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 maiakovski

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Maya
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Maya


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MessageSujet: maiakovski   maiakovski EmptyMer 12 Oct 2011, 12:30

Crevette a écrit:
Maïakovski

Tu vas lire la poesie de Miakovski? Par exemple "Stihi o sovetskom pasporte"? Voila cette poesie (je n'apprecie pas, mais bon, a chacun ses auteurs)

Vers sur le passeport Sovietique

Je dévorerais la bureaucratie comme un loup,
je n’ai pas le respect des mandats,
et j’envoie à tous les diables paître
tous les « papiers ».

Mais celui-là...

Longeant le front des compartiments et cabines,
un fonctionnaire bien poli s’avance.

Chacun tend son passeport, et moi je donne
mon petit carnet écarlate.

Pour certains passeports on a le sourire,
d’autres on cracherait dessus.

Au respect ont droit, par exemple,
les passeports avec lion anglais à deux places.

Mangeant des yeux le brave monsieur,
faisant saluts et courbettes,
on prend comme on prend un pourboire,
le passeport d’un Américain.

Pour le Polonais on a le regard
de la chèvre devant l’affiche.
Pour le Polonais le front est plissé
dans une policière éléphanterie
d’où cela sort-il et quelles sont ces
innovations en géographie ?

Mais c’est sans tourner le chou de la téte,
c’est sans éprouver d’émotions fortes
qu’on reçoit les papiers danois
et les suédois de diverses sortes.

Soudain, comme léchée par le feu,
la bouche du monsieur se tord.

Monsieur le fonctionnaire
a touché la pourpre de mon passeport

Il le touche comme une bombe,
il le touche comme un hérisson,
comme un rasoir à deux tranchants,
il le touche comme un serpent à sonnettes,
à vingt dards, à deux mètres de longueur et plus.

Complice a cligné le regard du porteur,
qui est prét à porter vos bagages pour rien.

Le gendarme contemple le flic,
le flic le gendarme.
Avec quelle volupté la caste policière
m’aurait fouetté, crucifié,
parce que j’ai dans mes mains,
porteur de faucille,
porteur de marteau,
le passeport soviétique.

Je dévorerais la bureaucratie comme un loup,
je n’ai pas le respect des mandats,
et j’envoie à tous les diables paître
tous les « papiers », mais celui-là...

Je tirerai de mes poches profondes
l’attestation d’un vaste viatique.
Lisez bien, enviez
je suis
un citoyen
de l’Union Soviétique.
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyMer 12 Oct 2011, 18:57

Maya tu as les références d'un bouquin de Maiaskovski?
Je ne trouve rien.
Il est terrifiant ce poème que tu as mis , mais tellement réaliste ...


Dernière édition par Quetschup le Mer 12 Oct 2011, 20:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyMer 12 Oct 2011, 19:05

J'ai beaucoup etudie Maiakovski, Quetschup, au lycee et a l'Universite. Meme trop, mais je ne suis pas arrivee a le detester comme la plupart de mes collegues, c'etait la conjoncture.C'est un grand futuriste russe.
Voila certains de ses oeuvres en ligne: http://www.inlibroveritas.net/auteur416-oeuvres.html
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyMer 12 Oct 2011, 19:16

Oh tain il était avec Lili brik et Elsa Triolet !
Pourquoi tu ne l'aimes pas?^^
(si tu as la possibilité de me dégoter son poème sur Lénine ça m'interesse grandement! )
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MessageSujet: Maiakovski   maiakovski EmptyMer 12 Oct 2011, 19:47

A pleine voix , Anthologie poétique 1915-1930

maiakovski 97820710

Il faut ouvrir un fil Maya , c'est super interessant .

