Eduard Von Keyserling

Versant sud



"Il y a encore de la lumière dans la bibliothèque" s'étonna Karl Erdmann.
"Oui, répondit Dorn, c'est toujours éclairé à cette heure. Mme von Barnow est en train de lire, elle a l'habitude de se coucher tard."

Les deux jeunes gens contemplèrent la lumière en silence.



Je pose avec cet extrait les 3 noms principaux de ce court récit, autour desquels se concentre l'histoire du livre : celle de Karl, récemment promu lieutenant et revenant pour les congés au sein du manoir familial.

Manoir habité par l'amie de sa mère, cette fameuse Mme von Barnow, évidemment belle et fatale.

S'y trouve la famille, bienveillante, rassurante et une chaleur humaine, pourtant subtilement tourmentée par deux drames latents : un futur duel où est engagé Karl et l'amour torturé de Dorn pour Mme Barnow.

Un des deux événements finira tragiquement.

Pas forcément celui qu'on croit.

Sur cet auteur, que dire, à part répéter ce que raconte le web ?

Ce n'est pas un écrivain, c'est un peintre. Un peintre épris de mots, avec une palette de dégradés et de camaïeux si impressionnante qu'on a la sensation d'habiter un tableau en le lisant.

La nature est omniprésente : ses fleurs, ses couleurs, ses humeurs même quand oscillent les températures, les atmosphères...

Du grand art aérien et délicat pour un échange humain bref, intense et comme mystique.

Ce livre est une merveille qui dure le temps de quelques respirations, de quelques inspirations, d'une aurore ou d'un crépuscule, suivant votre état du moment, mais vous enveloppe d'une telle clarté, qu'on songe à l'arc en ciel qu'un dieu-enfant aurait dessiné là-haut, avec ses pinceaux de lumière...

j'ai lu Beate et Mareile chez Actes sud, un livre qui m'avait bien plu.

tragédie impressionniste : l'été, la passion, la transgression sociale. Voici en effet l'histoire de deux amies d'enfance, deux jeunes femmes si proches qu'elles pourraient être soeurs - mais l'une est fille de châtelains, l'autre de régisseurs. Or c'est celle-là, Mareile, que l'on courtise désormais. De passage au domaine, elle bouleverse Günther, le jeune mari de Beate : il s'éprend jusqu'à la suivre à Berlin où leur " mésalliance " fera scandale

dit l' éditeur. je me souviens en effet de très belles pages ensoleillées.