, d’un seul regard de ses astres, le ciel
Nous désarmer de tout notre artificiel
Je crains tant que parmi notre alchimie exquise
Le vrai du sentiment ne se volatilise,
Que l’âme ne se vide à ces passe-temps vains,
Et que le fin du fin ne soit la fin des fins !
ROXANE
Mais l’esprit ?...
CYRANO
Je le hais, dans l’amour ! C’est un crime
Lorsqu’on aime de trop prolonger cette escrime !
Le moment vient d’ailleurs inévitablement,
-Et je plains ceux pour qui ne vient pas ce moment !
Où nous sentons qu’en nous une amour noble existe
Que chaque joli mot que nous disons rend triste !
ROXANE
Eh bien ! si ce moment est venu pour nous deux,
Quels mots me direz-vous ?
CYRANO
Tous ceux, tous ceux, tous ceux
Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe,
Sans les mettre en bouquets: je vous aime, j’étouffe,
Je t’aime, je suis fou, je n’en peux plus, c’est trop;
Ton nom est dans mon coeur comme dans un grelot,
Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne,
Tout le temps, le grelot s’agite, et le nom sonne !
De toi, je me souviens de tout, j’ai tout aimé
Je sais que l’an dernier, un jour, le douze mai,
Pour sortir le matin tu changeas de coiffure !
J’ai tellement pris pour clarté ta chevelure
Que, comme lorsqu’on a trop fixé le soleil,
On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil,
Sur tout, quand j’ai quitté les feux dont tu m’inondes,
Mon regard ébloui pose des taches blondes !
ROXANE, d’une voix troublée
Oui, c’est bien de l’amour...
CYRANO
Certes, ce sentiment
Qui m’envahit, terrible et jaloux, c’est vraiment
De l’amour, il en a toute la fureur triste !
De l’amour, -et pourtant il n’est pas égoïste !
Ah ! que pour ton bonheur je donnerais le mien,
Quand même tu devrais n’en savoir jamais rien,
S’il ne pouvait, parfois, que de loin, j’entendisse
Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice !
-Chaque regard de toi suscite une vertu
Nouvelle, une vaillance en moi ! Commences-tu
A comprendre, à présent ? voyons, te rends-tu compte ?
Sens-tu mon âme, un peu, dans cette ombre, qui monte ?...
Oh ! mais vraiment, ce soir, c’est trop beau, c’est trop
doux !
Je vous dis tout cela, vous m’écoutez, moi, vous !
C’est trop ! Dans mon espoir même le moins modeste,
Je n’ai jamais espéré tant ! Il ne me reste
Qu’à mourir maintenant ! C’est à cause des mots
Que je dis qu’elle tremble entre les bleus rameaux !
Car vous tremblez ! car j’ai senti, que tu le veuilles
Ou non, le tremblement adoré de ta main
Descendre tout le long des branches du jasmin !`
Il baise éperdument l’extrémité d’une branche pendante.
ROXANE
Oui, je tremble, et je pleure, et je t’aime, et suis tienne !
Et tu m’as enivrée !
CYRANO
Alors, que la mort vienne !
Cette ivresse, c’es moi, moi, qui l’ai su causer !
Je ne demande plus qu’une chose...
CHRISTIAN, sous le balcon
Un baiser !
ROXANE, se rejetant en arrière
Hein ?
CYRANO
Oh !
ROXANE
Vous demandez ?
CYRANO
Oui... je...
A Christian bas.
Tu vas trop vite.
CHRISTIAN
Puisqu’elle est si troublée, il faut que j’en profite !
CYRANO, à Roxane
Oui, je... j’ai demandé, c’est vrai... mais justes cieux !
Je comprends que je fus bien trop audacieux.
ROXANE, un peu déçue
Vous n’insistez pas plus que cela ?
CYRANO
Si ! j’insiste...
Sans insister !... Oui, oui ! votre pudeur s’attriste !
Eh bien ! mais, ce baiser... ne me l’accordez pas !
CHRISTIAN, à Cyrano, le tirant par son manteau Pourquoi ?
CYRANO
Tais-toi, Christian !
ROXANE,se penchant
Que dites-vous tout bas ?
CYRANO
Mais d’être allé trop loin, moi-même je me gronde;
Je me disais: tais-toi, Christian !...
Les théorbes se mettent à jouer.
Une seconde !...
On vient !
Roxane referme la fenêtre. Cyrano écoute les théorbes, dont un joue un air folâtre et l’autre un air lugubre.
Air triste ? Air gai ?... Quel est donc leur dessein ?
Est-ce un homme ? une femme ?-Ah ! c’est un capucin !
Entre un capucin qui va de maison en maison, une lanterne à la main, regardant les portes.
Revenir en haut Aller en bas
ignatius
pilier
ignatius


