Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Forum littérature, roman, polar, poésie, théâtre, BD, SF, auteurs et livres du monde entier sur le forum littéraire et tous les arts, cinéma, peinture ...
Une table conviviale pour parler des livres, des spectacles, et goûter aux plaisirs des mots.
Nombre de messages : 165 Age : 67 Localisation : Belgique Date d'inscription : 29/09/2010
Sujet: Musique classique et littérature Mar 11 Jan 2011, 12:54
Les liens entre musique classique et littérature ... ainsi qu'entre littérature et musique classique d'ailleurs ... sont nombreux.
« La musique rejoint le vers pour former, depuis Wagner, la poésie. » — Stéphane Mallarmé, Divagations
Je ne connais que très partiellement la musique classique orchestrale ou instrumentale, il faudra donc que je fasse des recherches pour étoffer cet aspect du lien.
L'univers de l'opéra m'est nettement plus familier et des exemples me viennent à l'esprit plus rapidement : Shakespeare et Verdi ou Gounod ; Gounod et Mistral ; Beaumarchais et Mozart ou Rossini ; Poulenc et Bernanos ; Donizetti et Walter Scott ; ...
Le livret de l'opéra est parfois écrit directement par l'écrivain, parfois adapté par un librettiste s'insispirant de l'oeuvre d'un auteur. Le livret (de l'italien libretto 'petit livre') est un texte littéraire qui contient les dialogues chantés et/ou parlés complétant une création musicale. La relation entre le librettiste et le compositeur varie d'une oeuvre à l'autre et changera au cours des siècles ... les rapports étaient parfois 'houleux' en cas de désaccord sur la mise en place de l'action et parfois aussi en raison d'une certaine jalousie en ce qui concerne la prééminence du compositeur sur le librettiste en terme de notoriété, à quelques exceptions près.
Un article intéressant à ce sujet ici.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Musique classique et littérature Mar 11 Jan 2011, 13:07
je connais surtout la version pour orchestre de mazeppa la voici au piano
début du poème
Ainsi, quand Mazeppa, qui rugit et qui pleure, A vu ses bras, ses pieds, ses flancs qu'un sabre effleure, Tous ses membres liés Sur un fougueux cheval, nourri d'herbes marines, Qui fume, et fait jaillir le feu de ses narines Et le feu de ses pieds;
Quand il s'est dans ses nœuds roulé comme un reptile, Qu'il a bien réjoui de sa rage inutile Ses bourreaux tout joyeux, Et qu'il retombe enfin sur la croupe farouche, La sueur sur le front, l'écume dans la bouche, Et du sang dans les yeux,
Un cri part; et soudain voilà que par la plaine Et l'homme et le cheval, emportés, hors d'haleine, Sur les sables mouvants, Seuls, emplissant de bruit un tourbillon de poudre Pareil au noir nuage où serpente la foudre, Volent avec les vents !
le poème de Victor hugo - avec la musique sur ce site
Citation :
“Défense de déposer de la musique le long de mes vers”,
disait Victor Hugo
Dernière édition par rotko le Mar 11 Jan 2011, 13:11, édité 1 fois
Bel Canto pilier
Nombre de messages : 165 Age : 67 Localisation : Belgique Date d'inscription : 29/09/2010
Sujet: Re: Musique classique et littérature Mar 11 Jan 2011, 13:09
Baldassare Galuppi et Carlo Goldoni
Après l'accueil favorable du public vénitien de son opéra Dorinda, le compositeur Galuppi rencontre l'écrivain Goldoni qui lui écrit le livret de l'opéra Gustave premier, roi de Suède. C'était le début d'une fructueuse collaboration, Goldoni écrivant de nombreux livrets pour ce compositeur : - Oronte, roi des Scythes - Arcadia in Brenta - Il conte Caramella - Il mondo della luna - Il filosofo di campagna
Baldassare Galuppi et Pietro Metastasio
Le librettiste et poète italien collabora avec Galuppi pour plusieurs opéras dont Demetrio, Artaserse et La clemenza di Tito (qui inspira également WA Mozart !)
