Thucydide

Historien de la Grèce antique, Athénien, qui fut exilé de la ville mais passa sa vie à relater la fameuse guerre du Péloponnèse, celle qui, dit-on, dura 27 ans.

Ce qui est faux.

Thucydide n'est pas le dernier à dire qu'elle dura 27 ans, malgré les 6 ans de paix entre Sparte et Athènes, les deux ennemies viscérales, car ces années servirent à s'armer et se préparer à de nouveaux affronts.

Il y a deux guerres : territoriale et politique.

Sur le territoire : Athènes, puissance martime, est l'heureuse gagnante des batailles de Marathon et de Salamine sur les Mèdes (l'empire Perse) et s'approprie donc toutes les cités Grecques (en leur faisant payer un tribut).

Sauf celles dépendant de la ligue du sud, le Péloponnèse, focalisées autour de Sparte.


Sparte a le système oligarchique.

Athènes a le système démocratique.

On comprend donc les haines mutuelles. S'y ajoutent les ambitions et vanités individuelles, et on entre dans un imbroglio violent et inextricable.

Je schématise beaucoup car Athènes la grande, la démocrate aura bien des vélléités oligarchiques !


Thucydide nous fait vivre les batailles avec des développements sur les stratégies militaires, passablement techniques, mais aussi très concrètes. Mais surtout il donne corps à tous ces stratèges qui décidèrent de voter pour la paix ou pour la guerre.

Le livre est donc une suite de discours réels ou imaginaires, collant évidemment à la réalité du temps, avec des arguments fallacieux ou sincères.

ET C'EST EN CELA que ce livre est fabuleux, car il est fabuleusement...GREC !


La parole, la démonstration, l'idéologie, le discours pour convaincre, la pensée transmise sont l'essence même de la Grèce antique.

Rhétorique et éloquence se marient pour donner de la grandeur, y compris au prosaïsme !

Il y a certes l'habileté de l'auteur, mais bien plus : une image des élites de ce temps. Elites ayant créé un art qui ne cessera d'être la base du notre et surtout un système politique qui ne peut nous laisser indifférents.


Sans oublier le poids de la religion et de la superstition. On sacrifie et on prie avant chaque acte. On consulte les oracles avant d'aller au combat.

L'idée du divin est omniprésente.

Mais pourtant, et concomitamment, tout se mesure à l'aune de l'homme. La Cité, notamment. La gloire militaire. Même la trahison, qui est le pain quotidien de bien des hommes politiques de cette époque.

S'il y a un "primitivisme" Grec, il y a bien aussi une modernité humaniste. La bande à Socrate n'y est pas étrangère.


Je ne peux pas résumer ce pavé, ce monument, qui se veut assez neutre, malgré tout. Il faut s'y plonger pour apprendre, apprendre et apprendre encore...

A noter : quelques noms de héros qui ont laissé trace dans l'histoire, comme BRASIDAS, l'héroïque chef spartiate, PERICLES, le visionnaire, le mégalo, et tant d'autres !

Enfin, sur le sujet, je viens de finir un autre livre :

Histoire d'une démocratie : Athènes - Claude Mossé.

Bon complément, qui commence l'histoire de la ville aux âges obscurs (9è, 8è) avec les premiers législateurs que furent Dracon, et Solon. Pour poursuivre avec le système de la tyrannie (Pisistrate et ses fils), puis les batailles pour gagner la démocratie.

Des descriptions minutieuses des assemblées et du système d'élection. Beaucoup de procédés se sont alternés. L'aristocratie étant toujours désireuse d'accaparer le pouvoir. Les démagogues, aussi, eux qui se servent du peuple...

Le livre se finit par le déclin d'Athènes, sous les coups des belliqueux rois Macédoniens : Philippe et Alexandre.

Et l'auteur de conclure : "Les Athéniens auront joué un rôle historique pendant 2 siècles seulement..."

Mais bon sang, quels siècles !