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 Victor Hugo

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Lîlâ
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MessageSujet: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyJeu 10 Aoû 2006, 05:03

Ecrit sur la vitre d'une fenêtre flamande

J'aime le carillon dans tes cités antiques,
Ô vieux pays gardien de tes moeurs domestiques,
Noble Flandre, où le Nord se réchauffe engourdi
Au soleil de Castille et s'accouple au Midi !
Le carillon, c'est l'heure inattendue et folle,
Que l'oeil croit voir, vêtue en danseuse espagnole,
Apparaître soudain par le trou vif et clair
Que ferait en s'ouvrant une porte de l'air.
Elle vient, secouant sur les toits léthargiques
Son tablier d'argent plein de notes magiques,
Réveillant sans pitié les dormeurs ennuyeux,
Sautant à petits pas comme un oiseau joyeux,
Vibrant, ainsi qu'un dard qui tremble dans la cible ;
Par un frêle escalier de cristal invisible,
Effarée et dansante, elle descend des cieux ;
Et l'esprit, ce veilleur fait d'oreilles et d'yeux,
Tandis qu'elle va, vient, monte et descend encore,
Entend de marche en marche errer son pied sonore !
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyDim 15 Juil 2007, 14:32

Pure innocence ...

Pure Innocence ! Vertu sainte !
O les deux sommets d'ici-bas !
Où croissent, sans ombre et sans crainte,
Les deux palmes des deux combats !

Palme du combat Ignorance !
Palme du combat Vérité !
L'âme, à travers sa transparence,
Voit trembler leur double clarté.

Innocence ! Vertu ! sublimes
Même pour l'oeil mort du méchant !
On voit dans l'azur ces deux cimes,
L'une au levant, l'autre au couchant.

Elles guident la nef qui sombre ;
L'une est phare, et l'autre est flambeau ;
L'une a le berceau dans son ombre,
L'autre en son ombre a le tombeau.

C'est sous la terre infortunée
Que commence, obscure à nos yeux,
La ligne de la destinée ;
Elles l'achèvent dans les cieux.

Elle montrent, malgré les voiles
Et l'ombre du fatal milieu,
Nos âmes touchant les étoiles
Et la candeur mêlée au bleu.

Elles éclairent les problèmes ;
Elles disent le lendemain ;
Elles sont les blancheurs suprêmes
De tout le sombre gouffre humain.

L'archange effleure de son aile
Ce faîte où Jéhovah s'assied ;
Et sur cette neige éternelle
On voit l'empreinte d'un seul pied.

Cette trace qui nous enseigne,
Ce pied blanc, ce pied fait de jour,
Ce pied rose, hélas ! car il saigne,
Ce pied nu, c'est le tien, amour !


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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyLun 16 Juil 2007, 10:26

N'envions rien

O femme, pensée aimante
Et coeur souffrant,
Vous trouvez la fleur charmante
Et l'oiseau grand ;

Vous enviez la pelouse
Aux fleurs de miel ;
Vous voulez que je jalouse
L'oiseau du ciel.

Vous dites, beauté superbe
Au front terni,
Regardant tour à tour l'herbe
Et l'infini :

"Leur existence est la bonne ;
"Là, tout est beau ;
"Là, sur la fleur qui rayonne,
"Plane l'oiseau !

"Près de vous, aile bénie,
"Lis enchanté,
"Qu'est-ce, hélas ! que le génie
"Et la beauté ?

"Fleur pure, alouette agile,
"A vous le prix !
"Toi, tu dépasse Virgile ;
"Toi, Lycoris !

"Quel vol profond dans l'air sombre !
"Quels doux parfums ! -"
Et des pleurs brillent sous l'ombre
De vos cils bruns.

Oui, contemplez l'hirondelle,
Les liserons ;
Mais ne vous plaignez pas, belle,
Car nous mourrons !

Car nous irons dans la sphère
De l'éther pur ;
La femme y sera lumière
Et l'homme azur ;

Et les roses sont moins belles
Que les houris ;
Et les oiseaux ont moins d'ailes
Que les esprits !


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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyVen 20 Juil 2007, 11:56

Les paysans au bord de la mer

I

Les pauvres gens de la côte,
L'hiver, quand la mer est haute
Et qu'il fait nuit,
Viennent où finit la terre
Voir les flots pleins de mystère
Et pleins de bruit.