Nombre de messages : 416
Localisation : Sud est
Date d'inscription : 18/12/2010

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyLun 17 Oct 2011, 10:17

Je voulais justement te demander quelle était ta scène favorite. Pour ma part, et bien que ce ne soit pas très original, il s'agit plutôt du dernier acte, au couvent, où tout se révèle à Roxane (la "noble imposture"), lorsque Cyrano lit, sous le rideau noir de la nuit qui s'abat, la dernière lettre "de" Christian. Tout est dit dans ces deux dernières scènes. Et dans l'ultime envolée de Cyrano, mourant, qui donne son épitaphe et son baroud d'honneur face au grand chêne symbolisant ses ennemis, toute la philosophie de Cyrano ainsi que son rapport à l'Art son explicités: toute démarche artistique est vaine, inutile, il n'en reste "que le panache" (l'acceptation de la mort est également une charge contre le christianisme (ah ah), car Cyrano ne parle jamais de vie au-delà de la mort, c'est un athée magnifique un peu en avance sur son temps, et le tout se joue dans un couvent! voilà du panache!)... Le panache!
Revenir en haut Aller en bas
http://digitus-impudicus.over-blog.fr
ignatius
pilier
ignatius


Nombre de messages : 416
Localisation : Sud est
Date d'inscription : 18/12/2010

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyLun 17 Oct 2011, 10:18

Ps: d'ailleurs je note Roxanne qu'en signature tu as une partie du dialogue liminaire de la "révélation"...
Revenir en haut Aller en bas
http://digitus-impudicus.over-blog.fr
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyLun 17 Oct 2011, 10:25

Elle sont toutes tellement splendide que c'est difficile, celle que j'ai mise vient en premeir parce que je suis une fille surement Embarassed Mais la scène du nez (tombé de la lune) c'est magnifique, ainsi que celle du couvent que vous citée... le panache, c'est le mot Smile
Revenir en haut Aller en bas
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyLun 17 Oct 2011, 10:45

