Putu Wijaya, télégramme, Picquier.
Procrastination, fantasmes et irrésolution.
La vie du narrateur est bouleversée par l'arrivée d'un télégramme : pourquoi le lire ? il imagine ce qu'il peut annoncer, et rêve déja aux réponses contradictoires qu'il fournira. Pour sa fille adoptive, ce sera, décide- t-il, l'arrivée de son oncle, et les voilà tous les deux à attendre un parent qui n'a même pas pris le train.
Comment en vouloir à ce rêveur-menteur qui se laisse prendre à ses rêves ? Si une tâche le presse et le rebute, il trouve des prétextes pour en différer l'exécution, voire pour l'oublier... D'autres rencontres et aventures lui occupent l'esprit, et il poursuit des dialogues avec des partenaires dont on ne sait s'ils existent ou non...
Cet ingénu-irrésolu est sympathique, et mène sa vie autrement que nous. Est-ce parce qu'il est indonésien ? sans doute que non. Cette attitude nous désarçonne. Elle engendre à la fois de la souffrance et du réconfort, assure une liberté éphémère, mais aussi des angoisses, voire des troubles psycho-somatiques.
Serions-nous donc si différents, quand hésitant sur une décision urgente à prendre, nous laissons la grande aiguille choisir pour nous :
" maintenant c'est trop tard, mais c'est bien comme ça ".