Qu'en pensez vous ?

B se réveilla devant l’écran de son ordinateur, la bouche pâteuse, dégueulasse. Les volets de son appartement étaient toujours fermés, il ne savait pas si c’était le jour ou la nuit….Quelle importance après tout…
Il ne pouvait plus dormir dans son lit, Le contact de ses drap avec sa peau le dégoutait et il avait la sensation bizarre que du vide l’entourait, Comme si une mare noire engloutissait peu à peu son matelas, il n’avait alors plus qu’à attendre…attendre. La solution à l’attente était de s’endormir devant son écran, au son d’une video de youtube, ou d’un changement de statut sur facebook.

Le plus dur était de trouver quelque chose à faire, oui que faire ? B avait des projets, bien sur, il écrirait bientôt un scénario ou créerait un site web, mais pas aujourd’hui, il se sentait déprimé, Il remâchait des échecs, ayant eu lieu ou non en boucle. Il revoyait les mêmes scènes depuis des années, elles commençaient à sembler irréelle à n’avoir plus aucun sens, B est ici, quelqu’un lui manque de respect, et il aurait du faire ca, la prochaine fois il ne se laisserait pas marcher sur les pieds, oh non. Mais la réalité reprenait le dessus chaque fois que B sortait de chez lui. Dans son esprit malade tout le monde le détestait, un regard, un geste, un bonjour. Tout pouvait servir à alimenter ses phantasmes de persécution « Pourquoi m’a-t-il regardé comme ça cet enculé ? ». B s’était plusieurs fois demandé si ça n’était pas lui au final qui avait besoin de se torturer avec ces images de honte et de culpabilité. Il y avait une part de vérité dans ceci, il le sentait, mais il manquait une donnée de l’équation, Pourquoi ? Pourquoi tenait il tellement à être malheureux ? Il n’avait pas la réponse à cette question, mais elle se trouvait certainement dans les dessins animés qu’il avait ingurgité étant petit et dans lesquels le gentil gagne parce qu’il est juste, et la princesse l’aime pour ça. Pour croire à ce mensonge à 22 ans, il fallait être totalement fou, ou alors se dire que c’était peut être nous le dragon de l’histoire. La folie toquait à sa porte et il préférait encore être un traitre qui a tué son frère ou quoi que ce soit.

Que faire alors ? Attendre et attendre. La vie s’étirait et devenait une gigantesque salle d’attente, ou jamais personne ne rentrait et les seuls magazines pourris avaient 10 ans. Il fallait un but, oui c’était ça ! Aller à la fac par exemple, étudier et obtenir un beau métier. Puis, en un instant qui lui donna de violents maux de tête, il prit son sac et sortit de son appartement.

La route vers la fac fut abstraite, irréelle, un tramway, des gens, qui parlent, de quoi ? De choses étranges, ils se sont bien amusés hier soir, ils étaient ivres. B connaissait ce genre de discussion, on buvait parce qu’on s’emmerdait, puis quand on était sobre on racontait les conneries qu’on avait fait la veille, en attendant de pouvoir boire encore et encore. Et ceci sans fin, chaque cuite alimentait les mêmes discussions qui pour être alimentés avait besoin d’alcool. Il s’arrêta de penser, il commença à ressentir un grand vide et des éclairs douloureux lui traversèrent le crane. Il ne fallait pas penser à ca, non, non. Le problème c’est qu’il ne pouvait pas s’arrêter de penser, Il avait souvent eu envie de se noyer dans l’alcool pour faire quelque chose de significatif dans sa vie. Il en était venu à une conclusion étrange. Le problème avec l’alcool était qu’il ne faut pas boire du tout, ou alors ne jamais s’arrêter de boire pour que ca ait un impact dans ta vie. La porte du tram s’ouvrait, vite la sortie. Il marcha tout droit avec un air perdu, en se concentrant pour ne pas penser, même le fait de penser au cours ou il allait était douloureux, parce qu’il s’inscrivait dans une vie sans aucun sens, dans une trajectoire sans but.

Il ne comprenait même pas comment les autres personnes pouvaient s’affairer autant, comment tout le monde pouvait croire à tout ce qui les entourait. B ressentait perpétuellement un sentiment de vide, comme si il était né dans du coton. Les choses lui apparaissaient à travers du brouillard, rien n’était tangible.

Il s’assit en classe, et aperçut une fille qui était à peu près « ami » avec lui, selon des normes sociales auxquelles il ne comprenait rien. Il priait pour qu’elle ne le voit pas mais en même temps des remords lui vinrent, il se dit que si il était malheureux et seul c’était bien sa faute à ne parler à personne, cette pensée lui causa un maux de tête glacial. Ce fut pendant cette introspection douloureuse et absurde que la fille l’aperçut et s’approcha. Il sourit, parla, mécaniquement, n’importe quel sujet en aurait valu un autre. La fille continuait à parler lui à répondre en fonction de ce qu’elle disait, puis la fille répondait à son tour, un échange de tennis sans balle ou l’on mime les coups. Heureusement le cours commençait bientôt, il n’aurait plus à parler. A voir le professeur arriver, B ressentit une vive haine à son égard, comme si tout son malheur venait de cette personne portant une moustache et un costume de mauvais gout, non ça n’avait rien à voir. Pourtant B arriva difficilement à se libérer de ce sentiment. La présence de la fille lui causa de vive souffrance, parce qu’il ne savait pas quoi lui dire et il avait peur qu’elle le juge mal à cause de ça, qu’elle le trouve ennuyeux, il ne supportait pas l’ennui. Il souhaita disparaitre, ou alors que cette fille ne le connaisse pas, ca aurait certainement réglé le problème