C'est incroyable ce lyrisme en incluant une idéologie Léniniste , je n'ai jamais lu une prose aussi proche historiquement et ça avec autant de ferveur
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyMer 12 Oct 2011, 20:01

«Maïakovski est célèbre mais qu'en connaît le lecteur français ? Les précieux florilèges qui ont essentiellement révélé son existence ne pouvaient donner plus que des échantillons très divers. Ces fragments communiquaient une idée juste de l'écriture, de l'humeur, du tempérament maïakovskien. Mais il en émane l'impression d'une oeuvre aux facettes multiples, rapides et changeantes, soudées principalement par le dynamisme d'une personnalité. C'est dans ce cadre qu'on décrypte à l'ordinaire la brusque politisation intégrale du poète, précédemment si fort engagé dans l'esthétisme. Rien n'est plus insuffisant et plus erroné qu'une telle vision.
La grandeur de Maïakovski tient au contraire à l'extraordinaire cohérence de son univers poétique. Une cohérence assidue, réfléchie, déterminante pour la charpente constitutive de son oeuvre. Une cohérence enfin à laquelle l'impulsion lyrique et idéologique ne cesse d'être subordonnée et intégrée. Et la partie de sa poésie qui fait le mieux apparaître ce profil fondamental sont les poèmes au sens russe du mot, c'est à dire de grands ensembles de vers réalisés autour d'un axe semi-mythologique, semi-narratif.
Ces poèmes jalonnent toute la création de Maïakovski. On peut même dire qu'ils la rythment, en formant une série de charnières ou de points focaux qui incarnent de la façon la plus élaborée et la plus complète le contenu de toute une période de son évolution. Les poèmes (comme plus tard les pièces de théâtre) mettent en évidence la structure cyclique de la démarche maïakovskienne. Chaque cycle a pour matériau un certain nombre d'éléments vécus biographiques, historiques, politiques qui se projettent d'abord sous une forme immédiate, le plus souvent fragmentaire ou éclatée - court poème d'humeur, pièces dites de circonstance, militante ou satirique, etc. Intervient ensuite le second degré, le poème précisément, qui extrait une certaine universalité de ce matériau et l'érige en système lui-même rattaché aux grandes lignes constantes de l'univers poétique de Maïakovski.»

Extrait de la préface de Claude Frioux
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyMer 12 Oct 2011, 20:03

Conversation avec le kamarade Lénine

Des affaires en masse, un tumulte d'événements
le jour s'efface, sombre insensiblement ;
nous sommes deux dans la pièce, moi et Lénine
une photographie sur le mur blanc.

La bouche ouverte pour un discours fervent,
la brosse des moustaches dressée.
Dans les plis du front pressé, humaine,
sous le front énorme une énorme pensée.

Sans doute devant lui les foules défilent,
forêt des drapeaux… herbe des bras...
Je me suis levé, allumé par la joie.
On voudrait marcher, saluer, rendre des comptes.

Camarade Lénine je vous fais un rapport
pas de service mais du fond de l'âme.
Camarade Lénine, ce travail d'enfer
sera fait et se fait déjà.

Nous éclairons, habillons les pauvres et les nus.
L'extraction de minerai et de charbon augmente...
Mais à côté bien sur il y a encore
beaucoup de saleté et de bêtise.

On est fatigué de s'en défendre et de montrer les dents.
Beaucoup sans vous ont perdu la tête.
Toutes sortes de canailles foulent notre sol et l'entourent.

On ne saurait tous les compter ni les nommer :
un long ruban de gredins qui s'étire.
Des koulaks, des bureaucrates
lèche-bottes, sectaires, ivrognes.

Ils vont, bombant fièrement la poitrine,
hérissés de leviers responsables couverts d'insignes...

Bien sûr nous les materons tous
mais ce sera effroyablement difficile.
Camarade Lénine, dans les fabriques enfumées
dans les campagnes couvertes de neige et de blé
c'est votre cœur et votre nom, camarade, qui nous font
penser, respirer, lutter, vivre.

Des affaires en masse un tumulte d'événements
le jour s'efface sombre insensiblement ;
nous sommes deux dans la pièce, moi et Lénine
une photographie sur le mur blanc.

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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyMer 12 Oct 2011, 20:04

Vladimir Ilitch Lénine

- Hier, à six heures cinquante minutes
est mort le camarade Lénine. -

Cette année a vu ce que ne verront pas cent.
Ce jour entrera dans la morne légende des siècles.

L'horreur fit sortir un râle du fer.
Sur les bolchéviks roula une vague de sanglots.
Terrible, ce poids !
On se tramait comme une masse au dehors.
Savoir - comment et quand ? Que tout soit dit !

Dans les rues, dans les ruelles, comme un corbillard vogue

le Grand Théâtre.

