Benoîte Groult

La touche étoile
De Benoîte Groult

L’auteure nous embarque pendant tout le roman, drôle mais parfois émouvant et acide, dans le sillage d’Alice, vieille dame encore très alerte.
La vie y est observée, disséquée, et examinée à la loupe :

« …Le problème, c’est que pour écrire valablement sur la vieillesse, il faut être entré en vieillesse. Mais dans ce cas, elle est aussi entrée en vous et vous rend peu à peu incapable de l’appréhender…."

La vieillesse, les rapports jeunes/vieux, la lutte d’Alice toute sa vie durant pour le droit des femmes.


« …Les jeunes péronnelles d’aujourd’hui sont persuadées que les droits dont elles jouisssent sont tombés du ciel.
- Vous n’avez eu le droit de vote qu’à 30 ans ? Pas Possible !
- Y avait pas la pilule « autrefois » ? comment vous faisiez ? demandent ces déculturées pour qui « autrefois » commence hier et touche au moyen âge…. »

A travers sa fille, elle nous laisse aussi entrevoir non pas l’adultère, mais un véritable amour qui aidera celle-ci à vivre son quotidien.
Alice devenue veuve et vieille dame, nous convaincra qu’il faut donner à l’être humain le droit de disposer de son corps, l’âge venant.

« … je n’ai aucune envie d’assister au vieillissement de mes enfants …. Il n’était pas prévu jusqu’ici qu’une mère voie le beau petit humain qu’elle a mis au monde, devenir un spécimen flageolant au regard terne et déformé…. La longévité détraque la chaîne des générations… »

Elle fait d’ailleurs le parallèle avec le droit de disposer de son corps pour avoir ou pas un enfant quand on le souhaite.

« … La France n’est plus le pays des libertés. Nos députés viennent d’inventer l’hypocrite « laisser-mourir » formule affreuse bien dans la lignée du « laissez-les vivre » les deux slogans ayant en commun le même mépris des intéressés…. »

Elle qui a toujours milité pour ces droits, lutte maintenant pour le droit de mourir dignement quand on le souhaite et non quand le corps nous lâche et qu’il est trop tard.

Très beau plaidoyer pour le droit des femmes et pour la dignité de tous.

Mais Benoîte Groult l’a toute sa vie revendiqué et c’est toujours investie dans ce combat.

A lire sans modération.

Bon, Marie, tu me donnes du courage pour aborder ce livre qu'on m'avait offert...et que j'avais rangé un peu tout en haut de la bibliothèque en me disant que je ne voulais pas lire ça tout de suite...

un portrait de benoite groult dans le Figaro


Après le succès phénoménal de son livre La Touche étoile, diffusé à 500 000 exemplaires, cette militante féministe, qui a marqué plusieurs générations de femmes, vient de publier, à bientôt 89 ans, une autobiographie : Evasion.

l'article

je l'ai vue à la télé dimanche en fin d'après-midi quelle bonne femme !! une merveille de l'entendre parler !
j'ai commandé bien sûr "évasion" je l'attends !

Mon évasion
De Benoîte Groult

Benoîte Groult est l’auteur entre autres de :

La part des choses
Ainsi soit-elle
Les vaisseaux du cœur
La touche étoile etc..

Dans cette autobiographie, Benoîte Groult, sans sensiblerie, avec une plume légère et agréable, nous raconte sa vie d’enfant, puis d’ado et enfin de jeune femme privilégiée.
Elle reconnaît volontiers que les choses matérielles lui ont sans doute été plus faciles que pour les autres femmes des années 1950, exceptées les commodités qui se sont greffées ensuite et ont soi-disant simplifié la vie des femmes.
Cela ne l’empêche pas d’être confrontée à la misogynie existante de cette époque et ressentie peut-être encore plus cruellement dans son milieu de presse et d’écrivains, milieu que l’on nomme facilement intellectuel. Et pourtant elle ne sera pas reconnue par ses « pairs » écrivaines comme elle, entre autre par Beauvoir qui devait sans doute se sentir au-dessus de cette petite bonne femme écrivant dans des magazines féminins.
En plus de la misogynie, frisant la méchanceté de ce milieu, elle sera obligée de connaître clandestinement les avortements à la sauvette.
C’est quand elle eut la cinquantaine qu’elle décida de s’investir dans l’engagement contre l’oppression des femmes de tous les pays.
Ce roman est également en partie, fait d’un échange très intéressant entre elle et une journaliste Josyane, ce qui leur permet d’aborder sans tabou tous les sujets : grossesse, enfants, ménopause, vieillesse, petits bobos, deuil.. En un mot toute la vie.
On peut dire d’elle, que sans être une star dans le m milieu intellectuel de gauche, elle s’est servie toute sa vie de ses dons d’écriture pour dénoncer les horreurs commises sur les femmes et dénoncer aussi leur rôle subalterne dans la société.

