Mohammed Dib [Algérie]

Tu nous raconteras ?
Tout ça m'intrigue...

Je raconterai, si j'arrive à comprendre, Pas facile Borges pour moi. je vais relire le Aleph, Borges s'intéressaità la kabbale, une tradition ésotérique , interprétation de l'Ancien Testament, je crois.

Bonne idée Amadak. Borges s’intéresse à la kabbale et connaît profondément le mysticisme soufi. Borges évoque et s'inspire des cultures orientales avec une justesse rarement atteinte... Même de la part des orientaux eux-mêmes. Cet auteur est admiré dans le monde entier. Mais quand on lui disait qu'il était cosmopolite il s'énervait et clamait "je suis argentin".

Pour en revenir à Dib. Un des points qui peuvent dérouter le lecteur c'est son refus de l'orientalisme. Contrairement à d'autres auteurs plus lus en Europe Dib ne fait pas rêver avec un Orient voluptueux et violent... Non. Il s'inspire juste des impressions d'enfances qui l'ont poursuivi toute sa vie. Rien de très explicitement typique dans son oeuvre mais un profond humanisme. Concernant La Grande Maison (première partie de la trilogie Algérie) c'est un peu l'histoire de la prise de conscience progressive d'une situation humiliante de colonisé et de la formation d'un idéal révolutionnaire et tout cela dans la tête d'un enfant: Omar. C'est aussi un livre où la faim est omniprésente, conduisant même à l’hallucination par moments.

Voici un extrait d'Anthologie de La Grande Maison où tout est dit :

Citation :

Omar pensait au goût du pain dans sa bouche : le maître, près de lui, réimposait l'ordre. Une perpétuelle lutte soulevait la force animée et liquide de l'enfance contre la force statique et rectiligne de la discipline. M. Hassan ouvrit la leçon.
- La patrie est la terre des pères. Le pays où l'on est fixé depuis plusieurs générations.
Il s'étendit là-dessus, développa, expliqua. Les enfants, dont les velléités d'agitation avaient été fortement endiguées, enregistraient.
- La patrie n'est pas seulement le sol sur lequel on vit mais aussi l'ensemble de ses habitants et tout ce qui s'y trouve.
Impossible de penser tout le temps au pain. Omar laisserait sa part de demain à Veste- de- kaki. Veste - de- kaki était il compris dans la patrie? Puisque le maître disait...
Ce serait quand même drôle que Veste - de - kaki... Et sa mère, et Aouicha, et Mériem, et les habitants de Dar-Sbitar? Comptaient- ils tous dans la patrie? Hamid Saraj aussi?
- Quand de l'extérieur viennent des étrangers qui prétendent être les maîtres, la patrie est en danger. Ces étrangers sont des ennemis contre lesquels toute la population doit défendre la patrie menacée. Il est alors question de guerre. Les habitants doivent défendre la patrie au prix de leur existence.
Quel était son pays? Omar eut aimé que le maître le dit, pour savoir. Où étaient ces méchants qui s'y déclaraient les maîtres? Quels étaient les ennemis de son pays, de sa patrie ? Omar n'osait pas ouvrir la bouche pour poser ces questions à cause du goût du pain.
- Ceux qui aiment particulièrement leur patrie et agissent pour son bien, dans son intérêt s'appellent des patriotes.
La voix du maître prenait des accents solennels qui faisaient résonner la salle.
Il allait et venait.
M. Hassan était il patriote? Hamid Saraj était- il patriote aussi? Comment se pouvait-il qu'ils le fussent tous les deux? Le maître était pour ainsi dire un notable; hamid saraj, un homme que la police recherchait souvent. Des deux, qui le patriote alors ? La question restait en suspens.

J'aurais besoin de relire "le Aleph de Borges, je ne l'ai pas fait encore. Je répondrai sur le sujet après.

Merci à WalidB pour cet éclairage :

c'est un peu l'histoire de la prise de conscience progressive d'une situation humiliante de colonisé

J'aime bien cette idée de la naissance d'une conscience, balbutiante d'abord, étriquée puis s'ouvrant au monde extérieur pour en voir toute l'abomination.

Je suis très contente d'avoir lu ton commentaire sur Borges car je viens d'acquérir l'Aleph, moi aussi.

Que je compte lire promptement. J'ai lu Borges trop jeune et je suis passée à côté de la dimension mystique. Ce ne sera plus le cas aujourd'hui.

très bien ""Crevette,moi aussi je l'avais lu il y a longtemps et oublié il est temps d'essayer de nouveau. J'aimerais lire ton commentaire, je n'ai pas le conte encore.

tre interessant ce fil sur Mohammed Dib,je vais lire pour lui "la grande maison".

malheureusement ,rien à répondre, sauf le fil sur GDS je n'ai rien lu de lui.
En plus si j'ai des problèmes ``a trouver des livres plus simples imaginez ce que serait cet auteur.

Ginchiyo a écrit:

très interessant, ce fil sur Mohammed Dib,je vais lire pour lui "la grande maison".

si ton projet se concretise, je t'accompagnerai sans doute, car cet auteur me plaît.

tiens-moi au courant, j'ai emprunté des nouvelles : le recueil la nuit sauvage, paru chez Albin Michel..

j'ai achete aujourd'hui La grande maison,je vais le lire.

parfait, je te lirai, et si c'est un bon titre, je te suivrai.

j'ai pas encore fini la lecture mais c'est ca ce que j'ai retenu jusqu'à maintenant

l'histoire se passe dans l'Algerie coloniale. L'auteur nous invite à connaitre cette periode de l'histoire de l'Algerie à travers un enfant qui s'appelle Omar qui ne mange pas tous les jours et la faim constitue son grand probleme. Dib nous montre comment le peuple algerien etait prive meme de ses droits humains : manger,boire. le pain devient leur but principal,

Omar ne songe plus qu'à lui, meme dans la classe,il attend la chance pour mettre quelque morceau du pain dans sa bouche. De meme, la colonisation n'a pas seulement appauvri le peuple physiquement mais aussi mentalement.