La joie est un escargot rampant.
Le malheur, un coursier sauvage.
Ni soleil, ni éclat de glace,
tout, à travers le tamis des journaux,
est saupoudré d'une neige noire.
La nouvelle assaille l'ouvrier devant son tour.
Une balle dans l'esprit.
Et c'est comme si l'on avait renversé
un verre de larmes sur l'outil.
Et le moujik qui en a vu de toutes sortes,
qui a, plus d'une fois, regardé la mort dans les yeux,
se détourne des femmes, mais se trahit
par les traînées noires essuyées du poing.

Il y avait des hommes - du silex, ceux-là mêmes
se mordaient la lèvre, à la percer.
Les enfants étaient pris d'un sérieux de vieux,
et les vieux pleuraient comme des enfants.
Le vent pour toute la terre hurlait l'insomnie,
et ne pouvait, se levant, relevant, penser jusqu'au bout
que voilà, dans le gel d'une petite chambre de Moscou,

il y a le cercueil du père et du fils de la révolution.
La fin, la fin, la fin.
Il faut y croire !

Une vitre - et vous voyez en dessous...
C'est lui que l'on porte du Paveletzki [1]
par la ville qu'il a prise aux patrons.

La rue - on dirait une plaie ouverte,
tant elle fait mal, et tant elle gémit...
Ici chaque pierre connaît Lénine,
piétinée par les premières attaques d'octobre.

Ici tout ce que chaque drapeau a brodé,
a été entrepris et ordonné par lui.
Ici chaque tour a entendu Lénine,
et l'aurait suivi à travers feu et fumée.

Ici Lénine est connu de chaque ouvrier -
étalez les coeurs, comme des branches de sapin. [2]
Il menait au combat, annonçait les conquêtes,
et voilà le prolétaire maître de tout.

- Ici, chaque paysan a inscrit
dans son cœur le nom de Lénine
plus tendrement qu'aux calendes des saints.
Il ordonna d'appeler leurs, les terres
dont rêvent au tombeau les grands-pères morts sous le knout.

Et les Communards - ceux de la Place Rouge -
semblaient murmurer :
" Toi, que nous aimons !
Vis, et nous n'avons besoin d'un destin plus beau -
cent fois nous irons à l'attaque prêts à mourir ! "
Si à présent sonnaient les mots d'un faiseur de miracles :
" Pour qu'il se lève - mourez ! " -
l'écluse des rues s'ouvrirait largement,
et les hommes se jetteraient dans la mort en chantant.

Mais il n'y a pas de miracles,
inutile de rêver.
Il y a Lénine,
le cercueil,
les épaules qui se voûtent.
C'était un homme,
jusqu'à la fin humaine -
supporte ce supplice de la peine des hommes

Jamais un fret plus précieux n'a été porté par nos océans,
que ce cercueil rouge voguant vers la Maison des Unions [3],
sur le dos des sanglots et des marches.
Encore montaient la garde d'honneur
les hommes sévères de la trempe de Lénine,
que la foule déjà attendait, imprimée
sur toute la longueur des Tverskaia [4] et Dimitrovka. [5]

En l'an dix-sept, soi-même sa fille dans la file
pour le pain l'aurait-on envoyée - on mangera demain !

Mais dans cette glaciale et terrible queue,
tous s'alignaient avec enfants et malades.
Les villages se rangeaient à côté des villes.
La douleur tintait, enfantine ou virile.
La terre du travail défilait en revue,
bilan vivant de la vie de Lénine.
Le soleil jaune, louchant tendrement,
se lève, et jette les rayons à ses pieds.
Comme traqués, pleurant l'espoir,
penchés de douleur défilent les Chinois.
Les nuits venaient sur le dos des jours,
confondant les heures, mélangeant les dates.
Comme si ce n'étaient ni les nuits, ni les étoiles au-dessus,
mais pleurant sur Lénine les noirs des Etats-Unis.

