Hazanavicius, The Artist

Jean Dujardin et Bérénice Bejo.

Dans les années 1920 le beau George Valentin règne en maître sur les écrans hollywoodiens.

Il est l'élégance et le charme personnifiés mais, au faîte de sa gloire, ne mesure pas qu'il y vit ses dernières heures professionnelles, avec le fin du film muet.

les Echos : « The Artist » est une pépite. Insolente, charmante, touchante, malgré quelques longueurs sur la fin, soyons honnêtes.

The Artist


Pour The Artist, j'ai surtout regardé Les Lumières de la ville, de Charlie Chaplin. Mais il faut se méfier : ce qui est vrai pour Chaplin n'est pas vrai pour le reste du monde. Il y a le cinéma et il y a Chaplin. Pour The Artist, j'ai aussi revu City Girl, de Murnau, La Foule, de King Vidor, Les Quatre Fils, de John Ford...

Sans oublier les Russes, Fritz Lang, L'Herbier, Duvivier... Mais je me suis assez rapidement tourné vers les films américains des dernières années du muet : des histoires aux personnages forts où la technique est à leur service et non le contraire, comme chez les formalistes russes ou allemands des années 1920. Je voulais comprendre comment s'écrivait un film muet. Il y a des règles : lisibilité et clarté de l'histoire, lutte contre l'utilisation abusive des intertitres.

entretien avec le réalisateur.

L'idée qu'a eue Michel [Hazanavicius, le metteur en scène de The Artist] de réaliser un film muet se révèle aujourd'hui être une aubaine. Enlever la parole permet d'ôter tout ce qui est intellectuel. On privilégie le sensoriel. Le film répond à l'attente qu'on a du cinéma : en quatre minutes, on entre dans l'histoire.

un entretien avec Dujardin

Merci, Rotko, cette interview de Jean Dujardin est excellente !

J'ai vu The Artist cet après-midi

Du très bon cinéma : hommage au muet des années 20 et 30 (surtout du cinéma américain), des plans à l'esthétique soignée, de l'humour malicieux, un hommage aussi aux comédies musicales à l'américaine avec quelques numéros de claquettes . L'histoire en elle-même fait aussi un peu penser à Chantons sous la pluie (génialissime Gene Kelly )

Mais tout cela n'en fait pas un film rétro (même si ce genre de film a aussi son charme) : la trame de l'histoire est au fond plutôt moderne et originale dans l'inversion des rôles, puisque la figurante devient vedette et la star moins que rien, mais rattrapée in extremis par l'amour de cette femme.

L'histoire de carrières croisées donne lieu à du beau jeu : le personnage de Dujardin est enfermé dans son orgueil (les mauvaises langues diront que ce genre de rôle lui va bien), mais sa chute nous donne ensuite à voir son profond désespoir (je reconnais comme la critique qu'il y a là quelques passages longuets). Il est particulièrement bon dans les passages où on voit sa détresse face à un monde sonore, qui parle alors que lui reste muet (l'intérêt du film est aussi dans ce jeu entre silence et parole). Enfin, n'oublions pas Bérénice Béjo, magnifique et talentueuse partenaire.
Peut-être que certains trouveront que les acteurs surjouent, mais j'ai trouvé que cela faisait partie du ton, c'était nécessaire et cohérent que tout soit plus appuyé. Il en est de même pour l'utilisation de la musique, omniprésente. Mais là encore, le traitement est fin, car elle sait se taire dans les moments les plus intenses émotionnellement (pas la peine d'en faire des tartines avec les violons, si j'ose dire )

En bref, intelligent, savoureux, divertissant, et un peu romantique avec une jolie histoire d'amour

Mais vous avez peut-être compris que je ne suis pas très impartiale, car ce film a touché ma corde sensible (je suis un peu rétro sur les bords ).
Si d'autres grains vont le voir, ce serait intéressant d'avoir leur avis.

Sur ce, bonne soirée (moi je vais la passer en zigzag avec Nono)

merci Clertie, ça me donne encore plus envie de le voir, j'y vais cette semaine qui vient.

"The Artist" a dominé la cérémonie des Golden Globes, avec trois trophées, celui de meilleure comédie et meilleur acteur comique pour Jean Dujardin.

C'est la première fois qu'un film français remporte un Golden Globe pour la meilleure comédie.

Ysandre a écrit:

j'y vais cette semaine qui vient.

A toi le micro pour tes impressions...

Damned ! Rotko, je n'ai pas pu et j'ai laissé passer le temps imparti pour le voir. Je crois que je vais louer la dvd pour le voir quand même. Je ne manquerai pas de vous donner mes impressions.

rotko a écrit:

"The Artist" a dominé la cérémonie des Golden Globes, avec trois trophées, celui de meilleure comédie et meilleur acteur comique pour Jean Dujardin.

C'est la première fois qu'un film français remporte un Golden Globe pour la meilleure comédie.

c'est mérité ! en même temps, ce n'est pas trop étonnant non plus, vu comme le film est un immense hommage au cinéma hollywoodien, ça ne pouvait que plaire aux Américains.

Et Dujardin, de quiche en anglais (c'est lui qui l'a dit, pas moi ) est passé au rang de chouchou du public américain ; il est invité partout sur les plateaux, et pendant que sa partenaire (qui parle très bien anglais) répond sérieusement, lui il fait le pitre...

Super-contente!

Moi, aussi, je trouve que c'est mérité! Surtout que c'est très difficile, en tant que non-US, de percer sur le marché américain.
Espérons juste qu'ils n'auront pas tous la grosse tête...

oh là là ! oui, espérons, Bridget.

