Nosaka Akiyuki - [Japon]

Il naquit en 1930, fut orphelin de mère pratiquement dès sa naissance et confié par son père à une famille d'adoption, ce qu'il n'apprendra que bien plus tard. En 1945, il vivra l'enfer des bombardements américains, qui tueront ses parents adoptifs ; il tentera de survivre en compagnie de sa petite soeur de 4 ans dans la misère et le chaos.


Cette nouvelle s'appuie largement sur cet épisode douloureux de sa vie.
Quarante-cinq pages de souffrance morale et physique, de désarroi, d'abandon. Des phrases longues d'un style souvent parlé, une sincérité sans ornement, du début à la fin on suit le parcours sans détours d'une flèche enragée qui ricoche et s'aiguise sur les pics du malheur jusqu'à ce que, privée d'épaisseur, elle devienne pure lumière.

Citation :

[...] "Elle a encore du bobo, maman ?", "Hmm, elle a été blessée dans l'bombardement", "La bague, elle la veut p'us p't-être. T'crois qu'elle m'la donne ?", il cacha la boîte aux ossements derrière un volet au-dessus de l'étagère de l'alcôve, se mettant sans raison à imaginer cette bague enfilée autour des os blancs, [...]

Un magnifique dessin animé, le Tombeau des lucioles, vit le jour vingt ans après la nouvelle.

Nosaka Akiyuki :  « la vigne des mortes sur le col des dieux décharnés »

La cérémonie d’inauguration d’une nouvelle source d’eau pour une ville en pleine expansion économique est l’occasion d’évoquer le passé de la mine Kazara et de ses premiers propriétaires.

Dureté du travail, étrangeté des personnages et tout spécialement d’une jeune fille sensible aux fleurs blanches d’une vigne des morts, ainsi appelée car elle se nourrit du sang des victimes de la mine de charbon.

La famille kazuro est hantée par le sexe et les relations incestueuses ; la beauté et l’horreur se côtoient dans les visions et dans la réalité.

L’histoire de la mine et des personnages retentit des turbulences des guerres mondiales et des calamités naturelles. Pour nourrir la vigne, il faut des cadavres, la population s’accroche a son site dans une frénésie de reproduction.

Récit sobre et fantastique ; l’insoutenable apparaît comme l’ordinaire quotidien d’un lieu maudit qui n’en finit pas de livrer des secrets.

« La petite marchande d’allumettes. »

Elle se livre en toute innocence à ceux qui abusent d’elle, et dans chaque amant de passage elle croit retrouver le père jamais connu. On vit la descente aux enfers d’une âme désemparée. Cette nouvelle de 30 pages est impitoyable.

Nosaka Akiyuki est l’auteur du célèbre « tombeau des lucioles »

Akiyuki Nosaka, la tombe des lucioles, Editions Picquier Unesco.

Deux orphelins de guerre dans le grand embrasement.

Citation :

"Odeur de brûlé, vacarme des incendies qui, porté par le vent semblait tout proche, fracas des bombes déferlant de loin en loin vers l'ouest : la terreur s'emparait par instants du frère et de la soeur blottis l'un contre l'autre".

Seita porte sur son dos Setsuko, sa petite soeur, qu'il essaie de nourrir et de soigner. Ensemble, ils regardent voler les lucioles, taches lumineuses dans un monde que les B29 plongent dans la tragédie. Inutile de compter sur les adultes, ou il sont morts, ou leur égoïsme ajoute a la detresse des enfants.

La mise en page des Editions Picquier est ingrate, et pour ce récit il faudrait une lecture à voix haute qui fasse alterner les visions du monde des adultes et les réflexions des enfants.

En film, :"Le Tombeau des lucioles" est l'adaptation de la nouvelle éponyme de l'écrivain Akiyuki Nosaka, tiré d'un récit en partie autobiographique d'une enfance orpheline dans un Japon bombardé de 1945, porté à l'écran par une célébrité de l'animation, Isao Takahata.

Ici, Takahata porte un regard sur la guerre, sur les bombes yankees qui ont tué , mais aussi sur la souffrance des deux enfants victimes du patriotisme fanatique des Japonais, de leur égoïsme, de leur manque de solidarité et de leur orgueil. Mais ce film, c'est aussi des milliers de petits bonheurs, le jeu des enfants avec les lucioles, le chant des grenouilles, les derniers bonbons collés au dos du couvercle.

Un film émouvant et très beau.

Voici deux url qui en montrent quelques images !
moi aussi Utopie, j'adore ces belles images, mais on pleure à chaudes larmes.
http://membres.multimania.fr/fierrots/ghibli/Tombeaudeslucioles.html
http://www.asiepassion.com/manga/tombeau_lucioles/

rotko a écrit:

moi aussi j'adore ces belles images, mais on pleure à chaudes larmes.

Oh la la oui... :cry:

Je rejoins les avis précédents concernant le dessin animé « Le Tombeau des lucioles » d’Isao Takahata, qui est effectivement de très grande qualité !

Concernant Nosaka Akiyuki, j’ai lu ses 2 romans traduit en français : « Les Embaumeurs » et « Les Pornographes ».
Ce dernier est son premier roman (écrit en 1963) et se situe dans l’immédiat après-guerre.
Des « humanistes » deviennent des missionnaires du sexe pour le bien de l’humanité !
Enjoué et insolent en disait Yukio Mishima ; on peut dire qu’effectivement les tabous de la société japonaise de l’époque en prennent pour leur grade et dans la bonne humeur…mais plus que cela il nous montre les futures valeurs de la société japonaise : plaisir facile, rapide et matérialisme…

On l'a regardé ce soir, les enfants et moi. Aïe aïe, oui on pleure à chaudes larmes, à tout âge.

Florent (6 ans) : "Maman, je pense que le Père Noël s'est trompé ... c'est trop triste comme cadeau"

Il a raison, je crois.

Certes il y a l'emotion, mais pas une émotion facile !


Trop souvent elle est obtenue ou cherchée avec des moyens contestables et on a honte de s'être fait avoir.

Ici, on est en même temps saisi d'admiration devant la qualité des images et des séquences.

C'est bon.