La sainte Buble

Malheur à vous!!!! Je n'avais pas vu ce fil destiné aux créations sur GDS, maintenant je vais vous ensevelir sous le sable de mes poèmes douteux, et autres sacrilèges littéraires... Pour commencer voici la première nouvelle que j'ai publiée sur mon blog, il y a peu.



La Sainte Buble



C'était dans le temps que j'étais un jeune cramé avec des tas de choses à
prouver au monde, qui lui, n'en avait rien à foutre. Je rentrais chez moi
en revenant de je ne sais où avec dans le sang tout ce que la L 627 réprime;
enfin tout, peut-être pas, mais une bonne dose de coke ou d'opium, c'est
fort probable. Bref. Ca s'est passé un vendredi matin, j'en suis certain pour
une raison que nous verrons plus tard.

J'allais parvenir à glisser ma clef dans la serrure de la porte du bas,
quand je remarquais le titre des brochures que portaient à leur bras deux
démarcheurs de rue, occupés à se faire rembarrer de chaque appartement dont
ils dérangeaient la mortelle existence: "La Tour de Garde" et "Reveillez-
vous!". Grâce à un de mes premiers amours, qui n'avait jamais vraiment voulu
me le rendre, je savais que ces gens étaient Témoins de Jéhovah. Les Témoins
de Jéhovah sont ces pauvres hères forcés au prosélytisme, sous peine de
jamais trouver le chemin du paradis une fois leur corps débarrassé de tout
souffle de vie. Si ils viennent nous faire chier pour nous vendre leur
camelote religieuse mal traduite, c'est pas par méchanceté, mais par amour.
Bref.

Je les vois en face de mon immeuble, solitaires et gorgés de bonté. Et puis
je me rappelle en outre qu'un de mes cousins les accueuillait dans le temps
pour essayer, selon ses dires, de les remettre dans le droit chemin. Mais
moi j'ai moins de considération pour l'humanité: je me dis juste que ça peut
être fun.

"Bonjour, vous êtes Temoins de Jehovah, c'est ça?

"Oui, vous avez de la famille dans notre église?

"Non, mais la mère de ma première copine (mensonge, elle m'avait jamais
roulé ne serait-ce qu'un pelle, mais dit comme ça c'est plus court) avait
toute une bibliothèque de "La Tour de Garde" et de "Reveillez-vous!"...

"Bien! Peut-être acceptieriez-vous que nous rentrions quelques instants?
(faute d'accord, mais qui maîtrise l'imparfait du subjonctif de nos jours?)

"Heu, là non, je suis crevé...

Je remarquai un troisième livret dont le titre m'échappe aujourd'hui, mais
qui traitait des grands penseurs chrétiens. Sans être à la recherche de
spiritualité, je m'intéressais à ce genre de trucs. Je leur demandais de
pouvoir y jeter un oeil, comme ça, dans la rue. On peut recevoir les
Jehovistes comme des chiens, normalement ils sont même contents.

"Bien entendu" qu'ils me dirent. Me voilà en train de patauger dans leur
salmigondis théologique: un mauvais patchwork cousu de raccourcis et de fils
blancs. Au milieu de toutes ces bêtises, j'en vois une énorme: Tertullien est
situé au Vè siècle, voire au XIè, je sais plus bien, en tous cas loin du IIè
où il officiait, dans le monde historique réél. C'était un peu par chance que
je savais ça, j'avais dû voir un reportage Arte sur ce Père de l'Eglise qui
inventa le terme de Trinité. Toujours est-il que dans leur stupide article,
y'avait écrit n'importe quoi, et que ça appuyait un argumentaire crétin qui
ne tenait pas la route. Je décidais de me la péter avec une belle phrase:

"Vous voyez, c'est pour ça que j'ai du mal avec les religions, mineures ou
non (et paf) qui essaient d'asséner leurs morales au plus grand nombre en
citant des auteurs dont elles dévoient la parole: Tertullien n'a jamais été
du Vè (ou XIè), mais du second siècle après JC. Alors que les Eglises aient
compris des choses à la vie qui nous passent au-dessus, je veux bien, mais
on en convaincra pas les moins incultes avec des coquilles comme ça
(re-paf)..."

Ils restèrent sidérés quelques instants, avant de vérifier par leurs yeux
à eux la bourde que j'avais relevée. Il y en avait deux ou trois autres, mais
je les ai oubliées depuis. Sûrement que ces deux grouillots Jehovistes ne
connaissaient rien à Tertullien (un peu comme moi cela dit) mais ils se
ressaisirent vite et congratulèrent ma culture et ma sagacité. J'étais pas
peu fier de mon coup. Ils repartirent répandre leur sagesse plus loin. Je
rentrais noyer les effets des drogues dures dans la douce fumée de gros
pétards de beuh.

