Guillaume Le Blanc, et "l'étranger."

Guillaume Le Blanc, Dedans, dehors : La condition d'étranger,

218 p. au Seuil

Dans le florilège des vies infâmes, de ces existences déclarées honteuses faute de s'accorder aux standards des nations, celle de l'étranger est marquée d'une précarité singulière : qu'est-ce qu'une vie à côté de la vie, inadmissible, sans attaches, prise entre deux langues, en attente, à la frontière ? Que signifie pour un individu être désigné " étranger " ? Et quel sens cette désignation revêt-elle pour la société qui la favorise et la cautionne ?

J'ai entendu sa conférence juste après avoir terminé , Ce qu'on peut lire dans l'air, de Dinaw Mengestu.

Ce philosophe qui écrit dans la revue Esprit étudie le concept et la réalité sociale de l'étranger à travers les époques, et il s'interroge sur le qualificatif d'"étranger" comme sur la personne qui l'utilise, au gré des circonstances et de son propre statut social.

explications à suivre.

un aperçu succinct de ces notions de dehors et de dedans.

A priori l'étranger serait une figure vague agitée au cours des circonstances pour servir d'ancrage à des peurs récurrentes dont notre époque se sert abondamment.

Un aperçu historique.

- l'étranger fut longtemps l'Hôte, celui qu'on reçoit, qui bénéficie de l'hospitalité, et avec lequel on échange : d'où le double sens du mot Hôte désignant celui reçoit et qui est reçu, symbole de l'interaction entre les personnes, transformées par l'échange.

- Ensuite l' étranger est devenu celui dont on se méfie, considéré comme un ennemi, une menace, un envahisseur.

Le phenomène déclencheur serait l'idée de nation, et la notion de propriété dont Rousseau souligne l'importance dans le discours sur l'inégalité entre les hommes. A partir du "mien" et du "tien" érection de barrières, de frontières etc. pour éloigner, tenir à distance.

Le Blanc montre l'imprécision de cette figure vide de "l'étranger" : eklle s'applique indifféremment à un Malien, à un Polonais ou à Un Lybien qui n'ont guère, à priori d-identité commune.

Cettte figure oublie aussi l'itineraire du migrant, d'abord, un émigré, puis un itinérant, et enfin un demandeur d'asile ou un immigré.

Voilà pour le dehors.

Il faut maintenant se pencher sur le dedans.

Qui est vraiment dedans ? l'integration des gens peut-elle se faire totalement quand il leur manque des droits : celui qui n'a pas de travail, de droit à la santé, de statut social, est désigné par des vocables qui sentent l'exclusion, sont ressentis comme des mises à l'index.

Ainsi parle-t-on des chômeurs, des SDF, des homosexuels, des sidéens, des sans papiers. Autant de catégories qui montrent les vulnérabilités de ceux qui sont dedans.

Leur "identité" se fait donc par opposition à celui qui est dehors : plus grandes sont les vulnérabilités, plus forte est la tentation du refus de l'autre.

A ces notions d'identités qui excluent, il vaudrait mieux substituer celles d'égalités qui fédèrent.