Elle a aujourd’hui 88 ans, et en parlant de la mort elle a cette phrase :

Moi vivante, elle ne parviendra pas à m’atteindre.

C’est aussi l’humour qui en fait sa force.

Benoite Groult
Ainsi soit-elle

Ce livre écrit en 1975 n’a pas pris une ride. Il s’agit d’ailleurs d’un témoignage sur les conditions féminines depuis des siècles.
Que les femmes qui ne savent pas ou ne se souviennent plus et les hommes qui n’ont jamais su, fassent l’effort de lire ce chef-d’œuvre et je pèse mes mots !

Avec sobriété mais surtout avec une très grande recherche à travers les siècles sur ce qu’ont subi les femmes, B. Groult nous rappelle que ce n’est pas encore gagné en notre siècle. Les thèmes évoqués vont de l’avortement mortel en passant par les accouchements criminels, l’excision, l’infibulation, toujours pratiquées même à notre porte.

Elle insiste sur le mal qu’ont pu faire sur le sort des femmes toutes croyances religieuses confondues au nom de la pureté. Par exemple la menstruation qui rendait les femmes impures !
En tout cas, sans haine mais avec une précision extrême, B.Groult nous explique, nous dissèque, nous fait comprendre comment, aujourd’hui encore certaines femmes sont les victimes, simplement parce qu’elles sont nées femmes.

Quelques phrases d’hommes « connus » :

Citation :

Une femme qui exerce son intelligence devient laide, folle et guenon

(Proudhon)

Citation :

La femme est une statue vivante de la stupidité. Le créateur en la faisant d’un reste de limon a oublié l’intelligence

(Lammenais)

Le philosophe Alain disait un jour au professeur Mondor :

Citation :

J’ai souvent envie de demander aux femmes par quoi elles remplacent l’intelligence

Citation :

Vous devez avoir horreur de l’instruction chez les filles. Laisser une femme lire les livres que son esprit la porte à choisir, mais c’est lui apprendre à se passer de vous.

(Balzac)

Citation :

On devrait les bien nourrir et les bien vêtir, mais ne point les mêler à la société. Elles ne devraient lire que des livres de piété et de cuisine

(Le poète Byron)

Baudelaire, quant a lui

Citation :

s’étonnait qu’on laisse entrer les femmes dans les églises !

Citation :

Une olympiade femelle est impensable. Elle serait impraticable, inesthétique et incorrecte ! (Pierre de Coubertin interdisant l’entrée des stades au nom de notre pudeur !!)

Et puis :

Citation :

… Quand tu regardes une femme avec des vêtements dessus, tu imagines toutes sortes de choses ; tu leur donnes une individualité, quoi, qu’elles n’ont pas naturellement. Il y a tout juste une fente entre les jambes. (…) il n’y a rien dedans, absolument rien. C’est dégoûtant

(Henry Miller)

Et B.Groult termine : ce n’est pas un cri de haine, à peine un cri de colère.. Mais un cri de vie…

Les vaisseaux du cœur

(livre de poche)


Un homme, une femme, une histoire d’amour : banal pourrait-on penser… Mais pas du tout
Une étonnante Benoîte, qui ne nous a pas habitués à ce genre de récit(écrit quand même en 1990!

Erotique, provoquant, rendant hommage à une belle et forte passion avec des mots percutants mais jamais vulgaires.
Ils ne sont pas du même milieu, et sont aux antipodes l’un de l’autre dans leur vie courante, mais se retrouvent dans l’amour, à chaque fois que la vie leur permet. Des années parfois entre ces rencontres.
On peut dire que beaucoup de lecteurs voudraient connaître une telle passion qui dure des années sans jamais faiblir. La séparation ne viendra que plus tard…