Ils sondent la mer sans bornes ;
Ils pensent aux écueils mornes
Et triomphants ;
L'orpheline pâle et seule
Crie : ô mon père ! et l'aïeule
Dit -. mes enfants !

La mère écoute et se penche ;
La veuve à la coiffe blanche
Pleure et s'en va.
Ces coeurs qu'épouvante l'onde
Tremblent dans ta main profonde,
Ô Jéhovah.

Où sont-ils tous ceux qu'on aime ?
Elles ont peur. La nuit blême
Cache Vénus ;
L'océan jette sa brume
Dans leur âme et son écume
Sur leurs pieds nus.

On guette, on doute, on ignore
Ce que l'ombre et l'eau sonore
Aux durs combats
Et les rocs aux trous d'éponges,
Pareils aux formes des songes,
Disent tout bas.

L'une frémit, l'autre espère.
Le vent semble une vipère.
On pense à Dieu
Par qui l'esquif vogue ou sombre
Et qui change en gouffre d'ombre
Le gouffre bleu !

II

La pluie inonde leurs tresses.
Elles mêlent leurs détresses
Et leurs espoirs.
Toutes ces tremblantes femmes,
Hélas ! font voler leurs âmes
Sur les flots noirs.

Et, selon ses espérances,
Chacun voit des apparences
A l'horizon.
Le troupeau des vagues saute
Et blanchit toute la côte
De sa toison.

Et le groupe inquiet pleure.
Cet abîme obscur qu'effleure
Le goëland
Est comme une ombre vivante
Où la brebis Epouvante
Passe en bêlant.

Ah ! cette mer est méchante,
Et l'affreux vent d'ouest qui chante
En troublant l'eau,
Tout en sonnant sa fanfare,
Souffle souvent sur le phare
De Saint-Malo.

III

Dans les mers il n'est pas rare
Que la foudre au lieu de phare
Brille dans l'air,
Et que sur l'eau qui se dresse
Le sloop-fantôme apparaisse
Dans un éclair.

Alors tremblez. Car l'eau jappe
Quand le vaisseau mort la frappe
De l'aviron,
Car le bois devient farouche
Quand le chasseur spectre embouche
Son noir clairon.

Malheur au chasse-marée
Qui voit la nef abhorrée !
Ô nuit ! terreur !
Tout le navire frissonne,
Et la cloche, à l'avant, sonne
Avec horreur.

C'est le hollandais ! la barque
Que le doigt flamboyant marque !
L'esquif puni !
C'est la voile scélérate !
C'est le sinistre pirate
De l'infini !

Il était hier au pôle
Et le voici ! Tombe et geôle,
Il court sans fin.
Judas songe, sans prière,
Sur l'avant, et sur l'arrière
Rêve Caïn.

Il suffirait, pour qu'une île
Croulât dans l'onde infertile,
Qu'il y passât,
Il fuit dans la nuit damnée,
La tempête est enchaînée
A ce forçat.

Il change l'onde en hyène
Et que veut-on que devienne
Le matelot,
Quand, brisant la lame en poudre,
L'enfer vomit dans la foudre
Ce noir brûlot ?

La lugubre goélette
Jette à travers son squelette
Un blanc rayon ;
La lame devient hagarde,
L'abîme effaré regarde
La vision.

Les rocs qui gardent la terre
Disent : Va-t'en, solitaire,
Démon ! va-t'en !
L'homme entend de sa chaumière
Aboyer les chiens de pierre
Après Satan.

Et les femmes sur la grève
Se parlent du vaisseau rêve
En frémissant ;
Il est plein de clameurs vagues ;
Il traîne avec lui des vagues
Pleines de sang.

IV

Et l'on se conte à voix basse
Que le noir vaisseau qui passe
Est en granit,
Et qu'à son bord rien ne bouge ;
Les agrès sont en fer rouge,
Le mât hennit.

Et l'on se met en prières,
pendant que joncs et bruyères
Et bois touffus,
Vents sans borne et flots sans nombre,
Jettent dans toute cette ombre
Des cris confus.

