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 Les étudiants étrangers mis à la porte

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Merwyn
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Merwyn


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MessageSujet: Les étudiants étrangers mis à la porte   Les étudiants étrangers mis à la porte EmptyLun 23 Jan 2012, 09:56

Un peu long mais à lire (article du Monde)

Elles s'appellent Kahina, Ekaterina et Lina. Venues de Russie et d'Algérie pour étudier en France, elles ont suivi un parcours d'excellence dans les domaines de la biologie, de la linguistique et de l'ingénierie informatique, qui devait les mener sur la voie de la professionnalisation. Sans jamais rencontrer de difficultés administratives.
Jusqu'à la circulaire Guéant du 31 mai 2011 qui, en imposant des critères plus restrictifs à l'accueil des étudiants étrangers en France, a fait de leurs démarches un véritable "calvaire". Ni étudiantes ni salariées, elles appartiennent désormais, selon l'une d'elles, à "la nouvelle catégorie de sans-papiers". Elles se battent aujourd'hui pour contester le refus de renouvellement de leur titre de séjour et éviter une expulsion "humiliante". Avec le soutien du Collectif du 31 mai, constitué en réaction à la circulaire Guéant. Et, avec l'espoir que la circulaire atténuée, présentée par le ministre de l'intérieur le 4 janvier, signée le 12, permettra la révision de leur situation.



Kahina, 28 ans : "Je fais partie de la nouvelle catégorie des sans-papiers"

Kahina, 28 ans, a quitté l'Algérie en 2001 pour poursuivre un parcours d'excellence en microbiologie. Elle est aujourd'hui sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français.

"Venir en France pour mes études, c'était assez naturel et spontané", se souvient Kahina, dont la détermination semble à peine entamée par la situation dans laquelle elle se trouve aujourd'hui. Imprégnée depuis son enfance de la langue et de la culture françaises, elle quitte l'Algérie à 17 ans pour poursuivre ses études à Paris. Un parcours d'excellence qui la mène jusqu'à la soutenance d'un doctorat en microbiologie en juillet 2011. "J'ai reçu un enseignement de qualité. J'en suis reconnaissante aux responsables qui m'ont encadrée", insiste-t-elle.

Chaque année, elle obtient son titre de séjour sans aucun problème. Soutenue financièrement par ses parents, elle peut justifier des 500 euros de revenus par mois que réclame la préfecture. Sans problème, jusqu'à la rentrée 2011. Pour compléter sa formation, elle postule à un master II de management de la santé, ouvert aux professionnels et aux chercheurs. Elle est sélectionnée parmi quatre cents personnes. Une formation qui devrait lui ouvrir les portes du monde de l'entreprise.

Au moment de renouveler son titre de séjour en septembre, l'accueil à la préfecture est différent. "Cette année, il n'y a plus de réelle communication. Il y a un mur côté administration", s'étonne-t-elle. Les lettres de soutien des responsables de formation n'y font rien. "Votre parcours est complexe et chaotique", lui rétorque-t-on. Elle attend une réponse pendant trois mois, sans être régularisée, même temporairement. Elle continue quand même à aller en cours, passe ses examens, mais ne peut pas suivre le stage.

Le 2 décembre, c'est "la claque". Elle reçoit une obligation de quitter le territoire français (OQTF) sous trente jours. "Une lettre très rude. Un résumé de ma vie où l'on conclut par : 'Malheureusement, cette année vous présentez une régression'. C'est très choquant et humiliant personnellement", dit-elle, émue. Choqués, ses responsables de formation le sont aussi. "Je fais partie de la nouvelle catégorie de sans-papiers qui voient le jour", lance-t-elle dans un rire jaune.