Je vais un peu briser le concert de louanges. Même si j'adore Hazanivicius, Dujardin et Béjo, j'ai été déçue par le film.

L'idée était absolument brillante! Un film muet sur le passage au cinéma parlant! Fantastique!

En terme de réalisation, le noir est blanc est absolument superbe. Visuellement, il y a énormément de trouvailles (notamment le jeu sur les reflets). En revanche pour le reste ça coince. Pour commencer, malgré la superbe idée de départ, la trame narrative reste très plate. Je ne sais bien qu'il s'agit d'une référence au cinéma américain des débuts, mais tout de même... tellement prévisible et sans le charme des vieux films! Au final c'est assez lisse et le muet n'est franchement réussi (la musique AIE). Bon tout de même l'intervention du sonore par endroit m'a fait jubiler parce que cela montrait bien qu'Hazanivicius ne cherchait pas refaire un film d'époque mais à jouer avec les codes du genre.

Pour ne rien exagérer c'est un bon film qui prend quelques risques (mais moins qu'on nous le laisse entendre) et je suis très contente pour les prix raflés par l'équipe!

Ils auront les moyens de refaire un OSS117...

Citation :

une référence au cinéma américain

tu vois bien que ça joue auprès des critiques et des réalisateurs. Tu as été décue par le film, donc tu n'adoptes pas ici le regard initié...

oui, je pense que c'est une affaire d'initié et que le choix du public a peu joué dans l'attribution des oscars et autres. Il y a peut-être eu également des "copinages", c'est bien porté, ce truc !
et puis, la sacro-sainte Amérique a bien aimé le clin d'oeil avec ses propres vieux films....
Pour ce qui concerne le film, je ne l'ai pas vu, donc je ne peux porter le moindre jugement, par contre, j'ai suivi de très près l'histoire des récompenses.

rotko a écrit:

Citation :

une référence au cinéma américain

tu vois bien que ça joue auprès des critiques et des réalisateurs. Tu as été décue par le film, donc tu n'adoptes pas ici le regard initié...

Pas du tout! Je parlais d'une référence en général au cinéma américain des débuts. Des trames narratives simples dans lesquels les histoires d'amour jouent un rôle fondamental et se finissent souvent bien. J'ai bien saisi la référence, seulement si cela marche pour moi lorsque je regarde un de ces vieux films, adapté par un réalisateur contemporain cela coince. Je m'attendais à une réflexion sur le genre un peu plus poussée. Cela reste extrêmement basique et attendu.

The Artist de Michel Hazanavicius a reçu, dimanche 19 février à Madrid, le prix du meilleur film européen lors de la remise des Goyas.

Le dimanche précédent, The Artist avait obtenu sept Baftas, les prix les plus importants du cinéma britannique, dont celui du meilleur film, du meilleur acteur pour Jean Dujardin et du meilleur réalisateur pour Hazanavicius.

Quand je pense que je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir... alors que j'en avais tellement envie quand il est sorti !!!! grrrrrrrr !
n'empêche, j'avais du flair .... dit le lémurien, suffisant, la queue en panache !!!!

j'attendrai qu'il passe à la télé j'ai d'autres films à voir avant.

moi aussi j'attendrai, c'est souvent ce que je fais quand je rate la sortie d'un film que je veux voir.

Très bonne idée... J'ai trouvé que le scénario était bateau, sans surprise... Je pensais que le film serait plus spectaculaire... Un film pour le public américain...

Je suis allée le voir hier soir et je l'ai trouvé fantastique ! pas dans le sens courant actuel, certes mais vraiment décalé et ... INTELLIGENT !

Un film qui s'adresse à nouveau au spectateur, à son attention, à son intelligence ... ça ne peut pas plaire à tout le monde car tout le monde n'aura pas cette finesse ... cette sensibilité là.

Je me suis dit que j'aurais aimé connaître les débuts du cinéma ... aujourd'hui plus rien ne nous surprend, plus rien n'est jamais ASSEZ, on en veut encore, on en veut PLUS ! et surtout on veut tout ...

J'ai aimé le jeu des acteurs extraordinaire

La réflexion sur la portée et le sens des mots et au contraire la portée et le sens du silence, des actions ... la gloire et la déchéance, l'orgueil, l'amour, le show-biz ... les clins d'oeil au spectateur tout au long du film.

Il faut certes un petit temps d'adaptation à la génération "bruyante" dont je fais partie ... mais après celà ... un vrai grand moment poétique ! J'en voudrais d'autres comme celui-là

Très bonne analyse, Caj...

Coffee a écrit:

Très bonne idée... J'ai trouvé que le scénario était bateau, sans surprise... Je pensais que le film serait plus spectaculaire... Un film pour le public américain...

Je trouve au contraire que ce film est loin d'être fait pour l'américain lambda ... m'enfin ce n'est que mon avis ... il n'y a qu'à voir le navet que je suis allée voir juste après The Artist qui s'appelle Chronicle http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=184617.html, ça, c'est sûr, ça devrait plaire au public américain

Caj a écrit:

c'est sûr, ça devrait plaire au public américain

la preuve est donnée

C'est la première fois que la plus haute distinction du cinéma,l'OSCAR, revient à un comédien français. «I love your country», avait déclaré dujardinen montant sur la scène du Kodak Theatre de Los Angeles, après que Bérénice Bejo lui eût traduit dans le creux de l'oreille le discours préliminaire de Natalie Portman.

c'était conçu pour. Fera-t-on bientôt de fausses cathédrales gothiques pour séduire les USA ?

Si je ne me trompe, dans les news américaines, l'acteur est français, le réalisateur et français, mais ils n'arrivent pas à dire le "French film"!!!