Bel Canto pilier
Nombre de messages : 165 Age : 67 Localisation : Belgique Date d'inscription : 29/09/2010
Sujet: Re: Musique classique et littérature Mer 19 Jan 2011, 21:48
Edgar Allan Poe
Le 19 janvier 1809 naissait à Boston, l'écrivain américain Edgar Allan Poe.
Il a inspiré bon nombre de compositions classique dont, entre autres :
Claude Debussy a écrit deux opéras adaptés l'un de 'La Chute de la maison Usher' et l'autre du conte 'Le diable dans le beffroi'. Le compositeur n'a pas malheureusement terminé ces oeuvres.
Rachmaninov a adapté le poème 'Les Cloches' en une symphonie chorale.
Plus récemment, Philip Glass a écrit un opéra adapté de 'La Chute de la maison Usher'.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Musique classique et littérature Jeu 20 Jan 2011, 06:20
Dans la représentation que j'ai vue (lien ci-dessus) la maison usher et le domaine d'arnheim avaient en quelque sorte "fusionné". je ne connais pas ce dernier titre.
le livre de Mattoti sur le Corbeau (the Raven) de Poe m'a beaucoup impressionné.
Bel Canto pilier
Nombre de messages : 165 Age : 67 Localisation : Belgique Date d'inscription : 29/09/2010
Sujet: Re: Musique classique et littérature Mer 23 Mar 2011, 16:05
Tolstoï et la musique "Beethoven, assassin" !
Un article 'Classica'.
« Au cours de l’hiver, Natacha [quinze ans et demi] s’était mise à chanter sérieusement. Son chant était libéré de l’application enfantine, comique, qui le gâtait naguère, mais n’atteignait pas encore la perfection. " Une belle voix, mais pas encore posée ; il faut la travailler ", disaient les connaisseurs. Ils n’émettaient d’ailleurs cette opinion que fort longtemps après que Natacha s’était tue. Dans l’instant même où retentissait cette voix encore peu travaillée, aux respirations défectueuses, changeant de ton avec effort, ces juges sévères se contentaient d’en jouir et ne désiraient que l’entendre encore. Il y avait dans cette voix une fraîcheur virginale, une inconscience de ses propres forces, un velouté non encore élaboré, qui s’harmonisaient si bien avec les défauts de technique, qu’il semblait qu’on n’eût rien pu y changer sans la gâter. »
C'est là l’apparition de la jeune Natacha Rostov dans un des premiers chapitres de Guerre et Paix, mais aussi la méfiance de Tolstoï à l’égard des "connaisseurs" qui dévalorisent la "jouissance" au profit d’une "science de l’art" (en cela, Tolstoï se range du côté de Stendhal contre les doctrinaires de l’esthétique). On se sera fait également une première idée de ce que Tolstoï entend par "beauté" en musique : non pas la perfection, normative et froide, mais la fraîcheur, même si elle manque de "technique", et surtout, qualité prisée au-dessus de toutes les autres par l’auteur de Guerre et Paix, le naturel.
la suite de l'article ici
WalidB pilier
Nombre de messages : 48 Age : 39 Date d'inscription : 22/03/2011
Sujet: Re: Musique classique et littérature Dim 27 Mar 2011, 13:57
Très intéressant ce sujet. C'est vrai que la littérature a beaucoup inspiré les musiciens mais l'inverse est aussi vrai. Par exemple:
Les redoutables Variations sur le thème du carnaval de Venise de Nicolo Paganini ont donné le beau poème de Théophile Gautier Variations sur le Carnaval de Venise.
