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 Georg Trakl

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Ivan K.
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Ivan K.


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MessageSujet: Georg Trakl   Georg Trakl EmptyVen 01 Avr 2011, 12:00

Citation :
Ce poète autrichien est l'un des grands noms de la poésie du début du XXe siècle. Il incarne le poète maudit, hanté par un amour incestueux pour sa sœur Maragarete, drogué à l’absinthe et à l’opium, il eut une existence brève et tragique.
Envoyé sur le front russe, il tenta de mettre fin à ses jours face à l'horreur des massacres auxquels il assista, et fut interné. Le 3 Novembre, il tente de nouveau de se suicider. Il meurt à l’hôpital de Cracovie d'une overdose.
Son inspiration poétique, sans doute influencée au début par le symbolisme de Maeterlinck, s'en détacha rapidement pour s'affirmer comme une écriture comparable à celle de Hölderlin et de Novalis.
Son œuvre tourmentée, ordinairement considérée comme faisant partie de la poésie expressionniste, mais dépassant l'expressionnisme, en fait l'un des plus grands noms de la poésie autrichienne. On l'a comparé à Rimbaud, dont il se voyait comme l'un des héritiers. Mais il est également de la filiation de Baudelaire et de Verlaine, celle des poètes maudits.
Ses poèmes ont été recueillis et publiés après sa mort.
En 1912 avaient paru deux recueils, " Crépuscule et déclin " et " Sébastien en rêve

d'après le site : La poésie que j'aime, http://lapoesiequejaime.net/georg_trakl.htm date de consultation le 1/04/2011

Calme obscur de l'enfance

Sous des frênes verdoyants
Pâture la douceur d'un bleuâtre regard: repos d'or.
Le parfum des violettes ravit une âme obscure: épis qui
se balancent
Dans le soir, semence et ombre d'or de la mélancolie.
Le charpentier taille des poutres; dans la combe crépusculaire
Le moulin tourne; dans les feuilles du noisetier se galbe une bouche pourpre,
Virilité penchée rouge sur des eaux nocturnes.
Il est léger l'automne, l'esprit de la forêt; un nuage d'or
Suit le solitaire, l'ombre noire du descendant.
Déclin dans la chambre de pierre; sous de vieux cyprès
Les images nocturnes des larmes ont conflué en une source;
Œil d'or des origines, patience obscure de la fin

Mélancolie

L’âme bleue s’est refermée muette
Dans la fenêtre ouverte tombe la forêt brune
Le silence des bêtes sombres ; dans la profondeur meule le moulin
sur le chemin,, les nuages dévalent
Ces étrangers dorés. une cohorte de coursiers
jaillit rouge dans le village. Le jardin brun et froid
L’aster tremble de froid, sur la clôture peinte tendrement
l’or des tournesols est déjà presque enfui.
La voix des jeunes filles, la rosée a débordé
dans l’herbe dure et l’étoile blanche et froide.
Au milieu des ombres chères vois la mort peinte
chaque face pleine de larmes et fermée sur elle-même.

Délirium

Il neige noire, celle qui s’écoule des toits ;
Un doigt rouge plonge dans ton front
Dans la chambre nue coulent au fond des névés bleus,
ils sont les miroirs défunts des amants.
En morceaux lourds éclate la tête et cherche le sens
es ombres dans le miroir des névés bleus.
Au sourire glacial d’une jeune fille morte.
Dans des parfums d’œillets pleure le vent du soir.

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rotko
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rotko


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MessageSujet: Re: Georg Trakl   Georg Trakl EmptyVen 01 Avr 2011, 17:24

Citation :
Son œuvre tourmentée, ordinairement considérée comme faisant partie de la poésie expressionniste, mais dépassant l'expressionnisme

c'est ainsi que je connais son nom, sans connaître précisément son oeuvre. Ce fil vient donc à point. Une riche notice sur wikipedia.

C’est cependant au théâtre qu’il va pour la première fois se manifester en faisant jouer au théâtre municipal de Salzburg deux pièces Totentag et Fata Morgana. Totentag est monté le 31 mars 1906 et Fata Morgana quelques mois après le 15 octobre. Le public n'adhère pas à ses pièces où les personnages parlent le langage codé que l'on retrouvera par la suite dans ses poèmes. C'est un échec et Trakl détruit ces textes.

on n'aurait donc plus ces pièces ?
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Ivan K.
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Ivan K.


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MessageSujet: Re: Georg Trakl   Georg Trakl EmptyVen 01 Avr 2011, 18:07

rotko a écrit:

on n'aurait donc plus ces pièces ?