Un froid jamais vu cuisait les semelles,
mais les gens séjournaient dans une presse serrée.
On n'ose même pas battre des mains,
pour échapper au froid - ce n'est pas de mise.
Le froid attrape et traîne, tout comme s'il
voulait éprouver la trempe de l'amour.
Il rentre de force dans les foules.
Empêtré dans la presse,
pénètre le monde derrière les colonnes. [6]
Les marches grandissent [7], deviennent des récifs.
Mais voilà que s'arrêtent le chant et le souffle,
et on n'ose faire un pas - sous le pied, c'est le gouffre,
c'est le bord tranchant d'un gouffre de quatre marches.
Tranchant l'esclavage de cent générations,
où l'on ne connaît que de l'or la sonnante raison.
Le bord du gouffre - le cercueil de Lénine,
sur tout l'horizon, la commune.
Que verra-t-on ?
Rien que son front,
et Nadejda Konstantinovna,
dans une brume, derrière.......

Peut-être des yeux sans larmes en verraient-ils plus.
Ce n'est pas de ces yeux que je regardais.

La soie des drapeaux flottants s'incline,
rendant les derniers honneurs :
"Adieu, camarade, tu l'as terminé,
ton chemin honnête et vaillant."

L'horreur.

Ferme les yeux, ne regarde pas,
comme si tu marchais sur un fil de soie.
Comme si un instant tu étais
seul à seul avec une immense et unique vérité.

Je suis heureux.
L'eau sonore de la marche
emporte mon corps sans poids.
Je sais, désormais pour toujours
vivra en moi cet instant.
Heureux d'être une parcelle de cette force
qui a en commun même les larmes des yeux.

Plus forte, plus pure, ne peut être la communion
dans l'immense sentiment nommé - classe !

Et la mort d'Ilitch elle-même
devint un grand organisateur-Communiste.
Déjà au-dessus des troncs d'une forêt monstreuse,
des millions de mains tenant sa hampe,
la Place Rouge -
drapeau rouge, monte,
s'arrachant d'une terrible saccade.

De ce drapeau, de chacun de ses plis,
vient, à nouveau vivant, l'appel de Lénine :

- En rangs, prolétaires, pour le dernier corps à corps !

Esclaves, redressez vos genoux pliés !

Armée des prolétaires, dans l'ordre, avance !

Vive la révolution, joyeuse et rapide !

Ceci est la seule et unique grande guerre,
de toutes celles que l'histoire ait connues.

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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyMer 12 Oct 2011, 20:16

En fait j'ai une question qui me brûle les doigts...
Qu'est ce que vous appelez "futuristes" les Bolcheviks?^^
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyJeu 13 Oct 2011, 04:54

Quetschup a écrit:
En fait j'ai une question qui me brûle les doigts...
Qu'est ce que vous appelez "futuristes" les Bolcheviks?^^

Citation :
Les Futuristes russes se qualifiaient eux-mêmes de boudetlianines, gens de l’avenir, et plaidaient pour la destruction du vieil art « mangé par les mites ». Les Futuristes russes considéraient l’homme comme une partie de la terre et de la nature.

budet = ce sera - synonyme d'avant-garde.

Ces multiples groupes de createurs russes des annees 20 du 20eme siecle adoptent le manifeste de l'italien Filippo Tommaso Marinetti. mais juste les elements du discours sont ce qu'il y a de commun - technique, vitesse, production de masse, culte de la nouveaute. Mais le social et le politique dans leur esthetique fait vite se defaire la ligne commune et le mouvement se ramifie en ideologies contradictoires. Les artistes d’avant-garde appellent et preparent activement la révolution - mais quelle revolution ?
(Dans un système où la guerre et la violence sont considérées comme facteurs de changement positif, les Italiens se rallient au fascisme et en font une promotion active, tandis que les Russes, lecteurs de Marx, sensibles aux inégalités sociales, ne supportant plus ni la censure ni les répressions d’un régime coupé du peuple, aspirent au communisme. Des systèmes aussi opposés, même à l’état d’utopies, ne sont pas sans influencer concrètement le contenu des œuvres).

