Janet Frame [Nouvelle-Zélande]

Troisième de cinq enfants, Janet Peterson Frame, malade de solitude et de timidité, condamnée à l'incompréhension et à l'isolement parce que trop différente, s'exile dans son monde intérieur. Soi-disant schizophrène, elle entre à l'hôpital psychiatrique où, pendant sept ans, elle subit près de deux cents électrochocs. En 1951, un recueil de ses nouvelles publié par un ami, Le Lagon, obtient un prix, et la sauvera d'une lobotomie programmée pour le lendemain. Son premier roman, Les Hiboux pleurent aussi, sort en 1957. Janet vit désormais à Londres. Son second roman, Visages noyés (1961) raconte dans un langage poétique, imagé, presque halluciné, la folie et le monde des hôpitaux psychiatriques. Souvent dans l'oeuvre de Frame l'aliénation est signe d'authenticité : les exilés, tels les fous, les excentriques, sont confrontés aux forces répressives d'une société conformiste, matérialiste et qui corrompt le langage. Suivent Le Jardin aveugle (1963), Un ange à ma table, son autobiographie en trois volets : Ma terre, mon île, Un été à Willowglen et Le Messager. Janet a publié en tout onze romans, cinq recueils de nouvelles et un recueil de poésie. En 1963, après la mort de son père, elle retourne en Nouvelle-Zélande et séjourne aux Etats-Unis. Dans ses romans, elle détourne désormais son attention de l'idéalisation du monde intérieur vers une exploration des conditions sociales. Janet Frame meurt en 2004 d'une leucémie.

Source : Evene.

Ma terre, mon île, vol.1 Un ange à ma table


Il est difficile de résumer ce roman autobiographique qui m'a beaucoup plu et m'a souvent parlé.
Janet Frame revient sur ses années d'enfance. Entre tragédies familiales (la maladie de son frère et la mort de sa soeur) et découverte de la poésie, l'émotion est palpable. Janet, ou Jean comme elle est parfois appelée, sait transmettre ce qu'elle a éprouvé enfant : l'égoïsme, l'insensibilité, le besoin de se trouver, l'éveil aux mots... Il y a aussi ce pays, la Nouvelle-Zélande, qui l'imprègne et qui donne un ancrage réel à sa poésie. On se demande parfois si certains souvenirs ne sont pas fantasmés notamment ceux du début. Néanmoins ce dont elle se souvient prend une place plus importante que la réalité.
Je regrette de ne pas avoir pris de notes emportée dans ma lecture. De nombreux passages m'ont interpellée et j'aurais aimé les retranscrire ici. J'aurais également souhaité avoir plus de choses à dire sur le sujet tellement cette autobiographie est foisonnante. Mais bon...

Citation :

Ce n'était pas une fuite pour échapper à la tristesse que provoquait en moi l'atmosphère de la maladie à la maison ou à mon sentiment d'inexistence parce que je ne possédais pas de vêtements de tous les jours qui auraient seulement prouvé que j'étais un être humain et qu'il y avait un monde habité au-delà de la maison et de l'école ; ce n'était pas une transposition de moi-même et de ma vie dans un autre univers ; c'était simplement l'arrivée d'un autre monde dans mon univers, la littérature qui se répandait comme un flot de rubans à travers les branches d'un jeune arbre verdissant, touchant ses feuilles d'une lumière inattendue, différente de la lumière habituelle du soleil et des saisons.

Les autres tomes sont plus facilement accessibles en anglais qu'en français.

Ouais, faut pas oublier non plus que "Un ange à ma Table " a été un des premiers films de la cinéaste Néo-Zélandaise Jane Campion (palme d'or cannoise pour "la leçon de piano" et présente au festival cette année avec “Bright Star, film sur le poète Keats) Je ne sais pas s’il est facile de se procurer “Un ange à ma table” en DVD, mais j’ai eu la chance de le voir lors de sa sortie (par hasard en Suisse) et je n’ai pas regretté le déplacement, car c’est un film assez bouleversant, notamment avec cette actrice qui joue le rôle de Janet Frame, grande rousse frisée qui se prend des électrochocs à la louche et qui s’obstine à remplir des cahiers d’une écriture acharnée, c’est ce qui m’a donné envie d’acheter ses bouquins, parus dans les années 90 aux éditions Joelle Losfeld, notamment “Un été à Willowglen” et “Le jardin aveugle”, autobiographiques et fascinant de sensibilité... bien plus “vrais” que tous les pseudo-témoignages sur la dépression et autre schizophrénie-soft qui fleurissent régulièrement sur les tables encombrées des libraires en manque de sensations fortes...

LeVoyageur a écrit:

Je ne sais pas s’il est facile de se procurer “Un ange à ma table” en DVD,

Coffret Collector Jane Campion 3 DVD : Sweetie / Un ange à ma table / DVD bonus ~ Genevieve Lemon, Karen Colston, Tom Lycos, et Jon Darling (DVD - 2004)

Moon a écrit:

On se demande parfois si certains souvenirs ne sont pas fantasmés notamment ceux du début. Néanmoins ce dont elle se souvient prend une place plus importante que la réalité.

Justement, je viens de jeter (à nouveau) un coup d'oeil aux premières phrases du livre :

Citation :

From the first place of liquid darkness, within the second place of air and light, I set down the following record with its mixture of fact and truths and memories of truths and its direction always toward the Third place, where the starting point is myth.

VERS L'AUTRE ETE
Janet Frame
Traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Marie-Hélène Dumas, Joëlle Losfeld

un inédit posthume qui fait le portrait d'une femme hyper-émotive.

Janet Frame explore les thèmes du voyage, du retour, du mat du pays et de l'appartenance. Ecrit en 1963, Vers l'autre été est un texte d'une justesse exquise, précurseur et annonciateur de son autobiographie. Malgré la pression, Janet Frame n'a jamais consenti à faire paraître ce roman de son vivant, le trouvant trop "embarrassant personnellement", mais a toujours manifesté le désir d'une publication posthume.
L'éditeur.

Vers l'autre été dispense la même grâce bouleversante qu'un Ange à ma table.

On y reconnaît Frame, à peine dissimulée sous les traits de Grace Cleave, jeune écrivaine néo-zélandaise exilée à Londres au début des années 1960, tout ensemble craintive et crâne, souvent recluse dans son monde intérieur, nourrissant pour sa terre natale un sentiment mêlé de mélancolie et de répulsion.
L'écriture est limpide, les métaphores saisissantes de justesse et de beauté, et l'introspection s'insinue vers d'abyssales profondeurs.

Télérama.

Janet Frame est née en Nouvelle-Zélande en 1924. Diagnostiquée à tort schizophrène, elle est internée pendant huit ans en hôpital psychiatrique où elle subit quelque deux cents électrochocs. La littérature la sauve de justesse de la lobotomie. L'oeuvre de Janet Frame compte quinze romans, quatre recueils de nouvelles, un recueil de poèmes et un livre pour enfants. Pressentie deux fois pour le prix Nobel de littérature, Janet Frame est décédée en 2004