Zadie Smith [Angleterre]

De la beauté de Zadie Smith, chez Gallimard.

Citation :

Zadie Smith aborde ici de front les enjeux les plus brûlants du XXIe siècle : le métissage culturel, l’héritage colonial, les rapports de classes, l’opposition entre Europe et Amérique. Mais cette fresque foisonnante et tragi-comique, d’une invention verbale sans cesse renouvelée, offre aussi une méditation tendrement ironique sur ce qui unit les êtres et donne un sens à leur vie : la quête de la beauté ; l’effort pour s’ouvrir à l’autre ; les liens affectifs en tous genres.

une satire mordante du microcosme universitaire anglo-saxon avec deux specialistes de Rembrandt qui s'affrontent.

des reférences à EM Forster et à David Lodge. Tout un programme !

je réactualise le fil car on parle sur le forum de sciences humaines de sourires de loup son premier roman paru chez Gallimard, comparé par l'editeur à

Citation :

un plat épicé et coloré renfermant dans un même bouillon des légumes et des condiments de toutes origines,

présenté par l'editeur comme fertile en rebondissements et en personnages colorés.

Sourires de loup

J'ai lu ce roman lors de sa parution, et je le cherchais pour en recopier quelques extraits, mais Rotko chronique plus vite que mon ombre!

Mes souvenirs de lecture, alors:
Le roman commence sur les chapeaux de roue, par un suicide au gaz d'échappement, et continue tambour battant. Evidemment, le suicidé ne meurt pas, pour notre plus grand bonheur de lecteur.

L'auteur est jeune (je ne dirai jamais auteurE, et encore moins auteuSE, quelle horreur) bon, l'autrice - un lecteur, une lectrice, pourquoi pas, oui mais autrice ça fait autiste ou autriste, auteur triste, mais si on va par là, pourquoi pas institutriste, l'institutriste et l'institutueur, l'autueur, l'autre triste, j'en étais où ?

Zadie Smith a écrit ce livre à 21 ans, et le début du manuscrit, soit les cent premières pages, a été vendu aux enchères à la foire de Francfort où il a atteint une somme rondelette. On trouve de tout dans ce chouette livre, amour, sexe, aventures et rigolades. C'est plein d'immigrés, d'étrangers, sans compter les anglais qui ne sont pas des gens comme nous, c'est bien connu, (english, they are quite a race apart, disait Victor Hugo) qui se trouvent, se cherchent, se croisent et font ensemble des gosses qui se cherchent, s'identifient, se désidentifient, se questionnent, se croisent, se trouvent. . Dès les premières lignes, hop, on est embarqué.

C'est jeune, vif, gai, vigoureux, facile à lire, et ça donne une image à la fois chaleureuse, humaine et impertinente d'un petit bout de société multiculturelle et multicouleurdepeau, à travers la vie entrecroisée de trois familles sur deux générations. Pas de pathétisme, d'appel aux bons sentiments, de discours sur l'intégration, non non non, juste une fiction bien balancée qui nous dit qu'en cet instant du roman c'est ainsi que les hommes vivent, et que certains ne vivent pas si mal que ça. Une excellente lecture d'été.

Je suis en train de lire White Teeth, pour mes études et c'est vraiment un travail superbe qu'a fait l'auteur.
Je vous conseille cependant de la lire en version originale, parce qu'elle manie joliment bien les mots.

Citation :

She was shrewd. She saw what this was. "Liberal? Hosh-kosh nonsense!" No one was more liberal than anyone else anywhere anyway. It was only that here, in Willesden, there was just not enough of any one thing to gang up against any other thing and send it running to the cellars while windows were smashed.

Le Sourire du Loup = White Teeth??

Que j'ai lu et adoré!
En revanche, je l'ai trouvé assez difficile à lire. Même une collègue anglaise à qui je l'avais prêté le trouvait difficile à lire, c'est dire...
:dur:

Mais c'est un livre absolument extraordinaire! Seule une demi-jamaïcaine peut se permettre de parler de "races" et de "couleurs de peau" de façon aussi directe. Surtout que tout le monde en prend pour son grade! Les bruns, les roses, les bio-baba, les surdoués, les immigrés, les anglais de souche... Elle jongle avec les mots de façon hallucinante.

En le lisant, je plaignais le/la traducteur-trice, car je me disais que c'était parfaitement intraduisible. Apparamment, ça a été bien fait, puisque Sphynx dit même que c'est facile à lire

J'avais adoré Sourires de loup qui traitait de l'immigration et de l'intégration avec verve et humour. J'ai beaucoup moins aimé son deuxième livre L'homme à l'autographe plutôt laborieux dans sa construction et au propos sans véritable intérêt. J'ai donc cessé là.

Depuis une dizaine d’années, Zadie Smith publie des «essais ponctuels» comme elle aime à les appeler, dans les journaux et revues les plus prestigieux d’Amérique et d’Angleterre. Changer d’avis («au fil des ans l’opinion que l’on croit sienne évolue») les rassemble.

Citation :

je suis une personne qui se définit par le doute et l'interrogation. Dans la culture anglo-américaine, on a tendance à prendre cette manière d'être pour un manque de sincérité ou une dangereuse appétence pour la légèreté - ce que les politiques appellent la volte-face et le retournement de veste.

Mais j'imagine que j'espérais défendre et illustrer cette manière d'être, au moins sous sa forme littéraire.

un entretien