Alcibiade – 5è av JC - Grèce (de J. de Romilly)
Périclès a été son tuteur. Pèriclès, pour tous, c’est l’âge d’or de la démocratie Athénienne. Mais c’est aussi une vision centralisatrice et impérialiste, qui permet d’assurer l’hégémonie de cette ville prospère sur ses consoeurs, via des prélèvements conséquents.
L’ennemie acharnée, à la tête d’une coalition, étant Sparte.
Après la mort de Périclès, Alcibiade entre en politique avec fracas et panache, mais ce qui le singularise, c’est une mégalomanie démentielle, qui caractérisera une vie hors du commun.
Capable de convaincre (d’hypnotiser ?) ses pairs, Alcibiade décide d’attaquer la Sicile. On met à sa disposition une flotte navale et il embarque.
A temps pour éviter une sévère condamnation car on lui impute un forfait grave : celui d’avoir mutilé des statues d’Hermès dans Athènes (accusation à tort, d’ailleurs).
Condamné à l’exil, le beau général se rebelle contre son ingrate patrie en s’alliant…à ses ennemis !
D’abord Sparte.
Puis, la Perse.
Il divulgue ainsi des informations de sécurité intérieure fondamentales, qui conduiront Athènes…à la ruine ! Elle perdra en effet la guerre du Péloponnèse, guerre de 27 ans, aux revirements incessants et marquée par les ambitions personnelles démesurées. Celle d’Alcibiade, entre autres.
Personnage félon, retors, hâbleur et corrompu, il fascine pourtant par son étonnant charisme, sa combativité, ses mensonges même…
Devenu héros littéraire, symbole de carriérisme et de séduction, son nom est associé à l’archétype de l’homme politique dénué de scrupules, au point de trahir et livrer les secrets de son peuple.
Rappelons qu’Athènes oscille entre la démocratie et l’oligarchie à cette époque là. Rien n’est stable !
Jeune, Alcibiade a rencontré Socrate. Platon relate leurs échanges.
Socrate est subjugué, amoureux, dit-on… Alcibiade, flatté et sensuel.
Il invite Socrate seul, lui offre son corps, une volupté intime, mais voilà que Socrate s’allonge auprès de lui... sans rien faire !
Il lui montre ainsi la vraie voie de l’Amour, d’essence divine, qui n’a que faire des faiblesses de la chair.
A ce moment là, Alcibiade aurait pu choisir ce chemin de sagesse. Chemin de pensée, de beauté et de contemplation.
Mais il a préféré les plaisirs du monde, le tumulte terrestre, celui qui satisfait rapidement les appétits vaniteux et étriqués.
La postérité lui a quand même accordé un rôle historique d’envergure.
Son nom reste associé à cette Grèce mythique, raffinée et ô combien avide de pouvoir…
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A noter : le livre de Jacqueline de Romilly est parsemé de ses opinions sur la démocratie. Celle notamment que la morale est indispensable dans la vie publique. Elle fait le parallèle entre les « affaires » qui salirent Alcibiade et ce qu’on lit dans les journaux aujourd’hui. Théoriquement, elle a raison. En pratique, qui peut encore croire que la chose publique peut rester pure ? Son livre a le mérite, au travers de son héros, de montrer à quel point tous les régimes souffrent des mêmes plaies : égocentrismes des uns, ambitions des autres, jalousies, perfidies et ce, toujours au mépris de la Patrie qu’on est censé servir.
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