Hélas, sitôt amorcée, virant en guerre civile, la révolution perd son rôle coercitif pour accentuer les divisions au sein même des acteurs engagés dans son processus. (Sur ce sujet, lire Le Docteur Jivago de Pasternak). À cela, le stalinisme donne le coup de grâce, terrassant les forces qui ont permis son avènement. L’ordre ancien cède à son double, tout aussi autoritaire. Indésirables, les artistes, indépendants et critiques, constituent désormais une menace. Émigration, suicides, enfermement, déportation: le destin tragique des avant-gardes russes, bâillonnées dès les années 30 par un réalisme socialiste tout droit sorti des bureaux de répression, calibré contre l’individualisme, est l’étouffement scandaleux de l’éveil intellectuel d’un pays figé dans son moyen âge jusqu’au XIXesiècle, encore largement inculte à l’aube des révolutions. Dans un tel climat, actions sociales (missions d’alphabétisation dans les campagnes) et innovations esthétiques sont également dénigrées, taxées d’intellectualisme contre-révolutionnaire. Détruites, cachées, étouffées, oubliées, les œuvres de cette époque ne jouissent pas encore aujourd’hui de la visibilité que connaissent leurs homologues européens, lacune que compensent peu à peu d’intéressantes redécouvertes telles que celles qui se présentent ici.

source


Dernière édition par Maya le Jeu 13 Oct 2011, 05:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyJeu 13 Oct 2011, 05:12


Encore Maiakovski:

La nue empantalonnée
(extrait)

« Allô ! Qui
« Parle ?
« Maman ? »
— C’est maman !
— Maman, votre enfant est malade magnifiquement
Maman !
Il est malade d’incendie du cœur.
À Liouda, Olia, mes sœurs,
Dites qu’il n’a plus où s’en sauver avec sa vie
Toute parole,
Toute drôlerie,
Qu’il crache hors sa bouche d’incendie assiégée
Est comme la prostituée nue qui
D’une maison publique en feu est jetée.

Toute une gent va reniflant :
— « Ça sent le brûlé ».
On fait venir… qui ?… je ne sais :
Des rutilants,
Avec des casques !
Inutiles, les bottes de géant !
Aux sapeurs-pompiers allez disant :
Sur un cœur montez non pas avec des casques, mais des caresses !

C’est moi l’incendie :
L’amas de larmes dans mes yeux,
je le vide en barils.

Qu’on me permette sur mes côtes de m’arc-bouter :
Je vais sauter. Je vais sauter. Je vais sauter. Je vais sauter.
Les pompiers à terre ont croulé.
On ne peut hors du cœur sauter.

Sur le visage tout brasier
Un géant baiser carbonisé
Hors la fissure des lèvres crevassées
S’élance, grandit en flamme.

Maman Je ne puis avoir de chant.
Dans le chœur du cœur les stalles prennent feu.
Embrasées, des figures de chiffres et de mots,
Hors les murs du cerveau
Tels des bambins hors d’un édifice d’incendie,
Font le saut.

Ainsi l’effroi
De ne pouvoir aux nues accrocher les doigts
À suspendu
Les bras en flamme du Lusitania.

Ô mon dernier cri,
Quoi que soit ce que tu cries
Gémis dans les siècles que je suis en incendie !

Vladimir MAIAKOVSKI

Qu'en pensez-vous?
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyJeu 13 Oct 2011, 05:24

Perso je suis conquise ^^
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyJeu 13 Oct 2011, 05:41

Quetschup a écrit:
Perso je suis conquise ^^

Quetschup, grace a toi, je redecouvre Maiakovski, c'est vraiment un poete a des elans de geant.

Et puis, sa poesie prend le langage courant, mais il y a une matamorphose qui porte les mots de la rue jusqu'à une sorte d'incandescence et de frenesie.
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyJeu 13 Oct 2011, 05:59

Je ne suis pas très sensible à la poésie en général , mais là , cette façon de rendre des vers vivants me charme vraiment.
Il a une prose qui n'a pas d'époque , il est un langage universel , celui des envolées lyriques passionnées , presque déchirées par moment comme s'il écrivait avec ses entrailles.
Qu'on adhère ou pas avec ses écrits de partisan voire de propagande , on ne peut lui retirer sa fougue intellectuelle qui ne laisse pas indifférent, qualité fort appréciée par les communistes (sous Lénine of course)...
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyJeu 13 Oct 2011, 09:20

J'ai commencé le recueil, pour l'instant, je n'en suis pas à la partie politique.
C'est spécial.
A mi chemin entre la prose, l'ordinaire et l'extraordinaire.
Il me faudra du temps pour avancer.

