bela Bartok

On a parlé de lui sans lui consacrer un fil. Or j'ai entendu hier soir, et vu le ballet le mandarin Merveilleux. Décor trs simple avec un sol à reflets qui faisait penser à un macadam reflétant les lumières de la ville.

une jeune fille est embauchée de force par trois bandits pour attirer les passants de manière à les détrousser. Elle joue l'appât. La plupart du temps on voit le couple appât/client, puis interviennent les trois bandits, rapides et agiles.

L'affaire du mandarin se joue en plusieurs épisodes, où il se fait rouer de coups, sans renoncer à l'amour éprouvé pour cette femme de rencontre. Rien de trop réaliste. Un voile noir montre la séparation définitive des amoureux.

Sur scène 13 danseurs, 12 en noir, le mandarin en rouge transforment la scène en damier où évoluent les couples. C'est très beau.

voilà ce que j'ai vu /entendu à l'opéra de Nantes

Le Château de Barbe Bleue (Béla Bartók)
Opéra en hongrois avec surtitres en français en un acte. Livret de Béla Balázs Créé à l’Opéra Royal de Hongrie, le 24 mai 1918.
L’œuvre mystérieuse et fascinante de Béla Bartók ne garde du château que l’inquiétante nuit dans laquelle se perdent ensemble Barbe-Bleue et son épouse, une descente aux enfers où ma frayeur se même à la fascination, où la curiosité n’est pas qu’attirance de l’interdit, où l’amour fracture une à une les portes secrètes de l’inconscient.
Bousculés par une musique puissante qui exalte les passions, saisis par la mise en scène charnelle de Patrice Caurier et Moshe Leiser, Gidon Saks et Jeanne-Michèle Charbonnet incarnent ce couple hors du commun qui se jette à corps perdu dans l’abîme du plaisir et de la mort

une musique et un opéra très inquiétants, mais fascinants à regarder/écouter. Si on épouse un monstre, il faut s'attendre au pire, ie qu'il fasse votre malheur et le sien. Les derniers mots

Citation :

la nuit, la nuit

en sont un épilogue effrayant.

J'y reviendrai.

le chateau de barbe bleue



156 p. chez Gallimard

Georges Steiner y developpe à partir de l'opera aux portes dangereuses à ouvrir une réflexion sur la morale et le progrès technologique/scientifique. Pour lui, il est possible que la dernière porte soit celle de l'aneantissement, notamment par le feu nucléaire.

La mise en scène de l'opéra de Bartok à Nantes suivait , à mon avis, deux axes :

- l'amour de la jeune femme pour un monstre victime de lui-même et enfermé dans sa perversité dont il ne peut sortir. Venue du dehors, elle tente de le sortir de son univers, elle se trouve enfermée et victime à son tour de cet univers intérieur (dehors vs dedans).

- le décor désuet peut évoquer un pays de l'Est enfermé dans le rideau de fer, univers clos d'une ideologie détournée. La jeune épousée serait l'Espérance idéaliste qui sera, malgré ses efforts et aspirations, enfermée dans un système clos et victime de "procès de Moscou".

Bartok leçon de musique : Zygel

j'apprécie ce DVd et la collection dont il fait partie : de courtes analyses suivies de brefs morceaux situent le musicien et sa musique, ce qui rend plus familiers les morceaux que l'on écoute.

Au début, le rythme régulier et saccadé, dans le sillage de Strawinsky, Prokofiev et honegger, ces rythmes industriels que j'adore dans Chostakovitch.

Puis une succesion de moteurs rythmiques irréguliers, en alternance comme dans l'allegro barbaro ou microcosmos.

Bartok a puisé son inspiration dans les danses hongroises, récoltées avec Zoltan Kodaly (10.000 chansons recueillies), puis roumaines (Transylvanie) et arabes.

Sur ces bases, Bartok greffe les dissonances et l'art du contrepoint, il dramatise sesmorceaux, joue du thème initial repris sur un ton parodique.

En illustration le 5e quatuor. Moi, j'ecoute regulièrment le concerto pour orchestre à cordes

http://tinyurl.com/cx5dsy

Opéra de Bordeaux : "Le Château de Barbe-Bleue" de Juliette Deschamps

l'unique opéra du compositeur hongrois Bela Bartok, est présentée à partir de ce mardi 18 février à l'Auditorium de Bordeaux, mis en scène par la jeune metteur en scène Juliette Deschamps.

Arrivée dans la demeure de son mari, la jeune mariée demande l'accès aux sept portes "noires et verrouillées" du château pour y faire entrer "le vent et le soleil". Peu à peu, Barbe-Bleue se laisse convaincre... Mais, à la septième, il résiste. Judith finit par transgresser l'interdiction, au prix de la fin de l'amour, et de la mort. Car ce qui se dévoile derrière chacune des portes, de la chambre de torture, au jardin parfumé, en passant par la salle des trésors, tous maculés d'un sangomniprésent, met progressivement à nu les secrets enfouis du maître des lieux. Jusqu'à la révélation ultime: la pièce où gisent ses anciennes épouses assassinées.

France Musique procèdera à la captation vidéo du spectacle « Le Château de Barbe-Bleue » les 14, 16 et 18 février 2014 pour une diffusion en direct sur France Musique le 18 février 2014.


156 p. Folio.

«Longtemps, nous avons cru que le progrès de la morale allait de pair avec le développement de la culture. Le nazisme, montre George Steiner, a pulvérisé cette illusion : Buchenwald n'est situé qu'à quelques kilomètres de Weimar.Longtemps aussi, au moins depuis Athènes, nous avons été animés par la conviction que l'investigation intellectuelle devait aller toujours de l'avant et, selon la belle métaphore de Steiner, nous conduire à ouvrir l'une après l'autre les portes du château de Barbe-Bleue.

Mais cette foi dans le progrès est aujourd'hui vacillante : peut-être le développement technique est-il un piège et non une libération ; peut-être la dernière porte du château donne-t-elle sur des réalités contraires à notre équilibre mental et à nos maigres réserves morales. L'optimisme des Lumières nous est donc interdit, et c'est une redéfinition tragique de la culture que propose le livre dense et lucide de George Steiner.»