Imbert GALLOIX, né à Genève le 22 janvier 1807, auteur de quelques essais poétiques est venu tenter sa chance à Paris en octobre 1828. Remarqué et secouru par Victor Hugo, Sainte-Beuve, Charles Nodier, Alfred de Vigny, il s'éteindra le 27 octobre 1828 à Paris.
de Victor Hugo :
"Imbert Galloix était un pauvre jeune homme de Genève, bien élevé et bien lettré d'ailleurs, qui vint à Paris n'ayant pas devant lui de quoi vivre plus d'un mois, mais avec cette pensée qui en a leurré tant d'autres, que Paris est une ville de chance et de loterie où quiconque joue bien le jeu de sa destinée finit par gagner ; une métropole bénie où il y a des avenirs tout faits et à choisir que chacun peut ajuster à son existence ; une terre de promission qui ouvre des horizons magnifiques à toutes les intelligences dans toutes les directions ; un vaste atelier de civilisation où toute capacité trouve du travail et fait fortune ; un océan où se fait chaque jour la pêche miraculeuse ; une cité prodigieuse, en un mot, une cité de prompt succès et d'activité excellente d'où, en moins d'un an, l'homme de talent qui y est entré sans souliers ressort en carrosse."
Les rêves du passé
Alors les fleurs croissaient dans la verte prairie,
Dans un ciel glorieux triomphait le soleil.
Des songes printanniers erraient dans mon sommeil,
Le ciel n'était pas froid, l'eau n'était pas tarie.
Alors... Mais aujourd'hui tout est morne et glacé ;
Le coeur est désséché, la nature est flétrie !
Où sont les rêves du passé ?
Soleil, tu nous rendras tes splendeurs matinales ;
Astres, vaisseaux du ciel, vous voguerez encor,
Jours d'azur de juillet, verts coteaux, moissons d'or,
Horizon du Léman, vieux monts, Alpes natales,
Comme un aveugle errant, je voudrais vous revoir.
O mes jours de bonheur ! ô mes jeunes années !
Entre nous dès longtemps, l'adieu s'est prononcé.
J'aime à voir, triste et seul, pâlir mes destinées
Avec les rêves du passé.
Pressy, riant village, asile solitaire,
Le plus cher à mes voeux, le plus doux de la terre,
Sous tes arbres en fleurs n'irai-je plus rêver ?
Blancs rochers du Salève, où j'ai caché des larmes,
Genève si chérie et si pleine de charmes,
N'irai-je pas vous retrouver ?
Hélas, depuis longtemps je végète et je pleure ;
Depuis longtemps, hélas ! je redis d'heure en heure :
"Encore une heure de malheur !"
Mais les cieux paternels abritaient mieux ma peine ;
Et l'étranger n'a pas aux rives de la Seine,
D'asile aux maux du coeur.
Aux rives de mon lac je croyais à la gloire ;
D'avenir et d'espoir l'amour m'avait bercé.
L'amour ! - Je n'y crois plus. Mon coeur est délaissé ;
La gloire me dédaigne...Oublie, ô ma mémoire,
Les tristes rêves du passé.