Fin de l'acte I.

Le vendredi suivant, alors que je m'abrutissais de joints en lisant des
livres sensés me désabrutir (j'ai toujours aimé les contrastes), mon horrible
sonnette retentit. C'était eux. J'ai jamais su comment ils avaient su quelle
était ma sonnette -sûrement qu'ils les ont toutes essayées. Mais les voilà de
nouveau. Le couple avait changé: la même greluche rousse (baisable) ac-
compagnée d'un autre type, un grand brun jovial mais qui semblait moins
arriéré que le précédent, plus éduqué disons. Comme j'avais rien d'autre à
fiche, et que je leur devais bien ça, je les fis monter.

Je préparais un thé pour les mettre à l'aise, et leur faire oublier les
lourdes volutes de ganja qui tapissaient le grave bordel de mon salon. Ils
refusèrent poliment d'en boire, par peur ou par respect d'un précepte
religieux que j'ignorais.

En effet le jeune type était moins con et ignorant que le dernier. Il
commença par me cirer les pompes, car on l'avait informé de mon exploit de
tantôt. Il me donna un petit livre en couleur d'une centaine de pages (preuve
qu'ils ont du pognon les Témoins) intitulé "Y a-t-il un Dieu qui se soucie de
nous?"; je l'ai toujours. Sur la couverture, une jolie photo d'une poupon-
nière d'étoiles qui fait, il est vrai, immanquablement penser à la Vierge
(mais la constellation de la grande ours ne démontre pas que les cuisiniers
ont créé le monde), et à l'intérieur les âneries habituelles sur les
souffrances humaines et le principe de libre-arbitre. Bref, le niveau retombe
et je commence à me faire chier.

"Ca vous gène si je me roule un pétard?"

Visages horrifiés. J'ajoute, comme pour m'excuser:

"Ca m'aide à me concentrer"

Vu que nous n'avons vraiment pas le même regard sur le monde contemporain,
je décide de les ramener sur ce qu'on partage: un certain attrait pour la
théologie. Les Temoins font plein de prédictions, c'est ça qui est drôle avec
eux, vu qu'elles sont aussi fiables que celles de Paco Rabanne. Je leur
demandai alors comment ils expliquaient que Rutherford se fût tant planté
concernant la Fin des Temps, qu'il avait annoncée pour 1925. Complétement
paumés là, y compris le moins con des deux. Devant la limite de leur savoir,
je pris le dernier exemplaire de "La Tour de Garde" et corrigeai encore une
ou deux énormes absurdités afin qu'ils comprissent qu'il était l'heure d'y
aller. Le plus cultivé de tous les Jehovistes méritait à peine un quatre en
Histoire. Ils s'en furent, m'abandonnant à mon usage peu restrictif des
drogues, molles et dures.

Fin de l'acte II.

Le Vendredi suivant (on se croirait dans la comptine du "Petit Prince"), à
la même heure ma sonnette retentit, toujours aussi horriblement. Je passai ma
tête à la fenêtre. Ce que je vis me fit beaucoup rire: la rousse baisable
avait requis la présence d'une sorte de Grand Shtroumph de cent-vingt kilos,
tout adipeux de science et bonhomme comme un boulanger. Il avait sous le bras
ce que je supposais être une bible, et je vous jure, la plus grosse que je ne
vis jamais. La situation était certes cocasse, mais un tout petit peu
ridicule: si je le renvoyais lui aussi à ses études, que leur resterat-il? Se
ferait-elle assister la prochaine fois d'un membre du Collège Central? et
après? Jesus? Dieu en personne? tout ça avait trop duré. Je déclinais
l'entretien.

Fin de l'acte III

Pendant près de dix ans ils continuèrent de sonner immanquablement chez
moi, tous les vendredi à quatorze heures, espérant me ramener dans leur grand
troupeau des bêlants pétrifiés par le monde moderne. Je ne les ai jamais
reçus depuis, mais ils tentent encore, de temps à autres, car ils y sont
forcés, mus par un ordre aussi altruiste que des pirhanas ayant perçu une
une goutte de sang dans la rivière et qui ne peuvent plus rien faire d'autre
que de se ruer sur la proie. Leur détermination est tout de même remarquable:
même la SNCF à qui je devais des dizaines de milliers de francs pour voyage
en fraude à fini par lâcher le morceau tant je les ai faits tourner en
bourrique.

tu t'amuses bien avec ces pauvres prosélytes de la Sainte Parole.

je n'ai pas bien compris la fin avec la SNCF : tu veux dire que tu as tout le monde à l'épuisement ?

rotko a écrit:

tu t'amuses bien avec ces pauvres prosélytes de la Sainte Parole.

je n'ai pas bien compris la fin avec la SNCF : tu veux dire que tu as tout le monde à l'épuisement ?