V

Et les écueils centenaires
Rendent des bruits de tonnerres
Dans l'ouragan ;
Il semble en ces nuits d'automne
Qu'un canon monstrueux tonne
Sur l'océan.

L'ombre est pleine de furie.
Ô chaos ! onde ahurie,
Caps ruisselants,
Vent que les mères implorent,
Noir gouffre où s'entre-dévorent
Les flots hurlants !

Comme un fou tirant sa chaîne,
L'eau jette des cris de haine
Aux durs récifs :
Les rocs, sourds à ses huées,
Mêlent aux blêmes nuées
Leurs fronts pensifs.

La mer traîne en sa caverne
L'esquif que le flot gouverne,
Le mât détruit,
Et la barre, et la voilure
Que noue à sa chevelure
L'horrible nuit.

Et sur les sombres falaises
Les pêcheuses granvillaises
Tremblent au vent,
Pendant que tu ris sur l'onde,
De l'autre côté du monde,
Soleil levant !


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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyVen 20 Juil 2007, 11:57

La Plume de Satan

La plume, seul débris qui restât des deux ailes
De l'archange englouti dans les nuits éternelles,
Était toujours au bord du gouffre ténébreux.
Les morts laissent,ainsi quelquefois derrière eux
Quelque chose d'eux-même au seuil de la nuit triste,
Sorte de lueur vague et sombre, qui persiste.

Cette plume avait-elle une âme ? qui le sait ?
Elle avait un aspect étrange ; elle gisait
Et rayonnait ; c'était de la clarté tombée.

Les anges la venaient voir à la dérobée.
Elle leur rappelait le grand Porte-Flambeau ;
Ils l'admiraient, pensant à cet être si beau
Plus hideux maintenant que l'hydre et le crotale ;
Ils songeaient à Satan dont la blancheur fatale,
D'abord ravissement, puis terreur du ciel bleu,
Fut monstrueuse au point de s'égaler à Dieu.
Cette plume faisait revivre l'envergure
De l'Ange, colossale et hautaine figure ;
Elle couvrait d'éclairs splendides le rocher ;
Parfois les séraphins, effarés d'approcher
De ces bas-fonds où l'âme en dragon se transforme,
Reculaient, aveuglés par sa lumière énorme ;
Une flamme semblait flotter dans son duvet ;
On sentait, à la voir frissonner, qu'elle avait
Fait partie autrefois d'une aile révoltée ;
Le jour, la nuit, la foi tendre, l'audace athée,
La curiosité des gouffres, les essors
Démesurés, bravant les hasards et les sorts,
L'onde et l'air, la sagesse auguste, la démence,
Palpitaient vaguement dans cette plume immense ;
Mais dans son ineffable et sourd frémissement,
Au souffle de l'abîme, au vent du firmament,
On sentait plus d'amour encor que de tempête.

Et sans cesse, tandis que sur l'éternel faîte
Celui qui songe à tous pensait dans sa bonté,
La plume du plus grand des anges, rejeté
Hors de la conscience et hors de l'harmonie,
Frissonnait, près du puits de la chute infinie,
Entre l'abîme plein de noirceur et les cieux.

Tout à coup un rayon de l'oeil prodigieux
Qui fit le monde avec du jour, tomba sur elle.
Sous ce rayon, lueur douce et surnaturelle,
La plume tressaillit, brilla, vibra, grandit,
Prit une forme et fut vivante, et l'on eût dit
Un éblouissement qui devient une femme.
Avec le glissement mystérieux d'une âme,
Elle se souleva debout, et, se dressant,
Éclaira l'infini d'un sourire innocent.
Et les anges tremblants d'amour la regardèrent.
Les chérubins jumeaux qui l'un à l'autre adhèrent,
Les groupes constellés du matin et du soir,
Les Vertus, les Esprits, se penchèrent pour voir
Cette soeur de l'enfer et du paradis naître.
Jamais le ciel sacré n'avait contemplé d'être
Plus sublime au milieu des souffles et des voix.
En la voyant si fière et si pure à la fois,
La pensée hésitait entre l'aigle et la vierge;
Sa face, défiant le gouffre qui submerge,
Mêlant l'embrasement et le rayonnement,
Flamboyait, et c'était, sous, un sourcil charmant,
Le regard de la foudre avec l'oeil de l'aurore.
L'archange du soleil, qu'un feu céleste dore,
Dit : - De quel nom faut-il nommer cet ange, ô Dieu ?

