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| | Anna de Noailles | |
| | Auteur | Message |
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rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Anna de Noailles Mar 20 Mar 2007, 05:57 | |
| Je m'appuierai si bien et si fort à la vie, D'une si rude étreinte et d'un tel serrement Qu'avant que la douceur du jour me soit ravie Elle s'échauffera de mon enlacement. La mer, abondamment sur le monde étalée, Gardera dans la route errante de son eau Le goût de ma douleur qui est âcre et salée Et sur les jours mouvants roule comme un bateau. Je laisserai de moi dans le pli des collines La chaleur de mes yeux qui les ont vu fleurir Et la cigale assise aux branches de l'épine Fera crier le cri strident de mon désir. Dans les champs printaniers la verdure nouvelle Et le gazon touffu sur les bords des fossés Sentiront palpiter et fuir comme des ailes Les ombres de mes mains qui les ont tant pressés. La nature qui fut ma joie et mon domaine Respirera dans l'air ma persistante odeur Et sur l'abattement de la tristesse humaine Je laisserai la forme unique de mon coeur. Anna de Noailles Ecouter l'extrait chanté par Angelique Ionatos | |
| | | Andree habitué(e)
Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 12/08/2010
| Sujet: Re: Anna de Noailles Lun 13 Sep 2010, 10:42 | |
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| | | Andree habitué(e)
Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 12/08/2010
| Sujet: Re: Anna de Noailles Lun 13 Sep 2010, 10:49 | |
| La vie profonde Anna de NOAILLES
Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain, Étendre ses désirs comme un profond feuillage, Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage, La sève universelle affluer dans ses mains !
Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face, Boire le sel ardent des embruns et des pleurs, Et goûter chaudement la joie et la douleur Qui font une buée humaine dans l'espace !
Sentir, dans son coeur vif, l'air, le feu et le sang Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre. - S'élever au réel et pencher au mystère, Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.
Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise, Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l'eau, Et comme l'aube claire appuyée au coteau Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise... | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: poèsie ininterrompue Lun 21 Mar 2011, 22:12 | |
| Songe d'amour.
Recueil : Poème de l'amour, 1924.
Je ne t'aime pas pour que ton esprit Puisse être autrement que tu ne peux être Ton songe distrait jamais ne pénètre Mon cœur anxieux, dolent et surpris.
Ne t'inquiète pas de mon hébétude, De ces chocs profonds, de ma demi-mort; J'ai nourri mes yeux de tes attitudes, Mon œil a si bien mesuré ton corps,
Que s'il me fallait mourir de toi-même, Défaillir un jour par excès de toi, Je croirais dormir du sommeil suprême Dans ton bras, fermé sur mon être étroit
Anna de Noailles
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| | | Arundathi pilier
Nombre de messages : 449 Age : 77 Localisation : Evian Date d'inscription : 17/04/2011
| Sujet: Anna de Noailles Mar 19 Avr 2011, 16:24 | |
| "D’origine gréco-roumaine, Anna de Noailles est née à Paris, où elle vécut de 1876 jusqu’à sa mort, en 1933. À partir de son premier recueil, Le Coeur innombrable (1901), couronné par l’Académie Française, Noailles composa neuf recueils de poèmes, trois romans (dont le savoureux Visage émerveillé, en 1904), un livre combinant histoires courtes et méditations sur les relations hommes-femmes (Les Innocentes, ou La Sagesse des femmes, 1923), un recueil de proses poétiques (Exactitudes, 1930), et une autobiographie couvrant son enfance et son adolescence (Le Livre de ma vie, 1932).
Anna de Noailles fut la seule femme poète de son temps à recevoir les plus hautes distinctions publiques. En dépit de l’oubli partiel auquel elle fut soumise après sa mort, des jugements critiques ultérieurs confirment que cette reconnaissance était méritée. Reflétant la situation de Noailles entre romantisme et modernisme, un écart entre forme et contenu caractérise sa poésie où des concepts et des images dynamiques s’efforcent de dissoudre une structure qui reste largement classique.
En s’engageant dans un dialogue avec son héritage littéraire français tout en trouvant une source d’inspiration dans le paganisme grec et dans la pensée radicale de Nietzsche, Anna de Noailles est parvenue à construire une vision poétique originale. Son oeuvre peut être décrite en termes dionysiens – extatique, sensuelle, érotique, ludique, quelquefois violente, et toujours marquée par un courant tragique qui devient plus manifeste vers la fin de sa vie."
