Miura Kiyohiro - [Japon]

Je veux devenir moine zen ! de Miura Kiyohiro ~ Editions Picquier



Lorsqu'un enfant de 8 ans annonce à ses parents qu'il veut devenir moine, ceux-ci ne le prennent pas vraiment au sérieux. Le père qui a vécu 10 ans aux Etats-Unis va tous les dimanches dans un temple pour des séances de zazen, son fils, Ryôta, l'accompagne avec plaisir et intérêt.

Devenant adolescent, Ryôta fait pas mal de bêtises et ses études s'en ressentent, il continue malgré tout à participer aux séances de méditation. Les parents choisissent de l'orienter vers une école privée, voire religieuse pense le père, se rappelant le désir de son fils, jeune, de devenir moine zen.

Tu parcours les romans japonais comme si tu arpentais l'archipel bravo
ce serait le seul roman de Kiyohiro traduit en français, et prix akutagawa en 1988.

Oui Rotko et j'y prends beaucoup de plaisir dans toutes ces découvertes.

Je veux devenir moine zen ! de Miura Kiyohiro

Alors mon avis mitigé.

Je suis un peu perplexe sur l'histoire, pour deux raisons. Déjà la fuite vers un collège privé des parents m'attriste, elle me semble toujours une solution de facilité. Ryôta a bien émis le désir d'être moine zen mais enfant, de là à lui en reparler et lui proposer quand il est adolescent, je trouve que c'est un peu lui forcer la main, surtout qu'on a l'impression d'un transfert du désir du père de sa propre recherche identitaire.

Ce que j'ai trouvé intéressant dans ce livre, ce sont les différentes façons de réagir de la mère et du père. Cette histoire pose donc la question des rapports, des sentiments entre parents et enfants, là pour devenir moine l'enfant doit renoncer à tout, y compris ses parents, son propre nom.
Que projettent les parents sur leurs enfants ? Ce qu'ils doivent accepter, leurs renoncements aussi.

Si j'enlève mon doute sur le souhait de Ryôta de devenir moine, il est intéressant de voir ce que cela suppose du côté des parents de voir son enfant entrer dans une religion.
Dans ce livre, on découvre les sentiments des parents pas du tout de l'enfant, ce qui n'est pas dénué d'intêrêts, disons que c'est le point de vue de cette histoire.

Citation :

« Marcher, prendre le train, jouer avec un enfant, voilà le zen. Il n’y a rien dans le monde qui ne soit zen. Rien qui ne soit Koan. »

Plus qu'un livre sur le zen, je ressens une profonde réflexion sur l'éducation et sur la paternité. Le rôle du père dans la cellule familliale est déterminante et il se projette dans l'avenir de son fils. Tous ses rêves, tous ses espoirs qu'il n'a pas osé s'affranchir pendant sa jeunesse, ils essayent de les ressentir dans le destin de son fils. Sans imposer ses choix à sa progéniture, ses souhaits sont peut-être à l'origine de la vocation de son fils. Du coup, sa femme se sent trahie et rend responsable son mari pour la perte de son fils au profit d'un temple à l'abandon, d'une nonne envahissante, d'une foi puissante.

Citation :

« Le jour où mon fils m’a déclaré : « Je veux devenir moine zen ! », je suis tombé des nues. »

J'ai vu oui, il m'a semblé une rivalité entre mère et nonne.

Intéressant ton point de vue sur le père, la paternité, je n'avais pas ressenti ça ainsi

Utopie a écrit:

Intéressant ton point de vue sur le père, la paternité, je n'avais pas ressenti ça ainsi

J'avoue que la première fois que je l'avais lu, je n'avais pas ce point de vue... j'étais jeune à l'époque... et je n'avais retenu que l'enfant qui voulait devenir moine zen. A l'époque, je me projettais certainement dans son destin.

Relu quelques années après, j'ai trouvé l'importance du père plus conséquent, et son rôle dans l'éducation de son fils m'a semblé plus marquant...

Que s'est-il passé entre ces deux lectures qui ait pu perturbé ma vision du roman ? Je ne sais pas La seule différence est que je suis plus vieux... et père... du coup, peut-être me projettais-je plus dans le destin du père