ROXANE, CYRANO et, un moment Soeur MARTHE.
ROXANE, sans se retourner
Qu'est-ce que je disais ?...
Et elle brode. Cyrano, très pâle, le feutre enfoncé sur les yeux, paraît. La soeur qui l'a introduit rentre. Il se met à descendre le perron lentement, avec un effort visible pour se tenir debout, et en s'appuyant sur sa canne. Roxane travaille à sa tapisserie.
Ah ! ces teintes fanées...
Comment les ressortir ?
A Cyrano, sur un ton d'amicale gronderie.
De puis quatorze années,
Pour la première fois, en retard !
CYRANO, qui est parvenu au fauteuil et s'est assis, d'une voie gaie contrastant avec son visage
Oui, c'est fou !
J'enrage. Je fus mis en retard, vertuchou !...
ROXANE
Par ?
CYRANO
Par une visite assez inopportune.
ROXANE, distraite, travaillant
Ah ! oui ! quelque fâcheux ?
CYRANO
Cousine, c'était une Fâcheuse.
ROXANE
Vous l'avez renvoyée ?
CYRANO
Oui, j'ai dit
Excusez-moi, mais c'est aujourd'hui samedi,
Jour où je dois me rendre en certaine demeure ;
Rien ne m'y fait fait manquer : repassez dans une heure !
ROXANE, légèrement
Eh bien ! cette personne attendra pour vous voir
Je ne vous laisse pas partir avant ce soir.
CYRANO, avec douceur
Peut-être un peu plus tôt faudra-t-il que je parte.
Il ferme les yeux et se tait un instant. Soeur Marthe traverse le parc de la chapelle au perron. Roxane l'aperçoit, lui fait un petit signe de tête.
ROXANE, à Cyrano
Vous ne taquinez pas soeur Marthe ?
CYRANO, vivement, ouvrant les yeux
Si !
Avec une grosse voix comique.
Soeur Marthe !
Approchez !
La soeur glisse vers lui.
Ha ! ha ! ha ! Beaux yeux toujours baissés !
SOEUR MARTHE, levant les yeux en souriant
Mais...
Elle voit sa figure et fait un geste d'étonnement.
Oh !
CYRANO, bas, lui montrant Roxane
Chut ! Ce n'est rien !
D'une voix fanfaronne. Haut.
Hier, j'ai fait gras.
SOEUR MARTHE
Je sais.
A part.
C'est pour cela qu'il est si pâle !
Vite et bas.
Au réfectoire
Vous viendrez tout à l'heure, et je vous ferai boire
Un grand bol de bouillon... Vous viendrez ?
CYRANO
Oui, oui, oui.
SOEUR MARTHE
Ah ! vous êtes un peu raisonnable, aujourd'hui !
ROXANE, qui les entend chuchoter
Elle essaie de vous convertir !
SOEUR MARTHE
Je m'en garde !
CYRANO
Tiens, c'est vrai ! Vous toujours si saintement bavarde,
Vous ne me prêcher pas ? c'est étonnant, ceci !...
Avec une fureur bouffonne.
Sabre de bois ! Je veux vous étonner aussi !
Tenez, je vous permets...
Il a l'air de chercher une bonne taquinerie, et de la trouver.
Ah ! la chose est nouvelle ?...
De... de prier pour moi, ce soir, à la chapelle.
ROXANE
Oh ! oh !
CYRANO, riant
Soeur Marthe est dans la stupéfaction !
SOEUR MARTHE, doucement
Je n'ai pas attendu votre permission.
Elle rentre.
CYRANO, revenant à Roxane, penchée sur son métier
Du diable si je peux jamais, tapisserie,
Voir ta fin !
ROXANE
J'attendais cette plaisanterie.
A ce moment, un peu de brise fait tomber les feuilles.
CYRANO
Les feuilles !
ROXANE, levant la tête, et regardant au loin, dans les allées
Elles sont d'un blond vénitien.
Regardez-les tomber.
CYRANO
Comme elles tombent bien !
Dans ce trajet si court de la branche à la terre,
Comme elles savent mettre une beauté dernière,
Et malgré leur terreur de pourrir sur le sol,
Veulent que cette chute ait la grâce d'un vol !
ROXANE
Mélancolique, vous ?
CYRANO, se reprenant
Mais pas du tout, Roxane !
ROXANE
Allons, laissez tomber les feuilles de platane...
Et racontez un peu ce qu'il y a de neuf.
Ma gazette ?
CYRANO
Voici !
ROXANE
Ah !
CYRANO, de plus en plus pâle, et luttant contre la douleur
Samedi, dix-neuf
Ayant mangé huit fois du raisiné de Cette,
Le Roi fut pris de fièvre ; à deux coups de lancette
Son mal fut condamné pour lèse-majesté,
Et cet auguste pouls n'a plus fébricité !
Au grand bal, chez la reine, on a brûlé, dimanche,
Sept cent soixante-trois flambeaux de cire blanche ;
Nos troupes ont battu, dit-on, Jean l'Autrichien ;
On a pendu quatre sorciers ; le petit chien
De madame d'Athis a dû prendre un clystère...
ROXANE
Monsieur de Bergerac, voulez-vous bien vous taire !
CYRANO
Lundi... rien. Lygdamire a changé d'amant.
ROXANE
Oh !
