Nestor Admin
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| Sujet: la responsabilité de l'écrivain. Jeu 19 Jan 2012, 07:16 | |
| Commentaire du Magazine littéraire, janvier 1999 Nommer n’est pas innocent. Nommer, c’est choisir. La justification de l’acte d’écrire se trouve dans cette conscience de l’engagement, qui est aussi postulation de liberté, de liberté concrète. L’écrivain est un homme libre qui s’adresse à d’autres hommes libres. Que cette liberté soit opprimée, ou que l’écrivain choisisse de se réfugier dans l’art pour l’art, et la littérature se fait elle-même oppression, ou simple ornement destiné à conforter la classe dominante.
On retrouve ici les thèses chères à Sartre sur l’écrivain « dans le coup quoi qu’il fasse », ou sur Flaubert et les Goncourt responsables des atrocités de la Commune « parce qu’ils n’ont pas écrit une phrase pour l’empêcher ». Ici le rôle du méchant est tenu par Drieu La Rochelle, « sincère », « pathétique », mais qui s’adressait à des gens dans les fers, qui ne pouvaient donc pas lui répondre.
La polémique sur l’écrivain sommé de prendre part fit du bruit en son temps. Elle est amorcée ici par une critique implicite de Flaubert qui fut pour Sartre, on le sait, à la fois une obsession et un repoussoir sa vie durant : « La bourgeoisie est enchantée de payer un écrivain pour détourner les colères sur son philistinisme, sur son manque d’intelligence et de goût, alors qu’elles pourraient naître simplement de l’oppression, ce qui serait beaucoup plus gênant. » | |
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