Natsuki Ikezawa - [Japon]

Natsuki Ikezawa, les singes bleus, chez Actes Sud.


La fascination des volcans

Yoriko est une jeune vulcanologue à qui un ami publicitaire propose de collaborer au projet Shéhérazade : Il s’agit de glaner des histoires pour les redistribuer au public.
Un coup de déprime ? Vous téléphonez à un numéro : on vous raconte une histoire, qui vous détend, ou vous aide à voir clair en vous. Yokiro fournirait bien entendu des histoires vécues de volcan, éruptions et autres aventures.

Ce début est original : on entre de plain pied dans la vie de Yoriko, chercheuse et universitaire : ses cours, ses expéditions, ses relations, on écoute des témoignages.

Bizarre quand même les motivations de ce publicitaire. Ne lisez pas la quatrième de couverture, elle en dit trop et propose une vision réductrice de l’histoire.

Le choix du titre tiré d’une anecdote n’est pas évident et on peut s’interroger sur le fin du récit. Mais l’intérêt ne se dément pas J’ai eu beaucoup de plaisir à lire les singes bleus où le plaisir d’écouter de histoires témoigne et éclaire sur la fascination des volcans. Yokiro elle-même en est transformée.

Au passage, un aperçu de la vieille éducation japonaise où la tendresse n' était pas la vertu dominante

Citation :

En voyant la nounou qui m‘aimait bien s’apprêter à m’apporter une bouillotte par une nuit d’hiver, mon grand père la lui a arrachée de mains pour la frapper avec en l’accusant d’être trop gentille avec moi. C’était une petite vieille, la pauvre il lui a cassé une côte[…]

Dès quatre heures du matin il s’entraînait au sabre de bois. Quand il avait fini, il réveillait toute la maison à coups de gong, et c’était la gymnastique radiophonique.

Je ne trouve pas le titre les singes nus ? mais j'ai trouvé les singes bleus.

les singes bleus

Effectivement j'ai fait une erreur dans le titre, que j'ai rectifié.
En revanche je ne m'etais pas trompé dans la deuxieme mention. C'est un livre dont la fin pourrait donner lieu à un échange, à condition de prévenir les autres qu'ils ne doivent pas la lire - sauf s'ils sont demandeurs bien sûr.

cliquer pour voir en grand le titre : les singes bleus

Merci pour cette présentation, ça a l'air intéressant et original !
Et hop, je le marque sur ma liste de à-lire, qui s'est bien allongée depuis que je fréquente GDS* ...

Le singe nu , de Desmond Morris c'est un des plus connus ouvrages d'éthologie (l'étude du comportement animal, ici appliquée à l'homme)

La vie immobile, chez Picquier, un recueil de nouvelles, 2 en fait, est ce que quelqu'un connaît ce titre ? je l'ai sous la main.

Non mais tu connais mes goûts alors à suivre ...

J'ai omis dans ma liste ici :

Les singes bleus par Natsuki Ikezawa

je guette l'occasion depuis plusieurs mois !
Je me demande si ce n'est pas toi qui en a parlé d'ailleurs, je vais relire ce fil ...

La vie immobile, de Natsuki Ikezawa, chez Picquier.

Cette nouvelle de 67 pages a obtenu en 1987 le prix Chûo-Kôron et le prix Akutagawa.

Le narrateur travaille dans un atelier de teinturerie et il y rencontre un homme décidé à entretenir avec le travail des rapports épisodiques et distants, pour des raisons qui intriguent autant le narrateur que le lecteur.

On suit l’itinéraire de ces deux personnages, de leur rencontre initiale à leurs contacts irréguliers, puis à leur vie commune pendant 3 mois, jusqu’à leur séparation finale.

La vie immobile.

Les affirmations liminaires :

Citation :

« Il n’y a pas que le monde extérieur. Un autre monde loge en toi. Tu peux te le représenter, avec son aube immense. Et là se tient ta conscience, à la lisière de deux mondes. »

Et le conseil de l’auteur : L’idéal serait de

Citation :

« rechercher, entre ces deux mondes distants d’un pas, des échos, une harmonie »

font s’interroger :

Natsuki Ikezawa serait-il un maître à penser autoproclamé, et pour tout dire un « raseur » ?

Pas du tout !