La seule issue est le recours devant un tribunal administratif, une procédure de fond qui peut prendre de cinq à six mois. Elle n'a pas hésité. "Il faut que cette OQTF soit annulée. Je suis maintenant fichée dans tout Schengen. Cela va me créer des difficultés pour voyager et travailler, alors que je n'ai commis aucun délit. Ça me fait clairement peur pour mon avenir professionnel", confie-t-elle. Avec une expertise comme la sienne, les propositions d'embauche ne manquent pas. "J'essaie seulement de bâtir un projet professionnel. Là, tout tombe à l'eau."

L'espoir n'a pour autant pas disparu. Notamment, grâce au soutien du Collectif du 31 mai et de son "parrain" Didier Guillot, l'adjoint au maire de Paris chargé de la vie étudiante. Peut-être son cas sera-t-il révisé à la suite de l'allègement de la circulaire Guéant. En attendant, elle a peur "de se faire arrêter, de se retrouver attachée à un radiateur le temps qu'un avocat arrive".


Ekaterina Tyunina, 26 ans : "Ni étudiante ni salariée, je suis un fantôme"

Ekaterina Tyunina, 26 ans, est venue de Russie pour étudier en France en 2006. Elle se bat aujourd'hui pour pouvoir poursuivre sa formation professionnelle en France.

Une pointe de timidité dans la voix, Ekaterina relate ce qui l'a amenée de Beloretchensk, une ville du sud-ouest de la Russie, à la France en 2006. Son diplôme de professeur d'anglais et français en poche, elle veut vivre sa "passion française". Après avoir passé une batterie de tests, elle est acceptée en master I de lettres modernes à Paris IV. Pour subvenir à ses besoins, elle passe un contrat étudiant-logement avec une famille. De quoi justifier auprès de la préfecture d'un hébergement et de revenus. Les démarches pour obtenir le titre de séjour étudiant ont pourtant toujours été "très difficiles". "Psychologiquement, ce n'est pas évident. L'attitude des employés est choquante, ils font peu de cas de notre situation."

Alors qu'elle envisage de poursuivre un doctorat, on l'invite à participer à l'Opération Phénix, un concours universitaire destiné à l'insertion professionnelle des étudiants en sciences humaines. Vingt-six d'entre eux seront sélectionnés par des grandes entreprises pour un contrat de professionnalisation avec une embauche en CDI à la clé. "C'était une grande opportunité. Je voulais gagner ce concours car j'ai toujours voulu faire des sciences économiques. J'y ai mis toute mon énergie", explique-t-elle. Son profil atypique plaît, elle est retenue par trois entreprises. Elle choisit un poste de chargée de clientèle privée dans une grande banque française.

C'est là que tout bascule. En août 2011, elle se rend à la préfecture, sa promesse d'embauche en main, pour demander son passage en statut "salarié". On la fait revenir plusieurs fois. D'autres étudiants lui parlent de la nouvelle circulaire Guéant du 31 mai, mais elle reste confiante. "Je n'imaginais pas qu'on pouvait m'opposer un refus", confie-t-elle. En novembre, son titre de séjour expire, la formation ne peut la garder. Puis, le verdict tombe, en décembre. Son changement de statut est refusé. Elle remplissait pourtant toutes les conditions : l'entreprise était prête à payer une taxe de 1 800 euros pour l'embaucher et son salaire est supérieur à un smic et demi. "Vous comprenez que votre parcours d'études est incohérent avec le métier dans lequel vous voulez travailler", lui oppose-t-on toutefois. A l'employeur, il est reproché de ne pas avoir suffisamment diffusé l'offre d'emploi dans un secteur qui n'est pas considéré "en tension".

"C'est l'incompréhension. J'ai l'impression que toute ma vie professionnelle part", dit-elle, bouleversée. L'entreprise, seule à même de formuler un recours, renonce. "C'était le premier refus qu'ils rencontraient. Ils ont joué le jeu du ministère." Elle n'a plus de nouvelles. Elle conserve toutefois le soutien des responsables de l'université, qui ont écrit aux autorités des lettres en sa faveur. M. Deforge, responsable de l'opération Phénix, fait tout pour qu'elle ne perde pas espoir. Mais elle n'en a plus beaucoup. "Je commence à baisser les bras. J'ai l'impression d'avoir perdu un an, peut-être même cinq."