Voici une interprétation (très libre) de l'oeuvre de Paganini par Vadim Repin. Il ne joue pas le 20 variations mais ça donne une idée de l'oeuvre. Si vous lisez les partitions vous pouvez jeter un oeil ici http://imslp.org/wiki/Il_carnevale_di_Venezia,_Op.10_(Paganini,_Niccol%C3%B2).
Et voici le poème de Gautier, tiré du recueil Emaux et camées.
Variations sur le carnaval de Venise
I - Dans la rue
Il est un vieil air populaire Par tous les violons raclé, Aux abois des chiens en colère Par tous les orgues nasillé.
Les tabatières à musique L'ont sur leur répertoire inscrit ; Pour les serins il est classique, Et ma grand'mère, enfant, l'apprit.
Sur cet air, pistons, clarinettes, Dans les bals aux poudreux berceaux, Font sauter commis et grisettes, Et de leurs nids fuir les oiseaux.
La guinguette, sous sa tonnelle De houblon et de chèvrefeuil, Fête, en braillant la ritournelle, Le gai dimanche et l'argenteuil.
L'aveugle au basson qui pleurniche L'écorche en se trompant de doigts ; La sébile aux dents, son caniche Près de lui le grogne à mi-voix.
Et les petites guitaristes, Maigres sous leurs minces tartans, Le glapissent de leurs voix tristes Aux tables des cafés chantants.
Paganini, le fantastique, Un soir, comme avec un crochet, A ramassé le thème antique Du bout de son divin archet,
Et, brodant la gaze fanée Que l'oripeau rougit encor, Fait sur la phrase dédaignée Courir ses arabesques d'or.
II - Sur les lagunes
Tra la, tra la, la, la, la laire ! Qui ne connaît pas ce motif ? A nos mamans il a su plaire, Tendre et gai, moqueur et plaintif :
L'air du Carnaval de Venise, Sur les canaux jadis chanté Et qu'un soupir de folle brise Dans le ballet a transporté !
Il me semble, quand on le joue, Voir glisser dans son bleu sillon Une gondole avec sa proue Faite en manche de violon.
Sur une gamme chromatique, Le sein de perles ruisselant, La Vénus de l'Adriatique Sort de l'eau son corps rose et blanc.
Les dômes sur l'azur des ondes, Suivant la phrase au pur contour, S'enflent comme des gorges rondes Que soulève un soupir d'amour.
L'esquif aborde et me dépose, Jetant son amarre au pilier, Devant une façade rose, Sur le marbre d'un escalier.
Avec ses palais, ses gondoles, Ses mascarades sur la mer, Ses doux chagrins, ses gaités folles, Tout Venise vit dans cet air.
Une frêle corde qui vibre Refait sur un pizzicato, Comme autrefois joyeuse et libre, La ville de Canaletto !
III - Carnaval
Venise pour le bal s'habille. De paillettes tout étoilé, Scintille, fourmille et babille Le carnaval bariolé.
Arlequin, nègre par son masque, Serpent par ses mille couleurs, Rosse d'une note fantasque Cassandre son souffre-douleurs.
Battant de l'aile avec sa manche Comme un pingouin sur un écueil, Le blanc Pierrot, par une blanche, Passe la tête et cligne l'oeil.
Le Docteur bolonais rabâche Avec la basse aux sons traînés ; Polichinelle, qui se fâche, Se trouve une croche pour nez.
Heurtant Trivelin qui se mouche Avec un trille extravagant, A Colombine Scaramouche Rend son éventail ou son gant.
Sur une cadence se glisse Un domino ne laissant voir Qu'un malin regard en coulisse Aux paupières de satin noir.
Ah ! fine barbe de dentelle, Que fait voler un souffle pur, Cet arpège m'a dit : C'est elle ! Malgré tes réseaux, j'en suis sûr,
Et j'ai reconnu, rose et fraîche, Sous l'affreux profil de carton, Sa lèvre au fin duvet de pêche, Et la mouche de son menton.
