En visitant des expositions sur l’écriture et l’imprimerie, on prend conscience de l’acharnement et de la créativité dont a fait preuve l’humanité pour développer une de ses plus extraordinaires richesses : l’écriture.
Au Musée de l'Imprimerie de Lyon, après une présentation sommaire des premières formes d’écriture (papyrus, tables et tablettes en bois ou pierre, feuilles de palmier…) et de la fabrication du papier, particulièrement le vergé, l’essentiel du fonds concerne la typographie, géniale invention de Gutenberg.
La typographie
À l’extrémité d’une tige d’acier très résistant, on grave en relief un caractère à l’envers : c’est le
poinçon.
Par pression, on enfonce ce poinçon dans un métal plus doux : du cuivre. Le caractère est alors inscrit en creux et à l’endroit dans cette matière : c’est la
matrice.
On coule dans cette matrice un métal encore plus doux : du plomb. Au démoulage, on obtient le
caractère en plomb, en relief et à l’envers. On en moule ainsi de grandes quantités.
Il faut répéter ces trois opérations pour chacune des lettres minuscules, capitales, pour chacun signe de ponctuation et chacun des chiffres. Puis autant de fois que de types de caractères différents, de tailles et d’attribut (maigre, italique, gras…).
Tous les caractères (ou "types") sont rangés dans un meuble d’imprimerie, dans des petits casiers appelés "
cassetins", en haut pour les capitales (on les appelait "hauts de casse"), en bas pour les minuscules (d’où le terme "bas de casse" encore en usage).
Le typographe se sert ensuite d’un
composteur sur lequel il aligne les caractères, lus à l’envers, de gauche à droite, piochés dans les cassetins. Le composteur permet d’assurer la justification de la ligne, c’est-à-dire sa longueur. Entre chaque mot, on insère une espace (ce mot est féminin lorsqu’il désigne l’objet en plomb, de même que l’interligne, languette de plomb ou de bois s’intercalant entre les lignes.) et on complète en insérant dans certains cas des espaces fines entre les lettres afin d’en parfaire la justification.
Une fois les lignes composées, on les place sur une
galée. Ces lignes sont attachées avec plusieurs tours de ficelle afin de rendre solidaire l’ensemble et le déplacer plus facilement. Ce bloc de lignes est alors appelé
composition.
Cette composition est alors calée dans un châssis en fonte et le typographe peut insérer près du texte des filets, des espaces vides, des ornements typographiques ou des
gravures. Pour ces dernières, les graveurs rivalisaient de talent afin d’assurer la qualité des images imprimées : bois gravé, puis taille-douce, pointe sèche, eau-forte, manière noire. Les imprimeurs font d’ailleurs fréquemment appel aux artistes de l’époque (Doré, Courbet…). Une belle collection
ici.
Le châssis est ensuite fixé sur une presse typographique sur laquelle la composition est encrée puis pressée sur une feuille de papier ainsi imprimée.
Pour aller plus loin…
Sur l’imprimerie : Michael Twyman, L’imprimerie. Histoire et techniques
Sur la typographie : Yves Perrousseaux, Manuel de typographie française élémentaire