Son récépissé expire dans une semaine. "J'ai toujours été dans la légalité et maintenant, je me retrouve expulsable. C'est humiliant et injuste pour moi", dit-elle abasourdie. Le Collectif du 31 mai lui donne un peu d'espoir. Grâce à lui, elle a été parrainée par le président de l'université Paris VII-Diderot, qui doit l'aider dans ses démarches. Elle espère que son poste sera gelé, en attendant la révision de son dossier à la suite de l'allègement de la circulaire Guéant. Ou en attendant de reprendre un doctorat. Sinon, c'est le retour en Russie. "C'est compliqué. Si je rentre, je perds aussi ma vie personnelle."


Lina Rizou, 24 ans : "On est vus comme les sans-papiers chics"

Lina Rizou, 24 ans, est venue d'Algérie en 2009 pour poursuivre ses études d'ingénieur informatique. Elle voudrait avoir sa première expérience professionnelle en France.

Lina parle de son arrivée en France comme d'une époque révolue. C'était en 2009 et "à l'époque, la France encourageait les étudiants algériens à venir étudier en France en recrutant via le programme Campus France. Il était même bien vu de motiver son désir d'avoir une première expérience professionnelle en France", se souvient-elle. Diplômée d'un bac+5 en ingénierie informatique, spécialisée dans les réseaux, elle a le profil idéal. Elle est sélectionnée dans un master I à l'université de Versailles, classé parmi les dix premiers du classement SMBG des masters et où 90 % des étudiants sont étrangers.

En vingt jours à peine, elle obtient son visa. Puis, avec la même facilité, son titre de séjour "étudiant". Elle vit dans un foyer de sœurs dans le 16e arrondissement parisien. Ses parents la soutiennent financièrement. Toujours avec la même facilité, son titre de séjour est renouvelé l'année suivante pour qu'elle suive un master II. Ce cursus doit la mener, au terme d'un stage, vers une éventuelle embauche. Un stage qu'elle effectue avec brio dans la filiale française d'un grand opérateur britannique. Tout naturellement, son chef lui propose un CDI.

Les problèmes commencent alors. Les démarches qu'elle entreprend avec l'entreprise pour obtenir le statut "salarié" se soldent par un refus dès septembre. Au motif que l'entreprise ne justifie pas de recherche pour ce poste sur les réseaux traditionnels. Sans plus d'explications, une employée de la préfecture lui répond sèchement : "Vous allez être expulsée." "Ça m'a fait un choc." La décision, "claire et définitive", ne peut-être contestée qu'auprès du ministère de l'intérieur. Une procédure qui prendra trois à quatre mois, mais dans laquelle l'entreprise se lance. "A l'époque, on ne savait pas qu'il y avait la circulaire et une sorte de quota pour limiter l'immigration professionnelle", dit-elle. Sans papiers, elle se démène pour obtenir une autorisation provisoire de séjour jusqu'en février.

Tous les espoirs s'effondrent en décembre avec le refus du ministère, qui estime que rien ne justifie l'embauche d'un étranger dans un secteur d'emploi qui n'est pas "en tension". Il ne reste plus que le recours devant le tribunal administratif. "L'entreprise a dit non, car c'est une procédure longue et coûteuse, et je serais moi-même sans papiers en France", relate-t-elle, compréhensive. Seul le Collectif du 31 mai la soutient encore. Ironie du sort, aux manifestations de sans-papiers, ils sont pointés du doigt comme "les sans-papiers chics".

La nouvelle circulaire Guéant du 12 janvier lui a redonné un peu d'espoir de voir son dossier réexaminé. "J'ai recontacté mon entreprise et j'ai réussi à les convaincre de reprendre les démarches. Elle était réticente mais depuis elle a eu quatre autres cas de refus", se félicite-t-elle. Le problème est que les critères d'examen des dossiers n'ont pas été spécifiés. De toute manière, elle ira jusqu'au bout, ne serait-ce que pour le soutien que lui manifeste son entreprise. Sinon, elle pense déjà au plan B : "Postuler dans d'autres pays en Europe ou même au Canada ou à Dubaï. Car je ne perds pas mon objectif de carrière." A ses compatriotes qui lui demandent conseil pour les études, elle leur recommande la Belgique, l'Allemagne ou les Pays-Bas. "Ces pays ont pris le relais pour accueillir les étudiants qui ont étudié en France. On leur sert des cadres sur un plateau d'argent."
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MessageSujet: Re: Les étudiants étrangers mis à la porte   Les étudiants étrangers mis à la porte EmptyLun 23 Jan 2012, 13:03

tu fais bien de souligner ce problème qui innove dans l'indignité.

Des personnalités du monde universitaire et de la recherche se sont mobilisées . Une cérémonie de parrainage de certains de ces étudiants en difficulté a notamment été organisée, mardi 10 janvier, à la Sorbonne, à Paris.

Parmi les prestigieux parrains, on trouve notamment le Prix Nobel de physique Albert Fert, l'économiste Olivier Pastré, les historiens Michelle Perrot et Pierre Rosanvallon, l'essayiste Caroline Fourest, des présidents d'université, ou encore les réalisatrices Tonie Marshall et Caroline Huppert


un autre article précise

En attendant, le Canada peut se frotter les mains. Le pays cherche à garder les jeunes qui viennent étudier sur son territoire, rappelle M. Lawton. "Et le Canada, dit-il, est évidemment très bien placé pour accueillir des étudiants étrangers francophones qui cherchent une destination accueillante pour suivre des études de qualité." Ainsi, dans les cours qu'il donne au Québec, Jean-Pierre Raffarin a beaucoup d'étudiants maghrébins.

"Entre une administration canadienne accueillante et une administration française un peu fermée, ils font vite le choix".

Les étudiants étrangers en froid avec la France
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https://grain-de-sel.1fr1.net/forum.htm
Albert
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MessageSujet: Re: Les étudiants étrangers mis à la porte   Les étudiants étrangers mis à la porte EmptyLun 23 Jan 2012, 17:57

Au de là de la perte de jeunes qualifiés qui est aberrante, et des humiliations infligées à ces jeunes, j'aimerais en tant que contribuable comprendre cette aberration comptable: un étudiant coûte très cher à former, et une fois que le pays a payé pour former ces jeunes, on laisse un autre pays en profiter Les étudiants étrangers mis à la porte 918859 ????
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Merwyn
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MessageSujet: Re: Les étudiants étrangers mis à la porte   Les étudiants étrangers mis à la porte EmptyLun 23 Jan 2012, 18:39

Tiens, tu fais exactement la même remarque que ceux qui travaillent dans la recherche me font.

Le plus coûteux est de former et, quand cela est fait, quand enfin par les impôts, des achats, les anciens étudiants étrangers, devenus salariés à hauts revenus, vont pouvoir être profitables aux finances de la France, on les renvoie... Pour couler les finances d'un pays, j'aurais jamais pensé que l'on pouvait chercher jusque là.

Sinon, pour ouvrir le débat et parler de ma pensée propre... je me fiche de savoir qu'un tel est Français de souche ou pas, qu'il ait la nationalité ou pas, tout ce que j'attends d'une personne exerçant une profession, est qu'elle soit la plus compétente possible en sa profession.

Alors oui, imaginons que 100 étudiants français postulent pour un poste et qu'un étudiant étranger y postule aussi... Et bien, s'il est meilleur que les 100 français, je ne vois pas pourquoi on lui interdirait le poste.

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