L’histoire n’a rien d’une abstraite leçon de philosophie ou de morale, mais repose sur un récit parfaitement cohérent :

sous forme de scènes visuelles l’auteur propose des expériences personnelles de regard sur le monde, et dans l’histoire proprement dite, les rapports entre deux personnes.

A la fin du récit le narrateur sera devenu un peu cet autre qu’il ne comprenait pas.

Faut-il préférer la Séparation, l’osmose, ou l’ harmonie ?

Ce récit vous laisse choisir.

Ikezawa fuit le roman autobiographique japonais dont Oseki est l'inventeur. Dans ses romans il evoque des éxperiences eloignées de sa propre existence, mais reconnaît qu'elles renvoient malgré tout à lui-même. La fiction et donc la chose inventée, le mensonge sont donc une forme de roman autobiographique, mais non traditionnel.

Ikezawa a publié Pour un autre roman japonais chez Cécile defaut.

Titulaire du prix atukagawa en 1987 pour la vie immobile, il est maintenant dans le jury, mais a contre-coeur car il n' a pas confiance dans ses propres critères, dit-il, et qu'il n'aime pas "une littérature ossifiée dans l'establishment" (sic)

En revanche, il aime bien découvrir de jeunes talents et suivre leur evolution, comme ce fut le cas pour Hirano Keiichiro qui eut le pris akutagawa en 1999.

Tio du pacifique.
Au départ, c'est un livre pour enfant, mais quel bonheur!
Un livre très tendre dans une écriture fluide.
Tio habite une ile qui a la forme d'une papaye coupée en deux, il a 12 ans et raconte sa vie, dans l'hôtel de son père. Le retour de José des Philippines, qui cherche Maria sa première fiancée. Le départ d'Emilio, le grand ami de Tio qui retourne dans son île dévastée par un typhon.
Ce n'est pas toujours gai, les gens disparaissent, et les Dieux aussi.
Chaque chapitre raconte une histoire différente, autour d'un Atoll que visitent les touristes (beaucoup de japonais).
D'aucuns en parlent bien mieux que moi :

Citation :

Il n'est pas donné à tous les écrivains de trouver la formule d'une simplicité litéraire qui garantisse à leur récit la grâce d'une véritable universalité. Le livre d'Ikezawa remoigne d'un tel miracle minuscule. Tout contribue à une impression d'évidence enchantée : la limpidité sans défaut de la langue, la douceur espiègle de l'invention, la richesse mélancolique de la rêverie...
Philippe Forest

Voilà, c'est tout cela.

Tchipette, peux tu donner l'auteur et l'éditeur ?

L'auteur c'est...Ikezawa
Et c'est édité en picquier poche.
On pourrait en faire un livre voyageur si cela vous tente?

Ah oui, j'ai failli l'acheter ce matin mais vu le poids du panier, j'ai dû en oter plusieurs dont celui-ci ! A moins qu'il ne soit à ma biblio, mais je ne crois pas, je vérifierai !

Si tu en fais un livre voyageur, je m'inscris

Nos "conteuses" de la BM recherchent des livres pour leurs "heures du conte"...

Tchipette a écrit:

L'auteur c'est...Ikezawa
Et c'est édité en picquier poche.
On pourrait en faire un livre voyageur si cela vous tente?

Intéressée aussi !

Je ne sais pas si c'est un livre pour enfant, mais quel plaisir ce livre, poésie et imaginaire à la croisée des pages, un vrai trésor, un grand merci pour cette bouffée d'air Tchipette !

Comme tu disais : quel bonheur !!!

Ikezawa a publié un titre : des os de corail, des yeux de perle

Sur Tio du pacifique Philippe Forest vante "la simplicité littéraire qui garantit au récit la grâce d'une véritable universalité". [...]

Il aime

la limpidité sans défaut de la langue , la douceur espiègle de l'invention, la richesse mélancolique de la rêverie ;

Il estime qu' Ikezawa dans une île qui se souvient de Stevenson et de James Barrie fait cadeau au lecteur de perpétuelles et enfantines vacances sous le soleil et dans le vent.

In la beauté du contresens aux éditions Cécile Défaut.

Tio du Pacifique se lit tout seul, et est tellement rafraichissant.
J'ai beaucoup aimé l'histoire des cartes postales : une part de mystère et d'imaginaire fort agréables ma foi.