Red rubber: Le roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire
Documentaire de Peter Bate (France/Grande-Bretagne/Belgique, 2004). 90 mn.
Un bandeau de roulant signalait que ce documentaire avait soulevé de vives polémiques en Belgique. On le conçoit bien. On sait que le regard sur la colonisation soulève les passions, et ce film était un violent réquisitoire.
Qu’en penser ? Devant les photos d’hommes mutilés - ces mains droites coupées, ces femmes encordées ( ie liées les unes aux autres par le cou) et prises en otage pour que leurs maris produisent la quantité attendue de caoutchouc, ces villages brûlés, on est saisi d ’horreur.
Ne se laisse-t-on pas manipuler ? Hélas, les lettres mêmes de Léopold 2 et de ses gouverneurs apportent des confirmations à leurs détracteurs. Qui sont-ils ? des journalistes anglais d’investigation, des commissions d’enquête britanniques, des missionnaires épouvantés par ce qu’ils découvrent. La vision de ces photos et l’écoute des documents rappelle qu’on est loin d’avoir fait le tour d’horizon nécessaire sur le phénomène colonial, ici lié à celui de l’esclavage et du travail forcé.
Il en a fallu de mensonges pour cacher les objectifs et les réalités du colonialisme, dans tous les pays qui l’ont pratiqué. Il a fallu aussi du courage à ceux qui l’ont dénoncé, et le film rendait hommage à des gens comme Morel, bien moins connus que les sinistres Stanley et Léopold.
Ce « voyage au Congo » - je n’ai pas lu celui d’André Gide qui avait lancé un cri d’indignation et d’alarme, était bien avec ce film la descente aux enfers qu’avait décrite Joseph Conrad (« Au cœur des ténèbres »).