Dans la classe M.Hassan demande à ses eleves le sens du mot "patrie".Ils se regardent et regardent autour d'eux et il apparut que le sens du mot n'etait pas là. Ensuite l'un d'eux a dit que "la France est notre mere" mais à travers la reflexion enfantine et lucide d'Omar il apprend que la France ne ressemble plus à sa mere.

j'écris surtout pour les Algériens et les Français. Pour essayer de faire comprendre à ceux-ci que l'Algérie et son peuple font partie d'une même humanité, avec des problèmes communs, pour l'essentiel, et pour inviter ceux-là à s'examiner eux-mêmes sans sentiment d'infériorité. Ils doivent se croire assez forts pour affronter certaines réalités. Mon ambition reste cependant d'intéresser n'importe quel lecteur. L'essentiel est le fonds d'humanité qui nous est commun, les choses qui nous différencient demeurèrent toujours secondaires." (L'Afrique littéraire et artistique, n°18, août 1971).

ja'i beaucoup aimé son style d'ecriture,il decrit d'une parfait lucidite son pays sous la colonisation.Il nous amene à imaginer les evenements de l'histoire de l'Algerie.

je vais continuer la lecture.je suis tellement emue.

Merci Ginchiyo, tu en parles fort bien, et je viens de commander la grande maison. On aura donc le plaisir d'échanger sur ce titre.

de rien Rotko, j'ai cru que tu as lu le livre.En tout cas ca sera un grand palisir pour moi

Amadak,pourquoi pas lire quelque chose de cet auteur.Si tu veux tu peux debuter par la Grande maison, c'est un livre tres simple.

A bientot.

pour Ginchiyo: je ne souviens pas où, mais j'ai entendu parler de cet auteur, merci pour me le recommander, la question est où l'obtenir, je n'accepte plus les livres voyageurs, il y a des mois que j'attends de Larry Watson "montana 1948, qu'on m'a gentiment envoyé et que je n'ai pas encore reçu, et que je ne recevrai jamais.

Ginchyo, j'attends la suite de tes remarques sur la grande maison.

je suis en train de le lire. c'est effectivement un style plus simple que La nuit sauvage.

desole pour le retard rotko j'ai pas encore continue la lecture mais j'ai pas oublie,j'avais beaucoup de choses à faire. Je vais ecrire mes remarques dans deux jours,desole vraiment.

pas de problème, ne te presse pas, je me demandais seulement si tu continuais à le lire ou si tu l'avais arrêté.
Excuse-moi. je vais le lire dans les jours qui viennent, on pourra donc confronter nos avis, et j'en suis content. Tu le lis en français ?

je vais continuer à lire le roman bien sur et oui en francais.

A bientot.

Bon,j'ai continue la lecture et de plus en plus je suis attiree par le style de l'auteur.Il decrit toujours l'evolution du sentiment des Algeriens à l'aube de la guerre d'independance.L'auteur nous montre le monde qui se retrecit sur eux en evoquant la misere ,la faim et le fait d'etre completement demuni. j'ai beaucoup aime la scene ou la mere d'omar se mit en colere contre ces conditions et elle va meme jusqu'à vouloir mettre sa mere dans la rue en sachant que la grande mere de Omar est paralytique:

Citation :

-Pourquoi ne te garde-t-il pas,ton fils? Quand tu servais de domestique à sa femme pendant des annees,tu etais interessante! Quand tes pieds ne t'ont plus portee,il t'a jetee comme une ordure?(....)
-tais-toi,je ne veux pas t'entendre.Je ne veux pas entendre le son de ta voix! Tais-toi! Tais-toi !Dieu vous a jetes sur moi comme une vermine qui me devore.

Ensuite on a la scene de la police,ca c'est vraiment ras-le-bol.Les agents de la police viennet chercher Hamid Saraj qui suppose etre un revolutionnaire.L'auteur decrit leur arrive à Dar Sbitar comme etant un tremblement de terre qui vient frapper le pays. Alors on voit la degradation dans les sentiments du peuple à travers Omar qui realise avec sa lucidite que ses etudes à l'ecole n'etait que des mensonges ensuite la crise s'aggrave avec l'overdose de l'humiliation qui lui fait oublier sa faim :

Citation :

Il ne pensait plus à sa faim; elle s'etait estompee,devenue lointaine, et ne viellait en lui que comme un vague haut-le-coeur qu'il ne parvenait pas à refouler.

Oui, Mohammed Dib opte pour un roman réaliste où il donne la parole aux protagonistes. beaucoup de dialogues.

A ce point de vue, on entend la tante d'Omar, très conservatrice parce qu'elle a peur du desordre - et de la prison qui guette les parleurs imprudents qui vont aux "réunions", comme Hamid.

Le style et la façon de raconter sont beaucoup plus accessibles que dans la nuit sauvage, nettement plus concise.

Ceci dit, j'ai lu à peu près 100 pages et je te "suis à la trace", très content d'échanger avec toi.

Tu as lu 100 pages!

alors comment tu as trouve le livre?

bien, j'attends la suite.

D'une certaine manière, je préfère la nuit sauvage, parce que j'ai été obligé d'être très attentif. J'aime bien quand une oeuvre me résiste.

j'ai pas lu la nuit sauvage mais dans la Grande maison il ne s'agit pas d'une histoire mais seulement la descritpion du pays avant la guerre d'independance c'est pourquoi peut-etre que tu n'as pas apprecie le livre.