Mesmer vu par Zweig dans "La guérison par l'esprit".
Un ouvrage remarquable où Zweig rend hommage à ceux qui, au 19è siècle, ont refusé de réduire l’être humain à un corps.
Bref, la théorie mécaniste de Descartes s’étiole sous les recherches et tâtonnements des pionniers de la psychologie moderne.
En effet, chacun à leur tour, les 3 personnages de ces biographies ont tenté de sonder l’esprit humain, de plonger dans ses abysses, sans doute maladroitement, mais sans leurs efforts, on percevrait peut-être encore l’homme comme une simple addition de nerfs et de vaisseaux sanguins.
C’est oublier ses profondeurs…
Je parle ici du premier profil présenté : Mesmer.
Disons le tout de suite : Zweig le respecte.
Il souligne son honnêteté intellectuelle, sa probité malgré des erreurs de parcours et d’interprétation.
Quand on évoque Mesmer, chacun pense au « magnétisme animal ».
C'est-à-dire à la guérison par attouchement humain, par le magnétiseur.
Mesmer lui-même se croit habité par un "fluide" universel curatif.
Il passera sa vie à tenter de le définir.
Il irritera les Académies, qui pourtant, reconnaîtront certaines de ses guérisons avant de le condamner. Curieuses guérisons intervenant toujours après une « crise de convulsions » spectaculaire.
Mesmer fut lié au père de Mozart car il jouait lui-même de l’harmonica et il permit au petit enfant de 10 ans, le génie, de jouer son premier opéra en lui offrant un local et un public.
Ce mélomane possédait de vrais diplômes en médecine et philosophie et ne cessa jamais d’être un homme cultivé, intelligent mais très seul face à son intuition.
Il fonda sa recherche à partir d’un minéral original : l’aimant. Il réfléchit sur les propriétés étonnantes de ce métal et fut certain qu’il pouvait guérir les malades (d’où ses fameux baquets aimantés). En quelque sorte, leur faire recouvrer l’harmonie perdue.
Un jour, il réalisa que le medium qui soulageait les malades n’était pas l’aimant, mais lui-même, l’être humain.
A partir de là, il réfléchit et ne cessa de se tromper.
Zweig le dit plusieurs fois : cet homme est arrivé trop tôt ou trop tard (« la grande âme du Moyen Age » l’aurait compris, mais pas son siècle industriel).
Car ce qu’il fait est bien connu depuis Charcot notamment : c’est de la suggestion, voire de l’hypnose dans certains cas.
Dit autrement : le patient croit en sa guérison et à l’entremise du guérisseur, alors il sera guéri.
Mesmer est le pionner de l’effet placebo qui sera étudié et admis par la science officielle au 20è siècle, seulement…
J’ajoute que Zweig en profite pour nous brosser un beau portrait de la Vienne de ce temps là, véritablement en ébullition, et nous présente ses milieux aisés et pauvres (Mesmer traitait les 2 et ne se faisait pas rémunérer).
Il fut chassé de sa ville et finit sa vie dans l’anonymat d’un village Suisse. Quand il fut rappelé en fin de vie, pour discuter encore de sa méthode avec les autorités scientifiques officielles, il déclina l’invitation.
Il avait eu sa dose de scepticisme, de rejet et d’opprobre. (Au passage, Zweig ne se prive pas pour égratigner l’étroitesse d’esprit des savants de l’époque).
Mesmer reste un jalon important dans l'exploration du psychisme humain.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Franz-Anton_Mesmer
A suivre…
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