CYRANO, dont le visage s'altère de plus en plus
Mardi, toute la cour est à Fontainebleau.
Mercredi, la Montglat dit au comte de Fiesque
Non ! Jeudi : Mancini, reine de France, - ou presque !
Le vingt-cinq, la Montglat à de Fiesque dit : Oui ;
Et samedi, vingt-six...
Il ferme les yeux. Sa tête tombe. Silence.
ROXANE, surprise de ne plus rien entendre, se retourne, le regarde, et se levant effrayée
Il est évanoui ?
Elle court vers lui en criant.
Cyrano !
CYRANO, rouvrant les yeux, d'une voix vague
Qu'est-ce ?... Quoi ?...
Il voit Roxane penchée sur lui et, vivement, assurant son chapeau sur sa tête et reculant avec effroi dans son fauteuil.
Non ! non ! je vous assure,
Ce n'est rien. Laissez-moi !
ROXANE
Pourtant...
CYRANO
C'est ma blessure
D'Arras... qui... quelquefois... vous savez...
ROXANE
Pauvre ami !
CYRANO
Mais ce n'est rien. Cela va finir.
Il sourit avec effort.
C'est fini.
ROXANE, debout près de lui
Chacun de nous a sa blessure : j'ai la mienne.
Toujours vive, elle est là, cette blessure ancienne,
Elle met la main sur sa poitrine.
Elle est là, sous la lettre au papier jaunissant
Où l'on peut voir encor des larmes et du sang !
Le crépuscule commence à venir.
CYRANO
Sa lettre !... N'aviez-vous pas dit qu'un jour, peut-être,
Vous me la feriez lire ?
ROXANE
Ah ! vous voulez ?... Sa lettre ?
CYRANO
Oui... Je veux... Aujourd'hui...
ROXANE, lui donnant le sachet pendu à son cou.
Tenez !
CYRANO, le prenant
Je peux ouvrir ?
ROXANE
Ouvrez... lisez !...
Elle revient à son métier, le replie, range ses laines.
CYRANO, lisant
"Roxane, adieu, je vais mourir !..."
ROXANE, s'arrêtant, étonnée
Tout haut ?
CYRANO, lisant
"C'est pour ce soir, je crois, ma bien-aimée !
"J'ai l'âme lourde encor d'amour inexprimée,
"Et je meurs ! jamais plus, jamais mes yeux grisés,
"Mes regards dont c'était..."
ROXANE
Comme vous la lisez,
Sa lettre !
CYRANO, continuant
"...dont c'était les frémissantes fêtes,
"Ne baiseront au vol les gestes que vous faites
"J'en revois un petit qui vous est familier
"Pour toucher votre front, et je voudrais crier..."
ROXANE, troublée
Comme vous la lisez, - cette lettre !
La nuit vient insensiblement.
CYRANO
"Et je crie
"Adieu !..."
ROXANE
Vous la lisez...
CYRANO
"Ma chère, ma chérie,
"Mon trésor..."
ROXANE, rêveuse
D'une voix...
CYRANO
"Mon amour..."
ROXANE
D'une voix...
Elle tressaille.
Mais... que je n'entends pas pour la première fois !
Elle s'approche tout doucement, sans qu'il s'en aperçoive, passe derrière le fauteuil se penche sans bruit, regarde la lettre. - L'ombre augmente.
CYRANO
"Mon coeur ne vous quitta jamais une seconde,
"Et je suis et serai jusque dans l'autre monde
"Celui qui vous aima sans mesure, celui..."
ROXANE, lui posant la main sur l'épaule
Comment pouvez-vous lire à présent ? Il fait nuit.
Il tressaille, se retourne, la voit là tout près, fait un geste d'effroi, baisse la tête. Un long silence. Puis, dans l'ombre complètement venue, elle dit avec lenteur, joignant les mains
Et pendant quatorze ans, il a joué ce rôle
D'être le vieil ami qui vient pour être drôle !
CYRANO
Roxane !
ROXANE
C'était vous.
CYRANO
Non, non, Roxane, non !
ROXANE
J'aurais dû deviner quand il disait mon nom !
CYRANO
Non ! ce n'était pas moi !
ROXANE
C'était vous !
CYRANO
Je vous jure...
ROXANE
J'aperçois toute la généreuse imposture
Les lettres, c'était vous...
CYRANO
Non !
ROXANE
Les mots chers et fous,
C'était vous...
CYRANO
Non !
ROXANE
La voix dans la nuit, c'était vous.
CYRANO
Je vous jure que non !
ROXANE
L'âme, c'était la vôtre !
CYRANO
Je ne vous aimais pas.
ROXANE
Vous m'aimiez !
CYRANO, se débattant
C'était l'autre !
ROXANE
Vous m'aimiez !
CYRANO, d'une voix qui faiblit
Non !
ROXANE
Déjà vous le dites plus bas !
CYRANO
Non, non, mon cher amour, je ne vous aimais pas !
ROXANE
Ah ! que de choses qui sont mortes... qui sont nées !
- Pourquoi vous être tu pendant quatorze années,
Puisque sur cette lettre où, lui, n'était pour rien,
Ces pleurs étaient de vous ?
CYRANO, lui tendant la lettre
Ce sang était le sien.
ROXANE
Alors pourquoi laisser ce sublime silence
Se briser aujourd'hui ?
CYRANO
Pourquoi ?...



