Défense du paganisme contre les Galiléens
Un texte célébrissime quand on s'intéresse à l'histoire des idées et des religions.
Julien, élevé dans la foi chrétienne, mais d'inclination secrète vers le culte d'Hélios, nous laisse un témoignage de sa conviction que la secte Galiléenne n'est qu'une bande d'imposteurs.
Il décide de comparer la religion chrétienne (que l'empereur Constantin vient juste d'imposer officiellement à l'empire Romain) à celle des Hébreux et au paganisme.
Pour cela, il s'appuie sur une lecture littérale des Evangiles.
Total : il en relève les aberrations et les contradictions, trop heureux de démontrer que les Gréco-romains, par leur pratique des sciences et des arts, sont les seuls vrais dépositaires de la connaissance sacrée.
"Tous les Grecs naquirent avec une aptitude naturelle aux mystères et aux choses divines"...
"Car Dieu a "donné" la philosophie et la sagesse aux Grecs et non à ceux qui adorent un Juif mort" (le Christ)
Aux Hébreux, il admet que Dieu a donné l'inspiration divine, avec la divination. Mais Zeus a surtout inondé de ses bienfaits le peuple Grec : oracles, prophéties...
Il nie la continuité du nouveau testament et de l'ancien.
Le décryptage du nouveau testament révèle selon lui des erreurs grossières : il se demande comment on a pu construire la tour de Babel (aussi haut ?), comment des chrétiens peuvent aimer se réunir "dans les sépultures" (ils n'avaient pas le choix !), etc...
Très honnêtement les arguments de Julien, qui fut loué et admiré par Montaigne et Voltaire, m'ont fait sourire par leur...naïveté.
S'il est vrai qu'une vierge ne saurait enfanter (comme le rappellera Voltaire), il n'en reste pas moins que le parcours de la Passion est une suite de symboles, que Julien ne tente même pas de comprendre.
Or, nier cette dimension revient à passer totalement à côté des mystères chrétiens, qui valent bien (selon moi) les mystères d'Eleusis ou de Dyonisos.
Si les rites diffèrent, les vérités se rejoignent*...
Pourtant, Julien était réputé être un érudit. Un curieux.
Je me dis que l'esprit matérialiste des Romains ne peut décidément pas pénétrer une doctrine aussi mystique que celle du Christ.
Ajoutons quelques arguments politiques à l'affaire et nous comprendrons que Julien soit resté sur le seuil de la porte qui s'ouvrait sur une spiritualité révolutionnaire, car ouverte à tous.
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Le culte solaire d'Hélios, dans le fond, n'est rien d'autre qu'un monothéisme, bien antérieur à celui des chrétiens.