Si je me permets de rappeler qui fut Anna de Noailles, c'est que, j'ai entrepris un portrait à l'huile de cette éblouissante poétesse que j'apprécie infiniment ... Avec ses amis, dont Proust (pour n'en citer qu'un !... ) elle aimait à se retrouver durant l'été non loin du lieu ou je vis actuellement ...
Un lien : http://lefildarchal.over-blog.fr/article-anna-de-noailles-l-eblouissante-1-45426492.html
Le jardin et la maison
Voici l'heure où le pré, les arbres et les fleurs Dans l'air dolent et doux soupirent leurs odeurs.
Les baies du lierre obscur où l'ombre se recueille Sentant venir le soir se couchent dans leurs feuilles,
Le jet d'eau du jardin, qui monte et redescend, Fait dans le bassin clair son bruit rafraîchissant ;
La paisible maison respire au jour qui baisse Les petits orangers fleurissant dans leurs caisses.
Le feuillage qui boit les vapeurs de l'étang Lassé des feux du jour s'apaise et se détend.
- Peu à peu la maison entr'ouvre ses fenêtres Où tout le soir vivant et parfumé pénètre,
Et comme elle, penché sur l'horizon, mon coeur S'emplit d'ombre, de paix, de rêve et de fraîcheur...
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| | | Arundathi pilier
Nombre de messages : 449 Age : 77 Localisation : Evian Date d'inscription : 17/04/2011
| | | | soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
| Sujet: Re: Anna de Noailles Sam 27 Aoû 2011, 19:18 | |
| Les rêves
Le visage de ceux qu'on n'aime pas encor Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves, Et va s'illuminant sur de pâles décors Dans un argentement de lune qui se lève.
Il flotte du divin aux grâces de leur corps, Leur regard est intense et leur bouche attentive ; Il semble qu'ils aient vu les jardins de la mort Et que plus rien en eux de réel ne survive.
La furtive douceur de leur avènement Enjôle nos désirs à leurs vouloirs propices, Nous pressentons en eux d'impérieux amants Venus pour nous afin que le sort s'accomplisse ;
Ils ont des gestes lents, doux et silencieux, Notre vie uniment vers leur attente afflue : Il semble que les corps s'unissent par les yeux Et que les âmes sont des pages qu'on a lues.
Le mystère s'exalte aux sourdines des voix, A l'énigme des yeux, au trouble du sourire, A la grande pitié qui nous vient quelquefois De leur regard, qui s'imprécise et se retire...
Ce sont des frôlements dont on ne peut guérir, Où l'on se sent le coeur trop las pour se défendre, Où l'âme est triste ainsi qu'au moment de mourir ; Ce sont des unions lamentables et tendres...
Et ceux-là resteront, quand le rêve aura fui, Mystérieusement les élus du mensonge, Ceux à qui nous aurons, dans le secret des nuits, Offert nos lèvres d'ombre, ouvert nos bras de songe.
Anna de NOAILLES (1876-1933) | |
| | | Clertie pilier
Nombre de messages : 404 Age : 33 Date d'inscription : 11/08/2011
| Sujet: Re: Anna de Noailles Dim 04 Sep 2011, 14:52 | |
| 2 poèmes d'Anna de Noailles aux parfums d'été (profitons en encore un peu ), le premier extrait du Coeur innombrable (1901) et le deuxième de L'ombre des jours (1902). Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent. La rumeur du jour vif se disperse et s'enfuit, Et les arbres surpris de ne pas voir la nuit Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent...
Les marronniers, sur l'air plein d'or et de lourdeur, Répandent leurs parfums et semblent les étendre ; On n'ose pas marcher ni remuer l'air tendre De peur de déranger le sommeil des odeurs.
De lointains roulements arrivent de la ville... La poussière qu'un peu de brise soulevait, Quittant l'arbre mouvant et las qu'elle revêt, Redescend doucement sur les chemins tranquilles.
Nous avons tous les jours l'habitude de voir Cette route si simple et si souvent suivie, Et pourtant quelque chose est changé dans la vie : Nous n'aurons plus jamais notre âme de ce soir...
Chaleur
Tout luit, tout bleuit, tout bruit ; Le jour est brûlant comme un fruit Que le soleil fendille et cuit.
Chaque petite feuille est chaude Et miroite dans l'air où rôde Comme un parfum de reine-claude.
Du soleil comme de l'eau pleut Sur tout le pays jaune et bleu Qui grésille et oscille un peu.
Un infini plaisir de vivre S'élance de la forêt ivre, Des blés roses comme du cuivre. | |
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| | | | Anna de Noailles | |
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