Revenir en haut Aller en bas
ignatius
pilier
ignatius


Nombre de messages : 416
Localisation : Sud est
Date d'inscription : 18/12/2010

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyLun 17 Oct 2011, 10:53

As-tu lu "Histoire comique des Etats et empires de la lune"? En fait, je ne suis plus certain du titre (dans ma mémoire il s'agit du Voyage sur la lune, mais je n'en trouve pas d'occurrence sur Google). Dans ce livre il y a beaucoup de la matière utilisée par Rostand pour construire son Cyrano, et plusieurs passages qu'il a détournés pour en faire des scènes fameuses de sa pièce. Par exemple, le célèbre "madame si les baisers s'envoyaient par écrit, vous liriez ma lettre des lèvres" (première lettre de Cyrano-Christian adressée à Roxane) est en fait un détournement d'une vraie lettre rédigée par le vrai Cyrano au vrai Montfleury -qu'il haïssait véritablement- et qui disait: "monsieur si les coups de bâtons s'envoyaient par écrit vous liriez ma lettre des épaules". S'y trouvent aussi les méthodes employées par Cyrano pour se rendre sur la lune, passage dont tu parles où il retient par sa verve et son imaginaire le tartuffe De Guiche afin de consacrer le mariage entre Roxane et Chrisitian. Bref, si comme moi tu voues une espèce de culte à Cyrano, je te recommande chaudement de lire ses écrits authentiques, tu verras que Rostand n'a pas inventé grand chose (dans le sens que Cyrano mérite amplement son personnage, pas dans le sens que Rostand n'ait pas commis une pièce splendide).
Revenir en haut Aller en bas
http://digitus-impudicus.over-blog.fr
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyLun 17 Oct 2011, 10:59

Sa s'appelle les sept moyens d’aller dans la Lune, Cyrano de Bergerac, L’Autre Monde, ou les Etats et Empires de la lune et du soleil. Oui, j'ai tout Rostand chez moi ! ;-)
Revenir en haut Aller en bas
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyLun 17 Oct 2011, 11:01

Au passage, Molière s'est inspiré de Rostand ! Smile
Revenir en haut Aller en bas
ignatius
pilier
ignatius


Nombre de messages : 416
Localisation : Sud est
Date d'inscription : 18/12/2010

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyLun 17 Oct 2011, 11:03

Tu veux dire de Cyrano, pas de Rostand (deux siècles les séparent et pas dans le bon sens!). Oui-oui, c'est d'ailleurs dit dans la pièce: le fameux "que diable allait-il faire!" -Ah, monsieur, on riait! on riait!"
Revenir en haut Aller en bas
http://digitus-impudicus.over-blog.fr
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyLun 17 Oct 2011, 11:15

Oui pardon ! Laughing
Dans un de mes livres Rostand dit que Moliere a plagié Cyrano et donne des exemples, mais je ne retrouve pas le passage !
Revenir en haut Aller en bas
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyLun 17 Oct 2011, 12:48

Ignatius, j'ai retrouvé des passages ce dont nous parlions ce tantot :


Je m’étais attaché autour de moi quantité de fioles pleines de rosée, et la chaleur du soleil qui les attirait m’éleva si haut, qu’à la fin je me trouvai au-dessus des plus hautes nuées. Mais comme cette attraction me faisait monter avec trop de rapidité, et qu'au lieu de m'approcher de la lune, comme je prétendais, elle me paraissait plus éloignée qu'à mon partement, je cassai plusieurs de mes fioles, jusqu'à ce que je sentis que ma pesanteur surmontait l'attraction, et que je redescendais vers la terre.
Mon opinion ne fut point fausse, car j'y tombai quelque temps après, et à compter de l'heure que j'en étais parti, il devait être minuit.