Il resta quelque instants à souffrir intérieurement en essayant de garder la face, puis en rassemblant ses forces, dans un acte qui lui demanda énormément d’énergie, il réussit à dire à la fille à coté de lui qu’il se sentait mal et qu’il devait sortir. Il se leva et s’éloigna en essayant de ne pas se faire remarquer, il ne regarda surtout personne en sortant, il avait trop honte, sans trop savoir pourquoi. Le ciel laiteux accentua son mal de tête et le déprima

B rentra chez lui, cette journée était un échec une fois de plus, il allait devoir rester chez lui, encore, des larmes roulèrent sur ses joues, une expression d’indéfinissable souffrance tordit son visage, ça n’était pas la première fois qu’il avait des crises pareilles

Quelque part en lui, toutes ces larmes s’étaient cristallisées en une lame fine et glacée, elle fouillait dans ses entrailles ou alors restait figée dans sa gorge et lui donnait la nausée. Des gouttelettes noires sortaient de ses plaies pour se durcir en croutes qu’il n’arrivait jamais à nettoyer. Sa vision en fut changée, un stress permanent, hystérique le mis dans un état de fébrilité tendu. Comme si une hache pouvait à tout moment lui fendre le crane, Le monde devint abstrait et incertain. Une comédie dans laquelle il devait à tout prix jouer son script sous peine d’être sorti du théatre, à l’extérieur duquel, il n’y avait rien.

Il ouvrit la porte avec dégout et lassitude, il regarda à l’extérieur comme dans une scène déjà joué 1000 fois, des sentiments répétés pendant toute sa vie, maintenant vide de sens mais étrangement puissant, toute son existence s’engouffrait dans ce moment, cette ouverture de porte. La répétition

C'est gentil de penser à nous pour avoir un avis. Adepte de l'ecriture, tu es sans doute aussi un amoureux des livres : n'hesite pas à participer au forum a propos des auteurs, on verra ensuite, quand on te connaîtra mieux, à parler de ton texte;

bien cordialement.

regard superficiel : je trouve quelques coquilles, un traitement de texte en aurait vite raison. J'espère que ce n'est pas auto-biographique, parce que très sombre.

D'accord pour morbide mais pourquoi provocateur ? je ne comprends pas. Mais merci pour ton avis !

Merci pour ton avis aussi Rotko, j'avoue que c'est un peu sombre. J'ai du mal à écrire des trucs joyeux, est ce que vous écrivez aussi ?

Premières réactions à "chaud" :
- j'ai été génée par la ponctuation aléatoire,
- version intimiste; regard introspectif, noir effectivement.
- construction hative du texte êt du propos

Il faudrait relire Kafka et voir ce qu'il a fait, au plan de l'écriture, de ce mal être. Je me souviens d'une nouvelle terrible dans le genre :
" La Métamorphose (Die Verwandlung) est une nouvelle allégorique écrite par Franz Kafka, publiée en 1915. Il s'agit d'une de ses œuvres les plus célèbres avec Le Procès. On suit l'histoire de Grégor Samsa, un représentant commercial qui se réveille un matin transformé en un « monstrueux insecte »." Wiki

Le procédé littéraire est interessant ; de même celui qui consiste à "transferer" son mal être sur un animal de type escargot, mouche, etc... créant un décalage propice au suspense.

Oui j'ai lu la métamorphose, il y a longtemps. Il faudrait que je relise ce livre. Est ce que tu as lu "lettre au père" ? Je le trouve génial. Merci pour ton commentaire je vais retravailler le texte.

oui, je crois que présenter un texte parfait favorise la "captatio benevolentiae" du lecteur, ie sa bienveillance et son interêt.

Pour kafka ce fil donne des clés; idem cet autre fil sur Camus aborde précisément sa position politique : suffit de trier les posts comme je l'ai indiqué pour Amadak, juste avant que tu n'interviennes sur le fil Camus.

Si vous voulez mon avis sincère d´amateur je suis désolé mais je dirais que je trouve le récit un peu banal. Parce que je crois que le personnage de votre histoire est déprimé, mais je ne sais pas exactement à quel point. J´écoute souvent des expressions semblables à celles du personnage de votre histoire, donc ça ne m´apporte malheureusemt rien. Il me manque des métaphores, des images, quelque chose qui me fasse sentir la condition du personnage. Si vous racontiez votre récit à la première personne ne trouvez-vous pas que cela pourrait être raconté par un voisin ou un ami quelconque ? De toute façon, je ne sais pas quelles sont vos prétentions par rapport au texte. Vous êtes sûr que vous connaissez bien votre personnage ? Parce que je ne suis pas sûr que l´auteur du récit ne flotte dans une mer d´incertitude et des jugements provisionnels comme le protagoniste de votre histoire.

Oui, c'est un texte qui convient de "maturer". Il y a un excellent petit livre dans le genre "déprime" qui est publié chez Acte Sud je crois : ' Le besoin de consolation est impossible à rassasier" Je ne me souviens plus du nom de l'auteur par contre. C'est un suédois de mémoire. Mais il a eu un destin fort ; il a fini par se suicider.

' Le besoin de consolation est impossible à rassasier"

oui, c'est un ouvrage de stig Dagerman

Citation :

il a eu un destin fort ; il a fini par se suicider

charmant moi je serais plutôt du genre tueur