j'ai reçu ce message sur mon site et j'en suis bien heureuse car Benoîte Groult fait partie de mes écrivains préférés de notre siècle.
Encore une, oui encore, diront les "machos" une femme qui, sans bruits, sans mots grossiers, nous raconte, nous explique son parcours de femme, certes plus très jeune, mais qui un jour a pris conscience qu'il fallait faire quelque chose contre les inégalités dans la vie sociale et autre, entre l'homme et la femme. Ce n'est pas une féministe révolutionnaire, anti-hommes, loin de là mais une femme qui a les pieds sur terre et nous fait partager, sa tendresse, mais aussi sa colère pour ce monde qui devient fou.
Voilà moi ce que je pense de Benoîte Groult, Monsieur Harelde et je trouve que tant qu'il ne s'agit que de ce genre de pub, cela me défrise moins que l'information d'un blog, mal fichu d'untel ou d'unetelle, car là, nous restons dans la littérature, et c'est sympa, que pensant littérature, ils aient choisi GDS pour leur message.

marie chevalier a écrit:

j'ai reçu ce message sur mon site et j'en suis bien heureuse car Benoîte Groult fait partie de mes écrivains préférés de notre siècle.
Encore une, oui encore, diront les "machos" une femme qui, sans bruits, sans mots grossiers, nous raconte, nous explique son parcours de femme, certes plus très jeune, mais qui un jour a pris conscience qu'il fallait faire quelque chose contre les inégalités dans la vie sociale et autre, entre l'homme et la femme. Ce n'est pas une féministe révolutionnaire, anti-hommes, loin de là mais une femme qui a les pieds sur terre et nous fait partager, sa tendresse, mais aussi sa colère pour ce monde qui devient fou.
Voilà moi ce que je pense de Benoîte Groult, Monsieur Harelde et je trouve que tant qu'il ne s'agit que de ce genre de pub, cela me défrise moins que l'information d'un blog, mal fichu d'untel ou d'unetelle, car là, nous restons dans la littérature, et c'est sympa, que pensant littérature, ils aient choisi GDS pour leur message.

Et il ne devait pas y avoir que moi que cela défrisait...
Moon a joué son rôle de modérat... d'animatrice.
A moins que ce ne soit Nestor...

Ok ceci explique cela.
Pas très cool mais ce sont eux qui décident.
Je ne suis pas prête de remettre ici un "ressenti "d'un livre de cette dame!

car il me semblait pourtant que c'était une femme de lettres? et lui rendre hommage ne tuait personne
bref n'en parlons plus car ça me met en colère ! et ce n'est pas bon pour mes artères

Ne nous égarons pas ; C'est moi qui ai déplacé le message.

tu as parfaitement le droit de dire du bien de benoite Groult [que j'estime bien moi-même. ]

Le journal est venu faire une annonce et recruter, ce qui n'est pas dans les règles du forum.(ni pub commerciale ni prosélytisme)

L'annonce est toujours lisible et tu peux parfaitement y repondre.

L'ennui est que ces interventions extérieures, bien utiles pour les démarcheurs et assez fréquentes sur GDS*, sème la zizanie sur le forum.

Merci marie-chevalier de tout ce fil sur Benoîte Groult qui est, en effet, une écrivainE indispensable (et je dis zut à tous ceux que ce féminin dérange* )

Il faudrait que je lise ses autres ouvrages, mais en tous cas Ainsi Soit-Elle est un livre choc qui m'a drôlement ouvert les yeux. Le pire, c'est qu'il garde en effet toute son actualité. Une femme belle est forcément stupide. Une femme qui veut faire carrière a intérêt à être laide si elle veut être prise au sérieux. Elle a aussi intérêt à renoncer aux enfants, car son partenaire masculin n'assumera jamais son 50% du boulot.

Mon rêve le plus fou c'est qu'on parvienne à obliger les hommes dans les pays à tchador et burka à porter cette tenue, ne serait-ce qu'un seul jour, pour qu'ils se rendent compte de ce que c'est que de subir une chaleur de 40° à l'ombre et d'être réduit à l'anonymat total.

* avez-vous remarqué que quand une profession est mise au masculin, elle devient immédiatement technique et importante? Quand un homme est sage-femme, il est maïeuticien...