J'avais fait une machine que je m'imaginais capable de m'élever autant que je voudrais en sorte que rien de tout ce que j'y croyais nécessaire n'y manquant, je m'assis dedans et me précipitai en l'air du haut d'une roche. Mais parce que je n'avais pas bien pris mes mesures, je culbutai rudement dans la vallée.
Tout froissé néanmoins que j'étais, je m'en retournai dans ma chambre sans perdre courage, et je pris de la moelle de boeuf, dont je m'oignis tout le corps, car j'étais meurtri depuis la tête jusqu'aux pieds et après m'être fortifié le coeur d'une bouteille d'essence cordiale, je m'en retournai chercher ma machine. Mais je ne la trouvai point, car certains soldats, qu'on avait envoyés dans la forêt couper du bois pour faire le feu de la Saint-Jean, l'ayant rencontrée par hasard, l'avaient apportée au fort, où après plusieurs explications de ce que ce pouvait être, quand on eut découvert l'invention du ressort, quelques-uns dirent qu'il fallait attacher autour quantité de fusées volantes, pour ce que, leur rapidité l’ayant enlevée bien haut, et le ressort agitant ses grandes ailes, il n'y aurait personne qui ne prît cette machine pour dragon de feu.
Je la cherchai longtemps cependant, mais enfin je la trouvai au milieu de la place de Québec, comme on y mettait le feu. La douleur de rencontrer l’œuvre de mes mains en un si grand péril me transporta tellement, que je courus saisir le bras du soldat qui y allumait le feu. Je lui arrachai sa mèche, et me jetai tout furieux dans ma machine pour briser l'artifice dont elle était environnée ; mais j'arrivai trop tard, car à peine y eus-je les deux pieds que me voilà enlevé dans la nue.
L'horreur dont je fus consterné ne renversa point tellement les facultés de mon âme, que je ne me sois souvenu depuis de tout ce qui m'arriva en cet instant. Car dès que la flamme eut dévoré un rang de fusées, qu'on avait disposées six à six, par le moyen d'une amorce qui bordait chaque demi-douzaine, un autre étage s'embrasait, puis un autre ; en sorte que le salpêtre prenant feu, éloignait le péril en le croissant. La matière toutefois étant usée fit que l'artifice manqua ; et lorsque je ne songeais plus qu'à laisser ma tête sur celle de quelque montagne, je sentis (sans que je remuasse aucunement) mon élévation continuer, et ma machine prenant congé de moi, je la vis retomber vers la terre.

Cette aventure extraordinaire me gonfla le cœur d'une joie si peu commune, que ravi de me voir délivré d'un danger assuré, j'eus l'imprudence de philosopher là-dessus. Comme donc je cherchais des yeux et de la pensée ce qui en pouvait être la cause, j'aperçus ma chair boursouflée, et grasse encore de la moelle dont je m'étais enduit pour les meurtrissures de mon trébuchement ; je connus qu'étant alors en décours, et la lune pendant ce quartier ayant accoutumé de sucer la moelle des animaux, elle buvait celle dont je m'étais enduit avec d'autant plus de force que son globe était plus proche de moi, et que l'interposition des nuées n'en affaiblissait point la vigueur.

Toutefois, comment aller [dans la lune] ? L'échelle de Jacob n'était pas encore inventée ! La grâce du Très-Haut y suppléa, car elle fit qu'Enoch s'avisa que le feu du ciel descendait sur les holocaustes des justes et de ceux qui étaient agréables devant la face du Seigneur, selon la parole de sa bouche : « L'odeur des sacrifices du juste est montée jusqu'à moi. »
Un jour que cette flamme divine était acharnée à consumer une victime qu'il offrait à l'Éternel, de la vapeur qui s'exhalait il remplit deux grands vases qu'il luta hermétiquement, et se les attacha sous les aisselles. La fumée aussitôt qui tendait à s'élever droit à Dieu, et qui ne pouvait que par miracle pénétrer le métal, poussa les vases en haut, et de la sorte enlevèrent avec eux ce saint homme.