Oui, et que les Témoins ont même montré plus d'acharnement. Mais j'en conviens, la fin ne me satisfait pas tout à fait.

ignatius a écrit:

la fin ne me satisfait pas tout à fait.

repasse alors par le traitement de texte, tu revois le couple passé simple/imparfait, et ce sera au point.

J'aime bien et c'est tellement vrai pour les Témoins : ils ne lâchent pas le morceau facilement

rotko a écrit:

ignatius a écrit:

la fin ne me satisfait pas tout à fait.

repasse alors par le traitement de texte, tu revois le couple passé simple/imparfait, et ce sera au point.

Non je parlais de la chute en tant que telle. Une chose te gêne dans la concordance des temps du dernier paragraphe?

je ne retrouve pas l'endroit exact, mais par exemple Je remarquais un troisième livret me paraîtrait plus indiqué au passé simple;
Par traitement de texte, j'entends la correction des coquilles.
Dans ce texte, comme dans le suivant, tu ne fais pas de cadeaux aux femmes. Je sais bien que certains hommes pensent en eux-mêmes, "voilà la grosse moche", mais de le voir écrit me choque un peu
je sais pourtant que c'est le narrateur qui parle .

rotko a écrit:

je ne retrouve pas l'endroit exact, mais par exemple Je remarquais un troisième livret me paraîtrait plus indiqué au passé simple;
Par traitement de texte, j'entends la correction des coquilles.
Dans ce texte, comme dans le suivant, tu ne fais pas de cadeaux aux femmes. Je sais bien que certains hommes pensent en eux-mêmes, "voilà la grosse moche", mais de le voir écrit me choque un peu

à relire mais tu as peut etre raiso,n pour le passé simple. Quant aux coqilles j'en fais pas mal, ne me relisant que très peu.

Pour ce que je dis de mes pensées, je n'écris pas pour cacher la vérité, et je ne pense pas faire plus de concessions aux hommes qu'aux femmes, race (sic) que je respecte bien plus que leur pendant couillu (ah ah); je ne cherche pas le politiquement correct, ni à recevoir la médaille du plus respectable (excuse moi, je vais vite je dois sortir). Si cela choque, je suis désolé, je devrais peut-être poster ailleurs. Note qu'aucune femme ne m'a dit être choquée par ce que j'écrivais, à part une un jour sur un poème, et encore, c'est vraiment pour apporter de l'eau à ton mouilin, car elle ajoutait la phrase suivante qu'elle voyait bien que j'en avais autant pour l'autre sexe. Merci d'avoir lu Rotko en tous cas.

Citation :

apporter de l'eau à ton moulin

Oh, ne t'en fais pas, mes remarques sont spontanées et sans aucun caractère définitif. D'autres jugeront différemment, sans doute

rotko a écrit:

Citation :

apporter de l'eau à ton moulin

Oh, ne t'en fais pas, mes remarques sont spontanées et sans aucun caractère définitif. D'autres jugeront différemment, sans doute

hi hi. Ne me prive pas d'illusoires attaques, j'aime trop me défendre!! Cent louanges font moins réfléchir qu'un reproche.

Je signale une contrepèterie avec la Tour de garde : la Gourde tarde.

Sacré troglo !

Ignatius a écrit:

Cent louanges font moins réfléchir qu'un reproche.

c'est certainement une bonne facon de progresser.

Si j'étais toi, je comparerais une heure au purgatoire sur GDS* avec ce que tu as dans ton ordi.

rotko a écrit:

Si j'étais toi, je comparerais une heure au purgatoire sur GDS* avec ce que tu as dans ton ordi.

Bon alors hier soir en lisant ça je me suis dit "je suis trop bourré, on relira demain"

Voila on est le lendemain, j'ai cuvé, et je ne comprends toujours pas ce que tu veux dire par ce qu'il y a dans mon ordi...

Nous avons analysé le contenu de ton ordi via ta connexion, et nous savons que tu caches des documents très compromettants, ne fais pas l'innocent.

troglodyte a écrit:

Nous avons analysé le contenu de ton ordi via ta connexion, et nous savons que tu caches des documents très compromettants, ne fais pas l'innocent.

mdrrrrrrrrrrrrrrrrrrr

zut, j'entends déjà les sirènes et le cliquetis du verrou...

troglodyte a écrit:

Nous avons analysé le contenu de ton ordi via ta connexion, et nous savons que tu caches des documents très compromettants, ne fais pas l'innocent.

Parfaitement, et cela suppose un examen minutieux ! ligne à ligne

je n'ai jamais été aussi flatté.