Jon Fosse (Norvège).

Rêve d'automne, de Jon Fosse. Théâtre de la Ville, Paris (Ier). Du 5 déc. au 25 janv. 2011.

Traduction de Terje Sinding (à paraître aux éditions de l’Arche).

c'est la rencontre, dans un cimetière, entre un homme et une femme qui se sont connus et aimés autrefois. S'aimeront peut-être, se quitteront encore, dans une abolition du temps vertigineuse.

Lui (Pascal Greggory) est venu pour l'enterrement de sa grand-mère ; elle (Valeria Bruni-Tedeschi) est attirée en ce lieu par l'un de ces mystères qui vrillent l'existence pour en toucher le fond. Et la danse du désir et de la mort rapproche les corps, tandis que le fantôme de la disparue glisse en chemise tel un témoin étonné (ô Michelle Marquais...) jusqu'à ce qu'entrent les parents de l'homme, pleins de griefs et ressassant (Bernard Verley et Bulle Ogier à la présence inaccessible).

Tout se répond en un ballet étrange, parfois d'une force inouïe, parfois d'une vulgarité assumée qui réduit le propos. On en sort estourbi, un peu tanguant.

dit l'Express.

On avait parlé de ce dramaturge norvégien et de sa pièce à propos de Patrice Chéreau

Jon Fosse, le Fils.

La scène représente une petite pièce avec un fourneau allumé, une porte vers l’extérieur, l’autre vers la cuisine, sans doute et un cadre : c’est la fenêtre devant laquelle se tient le père.


Quatre personnages : le père, la mère, un voisin bien abîmé par l’alcool, et le fils, raide et brusque.

D’abord c’est la solitude et l’ennui du couple parental : il se désole de l’obscurité, et de l’absence de perspectives pour les jeunes. Que des vieux ! le village qui se meurt.

Le père et la mère se répètent ce qu’ils se disent tous les jours : rien à attendre.

Pourtant ils croient reconnaître une silhouette qui accompagne le voisin retour de la ville…

Serait-ce le Fils, celui qui ne donne pas de nouvelles, qui ne dit rien, et dont on dit…

Le silence et les non-dits sont plus importants que les mots échangés. Il s’ensuit une pesanteur du climat familial, froid comme le temps, et des humeurs sombres comme le jour. Nulle chaleur humaine, ni dans les gestes, ni dans les propos, en dépit des vains efforts de la mère, notamment, et de la révolte du fils, prisonnier du silence.

Là où d’autres feraient un mélo bavard, Jon Fosse crée une pièce minimaliste, angoissante et dure. Chacun y sombre comme un caillou dans l’eau.

Selon un comédien, Jon Fosse donne des indications très précises sur la façon de dire le texte, en espaçant les mots.

Pour moi, une belle découverte que j’attendais.

Ses textes sont publiés chez l'Arche.

En 1999, Quelqu’un va venir , avait révélé jon Fosse dans une mise en scène de Claude Régy en France .

Chereau monte Je suis le vent de Jon Fosse du theâtre de la ville à paris, puis ce sera à Lyon.

Deux personnages, nommés sobrement "l'Un" et "l'Autre".

Le premier, halluciné et christique, est l’Un ; le second égaré, dépassé, joue l’Autre. Tous deux douloureusement aux prises avec le mystère de l’existence et du sentiment oppressant d’être ou de ne pas être, sinon « un mur de béton qui se lézarde ». Tous deux fabuleusement dirigés par Chéreau avec le concours du chorégraphe Thierry Thieû Niang, dans un jeu qui fait chanter, qui fait pleurer les corps, à l’unisson de la parole et des regards plus forts que les mots.

La scénographie, signée Richard Peduzzi, est tout aussi étonnante : un radeau, suspendu au milieu du plateau nu qui se remplit d’eau, par à-coups. Tanguant, bousculant, chahutant les personnages confrontés aux éléments bientôt déchaînés, il est plus « vrai » que nature et donne au spectateur le sentiment de « toucher » la mer, de la respirer. Il l’entraîne, « pour de bon », en même temps que l’Un, dans la tourmente des vagues et des flots, cachant, dans leurs abîmes, des monstres moins terribles que ceux qui nous habitent. À la fin, il dit : « Je ne suis plus lourd. Je n’ai plus peur. Je suis le mouvement. Je suis parti avec le vent. Je suis le vent. »

La Croix y voit "un spectacle saisissant".

Chéreau parle de jon Fosse :

Chez Fosse, il y a un monde, une souffrance, une connaissance du théâtre, une capacité de composer des textes avec des formes incroyablement musicales. Pour comprendre ce qui m’attirait, j’ai voulu monter coup sur coup, Rêve d’automne et I am the wind. Et j’ai mieux réussi la seconde, parce que j’ai saisi les problèmes de compréhension que Fosse peut poser.

Fosse joue avec la temporalité. I am the wind commence par la fin, puis revient à un début, on ne sait pas lequel, puis repart à la fin. Il faut imaginer des solutions simples.

I am the wind m’a appris à admettre la raréfaction des actions, de la parole. A faire un théâtre d’une très grande simplicité, ce que je n’aurais pas su faire il y a quinze ans, même si le spectacle est techniquement lourd, avec sa plate-forme suspendue au-dessus de l’eau. On peut faire naître un univers avec un lit, un acteur et juste un peu de lumière.

Entretien pour le journal le Temps.

le fils au théâtre de la Madeleine

un personnage principal dans cette œuvre brève et laconique, c'est la nuit, la nuit d'hiver de la Scandinavie. Le père le note en ouverture et en fermeture de ce moment de plongée en d'autres ténèbres, celles du cœur, de l'âme des humains qui ne savent pas exprimer leurs sentiments. «C'est sombre et noir en ce moment, (….) Tout est sombre et noir/Jamais vraiment de lumière.»

Les protagonistes sont plongés dans cette obscurité déprimante.

Choisis et dirigés par Jacques Lassalle, quatre interprètes ultrasensibles incarnent ces personnages qui parlent peu, qui parlent en creux, s'expriment par leurs silences et leur corps.