Je n'en trouve pas de traces. Je suis allé jeter un oeuil sur le catalogue en ligne de la bibliothèque nationale autrichienne, je n'ai rien trouvé. Je ne suis cependant pas germanophone, loin de là, peut être une oeuvre m’aura-t-elle échappé. J'ai vu que l'on avait sorti ses oeuvres complètes, peut être les pièces seront-elles reprises dedans. En librairie, en tous cas à Bruxelles, ces pièces sont introuvables.
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racbouni
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racbouni


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MessageSujet: Re: Georg Trakl   Georg Trakl EmptyJeu 07 Avr 2011, 20:54


Salutations messieurs,

J'ai pu récupérer pour une modique somme le recueil des œuvres poétiques de Georg Trakl publié dans la collection poésie gallimard.

Dans ce recueil figure une pièce de théâtre mais il me semble qu'il ne s'agit pas de fata morgana ni de totentag....

Impossible de vérifier je n'ai plus le livre sous la main !

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ishya
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ishya


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MessageSujet: Trakl : Grodek   Georg Trakl EmptyLun 06 Aoû 2012, 16:31

Bonjour à tous
pour enrichir la discussion je vous donne le lien d'un article que j'ai écrit sur Trakl sur notre blog collaboratif :

J'y ai ajouté le fameux poème "Grodek" qui est le dernier qu'il ait écrit et le plus célèbre



Vers le soir, les forêts d'automne retentissent

des armes de la mort, les plaines dorées,

les lacs bleus et par-dessus le soleil

encore plus sombre roule ; la nuit enserre

des guerriers mourants, la lamentation sauvage

de leurs bouches en éclat.

Mais en silence s'amoncelle au fond du pâturage

nuée rouge, là vit un dieu coléreux,

le sang est vidé, froid de lune

Toutes les routes débouchent dans la pourriture noire

Sous les rameaux d'or de la nuit et des étoiles,

Vacille l'ombre de la sœur au travers du bois muet

Pour saluer les esprits des héros, les têtes en sang

Et doucement sonnent dans les roseaux les flûtes

obscures de l'automne

Ô deuil plus fier autel d'airain

La flamme chaude de l'esprit nourrit aujourd'hui

une douleur violente,

Les descendants qui ne verront pas le jour.


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soussou
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MessageSujet: Re: Georg Trakl   Georg Trakl EmptyDim 30 Juin 2013, 11:14

Poète des lacs sombres, des décadences et des transgressions, Trakl est le poète contemporain le plus dérangeant. Étranges sont ses voies nocturnes, et il reste un étranger pour tous. Maléfique sa poésie, éclatante et perverse son écriture.

« Qui pouvait-il bien être ? » demandera Rilke juste après la mort de Trakl. « Je suis à moitié né, je suis complètement mort », disait lucide Trakl.
Trop de réponses vont tuer la réponse, on peut juste s’approcher un peu de ce poète en éludant sa complexité et son sens du religieux très personnel, Pain et vin, ceux de la religion mais aussi ceux qu’il apportait aux prostituées les soirs d’hiver passent dans son œuvre.
Mais plus encore la neigeuse nuit, est dans ses mots qui sont « une croix de sang dans l’éclat des astres ». Il se voyait comme un pauvre Kaspar Hauser, l’homme sans identité, l’étranger total.



Une poésie noire et glacée

Issue des débris pourrissants de l'Europe austro-hongroise, de la joyeuse apocalypse viennoise, du nihilisme féroce berlinois, une poésie noire et glacée a vu le jour : la poésie expressionniste de langue allemande. Pressentant les bruits terrifiants de la grande « guerre-boucherie » qui s'avance dans les tranchées des têtes, toute une génération de peintres, d'écrivains hurlera avant de disparaître, broyée devant la bêtise coagulée en haine répandue. Il aura retransmis le crépuscule métaphysique de l'Occident.
D’ailleurs « Occident » est l’un de ses plus beaux textes. Il est profondément l’homme du déclin et il n’aura de cesse de décliner.
Trakl est né à Salzbourg le 3 février 1887, il est mort le 3 novembre 1914 à 27 ans.
Il était pharmacien militaire, pour mieux se rapprocher de ses drogues. Sa vision de la boucherie de Grodek, entre le 6 et le 11 septembre 1914, le marqua au tréfonds. Il fera une tentative de suicide pour ne plus voir au fond de lui tous ses corps déchiquetés, ces dormeurs sombres au front fracassé.

Trakl est mort autant d'overdose de cocaïne une nuit de 3 novembre 1914 à l’hôpital psychiatrique de Cracovie que d'overdose du monde en sang. Il demeure, sans doute le plus grand de ces sacrifiés, comme Franz Marc, August Macke, qui surent jusqu'aux bouts des "champs d'horreur" parler de beauté. Nul n’aurait connu sa poésie et son théâtre sans le dévouement de son éditeur Ficker. Et depuis il est le soleil noir de la poésie allemande. En 1925 ses restes sont ramenés en Autriche près d’Innsbruck, pas si loin de vienne qu’il détestait. Une seconde vie commence dans la conscience littéraire européenne. Il devient la voix du malheur dans l’écrin du lyrisme proche de Novalis, avec des formes qui semblent rassurantes, - sonnets, quatrains -, mais qui pervertissent le genre.

