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| | Boualem Sansal [Algérie] | |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Boualem Sansal [Algérie] Mer 06 Fév 2008, 06:41 | |
| Boualem Sansal, écrivain algérien de langue française, a connu le succès avec son premier roman Le serment des barbares. prix du premier roman, publié chez Folio. Dans Le village de l'Allemand, chez Gallimard, il met son écriture râpeuse et colorée au service d'une histoire violente, vouée à susciter la réflexion.Deux frères, nés de mère algérienne et de père allemand, apprennent la vérité sur leur père, dans le contexte d'une Algérie en proie à la guerre civile. Ce livre participe à la selection 2008 des étonnants voyageurs. On reparlera de l'auteur. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Lun 11 Fév 2008, 17:06 | |
| Je pensais avoir une bonne lecture avec le serment des barbares qui a eu le prix du premier roman. Malheureusement je ne suis pas enthousiaste.
On dirait que l'auteur se désinteresse de l'histoire qu'il raconte pour exercer son ironie sur le mauvais fonctionnement dans tous les domaines de l'Algérie.
Au début cette ironie amuse, mais on se lasse d'autant plus que le style me parait contraint, avec parfois des vaseuses inutiles :
"le patron époux et père, est marri"
ou
" Flattés mais inquiets, ils se départirent de leur méfiance pour s'armer d'une plus grande défiance".
On voit une recherche des "effets". L'intérêt serait la critique sociale la dénonciation d'un pouvoir, et d'une administration notoirement incompétente.
Je suis donc rebuté par le manque de fluidité du style ; les romans suivants sont peut-être meilleurs, c'est à souhaiter car on sent que l'auteur a des choses à dire et qu'il pourrait être judicieusement incisif. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Jeu 21 Fév 2008, 13:56 | |
| Dans le DVD « vivre et écrire en Algérie », Boualem Sansal évoque le tremblement de terre à Bou Merdès - mais aussi ailleurs, comme « un traumatisme dont on ne guérit pas » : 2700 morts, 15.000blessés et 50.000 sans abri.
Un événement qui indigne parce qu’il met en cause le fond de corruption et de magouilles qui a défiguré Bou Merdès avec des constructions de bâtiments qui ne répondent pas aux normes, édifiés avec de mauvais matériaux.
Pendant l’entretien, une voiture de police fait sortir les occupants de la voiture, signe d’un État policier qui contrôle tout. Boualem Sansal se sent pourtant protégé par sa notoriété, depuis le serment des barbares.
Au départ il concevait l’écriture comme un « sport intellectuel », puis sont venues les idées dites « subversives » : on écrit alors pour témoigner, pour dénoncer.
L’écrivain comme un révolté, qui ressent parfois une envie de quitter le pays pour vivre - enfin normalement. | |
| | | Seb pilier
Nombre de messages : 950 Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mar 26 Fév 2008, 22:54 | |
| Je n'ai pas lu Le serment des barbares mais j'avais lu L'enfant fou de l'arbre creux et j'avais trouvé comme toi le style un peu lourd et artificiel. Comme si l'auteur voulait démontrer sa maîtrise (indéniable) de la langue française, mais cela au prix d'une certaine emphase qui irrite quand elle est employée à mauvais escient. Le livre se passait dans un pénitencier, avec une description assez apocalyptique de la vie carcérale, mais aussi des thèmes assez intéressant sur la relation entre un Français et un Algérien. Dans ce genre-là, je pense que Rachid Mimouni maîtrisait bien plus ses moyens d'expression, comme dans l'innénarrable Tombéza. Je viens de finir Le village de l'Allemand, et justement, je trouve qu'il ne souffre plus de ce défaut et le style s'adapte en fonction du narrateur. L'éloquence est plausible dans la bouche de celui des deux frères qui a consacré des années à s'interroger sur sa vie et à chercher pour cela les mots les plus justes. C'est un livre très fort par son intrigue et par ses thèmes. J'y reviendrai peut-être, mais il faut d'abord que je laisse un peu décanter...