C'est quand même bien fait, le français :

Un gars : c'est un jeune homme
Une garce : c'est une pute

Un courtisan : c'est un proche du roi
Une courtisane : c'est une pute

Un masseur : c'est un kiné
Une masseuse : c'est une pute

Un coureur : c'est un joggeur
Une coureuse : c'est une pute

Un rouleur : c'est un cycliste
Une roulure : c'est une pute

Un professionnel : c'est un sportif de haut niveau
Une professionnelle : c'est une pute

Un homme sans moralité : c'est un politicien
Une femme sans moralité : c'est une pute

Un entraîneur : c'est un homme qui entraîne une équipe sportive
Une entraîneuse : c'est une pute

Un homme à femmes : c'est un séducteur
Une femme à hommes : c'est une pute

Un homme public : c'est un homme connu
Une femme publique : c'est une pute

Un homme facile : c'est un homme agréable à vivre
Une femme facile : c'est une pute

Un homme qui fait le trottoir : c'est un paveur
Une femme qui fait le trottoir : c'est une pute

Un péripatéticien: c'est un élève d'Aristote
Une péripatéticienne: c'est une pute

Non, le français, vraiment, c'est pas compliqué...

Citation :

Un homme sans moralité : c'est un politicien
Une femme sans moralité : c'est une pute

Pas mal

j'ai ri en lisant Bridget , mais ces quelques comparaisons sont bien le reflet sous forme plaisante de la réalité

Sacrément bien vu, Bridget !

A quel moment la femme est-elle une créature noble et respectable ?

quand elle sera morte ou remplacée par des clones

Citation :

A quel moment la femme est-elle une créature noble et respectable ?

La figure de la mère (par les fils surtout!) semble respectée.

cleo a écrit:

La figure de la mère (par les fils surtout!) semble respectée.

Oui, sacralisée par Nancy Houston et l'imagerie pieuse.

Mais la litterature regorge de Mères Abu, de mères defaillantes, perverses ou méchantes.

Tu peux rajouter l'aventurier et l'aventurière à ta liste, Bridget.

Bernique a écrit:

Tu peux rajouter l'aventurier et l'aventurière à ta liste, Bridget.

Très juste! L'aventurier(e) figure d'ailleurs dans la liste identique en espagnol que j'ai affichée dans bar de juin:

Citation :

Aventurero: Osado, valiente, arriesgado, hombre de mundo*.
Aventurera: Puta.

*intrépide, courageux, téméraire, homme du monde

je suis généralement assez dur avec les lectures que je présente sur le blog des BM de Genève (ou du moins très ambigu).
Pour "Ainsi soit-elle", c'était beaucoup plus simple. Cet ouvrage était limpide à la lecture, parfaitement objectif, mais sans être catastrophiste (même si la manière dont une moitié de la planète traite l'autre est une catastrophe, au propre comme au figuré). C'était exactement la lecture dont le bobo moyen trentenaire que je suis avait besoin, et la lecture du "Un silence de mortes" de Patrizia Romito (très cher mais très bon), n'a fait que confirmer qu'à l'évidence trop peu d'hommes ont lu "Ainsi soit-elle" à sa sortie. Oui bon d'accord trop peu d'hommes n'ayant pas une peur panique de perdre leur privilèges de genre.

Très belle analyse davide. En effet ce livre devrait être lu par TOUS les hommes, car son thème concerne TOUS les sexes même les plus ambigus. C'est le don de B.Groult de parler de tout avec fraicheur et sans tabou.

davide a écrit:

, et la lecture du "Un silence de mortes" de Patrizia Romito (très cher mais très bon), n'a fait que confirmer qu'à l'évidence trop peu d'hommes ont lu "Ainsi soit-elle" à sa sortie. Oui bon d'accord trop peu d'hommes n'ayant pas une peur panique de perdre leur privilèges de genre.

Il s'agit de l'histoire du silence puis du bruit fait autour des femmes battues.

Citation :

on accepte de « briser le silence » à la seule condition que chaque épisode de violence soit présenté comme un cas isolé, et pourvu que les auteurs y apparaissent au cœur d’une situation d’exception - entre autres parce que sous l’emprise d’émotions incontrôlables, ou au contraire souffrant d’une absence pathologique desdites « émotions », ou encore parce que « d’une autre culture » - entendons issus de l’immigration ou musulmans. Alors, on veut bien, à la rigueur, parler de violence, mais jamais de violence masculine.

J'espère que le livre ne tombe pas dans certaines caricatures sexistes dont on connaît des exemples.
Le livre a été traduit par Jacqueline Julien, écrivain, éditrice, présidente de Bagdam Espace lesbien qui fait des conférences sur la violence masculine -

Bienvenue à toi, Davide.

davide a écrit:

je suis généralement assez dur avec les lectures que je présente sur le blog des BM de Genève

J'ai pourtant l'habitude de devoir décrypter des abréviations, mais c'est quoi les BM?

Bibliothèques Municipales?
Elles ont un blog?
Où ça??