Mélange incandescent de l’expressionnisme morbide, de la pureté d’un Hölderlin, de la fulgurance d’un Rimbaud, il reste une énigme pour nous. Sa poésie hallucinatoire et complexe le désigne comme l’un des grands poètes modernes de l’apocalypse. Pour lui les villes sont froides et mauvaises et sentent la proximité de la mort. Cette mort qu’il sent monter de la décomposition de l’Occident. Il se reconnaîtra dans l’expressionnisme allemand, ce cri poussé jusqu’à la mort.

Poète des hautes décadences, de la pourriture et de l'alcool, il a su être fulgurant, illuminé mais surtout, crépusculaire. Hanté par la mort et le désir d'innocence, lui le frère incestueux de Gretl sa sœur, son double, son amour,
« Toujours tinte la voix de lune de la sœur». Son avortement après son mariage avec un autre, le poussera près de la folie. Il sera le poète de la décomposition. Sa lecture fait autant peur qu'elle fascine. Les philosophes et les psychanalystes (Lacan, Lukacs, Derrida, Martin Heidegger surtout qui a beaucoup écrit sur la dissolution poétique dans son écriture,…), l’ont longuement étudié.

Beaucoup de compositeurs l’ont mis en musique (Boucourechliev, Webern,…). Témoin en première ligne de l’effondrement de l’empire austro-hongrois, à cheval sur la déchirure de son siècle, il étendra cette destruction à l’intérieur de lui-même. Il s’effondrera comme une étoile morte, sur lui-même. Drogué dès sa jeunesse, il aspirait au bleu du ciel, à la fleur bleue de Novalis. Cette quête du sacré passait pour lui dans la fascination de la décomposition, par son sacrifice. Dostoïevski et Rimbaud l’illuminent. Pauvre et désespéré il sera un errant.
C'est l'heure où les yeux du voyant s'emplissent de l'ordre des étoiles.
Il a, comme il le dit lui-même, écrit de superbes poèmes qui claquent des dents.
Ce mélange impur et décadent entre âme et corps, écartèle Trakl entre ce monde ici-bas, et le ciel inaccessible.
-
Ô que ce monde est triste, que la tristesse est nulle, et que le nul est monde -, et d'ailleurs - juste une étincelle de joie pure, et l'on serait préservé - un peu d'amour, et l'on serait sauvé.

Psaume

Il est une lumière que le vent a éteinte.
Il est une cruche de bruyère, qu’une après-midi un homme ivre délaisse
Il est une vigne, calcinée et noire des trous pleins d’araignées.
Il est un lieu, qu’ils ont badigeonné de lait
Le fou est mort. Il est une île des mers du Sud,
pour capturer le dieu Soleil. On bat les tambours.
Les hommes représentent des danses guerrières.
Les femmes balancent leurs hanches dans des lianes tordues et des fleurs de feu,
quand chante la mer. O notre paradis perdu.

Les nymphes ont quitté les forêts d’ors.
On enterre l’étranger. Alors se lève une pluie d’étincelles.
Le fils de Pan apparaît sous la silhouette d’un terrassier,
qui dort à midi sur l’asphalte brûlant.
Il est des petites filles dans une cour avec des petites robes pleines d’une déchirante pauvreté !
Il est des chambres, emplies d’accords et de sonates.
Il est des ombres qui se prennent dans les bras devant un miroir aveugle.
À la fenêtre de l’hôpital se réchauffent des convalescents.
Un vapeur blanc sur le canal apporte des épidémies sanglantes.

La sœur étrangère apparaît à nouveau dans les mauvais rêves de quelqu’un.
Reposant dans le bosquet de noisetiers elle joue avec ses ombres.
L’étudiant, peut-être un double, la regarde longtemps de la fenêtre.
Derrière lui se tient son frère mort, ou bien il dévale le vieil escalier en colimaçon.
Dans le sombre des bruns châtaigniers s’estompe la forme du jeune novice.
Le jardin est dans le soir. Dans le cloître, volettent les chauves-souris tout autour.
Les enfants du concierge cessent leurs jeux et cherchent l’or du ciel.
Derniers accords d’un quatuor. La petite aveugle court tremblante par les allées.
Et plus tard son ombre tâte les murs froids, cernés de contes et de légendes
sacrées.

Il est un bateau vide, qui le soir descend le canal noir.
Dans les ténèbres du vieil asile déclinent des ruines humaines.
Les orphelins morts sont couchés contre le mur du jardin.
Des chambres grises sortent des anges aux ailes tachées d’excréments.
Des vers gouttent de leurs paupières jaunies.
La place devant l’église est sombre et silencieuse, comme aux jours de l’enfance.
Sur des semelles d’argent glissent des vies antérieures
Et les ombres des damnés descendent vers les eaux qui soupirent.
Dans sa tombe le magicien blanc joue avec ses serpents.

Silencieusement dessus l’ossuaire s’ouvrent les yeux d’or de Dieu.

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