l'écrivain est un musicien

Je pense que chez un auteur, la veine des mots se suit d'ouvrage en ouvrage, ce qui fait que se lecture nous plait dépasse l'histoire, elle est musique, musique des mots.
Cette sonorité est sous-jacente, le reste étant variation de plaisirs ou de désintérêt.

Merwyn a écrit:

Je pense que chez un auteur, la veine des mots se suit d'ouvrage en ouvrage, ce qui fait que se lecture nous plait dépasse l'histoire, elle est musique, musique des mots.
Cette sonorité est sous-jacente, le reste étant variation de plaisirs ou de désintérêt.

oui, mais un écrivain n'est pas un musicien, il se sert de mots qui font sens, et souvent traduisent une conception du monde, ou un regard sur le monde contemporain.

sinon il écrirait

zot oua qi boum tra lala la zik paf ♫♪♫

Dans une phrase, chaque mot a son importance, chaque emplacement aussi, et pas simplement pour une question d'assonance ou d'onomatopée...

Si un écrivain talentueux met un jour pour écrire une page, ce n'est pas parce qu'il n'a pas d'idée mais parce qu'il cherche à rendre musicale sa prose, à donner l'image du sens de la phrase mais aussi de l'histoire en harmonie avec la musicalité des mots. Une simple voyelle ou consonne en plus ou en moins peut créer ou altérer le chant des mots.

Certains y arrivent, la plupart non et abandonnent.

La beauté d'un texte vient du choix des mots, des césures, qui non seulement accompagnent l'histoire mais concourent à lui donner vie... L'histoire est le squelette, la musicalité des mots en sont les veines qui irriguent ce jusqu'alors gisant.

Oui Ysandre, l'écriture comme la musique, le dessin, la peinture, la sculpture... font partie de l'Art et puisent en un même idéal, toujours s'approcher de ce que l'on ressent sans jamais pouvoir l'atteindre, simplement l'effleurer...

Cela est d'autant plus vrai pour les artistes du Moyen-Age à la grande ferveur religieuse qui tentait d'approcher le divin par leur art tout en sachant qu'il ne pourrait jamais l'atteindre.

Ceux qui l'ont effleuré... Je pense à Mozart, Beethoven, Michel-Ange, Vinci...


C'est pour moi ce qui différencie l'artiste de celui qui se croit artiste... L'artiste va vers la perfection, se donne en son art et n'a aucune condescendance pour lui-même, il se sait incomplet mais travaille sans compter pour l'être un peu moins en essayant de ne faire qu'un avec la musique des mots, des sons, des couleurs, des traits...


Enfin voilà... Je dois vous quitter car la piscine m'attend...

Tout à fait d'accord avec toi, Merwyn. Le musicien nous "parle" avec ses "pages" musicales, le peintre avec ses traits et ses couleurs, l'écrivain "chante" à nos oreilles (plus ou moins bien !) avec ses mots, la "musique" de ses phrases, il peint dans ses descriptions et portraits... on n'en finirait pas de montrer que chaque artiste, dans son domaine, use d'une palette qui n'appartient pas qu'au peintre.

j'ai plein de choses à dire, mais je n'ai pas le temps pour le moment. L'enfant ainé (40 ans) elle a besoin de moi. Si vous saviez !......

Je rentre d'une conférence remarquable sur Aimé Césaire et Saint-John Perse. L'un des conférenciers, Ernest Pépin, disait que, pour lui, la poésie de Césaire était du jazz et que celle de Saint-John Perse était une symphonie dans une cathédrale. Le second, Daniel Maximin, expliqua que la rythmique dans un poème était si essentielle qu'on pouvait l'apprécier sans connaître la langue utilisée, boutade bien sûr mais qui contient du vrai, j'en ai fait l'expérience récemment en écoutant une Vietnamienne dire un poème très mélodieux alors que j'ignore tout de sa langue. Naturellement, j'ai apprécié ensuite d'en avoir une traduction !

j'ai eu honneur et la joie de dire des poèmes de Cesaire quand je faisais du théatre
j'ai encore le gout de ce bonheur sur la langue... Dieu que j'aime cet homme et que je lui ai dit

pourquoi n'ai je les mots ^pour dire la douleur, comme lui ?

Ysandre a écrit:

pourquoi n'ai je les mots ^pour dire la douleur, comme lui ?

Si tu ne trouves pas les mots pour dire ta douleur, peut-être que relire Césaire que tu aimes t'aiderait un tout petit peu ?
Courage Ysandre, la roue tourne, disaient les Anciens...