IV - Clair de lune sentimental
A travers la folle risée Que Saint-Marc renvoie au Lido, Une gamme monte en fusée, Comme au clair de lune un jet d'eau...
A l'air qui jase d'un ton bouffe Et secoue au vent ses grelots, Un regret, ramier qu'on étouffe, Par instant mêle ses sanglots.
Au loin, dans la brume sonore, Comme un rêve presque effacé, J'ai revu, pâle et triste encore, Mon vieil amour de l'an passé.
Mon âme en pleurs s'est souvenue De l'avril, où, guettant au bois La violette à sa venue, Sous l'herbe nous mêlions nos doigts...
Cette note de chanterelle, Vibrant comme l'harmonica, C'est la voix enfantine et grêle, Flèche d'argent qui me piqua.
Le son en est si faux, si tendre, Si moqueur, si doux, si cruel, Si froid, si brûlant, qu'à l'entendre On ressent un plaisir mortel,
Et que mon coeur, comme la voûte Dont l'eau pleure dans un bassin, Laisse tomber goutte par goutte Ses larmes rouges dans mon sein.
Jovial et mélancolique, Ah ! vieux thème du carnaval, Où le rire aux larmes réplique, Que ton charme m'a fait de mal !
Théophile Gautier
Ce poème a inspiré à son tour à un très beau passage dans Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde.
"Devant une façade rose Sur le marbre d’un escalier
Il y avait tout Venise dans ces deux vers... Il se rappela l’automne qu’il y avait passé, et un amour extraordinaire qui lui avait fait faire d’extravagantes, de délicieuses folies."
Après lecture des Variations de Gautier, Dorian s'exclame :
"Qu’elles étaient exquises ! En les lisant on avait le sentiment de flotter le long des verts canaux de la cité rose et gris perle, assis sur une gondole noire à la proue d’argent sous les rideaux à traîne. Les vers eux-mêmes ressemblaient à ces lignes droites qui vous suivent lorsque vous voguez vers le Lido. Les brusques éclairs de couleur lui rappelaient le miroitement des oiseaux à la gorge couleur d’opale et d’iris qui volettent autour du haut campanile alvéolé, ou marchent, déployant une grâce royale, sous les arcades sombres couvertes de poussières."
Coquelicot45 habitué(e)
Nombre de messages : 13 Age : 88 Localisation : TOURNAI BELGIQUE Date d'inscription : 18/01/2008
Sujet: litté/musique Sam 09 Juil 2011, 19:59
mona a écrit:
j'ai lu ces deux livres de JC Grondahl les bruits du coeur et sous un autre jour et j'ai beaucoup aimé : d'une grande sensibilité, Grondahl est affectueux envers ses personnages sans être complaisant
avec une préférence pour les bruits du coeur
la lecture de sous un autre jour m'a fait découvrir les suites pour violoncelle de Bach....j'ai même acheté le cd ....l'héroïne écoute cette musique, interprétée par son père violoncelliste lorsqu'elle part à sa rencontre en voiture
pour ma part c'est plutôt rare de découvrir une oeuvre musicale à la suite d'une lecture, et vous ?
----------------- Vrai ! c'est plutôt rare ! Cela m'est cependant arrivé en lisant André Comte-Sponville. Il faisait état de sa découverte et de son engouement pour " La jeune fille et la mort " de Franz Schubert.Je connaissais assez bien l'oeuvre de Schubert mais il persistait une grosse lacune que j'ai pu combler grâce à la lecture !
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Musique classique et littérature Dim 10 Juil 2011, 05:39
je prête attention aux oeuvres musicales citées dans les romans. Ainsi dans topolina d'astrid Waliszek, avec Bach à l'orgue de l'église ; le narrateur s'assied sur un banc. ou comment approcher d'un roman par la musique ;-)
on pourrait penser aussi aux récits de Quignard.
je rappelle quelques titres d'un défi lecteur où la musique tenait un rôle dans des romans contemporains :