Il s'est suicidé à la roulette Russe.

C'est curieux cette façon de braver le destin jusqu'à en crever. Très slave.
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyVen 14 Oct 2011, 13:03

Pour mieux comprendre l'apport de VM à l'art poétique, le début de l'article sur Encyclopædia Universalis :


En 1910, le symbolisme, qui vingt années durant a dominé la poésie russe, se reconnaît en crise : étouffé par ses propres mots d'ordre, affaibli par ses dissensions internes, il dissout son organe principal, La Balance, et cède le terrain à un ensemble de groupes littéraires nouveaux, qui tous appellent à un renouveau du verbe poétique. Les « futuristes » russes sont les plus virulents. Leur manifeste de 1913 proclame une libération radicale à l'égard des contraintes poétiques du passé, à l'image d'une révolution picturale à laquelle ils sont étroitement liés. « Cubo-futuristes », ils bousculent l'ordre traditionnel de la représentation, et promeuvent une esthétique libératrice qui bouleverse les hiérarchies. Dans les thématiques, la ville, bruyante et artificielle, se substitue à la nature. Le sujet lyrique se désacralise et s'abaisse, en même temps qu'il se met en scène et se carnavalise dans la poésie et dans la vie.

Une révolution du langage poétique
La figure de proue de cette nouvelle esthétique est le jeune Vladimir Maïakovski (1893-1930), cosignataire, avec Viktor Khlebnikov (1885-1922), du manifeste Gifle au goût public. Dès son premier recueil de 1912, Moi !, les traits essentiels de sa poétique sont en place : défi lancé au stéréotype, hyperbolisme, « rugosité », ébranlement du système classique de la versification russe, ruptures rythmiques, esthétique du contraste, heurt du concret et de l'abstraction dans un système d'images entièrement renouvelé.

Très vite, Maïakovski se tourne vers le « long poème » narratif, seul capable par son ampleur d'étreindre dans sa dimension cosmique le monde du poète des temps nouveaux. Il faut le poème pour donner forme à un affect lyrique démesuré, à un désir géant, qui veut s'exprimer « à pleine voix ». Après Vladimir Maïakovski Tragédie (1913), le second essai de « grande forme » sera Le Nuage en pantalon, « deuxième tragédie du poète Maïakovski ».


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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyVen 14 Oct 2011, 13:06

Le lire, c'est comme recevoir un certain nombre de "coups de poing".

Il est dommage de retenir l'aspect politique, disons même bolchevick du personnage, car ce que j'ai lu jusqu'à présent parle beaucoup d'amour...


Quelques extraits, que je noterai au fil de l'eau (A pleine voix - Anthologie poétique 1915-1930) :


Je ne veux plus
jamais lire
Les livres ?
Parlons-en !

(…)

Moi,
grande bouche-d’or,
dont chaque mot
enfante une âme neuve,
célèbre la fête du corps,
je vous dis :
La plus infime poussière de vie
est plus précieuse que tout ce que je fais et fis.


Dernière édition par Crevette le Ven 14 Oct 2011, 13:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyVen 14 Oct 2011, 13:06

« …le pain rassis des caresses d’hier… »

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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyVen 14 Oct 2011, 13:08

Ce que ça m'agace de ne pas avoir ce livre... black
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyVen 14 Oct 2011, 13:11


Regarde par là, il existe en poche : http://www.amazon.fr/pleine-voix-Anthologie-po%C3%A9tique-1915-1930/dp/2070306720/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1318597877&sr=1-1

Ou d'occaz sur Price, je pense.
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyVen 14 Oct 2011, 13:14

Cet auteur est très intéressant car il démontre qu'on peut être propagandiste d'une idéologie et véritable artiste.
Cela étant, de cette qualité là, ils sont rares.
Je veux dire : les lèche-bottes du pouvoir sont ordinairement médiocres.
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MessageSujet: Re: maiakovski   maiakovski EmptyVen 14 Oct 2011, 13:14

Je l'ai commandé à la fnac tu penses bien^^
Mais le temps qu'il arrive chez moi en france , que ma mère ensuite l'envoie au Mae qui lui va l'envoyer en valise à l'ambassade ...bref , ça m'énerve!
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