Ce fut alors que déborda le déluge, car les eaux, où votre monde s'engloutit, montèrent à une hauteur si prodigieuse que l'arche voguait dans les cieux à côté de la lune. Les humains aperçurent ce globe par la fenêtre, mais la réflexion de ce grand corps opaque s'affaiblissant à cause de leur proximité qui partageait sa lumière, chacun d'eux crut que c'était un canton de la terre qui n'avait pas été noyé. Il n'y eut qu'une fille de Noé, nommée Achab qui, à cause peut-être qu'elle avait pris garde qu'à mesure que le navire haussait, ils approchaient de cet astre, soutint à cor et à cri qu'assurément c'était la lune. On eut beau lui représenter que, la sonde jetée, on n'avait trouvé que quinze coudées d'eau, elle répondit que le fer avait donc rencontré le dos d'une baleine qu'ils avaient pris pour la terre, que, quant à elle, qu'elle était bien assurée que c'était la lune en propre personne qu'ils allaient aborder. Enfin, comme chacun opine pour son semblable, toutes les autres femmes se le persuadèrent ensuite. Les voilà donc, malgré la défense des hommes, qui jettent l'esquif en mer. Achab était la plus hasardeuse ; aussi voulut-elle la première essayer le péril. Elle se lance allégrement dedans, et tout son sexe l'allait joindre, sans une vague qui sépara le bateau du navire. On eut beau crier après elle, l'appeler cent fois lunatique, protester qu'elle serait cause qu'un jour on reprocherait à toutes les femmes d'avoir dans la tête un quartier de la lune, elle se moqua d'eux.
« La voilà qui vogue hors du monde. Les animaux suivirent son exemple, car la plupart des oiseaux qui se sentirent l'aile assez forte pour risquer le voyage, impatients de la première prison dont on eût encore arrêté leur liberté, donnèrent jusque-là. Des quadrupèdes mêmes, les plus courageux, se mirent à la nage. Il en était sorti près de mille, avant que les fils de Noé pussent fermer les étables que la foule des animaux qui s'échappaient tenait ouvertes. La plupart abordèrent ce nouveau monde. Pour l'esquif, il alla donner contre un coteau fort agréable où la généreuse Achab descendit, et, joyeuse d'avoir connu qu'en effet cette terre-là était la lune, ne voulut point se rembarquer pour rejoindre ses frères.

Je m'endormis et l'ange du Seigneur m'apparut en songe. Aussitôt que je fus éveillé, je ne manquai pas de travailler aux choses qu'il m'avait prescrites ; je pris de l'aimant environ deux pieds en carré, que je mis dans un fourneau, puis lorsqu'il fut bien purgé, précipité, et dissous, j'en tirai l'attractif calciné, et le réduisis à la grosseur d'environ une balle médiocre.
Ensuite de ces préparations, je fis construire un chariot de fer fort léger et, de là à quelques mois, tous mes engins étant achevés, j'entrai dans mon industrieuse charrette. Vous me demandez possible à quoi bon tout cet attirail ? Sachez que l'ange m'avait dit en songe que si je voulais acquérir une science parfaite comme je la désirais, je montasse au monde de la lune, où je trouverais dedans le paradis d'Adam, l'arbre de science, parce qu’aussitôt que j'aurais tâté de son fruit mon âme serait éclairée de toutes les vérités dont une créature est capable. Voilà donc le voyage pour lequel j'avais bâti mon chariot. Enfin je montai dedans et lorsque je fus bien ferme et bien appuyé sur le siège, je ruai fort haut en l'air cette boule d'aimant. Or la machine de fer, que j'avais forgée tout exprès plus massive au milieu qu'aux extrémités, fut enlevée aussitôt, et dans un parfait équilibre, à cause qu'elle se poussait toujours plus vite par cet endroit. Ainsi donc à mesure que j'arrivais où l'aimant m'avait attiré, et dès que j’étais sauté jusque-là, ma main le faisait repartir.

Ce fut une grande boîte fort légère, et qui ferait fort juste. Elle était haute de six pieds ou environ, et large de trois en carré. Cette boîte était trouée par en bas ; et par-dessus la voûte qui l’était aussi, je posai un vaisseau de cristal troué de même, fait en globe, mais fort ample, dont le goulot aboutissait justement et s’enchâssait dans le pertuis que j’avais pratiqué au chapiteau.
Le vase était construit en plusieurs angles, et en forme d’icosaèdre (à vingt côtés), afin que chaque facette étant convexe et concave ma boule produisît l’effet d’un miroir ardent […] Le vide qui surviendrait dans l’icosaèdre à cause des rayons unis du soleil par les verres concaves attirerait, pour le remplir, une furieuse abondance d’air, dont ma boîte serait enlevée.