Seb
Dernière édition par Seb le Jeu 20 Mar 2008, 14:58, édité 1 fois | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mer 27 Fév 2008, 07:16 | |
| Ton post confirme ce que j'avais entendu dire, et il me fait plaisir car boualem Sansal a des côtés très sympathiques.
Pour la langue et son côté laborieux, je m'interroge sur le Français parlé/écrit en Algérie, soit qu'il ait été mal enseigné aux actuels auteurs, soit qu'ils se réfèrent à une langue livresque et aient constamment le souci de ne pas démériter.
C'est frappant chez yasmina Khadra dans l'ecrivain, ce qui m'avait fait porter un jugement sévère que Sphynx a habilement nuancé. | |
| | | Seb pilier
Nombre de messages : 950 Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mer 27 Fév 2008, 09:14 | |
| Oui, j'ai failli évoquer Yasmina Khadra pour dire qu'il souffrait de cette tendance lui aussi (moins dans ses derniers livres mais il y a toujours des phrases qui gênent). Justement, dans L'Ecrivain, il en parle lui-même et dit que déjà durant ses études, ses professeurs lui reprochaient de ne pas aller plus vers l'économie. A mon avis, c'est une sorte de complexe d'infériorité qui les pousse (tout du moins dans leur premières oeuvres) à en faire plus que nécessaire pour démontrer leur maîtrise de la langue et la richesse de leur vocabulaire. Pourtant d'autres écrivains algériens, comme Rachid Mimouni déjà cité, Mohamed Dib et surtout le Kateb Yacine de Nedjma ont écrit d'emblée dans un style élégant et simple. Heureusement, une fois rassurés sur leur aptitude à être publiés, ils parviennent plus ou moins à s'affranchir de ces lourdeurs - déjà nettement moins perceptibles dans Les Hirondelles de Kaboul et dans L'Attentat pour Yasmina Khadra et dans Le Village de l'Allemand pour Boualem Sansal. | |
| | | Seb pilier
Nombre de messages : 950 Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mar 04 Mar 2008, 10:36 | |
| Comme promis, je reviens sur Présentation de l'éditeur: Les narrateurs sont deux frères nés de mère algérienne et de père allemand. Ils ont été élevés par un vieil oncle immigré dans une cité de la banlieue parisienne, tandis que leurs parents restaient dans leur village d'Aïn Deb, près de Sétif. En 1994, le GIA massacre une partie de la population du bourg. Pour les deux fils, le deuil va se doubler d'une douleur bien plus atroce : la révélation de ce que fut leur père, cet Allemand qui jouissait du titre prestigieux de moudjahid... Basé sur une histoire authentique, le roman propose une réflexion véhémente et profonde, nourrie par la pensée de Primo Levi. Il relie trois épisodes à la fois dissemblables et proches : la Shoah, vue à travers le regard d'un jeune Arabe qui découvre avec horreur la réalité de l'extermination de masse ; la sale guerre des années 1990 en Algérie ; la situation des banlieues françaises, et en particulier la vie des Algériens qui s'y trouvent depuis deux générations dans un abandon croissant de la République. " A ce train, dit un personnage, parce que nos parents sont trop pieux et nos gamins trop naïfs, la cité sera bientôt une république islamique parfaitement constituée. Vous devrez alors lui faire la guerre si vous voulez seulement la contenir dans ses frontières actuelles. " Sur un sujet aussi délicat, Sansal parvient à faire entendre une voix d'une sincérité bouleversante. Mon avis :C'est un livre qui, malgré son sujet assez éprouvant, se lit très facilement, on est véritablement happé par ces trois histoires imbriquées. L'histoire est racontée par le plus jeune frère Malrich (contraction de Malik et de Ulrich) qui, à la suite du suicide de son frère Rachel (contraction de Rachid et de Helmut) et de la découverte de son journal, entame une gigantesque introspection et rédige lui aussi son propre journal. Côté style, presque plus de boursouflures, au contraire, Sansal adapte d'une manière plausible le style de chacun des journaux à la personnalité de son auteur (les deux frères n'ont pas le même niveau d'instruction). Un seul petit regret, on aurait pu se passer de l'artifice selon lequel l'ancienne institutrice de Malrich a relu pour lui les épreuves de son journal et y a corrigé les "fautes". Quoi qu'il en soit, les journaux sont crédibles et véritablement passionnants. Sur le fond, les deux frères se trouvent, tour à tour et bien malgré eux, entraînés dans une exploration cauchemardesque de la Shoah, sujet pourtant à mille lieues de leurs préoccupations et sur lequel on n'a guère l'habitude de s'étendre en Algérie ou dans les cités de banlieue françaises. Non content d'évoquer un sujet relativement tabou dans son pays, Sansal va assez loin puisqu'il compare la montée de l'islamisme à celle du nazisme, ce qui est évidemment excessif et ne manquera pas de soulever des polémiques. On peut mettre cette violence du propos sur le compte du dépit de Sansal de constater, aussi bien en Algérie qu'en France, un recul des valeurs séculières et ce qu'il considère comme une certaine démission de la République. Là où le parallèle est tout de même éclairant, c'est sur l'embrigadement progressif des esprits et le fait que les gens, d'abord sceptiques, n'osent bientôt plus protester (par peur, par lâcheté, par indifférence) devant les excès qu'ils constatent chaque jour. En tout cas, c'est un livre passionnant dont je recommande la lecture. Seb
Dernière édition par Seb le Dim 16 Mar 2008, 21:58, édité 1 fois | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mer 05 Mar 2008, 12:06 | |
| je suivrai volontiers ton conseil sur le village de l 'Allemand car le livre et ce que tu en dis m'interessent. A propos du style, c'est réconfortant de voir des auteurs qui améliorent la qualité de leurs écrits. Plutôt que de lire des auteurs contemporains qui ont du succès, il faudrait leur recommander " la litterature à l'estomac" de pierre Jourde. Je viens de l'emprunter et je vois que les "pailles" en formes de jeux de mots inutiles que je trouvais chez boualem Sansal sont vivement stigmatisées chez Begbeider avec son 99 francs. Pierre Jourde n'a pas toujours raison, mais il vise souvent juste. En tout cas il stimule | |
| | | Sphynx pilier
Nombre de messages : 350 Date d'inscription : 08/01/2008
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Ven 07 Mar 2008, 09:47 | |
| Le style de Boualem Sansal me fait décrocher dès les premières lignes, mais je l'ai écouté avec intérêt parler à la radio de son dernier roman, Le village de l'Allemand. L'entretien commence à la quarantième minute de l'émission. | |
| | | Seb pilier
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| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Ven 07 Mar 2008, 15:30 | |
| Salut Sphynx, Merci pour ce lien, passionnante interview en effet. Quant à - Sphynx a écrit:
- Le style de Boualem Sansal me fait décrocher dès les premières lignes,
Allons-y voir (première lignes du Village de l'Allemand) : - Spoiler:
Cela fait six mois que Rachel est mort. Il avait trente-trois ans. Un jour, il y a deux années de cela, un truc s'est cassé dans sa tête, il s'est mis à courir entre la France, l'Algérie, l'Allemagne, l'Autriche, la Pologne, la Turquie, l'Égypte. Entre deux voyages, il lisait, il ruminait dans son coin, il écrivait, il délirait. Il a perdu la santé. Puis son travail. Puis la raison. Ophélie l'a quitté. Un soir, il s'est suicidé. C'était le 24 avril de cette année 1996, aux alentours de 23 heures. Je ne savais rien de ses problèmes. J'étais jeune, j'avais dix-sept ans quand ce quelque chose s'est cassé dans sa tête, j'étais sur la mauvaise pente. Rachel, je le voyais peu, je l'évitais, il me pompait avec son prêchi-prêcha. Je regrette de le dire, c'est mon frère, mais bon citoyen à ce point, ça te met la panique. Il avait sa vie, j'avais la mienne. Il était cadre dans une grosse boîte américaine, il avait sa nana, son pavillon, sa bagnole, sa carte de crédit, ses heures étaient minutées, moi je ramais H24 avec les sinistrés de la cité. Elle est classée ZUS-1, zone urbaine sensible de première catégorie. Pas de répit, on sort d'un crash, on tombe dans l'autre. Un matin, Ophélie a téléphoné pour nous annoncer le drame. Elle était passée au pavillon prendre des nouvelles de son ex. Je pressentais quelque chose, a-t-elle dit. J'ai sauté sur la mob de Momo, le fils du boucher halal, et j'ai foncé. Il y avait du peuple devant le pavillon, la police, le SAMU, les voisins, les curieux. Rachel était dans le garage, assis par terre, dos contre le mur, jambes allongées, le menton sur la poitrine, la bouche ouverte. On aurait dit qu'il roupillait. Son visage était couvert de suie. Toute la nuit, il a baigné dans les gaz d'échappement de sa tire. Il portait un drôle de pyjama, un pyjama rayé que je ne lui connaissais pas et il avait la tête rasée comme au bagne, tout de travers. Que c'est bizarre. J'ai encaissé sans broncher. Je ne réalisais pas encore. Le toubib m'a dit : C'est ton frère ? J'ai dit : Oui. Il a dit : C'est tout l'effet que ça te fait ? J'ai haussé les épaules et je suis passé au salon. Ophélie était avec Com'Dad, le commissaire du quartier. Elle pleurait. Il prenait des notes. Quand il m'a vu, il a dit : Approche un peu ! Il m'a posé des questions. J'ai répondu que je ne savais rien. C'est vrai, Rachel, je ne le voyais pas. Je me doutais qu'il couvait quelque chose mais je me disais : Il a ses couilles, j'ai les miennes. C'est triste à dire mais c'est ainsi, le suicide est chose courante dans la cité, on est surpris un moment, on reste renfrogné un jour ou deux et, une semaine plus tard, on n'y pense plus. On se dit : C'est la vie, et on continue son chemin. Là, il s'agissait de mon frère, mon frère aîné, je devais comprendre.
Personnellement, ça m'a fait accrocher plutôt que décrocher... Seb | |
| | | Sphynx pilier
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| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mar 11 Mar 2008, 10:22 | |
| Merci pour l'extrait, Sebhomme.
Aucun commentaire ne me vient à l'esprit, sinon que ça ne m'accroche pas spécialement, ces phrases courtes "style oral". Oui, bon, d'accord, c'est le langage du personnage, qui ne fera que des phrases simples et courtes puisqu'il vit dans la té-ci classée" ZUS-1, zone urbaine sensible de première catégorie". Mais quand même.
Quand je parlais du style qui me fait décrocher dès les premières lignes, c'est plutôt ça: "Il est des lieux qui font du temps un chemin de calvaire sans retour. Quand l'hôpital éjecte ses visiteurs à l'heure où l'ombre se fait plus grande que la proie, quand les femmes bleues se traînenet de salle en salle pour livrer la pâtée hygiénique, lorsque brusquement le cri du muezzin étreint la ville, l'orée fatale est là, devant les malades. Il y a l'espoir d'une guérison possible pour se dire que la peine est l'amie des patients et s'endormir avec un à-valoir sur des lendemains rayonnants." [...] Le bruit des clés, manipulées par des machines ambulantes aphasiques, ruisselantes de dures pensées, ne laisse place à rien de prometteur. [...]
C'est le début de L'enfant fou de l'arbre creux. Je ne dis pas que c'est mal écrit, mais moi, je ne peux pas lire ça. J'ai le livre sous le nez, et je n'ai pas tourné la première page, qui s'achève sur ( "les bourrasques méphitiques d'une journée absurde courent les couloirs...")
Je vais tenter Le village de l'allemand parce que le sujet m'intéresse, et que j'ai de l'estime pour les écrivains qui prennent des risques en traitant de tels sujets. | |
| | | Seb pilier
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| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mar 11 Mar 2008, 10:27 | |
| - Sphynx a écrit:
- Merci pour l'extrait, Sebhomme.
Aucun commentaire ne me vient à l'esprit, sinon que ça ne m'accroche pas spécialement, ces phrases courtes "style oral". Oui, bon, d'accord, c'est le langage du personnage, qui ne fera que des phrases simples et courtes puisqu'il vit dans la té-ci classée" ZUS-1, zone urbaine sensible de première catégorie". Mais quand même. Là, question de goût, je peux rien dire. - Citation :
- Quand je parlais du style qui me fait décrocher dès les premières lignes, c'est plutôt ça:
- Spoiler:
"Il est des lieux qui font du temps un chemin de calvaire sans retour. Quand l'hôpital éjecte ses visiteurs à l'heure où l'ombre se fait plus grande que la proie, quand les femmes bleues se traînenet de salle en salle pour livrer la pâtée hygiénique, lorsque brusquement le cri du muezzin étreint la ville, l'orée fatale est là, devant les malades. Il y a l'espoir d'une guérison possible pour se dire que la peine est l'amie des patients et s'endormir avec un à-valoir sur des lendemains rayonnants." [...] Le bruit des clés, manipulées par des machines ambulantes aphasiques, ruisselantes de dures pensées, ne laisse place à rien de prometteur. [...] C'est le début de L'enfant fou de l'arbre creux. Je ne dis pas que c'est mal écrit, mais moi, je ne peux pas lire ça. J'ai le livre sous le nez, et je n'ai pas tourné la première page, qui s'achève sur ( "les bourrasques méphitiques d'une journée absurde courent les couloirs...") Alors là, je ne peux pas être plus d'accord, d'ailleurs je l'avais indiqué je crois. Et c'est vrai que quand arrivent les bourrasques méphitiques, on a envie de leur laisser le bouquin pour qu'elles l'emportent loin, très loin... Seb | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Ven 14 Mar 2008, 06:46 | |
| En tout cas, boualem sansal n'a pas sa langue dans sa poche. - Citation :
- Mon livre [le village de l'Allemand] a suscité des réactions très violentes en Algérie notamment. On a considéré que je portais atteinte à la dignité du pays en mêlant un abominable SS, un criminel de guerre, à sa glorieuse lutte de libération.
On a aussi ressenti comme une injure le fait que je dénonce le racisme et l'antisémitisme qui sévissent dans beaucoup de pays arabes et musulmans.
On a enfin pensé qu'en parlant de la Shoah, je cherchais à minimiser les crimes commis par le colonialisme français en Algérie. Bref, on m'accuse de tout, au lieu de réfléchir aux questions que soulèvent mon livre . rue 89 et la totalité de l'entretien. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Sam 15 Mar 2008, 06:17 | |
| Le Grand Prix RTL-Lire 2008 a été décerné à "Le village de l'Allemand" de Boualem Sansal, publié chez Gallimard.
Cinq romans avaient été sélectionnés.
"Beau rôle" de Nicolas Fargues, "La délégation norvégienne" de Hugo Boris, Journal de Hélène Berr, "Vie et mort d'Edith Stein" de Yann Moix. | |
| | | Sphynx pilier
Nombre de messages : 350 Date d'inscription : 08/01/2008
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mer 09 Avr 2008, 10:05 | |
| Je l'ai lu. D'accord en ce qui concerne l'écriture de B.S: elle a changé, le style s'est fluidifié, il y a moins de dorures, de recherches d'effets.
Ce livre est intéressant par les questions qu'il soulève, et courageux quand on sait les réactions qu'entraîne ce genre de questionnement.
Par contre, je ne trouve pas que ce soir un excellent roman. Même si l'histoire est vraie, ou en partie vraie, je ne ressens pas les personnages comme des personnes, j'ai toujours l'impression d'être, justement, dans un roman. | |
| | | Seb pilier
Nombre de messages : 950 Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mer 09 Avr 2008, 12:22 | |
| - Sphynx a écrit:
- Par contre, je ne trouve pas que ce soir un excellent roman. Même si l'histoire est vraie, ou en partie vraie, je ne ressens pas les personnages comme des personnes, j'ai toujours l'impression d'être, justement, dans un roman.
tu veux dire que les personnages manquent un peu de chair? Je n'ai pas ressenti ça, tout au moins pour les deux frères, mais c'est très subjectif évidemment... il est vrai que l'un d'eux cherche la réponse à ses questionnements dans les livres. | |
| | | katie Animation
Nombre de messages : 1264 Age : 64 Localisation : .... dans mes montagnes .... Date d'inscription : 08/02/2008
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Ven 09 Mai 2008, 18:35 | |
| Boualem Sansal pour son livre "Le village de l'Allemand" a été récompensé du Grand prix du roman, attribué par la Société des Gens de Lettres. | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Boualem Sansal : Le Village de l'Allemand Mar 27 Mai 2008, 08:19 | |
| Les narrateurs sont deux frères nés de mère algérienne et de père allemand. Ils ont été élevés par un vieil oncle immigré dans une cité de la banlieue parisienne, tandis que leurs parents restaient dans leur village d'Aïn Deb, près de Sétif. En 1994, le GIA massacre une partie de la population du bourg. Pour les deux fils, le deuil va se doubler d'une douleur bien plus atroce : la révélation de ce que fut leur père, cet Allemand qui jouissait du titre prestigieux de moudjahid... Basé sur une histoire authentique, le roman propose une réflexion véhémente et profonde, nourrie par la pensée de Primo Levi. Il relie trois épisodes à la fois dissemblables et proches : la Shoah, vue à travers le regard d'un jeune Arabe qui découvre avec horreur la réalité de l'extermination de masse ; la sale guerre des années 1990 en Algérie ; la situation des banlieues françaises, et en particulier la vie des Algériens qui s'y trouvent depuis deux générations dans un abandon croissant de la République. " A ce train, dit un personnage, parce que nos parents sont trop pieux et nos gamins trop naïfs, la cité sera bientôt une république islamique parfaitement constituée. Vous devrez alors lui faire la guerre si vous voulez seulement la contenir dans ses frontières actuelles. " Sur un sujet aussi délicat, Sansal parvient à faire entendre une voix d'une sincérité bouleversante. Biographie de l'auteur : Né en 1949, Boualem Sansal vit à Boumerdès, près d'Alger. Depuis son premier livre, Le serment des barbares, il est considéré comme l'un des écrivains algériens les plus importants. Le village de l'Allemand est son cinquième roman. Article de presse : Il existe des auteurs qui méritent de vrais lecteurs, des lecteurs qui méritent qu'on écrive pour eux, y compris ceux qui ne lisent pas, y compris ceux qui sont juste occupés avec le tracas de la vie et n'ont jamais une seconde pour parcourir une page. Ces auteurs et ces lecteurs-là peuvent ne jamais se rencontrer mais ce n'est pas grave, la possibilité existe. Si les vrais auteurs ont tous un peu de Sisyphe, Boualem Sansal n'est pas loin d'en incarner le mythe. A l'occasion de la mort de leurs parents massacrés par le GIA près de Sétif en 1994, deux frères, Malrich et Rachel Schiller qui ont été élevés en France par un oncle immigré, découvrent que leur père, un Allemand converti à l'islam, marié à une Algérienne, était un bourreau nazi qui a mis ses compétences au service du FLN. Rachel est ingénieur, plus qu'intégré, marié à Ophélie. Et, le nom de sa femme le dit, il est un nouvel Hamlet, un qui va enquêter sur le passé de son père, partir sur les traces de la vieille barbarie et découvrir qu'il y a bien quelque chose de pourri dans beaucoup de royaumes, que les fascismes sont encore à l'œuvre. Et il va ressentir la nécessité de racheter cela, d'assumer la part d'ombre de l'humanité. Malrich, petit zonard en voie de réinsertion par la mécanique auto, parvient au même niveau de conscience en jetant un regard lucide sur sa banlieue. Et lui aussi décide de se battre, même si, peut-être, c'est perdu d'avance. Les journaux croisés des deux frères nous disent, au ras du quotidien, à hauteur de petits destins, à la fois notre innocence à tous et nos complicités tacites avec les crimes commis au nom des idéologies. Regulus est ce général romain, capturé par les Carthaginois, envoyé à Rome pour négocier la paix, avec promesse de revenir, et qui a conseillé au Sénat de poursuivre la guerre. A la suite de quoi il est retourné se faire torturer à Carthage, honorant sa parole. Tu es un requin, Boualem. Il faut plus que du courage pour publier un roman qui opère un rapprochement entre les intégrismes islamistes – l'international, celui du terrorisme, et le petit, celui du noyautage des cités –, et retourner ensuite chez toi, près d'Alger. - MICHEL QUINT (ÉCRIVAIN), Texte recueilli par Jacqueline Artus http://bibliobs.nouvelobs.com/romans Note : Dès la première page, j'ai su que je lisais un roman exceptionnel... arrivé à mi-roman, j'en suis totalement persuadée... | |
| | | Seb pilier
Nombre de messages : 950 Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mar 27 Mai 2008, 22:34 | |
| - mazel a écrit:
- Dès la première page, j'ai su que je lisais un roman exceptionnel... arrivé à mi-roman, j'en suis totalement persuadée...
Merci Mazel, n'hésite pas à revenir quand tu auras fin ta lecture pour nous dire comment tu as trouvé le caractère des deux frères, leur façon de s'exprimer, etc. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Jeu 19 Fév 2009, 18:44 | |
| En lisant Nedjma, je pensais à boualem Sansal et à deux livres qu'il faudrait bien qu'on lise
Poste restante : Alger, Lettre de colère et d'espoir à mes compatriotes, Gallimard. Folio 4702.
Celui-ci car il met les pieds dans le plat et dit ce qu'il a sur le coeur, comme beaucoup de ses compatriotes.
Petit éloge de la mémoire. Quatre mille et une années de nostalgie, Gallimard. Folio n°4486.
Celui-là parce qu'il évoque une identité pour un peuple qui la cherche, à travers une histoire mouvementée dont nous ne sommes pas toujours conscients ; un livre qui devrait plaire à qui cherche ses origines. | |
| | | Nymphéa pilier
Nombre de messages : 1480 Age : 70 Localisation : Nord Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Jeu 19 Fév 2009, 20:06 | |
| J'avais eu quelques difficultés aussi avec Le serment des barbares. Par contre j'ai énormément apprécié Harraga. La rencontre de deux femmes d'âges différents et de mentalités opposées, les difficultés sociétales de la jeunesse algérienne de nos jours, l'immigration. Un livre profond et dense, de bonnes questions, une belle histoire de relations. | |
| | | cindymine habitué(e)
Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 21/02/2009
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Sam 21 Fév 2009, 21:58 | |
| A ce propos, j'ai trouvé un article qui fait un incroyable rapprochement entre la découverte des traces d'un ancien nazi qui s'était réfugié pendant des années au Caire et l'histoire développée dans Le village de l'allemand!
http://www.mediaterranee.com/Rubriques-generales/Culture/Le-village-de-l-Allemand-etait-au-Caire.html
Egalement un parcours des romans de Rachid Mimouni pour l anniversaire de sa mort dans la meme rubrique | |
| | | Solweig pilier
Nombre de messages : 477 Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Sam 21 Fév 2009, 23:02 | |
| J'ai trouvé quelques extraits sur la toile de Poste restante, Alger etc et ce livre m'a l'air bien intéressant. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Dim 22 Fév 2009, 07:11 | |
| Si tu pouvais les retrouver ces extraits ou en donner la piste, ce serait bien. Voici ce qu'en dit jerôme garcin - Citation :
- Que dit donc de si scandaleux Boualem Sansal ?
Que l'appropriation par le FLN de la guerre de libération relève du «hold-up du siècle». Que sévit en Algérie «une dictature policière, bureaucratique et bigote». Que le discours officiel est fondé sur des dogmes mensongers.
Que le peuple algérien, à majorité berbère, n'est arabe qu'à 16%. Que l'islam est, par essence, miséricordieux, fraternel, pacifique. Qu'il convient de distinguer la religion de la citoyenneté.
Qu'au lieu d'exiger de la France une repentance, mieux vaudrait considérer que la nation algérienne est née avec la colonisation comme la Gaule s'est soudée sous les coups de bélier de Jules César.
Et que, si l'Algérie a «un goût de paradis», où se croisent l'Orient, l'Occident et l'Afrique, elle le doit au hammam des Romains, à la cuisine des Turcs, à la musique andalouse des juifs, à l'art équestre des Arabes, à l'amour de la littérature des Français cette lettre est-elle toujours censurée en Algérie ? puisque le livre est chez folio, il doit bien circuler... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Boualem Sansal [Algérie] Mar 31 Mar 2009, 05:26 | |
| Boualem Sansal publie dans le Monde un article courageux, un véritable "j'accuse" à propos de l'election présidentielle du 9 avril en Algérie, "pays du mal vivre". - Citation :
- Oui, c'est ça, l'Algérie, Algeria ! Ce pays lointain où il fait si mal vivre ! Mais les souvenirs forcés comme les cadavres qui remontent à la surface, on sait ce que c'est, ils ne disent pas tout. Qui sont ces cadavres putréfiés que dégorgent des charniers de hasard ? Qui sont ces cadavres déchiquetés que Mare Nostrum charrie d'une rive à l'autre comme des déchets industriels, et ces squelettes qui tombent des placards, qui sont-ils, qui les a mis là, pourquoi, quand, comment ?
Et ces pauvres gens qui hurlent dans les caves, qui sont-ils, qu'ont-ils fait ? Car enfin, mal vivre, c'est cela que ça veut dire, des gens qui meurent comme des chiens, et des gens qui les pleurent en cachette, et des gens qui dépérissent à force de vomir. C'est croiser chaque jour dans son quartier ses tortionnaires et les assassins de ses amis et devoir les saluer, ou baisser les yeux pour ne pas les blesser conformément à la loi de Réconciliation nationale. C'est faire semblant de rien et passer sa route.
Mal vivre, c'est ça, avoir honte de soi, de son pays et de l'humanité. C'est ce pays que M. Bouteflika gouverne depuis l'indépendance, comme second couteau de 1962 à 1979, homme de l'ombre de 1980 à 1998, et comme un roi gâteux de 1999 à ce jour, et entend le gouverner jusqu'à sa mort.
On aimerait pouvoir lui demander pourquoi il y a tant de criminels dans son royaume, protégés par la loi, et tant de miséreux et de persécutés qui rasent les murs. Parce que l'affaire est de retour dans l'actualité, je lui demanderais bien ce qu'il compte faire de l'assassin de Me Ali André Mécili, compagnon de M. Aït-Ahmed, abattu de trois balles dans la tête à Paris en avril 1987 ? tout l'article. | |
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