Alors, dans l'absolu que l'Être a pour milieu,
On entendit sortir des profondeurs du Verbe
Ce mot qui, sur le front du jeune ange superbe
Encor vague et flottant dans la vaste clarté,
Fit tout à coup éclore un astre : - Liberté !


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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyLun 27 Aoû 2007, 20:54

Courtisans ! attablés dans la splendide orgie,
La bouche par le rire et la soif élargie,
Vous célébrez César très-bon, très-grand, très-pur ;
Vous buvez, apostats à tout ce qu'on révère,
Le chypre à pleine coupe et la honte à plein verre...
Mangez, moi je préfère,
Vérité, ton pain dur.

Boursier qui tonds le peuple, usurier qui le triches,
Gais soupeurs de Chevet, ventrus, coquins et riches,
Amis de Fould le juif et de Maupas le Grec,
Laissez le pauvre en pleurs sous la porte cochère ;
Engraissez-vous, vivez, et faites bonne chère...
Mangez, moi je préfère,
Probité, ton pain sec.

L'opprobre est une lèpre et le crime une dartre.
Soldats qui revenez du boulevard Montmartre,
Le vin, au sang mêlé, jaillit sur vos habits ;
Chantez ! la table emplit l'école militaire,
Le festin fume, on trinque, on boit, on roule à terre...
Mangez, moi je préfère,
Ô gloire, ton pain bis.

Ô peuple des faubourgs, je vous ai vu sublime,
Aujourd'hui vous avez, serf grisé par le crime,
Plus d'argent dans la poche, au cœur moins de fierté.
On va, chaîne au cou, rire et boire à la barrière,
Et vive l'empereur ! et vive le salaire ! ...
Mangez, moi je préfère,
Ton pain noir, liberté !
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MessageSujet: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyVen 19 Oct 2007, 06:14

Victor HUGO, Les Feuilles d'automne, 28 mai 1830

Où est donc le bonheur ?



"Où donc est le bonheur ?", disais-je. - Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l'avez donné.

Naître, et ne pas savoir que l'enfance éphémère,
Ruisseau de lait qui fuit sans une goutte amère,
Est l'âge du bonheur, et le plus beau moment
Que l'homme, ombre qui passe, ait sous le firmament !

Plus tard, aimer, garder dans son coeur de jeune homme
Un nom mystérieux que jamais on ne nomme,
Glisser un mot furtif dans une tendre main,
Aspirer aux douceurs d'un ineffable hymen,
Envier l'eau qui fuit, le nuage qui vole,
Sentir son coeur se fondre au son d'une parole,
Connaître un pas qu'on aime et que jaloux on suit,
Rêver le jour, brûler et se tordre la nuit,
Pleurer surtout cet âge où sommeillent les âmes,
Toujours souffrir ; parmi tous les regards de femmes,
Tous les buissons d'avril, les feux du ciel vermeil,
Ne chercher qu'un regard, qu'une fleur, qu'un soleil !

Puis effeuiller en hâte et d'une main jalouse
Les boutons d'orangers sur le front de l'épouse ;
Tout sentir, être heureux, et pourtant, insensé !
Se tourner presque en pleurs vers le malheur passé ;
Voir aux feux de midi, sans espoir qu'il renaisse,
Se faner son printemps, son matin, sa jeunesse,
Perdre l'illusion, l'espérance, et sentir
Qu'on vieillit au fardeau croissant du repentir ;
Effacer de son front des taches et des rides ;
S'éprendre d'art, de vers, de voyages arides,
De cieux lointains, de mers où s'égarent nos pas ;
Redemander cet âge où l'on ne dormait pas ;
Se dire qu'on était bien malheureux, bien triste,
Bien fou, que maintenant on respire, on existe,
Et, plus vieux de dix ans, s'enfermer tout un jour
Pour relire avec pleurs quelques lettres d'amour !

Vieillir enfin, vieillir ! comme des fleurs fanées
Voir blanchir nos cheveux et tomber nos années,
Rappeler notre enfance et nos beaux jours flétris,
Boire le reste amer de ces parfums aigris,
Être sage, et railler l'amant et le poète,
Et, lorsque nous touchons à la tombe muette,
Suivre en les rappelant d'un oeil mouillé de pleurs
Nos enfants qui déjà sont tournés vers les leurs !

Ainsi l'homme, ô mon Dieu ! marche toujours plus sombre
Du berceau qui rayonne au sépulcre plein d'ombre.

C'est donc avoir vécu ! c'est donc avoir été !
Dans la joie et l'amour et la félicité
C'est avoir eu sa part ! et se plaindre est folie.
Voilà de quel nectar la coupe était remplie !

Hélas ! naître pour vivre en désirant la mort !
Grandir en regrettant l'enfance où le coeur dort,
Vieillir en regrettant la jeunesse ravie,
Mourir en regrettant la vieillesse et la vie !

"Où donc est le bonheur ?", disais-je. - Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l'avez donné !
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyVen 19 Oct 2007, 16:06

Tu ne l'as surement pas vu mais il y a déjà un fil dans poésie : https://grain-de-sel.1fr1.net/poesie-ininterrompue-f1/hugo-t979.htm?highlight=victor+hugo

(me disais bien que j'avais déjà posté des poèmes de ce grand bonhomme).

Nestor Embarassed
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptySam 20 Oct 2007, 05:00

Merci de m'avertir MOON... j'avais pas vu Embarassed
Et merci à ? d'avoir déplacé mon post Smile
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyVen 19 Déc 2008, 08:55

FENÊTRES OUVERTES

J'entends des voix. Lueurs à travers ma paupière.
Un clocher est en branle à l'église Saint-Pierre.
Cris de baigneurs. Plus près ! plus loin ! non, par ici !
Non, par là ! Les oiseaux gazouillent, Jeanne aussi.
Georges l'appelle. Chant des coqs. Une truelle
Racle un toit. Des chevaux passent dans la ruelle.
Grincement d'une faulx qui coupe le gazon.
Chocs. Rumeurs. Des couvreurs marchent sur la maison
Bruits du port. Sifflement des machines chauffées.
Musique militaire arrivant par bouffées.
Brouhaha sur le quai. Voix françaises. Merci.
Bonjour. Adieu. Sans doute il est tard, car voici
Que vient tout près de moi chanter mon rouge-gorge.
Vacarme de marteaux lointains dans une forge.
L'eau clapote. On entend haleter un steamer.
Une mouche entre. Souffle immense de la mer.

Victor Hugo.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMer 14 Jan 2009, 19:24

Lîlâ a écrit:
Sinon, un autre texte que j'ai adoré, jeune, et qui m'a profondément touchée, c'est celui là, paru dans Les Châtiments

Souvenir de la nuit du Quatre

L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.
Le logis était propre, humble, paisible, honnête ;
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand-mère était là qui pleurait.
Nous le déshabillions en silence. Sa bouche
Pâle s'ouvrait ; la mort noyait son œil farouche ;
Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
L'aïeule regarda déshabiller l'enfant,
Disant : - Comme il est blanc ! approchez donc la lampe !
Dieu ! ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe ! -
Et quand ce fut fini, le prit sur ses genoux.
La nuit était lugubre ; on entendait des coups
De fusil dans la rue où l'on en tuait d'autres.
- II faut ensevelir l'enfant, dirent les nôtres.
Et l'on prit un drap blanc dans l'armoire en noyer.
L'aïeule cependant l'approchait du foyer,
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
- Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre !
Cria-t-elle ! monsieur, il n'avait pas huit ans !
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents.
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
C'est lui qui l'écrivait. Est-ce qu'on va se mettre
A tuer les enfants maintenant ? Ah ! mon Dieu !
On est donc des brigands ? Je vous demande un peu :
II jouait ce matin, là, devant la fenêtre !
Dire qu'ils m'ont tué ce pauvre petit être !
II passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Moi je suis vieille, il est tout simple que je parte ;
Cela n'aurait rien fait à monsieur Bonaparte
De me tuer au lieu de tuer mon enfant ! -
Elle s'interrompit, les sanglots l'étouffant,
Puis elle dit, et tous pleuraient près de l'aïeule
- Que vais-je devenir à présent toute seule ?
Expliquez-moi cela, vous autres, aujourd'hui.
Hélas ! je n'avais plus de sa mère que lui.
Pourquoi l'a-t-on tué ? je veux qu'on me l'explique.
L'enfant n'a pas crié vive la République. -
Nous nous taisions, debout et graves, chapeau bas,
Tremblant devant ce deuil qu'on ne console pas.
Vous ne compreniez point, mère, la politique.
Monsieur Napoléon, c'est son nom authentique,
Est pauvre et même prince ; il aime les palais ;
Il lui convient d'avoir des chevaux, des valets,
De l'argent pour son jeu, sa table, son alcôve,
Ses chasses ; par la même occasion, il sauve
La Famille, l'Église et la Société ;
Il veut avoir Saint-Cloud, plein de roses l'été,
Où viendront l'adorer les préfets et les maires ;
C'est pour cela qu'il faut que les vieilles grand-mères,
De leurs pauvres doigts gris que fait trembler le temps,
Cousent dans le linceul des enfants de sept ans.

Jersey, 2 décembre 1852.


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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMer 14 Jan 2009, 19:29

C'est vrai que c'est un très beau texte. Dans un autre genre, j'aime beaucoup celui-ci

Nuit

Le ciel d'étain au ciel de cuivre
Succède. La nuit fait un pas.
Les choses de l'ombre vont vivre.
Les arbres se parlent tout bas.

Le vent, soufflant des empyrées,
Fait frissonner dans l'onde, où luit
Le drap d'or des claires soirées,
Les sombres moires de la nuit.

Puis la nuit fait un pas encore.
Tout à l'heure, tout écoutait.
Maintenant nul bruit n'ose éclore ;
Tout s'enfuit, se cache et se tait.

Tout ce qui vit, existe ou pense,
Regarde avec anxiété
S'avancer ce sombre silence
Dans cette sombre immensité.

C'est l'heure où toute créature
Sent distinctement dans les cieux,
Dans la grande étendue obscure,
Le grand Être mystérieux !


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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMer 14 Jan 2009, 19:47

O gouffre! l'âme plonge et rapporte le doute.
Nous entendons sur nous les heures, goutte à goutte,
Tomber comme l'eau sur les plombs;
L'homme est brumeux, le monde est noir, le ciel est sombre;
Les formes de la nuit vont et viennent dans l'ombre;
Et nous, pâles, nous contemplons.

Nous contemplons l'obscur, l'inconnu, l'invisible.
Nous sondons le réel, l'idéal, le possible,
L'être, spectre toujours présent.
Nous regardons trembler l'ombre indéterminée.
Nous sommes accoudés sur notre destinée,
L'oeil fixe et l'esprit frémissant.

Nous épions des bruits dans ces vides funèbres;
Nous écoutons le souffle, errant dans les ténèbres,
Dont frissonne l'obscurité;
Et, par moment, perdus dans les nuits insondables,
Nous voyons s'éclairer de lueurs formidables
La vitre de l'éternité.

in Les Contemplations
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMer 14 Jan 2009, 19:58

Lîlâ a écrit:
Un texte dont je raffole, dans Les Contemplations :

Paroles sur la dune

Maintenant que mon temps décroît comme un flambeau,
Que mes tâches sont terminées ;
Maintenant que voici que je touche au tombeau
Par les deuils et par les années,

Et qu'au fond de ce ciel que mon essor rêva,
Je vois fuir, vers l'ombre entraînées,
Comme le tourbillon du passé qui s'en va,
Tant de belles heures sonnées ;

Maintenant que je dis : - Un jour, nous triomphons ;
Le lendemain, tout est mensonge ! -
Je suis triste, et je marche au bord des flots profonds,
Courbé comme celui qui songe.

Je regarde, au-dessus du mont et du vallon,
Et des mers sans fin remuées,
S'envoler sous le bec du vautour aquilon,
Toute la toison des nuées ;

J'entends le vent dans l'air, la mer sur le récif,
L'homme liant la gerbe mûre ;
J'écoute, et je confronte en mon esprit pensif
Ce qui parle à ce qui murmure ;

Et je reste parfois couché sans me lever
Sur l'herbe rare de la dune,
Jusqu'à l'heure où l'on voit apparaître et rêver
Les yeux sinistres de la lune.

Elle monte, elle jette un long rayon dormant
A l'espace, au mystère, au gouffre ;
Et nous nous regardons tous les deux fixement,
Elle qui brille et moi qui souffre.

Où donc s'en sont allés mes jours évanouis ?
Est-il quelqu'un qui me connaisse ?
Ai-je encor quelque chose en mes yeux éblouis,
De la clarté de ma jeunesse ?

Tout s'est-il envolé ? Je suis seul, je suis las ;
J'appelle sans qu'on me réponde ;
Ô vents ! ô flots ! ne suis-je aussi qu'un souffle, hélas !
Hélas ! ne suis-je aussi qu'une onde ?

Ne verrai-je plus rien de tout ce que j'aimais ?
Au-dedans de moi le soir tombe.
Ô terre, dont la brume efface les sommets,
Suis-je le spectre, et toi la tombe ?

Ai-je donc vidé tout, vie, amour, joie, espoir ?
J'attends, je demande, j'implore ;
Je penche tour à tour mes urnes pour avoir
De chacune une goutte encore !

Comme le souvenir est voisin du remord !
Comme à pleurer tout nous ramène !
Et que je te sens froide en te touchant, ô mort,
Noir verrou de la porte humaine !

Et je pense, écoutant gémir le vent amer,
Et l'onde aux plis infranchissables ;
L'été rit, et l'on voit sur le bord de la mer
Fleurir le chardon bleu des sables.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMer 14 Jan 2009, 21:12

Euh...je n'ai pas tout suivi. Il s'est passé quoi, au juste, avec mes posts ? scratch
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMer 14 Jan 2009, 21:14

Les poèmes ont été mis en Spoiler sur le fil Victor Hugo. Et comme ils avaient leur place ici je me suis permise de les mettre. Ce sont des textes magnifiques.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMer 14 Jan 2009, 21:36

Ah, ok. Je ne comprenais pas !

Ces textes sont ceux qui m'ont fait aimer Hugo...Et je connais "Paroles sur la dune" par coeur, tant il m'a plu.

Pi un autre, tiens, pour la route (il n'y a pas de mal à se faire du bien):

Le pont

J'avais devant les yeux les ténèbres. L'abîme
Qui n'a pas de rivage et qui n'a pas de cime,
Était là, morne, immense; et rien n'y remuait.
Je me sentais perdu dans l'infini muet.
Au fond, à travers l'ombre, impénétrable voile,
On apercevait Dieu comme une sombre étoile.
Je m'écriai: -- Mon âme, ô mon âme! il faudrait,
Pour traverser ce gouffre où nul bord n'apparaît,
Et pour qu'en cette nuit jusqu'à ton Dieu tu marches,
Bâtir un pont géant sur des millions d'arches.
Qui le pourra jamais! Personne! ô deuil! effroi!
Pleure! -- Un fantôme blanc se dressa devant moi
Pendant que je jetai sur l'ombre un oeil d'alarme,
Et ce fantôme avait la forme d'une larme;
C'était un front de vierge avec des mains d'enfant;
Il ressemblait au lys que la blancheur défend;
Ses mains en se joignant faisaient de la lumière.
Il me montra l'abîme où va toute poussière,
Si profond, que jamais un écho n'y répond;
Et me dit: -- Si tu veux je bâtirai le pont.
Vers ce pâle inconnu je levai ma paupière.
-- Quel est ton nom? lui dis-je. Il me dit: -- La prière.

Jersey, décembre 1852.

Et ça vient toujours des Contemplations.
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MessageSujet: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyVen 23 Avr 2010, 22:39

Demain dès l'aube

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyDim 29 Aoû 2010, 21:23

Personnellement, je reste inconditionnel de la légende des siècles:

Le sacre de la femme:
Citation :

Eve laissait errer ses yeux sur la nature.

Et, sous les verts palmiers à la haute stature,
Autour d'Eve, au dessus de sa tête, l'oeillet
Semblait songer, le bleu lotus se recueillait,
Le frais myosotis se souvenait; les roses
Cherchaient ses pieds avec leurs lèvres demi-closes;
Un souffle fraternel sortait du lys vermeil;
Comme si ce doux être eut été leur pareil,
Comme si de ces fleurs, ayant toutes une âme,
La plus belle s'était épanouie en femme.

Et celui-ci, très beau (oui, je suis un incorrigible romantique ;-)

Les chevaliers errants:
Citation :

Si tu veux, faisons un rêve,
Montons sur deux palefrois;
Tu m'emmènes, je t'enlève.
L'oiseau chante dans les bois.

Je suis ton maître et ta proie;
Partons, c'est la fin du jour;
Mon cheval sera la joie,
Ton cheval sera l'amour.

Nous ferons toucher leurs têtes;
Les voyages sont aisés;
Nous donnerons à ces bêtes
Une avoine de baisers.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyLun 20 Sep 2010, 19:25

Quelques autres, des contemplations:

A celle qui est restée en france
Citation :

Que ce livre, du moins, obscur message, arrive,
Murmure, à ce silence, et, flot, à cette rive!
Qu'il y tombe, sanglot, soupir, larme d'amour!
Qu'il entre en ce sépulcre où sont entrés un jour
Le baiser, la jeunesse, et l'aube, et la rosée,
Et le rire adoré de la fraîche épousée,
Et la joie, et mon coeur, qui n'est pas ressorti!
Qu'il soit le cri d'espoir qui n'a jamais menti,
Le chant du deuil, la voix du pâle adieu qui pleure,
Le rêve dont on sent l'aile qui nous effleure!
Qu'elle dise: quelqu'un est là; j'entends du bruit!
Qu'il soit comme le pas de mon âme en sa nuit!

Veni, vidi, vixi
Citation :

J'ai bien assez vécu, puisque dans mes douleurs
Je marche sans trouver de bras qui me secourent,
Puisque je ris à peine aux enfants qui m'entourent,
Puisque je ne suis plus réjoui par les fleurs;

Puisqu'au printemps, quand Dieu met la nature en fête,
J'assiste, esprit sans joie, à ce splendide amour;
Puisque je suis à l'heure où l'homme fuit le jour,
Hélas! Et sent de tout la tristesse secrète;

Puisque l'espoir serein dans mon âme est vaincu;
Puisqu'en cette saison des parfums et des roses,
O ma fille! J'aspire à l'ombre où tu reposes,
Puisque mon coeur est mort, j'ai bien assez vécu.

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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyDim 12 Déc 2010, 13:56

Moon a écrit:
Lîlâ a écrit:
Sinon, un autre texte que j'ai adoré, jeune, et qui m'a profondément touchée, c'est celui là, paru dans Les Châtiments

Souvenir de la nuit du Quatre

Arf, un poème qui me donne envie de pleurer à chaque fois queje le lis, c'est horrible. bof

De Hugo poète, j'ai lu intégralement Les Châtiments et Les Contemplations, mais ça commence à faire un bout de temps.

Un poème que je viens de préparer pour un cours d'explication de textes :

Les Feuilles d'Automne, XXXIV, "Soleils couchants"

Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées.
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !

Tous ces jours passeront; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.

Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.

Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde, immense et radieux !
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyLun 29 Aoû 2011, 07:08

Un petit poème malicieux qui change l'image qu'on peut avoir de Victor Hugo. Il est extrait du recueil L'art d'être grand-père, dans lequel il a rassemblé les textes que lui ont inspiré ses deux petits-enfants.

Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture
Contraire aux loi. Tous ceux sur qui, dans ma cité,
Repose le salut de la société,
S'indignèrent, et Jeanne a dit d'une voix douce :
"Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce ;
Je ne me ferai plus griffer par le minet."
Mais on s'est récrié : "Cette enfant vous connaît ;
Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.
Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.
Pas de gouvernement possible. À chaque instant
L'ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;
Plus de règle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrête.
Vous démolissez tout." Et j'ai baissé la tête,
Et j'ai dit : "Je n'ai rien à répondre à cela,
J'ai tort. Oui, c'est avec ses indulgences-là
Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte.
Qu'on me mette au pain sec. — Vous le méritez, certe,
On vous y mettra." Jeanne alors, dans son coin noir,
M'a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,
Pleins de l'autorité des douces créatures :
"Et bien, moi, je t'irai porter des confitures."

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