Revenir en haut Aller en bas
Aristarque
pilier
Aristarque


Nombre de messages : 1790
Localisation : Septimanie
Date d'inscription : 28/12/2005

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyMar 18 Oct 2011, 21:08

BERGERAC (Savinien Cyrano de..) 1619-1655, surnommé en don temps "Le Démon de la Bravoure" pour ses qualités de férailleur (à l'épée, pas dans la récupération des métaux!).
Epistolier précieux et burlesque, inspirateur de Molière avec sa comédie "Le Pédant joué" et de Corneille avec "La mort d'Agrippine". Précurseur de la Science-Fiction avec son oeuvre "Les Etats de la Lune et du Soleil" où il mêle l'utopie et le réalisme satirique, la science et l'humour, le merveilleux et la gauloiserie.
Cette oeuvre n'a été éditée qu'en 1657, deux ans après sa mort, dans une version expurgée. " l'Histoire comique du Soleil " inachevée ne fut éditée qu'en 1662.
Le voyage aller et retour vers la Lune a inspiré Rostand qui l'évoque dans l'inoubliable pièce de théâtre qui immortalisé le nom de Cyrano en lui faisant dire dans la scène XIII du troisième acte:
" Mais je compte en un livre écrire tout ceci "
" Et les étoiles d'or qu'en mon manteau roussi "
" Je viens de rapporter à mes périls et risques "
" Quand on l'imprimera serviront d'astérisques "
in mémoriam......

Avec l'aide de J.J. Bridenne et son article "Le visage inconnu de Cyrano de Bergerac" paru dans "Fiction n°11" d'octobre 1954.
Revenir en haut Aller en bas
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyMer 19 Oct 2011, 06:10

Merci pour ses informations Aristarque ! Smile

peut on trouver quelque part l'article que vous citez ?
Revenir en haut Aller en bas
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Quelques affiches et illustrations de Cyrano   Edmond Rostand EmptyMer 19 Oct 2011, 12:07

Edmond Rostand 002477ipia Edmond Rostand 20386 Edmond Rostand 40662 Edmond Rostand Affichecyrano Edmond Rostand Cyrano3 Edmond Rostand Cyranochevalier Edmond Rostand Cyranobrunfonce Edmond Rostand Wpeancyranohumour
Revenir en haut Aller en bas
ignatius
pilier
ignatius


Nombre de messages : 416
Localisation : Sud est
Date d'inscription : 18/12/2010

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyJeu 20 Oct 2011, 07:10

"D'Artagnan contre Cyrano"! (sic) certainement un gros morceau de littérature!
Revenir en haut Aller en bas
http://digitus-impudicus.over-blog.fr
ROXANNE
pilier
ROXANNE


Nombre de messages : 500
Age : 40
Localisation : Breizh
Date d'inscription : 12/10/2011

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyJeu 20 Oct 2011, 07:28

je ne saurai vous dire Ignatius, je ne savais meme pas que sa existait !
Revenir en haut Aller en bas
rotko
pilier
rotko


Nombre de messages : 69282
Date d'inscription : 26/12/2005

Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand EmptyJeu 06 Juin 2013, 04:45


A Lyon, Georges Lavaudant signe une version efficace de la pièce de Rostand, portée par le comédien Patrick Pineau.

Patrick Pineau et Gilles Arbona. un Cyrano d’amitiés, de complicités anciennes, tempérées par la fraîche Roxane de la toute jeune Marie Kauffmann.

S 15, D 16, L 17 juin à 22h
Revenir en haut Aller en bas
https://grain-de-sel.1fr1.net/forum.htm
Contenu sponsorisé





Edmond Rostand Empty
MessageSujet: Re: Edmond Rostand   Edmond Rostand Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Edmond Rostand
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Edmond Baudoin
» Edmond Haraucourt (1857-1941)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Grain de sel - Forum littéraire et culturel :: FICTION :: Auteurs français et d'expression française :: Les AUTEURS DU PATRIMOINE, de Chrétien de Troyes XIIe s à Proust XXe s.-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser