Raymond Lulle

Le livre des bêtes

Lulle annonce La Fontaine et son bestiaire. Entre autres.

Comment évoquer la personne royale et ses incroyables prérogatives « divines » ?

En déguisant sous le masque allégorique animalier. Tout dire sans se mouiller…

Son livre des bêtes débute donc avec l’intronisation du nouveau roi. D’abord, on doit le choisir. Chaque animal souhaite un représentant de son espèce : le bœuf, le cheval, etc…

Mais il y a des dissensions. C’est finalement le lion qui l’emporte, puissant, carnivore, force de la nature. Mais il découvre la réalité du pouvoir.

De ses intrigues et de ses cachotteries, par l’intermédiaire de la terrible Dame Renard.

Dame Renard est le fil directeur de ce petit opuscule de 85 pages, car elle ne cesse de chuchoter contre les uns et les autres et démontre à tous qu’une seule vertu est nécessaire quand on souhaite gouverner : LA RUSE !

Celle-ci l’emporte sur toutes les qualités humaines pour qui veut être le plus fort de tous. Dame Renard s’exprime elle-même par fables, rallie les uns et les autres, en un mot, complote !

Détestée de toute l’assemblée de courtisans, elle a toujours le dernier mot, leur damant le pion par sa perfidie et son intelligence.

Lulle résume ainsi le pouvoir politique en un jeu de rôles, d’apparat et de mensonges, en émettant pourtant un avis personnel : sans moralité, point de stabilité.

Tout cela se lit très vite, est universel et représente assez peu Lulle, plus connu pour ses recherches alchimiques que ses théories machiavéliques.

Un homme du Moyen-Age, encyclopédique, en quête de sens et qui eut une vie mouvementée, tant physiquement que spirituellement.

Il fait partie de ceux qui ont connu la révélation de la religion et ont combattu pour elle.

Le pauvre homme finit pourtant lapidé.

On n’aime pas les éclaireurs, dans ce bas monde…




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Encyclopédie universelle : extrait :


LULLE RAYMOND (1233 env.-1316)


Pour les Catalans, Raymond Lulle est le créateur de leur langue. Pour les historiens de la philosophie, il reste un cas. Pour l'Inquisition, il fut un hérétique, mais un saint pour l'école franciscaine, et un géant pour les spécialistes de la littérature mystique. Pour tout le monde, il est l'auteur de l'Ars magna. Quant à lui, il se définit volontiers « procureur des infidèles ». Ceux qui l'aiment l'appellent le « docteur illuminé ». Raymond Lulle apparaît aujourd'hui comme le témoin éclairé de la rencontre de trois cultures – arabe, juive et chrétienne – vivant ensemble dans sa Majorque natale. Obsédé par le rêve de les harmoniser, il tire de leurs diversités fondamentales et de leur fondamentale unité le charme de sa doctrine et la rigueur de son système. Avant Dante et avant Eckhart, il osa, le premier en Europe médiévale, faire parler philosophie, théologie et sciences à une langue autre que le latin et le grec.

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Borges a écrit un article/essai, la machine à penser de Raymond Lulle

J. L. Borges décrit le fonctionnement de la machine comme tel :

« Il s’agit d’un schéma ou diagramme des attributs de Dieu. La lettre A, centrale, représente le Seigneur. Sur la circonférence, le B signifie la bonté, le C la grandeur, le D l’éternité, le E le pouvoir, le F la sagesse, le G la volonté, le H la vertu, le I la vérité, le K la gloire. Chacune de ces 9 lettres est équidistante du centre et elle est reliée à toute les autres par des cordes ou par des diagonales. Cela veut dire en premier lieu que tous les attributs sont inhérents ; puis en second lieu qu’ils s’articulent entre eux de telle sorte qu’il n’est pas hétérodoxe d’affirmer que la gloire est éternelle, que l’éternité est glorieuse, que le pouvoir est véridique, glorieux, bon, grand éternel, puissant, savant, libre et vertueux, ou d’une grandeur pleine de bonté, qu’il est grandement éternel, éternellement puissant, puissamment savant, librement vertueux, vertueusement véridique, et caetera, et caetera. (…)

Ce ne sont pas les détails et les finalités de cette machine qui nous intéressent pour l’heure, mais le principe qui la fit naître ; c’est le recours méthodique au hasard pour résoudre un problème. (…)

Imaginons un problème quelconque : déterminer la ‘véritable’ couleur des tigres. Je donne à chacune des lettres lulliennes la valeur d’une couleur, je fais tourner les disques et je constate que le tigre inconstant est bleu, jaunes, noir, blanc, vert, violet, orange et gris ou bleu-jaune, bleu-noir, bleu-blanc, bleu vert, bleu-violet, bleu-bleu, et caetera… Devant cette ambiguïté torrentielle, les partisans de l‘Ars magna ne s’effrayaient pas ; ils conseillaient l’emploi simultané d’un grand nombre de machines combinatoires qui – selon eux – s’orienteraient et se rectifieraient à force de ‘multiplications’ et d "évacuations’. (La machine à penser de Raymond Lulle, 1937.)

Je viens d'acquérir certains de ses écrits mystiques, ça m'intéresse beaucoup.

je cherchais ce qu'en avait dit Montaigne, car je crois qu'il a parlé de Raymond Lulle.

Mais vu que mon édition de Montaigne a un glossaire, mais pas d'index, je ne risque pas de retrouver un passage concernant Raymond Lulle.