Ron Rash, un pied au paradis.

Ron Rash, un pied au paradis, éditions du Masque.

1950. Dans les Appalaches du Sud, un meurtre a eu lieu qui mobilise le shérif, Alexander, narrateur de cette histoire qui, dès le début, me fait une excellente impression.

Les personnages ont du corps, un passé, un présent encore lourd, un avenir incertain. Mais surtout la terre et le paysage vivent : souvenirs d’enfance, rappel des premiers explorateurs, menace diffuse aussi sur le patrimoine de la famille des Alexander.

Citation :

« Mes souvenirs m’ont ramené en arrière jusqu’à un soir d’hiver où Travis et moi étions rentrés à pied à la maison, après avoir chassé l’écureuil sur Sassafras Mountain. Il s’était mis à neiger, des flocons gros comme des pieces de cinq cents tombaient en tourbillonnant d’un ciel bas et gris.

Le temps de sortir de la forêt, nous ne voyions déjà plus nos pieds mais nous apercevions le carreau de lumière jaune à l’autre bout de la pâture. Cette fenêtre étincelante était pareil à un fanal nous guidant vers un lieu sûr et chaud où des gens qui nous aimaient seraient toujours là à nous attendre. »

C'est vraiment un chouette roman, très fort en ambiance, bien construit et avec une belle image finale. Son 2e va bientôt sortir, toujours au Masque.
Un polar, quoi

Pour l'instant j'ai fini la 1ére partie et seulement abordé la seconde, qui est le récit de la femme. Je trouve très bonne la traduction, on a l'impression d'entendre parler une Quebecoise, moins par les mots que par la musique et le rythme de la phrase.

j'ai vu que le livre avait été traduit avec l'aide du Centre National du Livre.

tu nous tiendras au courant, Caroline, de la parution du 2e roman de Ron Rash ...

Ron Rash, un pied au paradis.

Chaque partie est racontée par un protagoniste : les voix se recoupent mais apportent un éclairage différent .

Dans la deuxième partie, la voix de la narratrice est bien identifiable, à base de superstitions, de mots vieillis, de constructions orales, et de comparaisons rurales :

Citation :

« Mes pensées sont reparties vers une histoire que Grand-mère m’avait racontée au coin du feu, l’histoire d’une sorcière de long Creek qui avait brûlé un nouveau-né pour le pouvoir que cet acte lui donnerait.
La sorcière avait ramassé les cendres et les os du bébé pour fabriquer des amulettes et des philtres. La sorcière avait attrapé le bébé, l’avait sorti de sa mère et avait coupé le cordon. Aussitôt fait elle avait laissé la mère saigner à mort dans le lit où elle avait enfanté pendant qu’elle emportait le petit dans le bois et allumait un feu.
J’arrivais pas davantage à chasser cette histoire de ma tête qu’un chien arrive à chasser une tique. »

Son 2e roman Serena sortira le 5 janvier au Masque.

caroline a écrit:

avec une belle image finale. Un polar, quoi

Oui, un bon polar, bien écrit, à tel point que je l'avais mis d'abord en littérature américaine car l'intrigue, dite policière, ne me paraissait pas être au premier plan.

Effectivement, rien n'est sacrifié à l'intrigue, les personnages font leur chemin, et le paysage aussi, sans rien de lourd ou d'inconvenant.

Un livre à recommander et un auteur à suivre, pour Séréna, comme Caroline l'annonce.

Un joli petit article pour titiller la curiosité de ceux que l'Americain ne rebute pas et qui met le lecteur en appêtit.

Le monde à l'endroit Collection Points N° 3101 (336 p) a aussi bonne réputation. On y parle de pêche à la truite, de vols de plants de cannabis, et même de la guerre de sécession.

Bref un auteur talentueux qui sait mener une intrigue et camper des personnages, parfois un peu azimutés, mais les gens normaux ne courent pas les rues et ne font pas les bonnes histoires