Variations sur un thème de Houellebecq

Voici le thème, une dizaine de lignes, et je propose aux grains de faire un texte voisin avec des intentions différentes, ce qui permet de délier les plumes, et peut-être de mieux cerner l'auteur des particules;

"Moment convivial de la journée au Lieu du Changement, l'apéritif se déroulait généralement en musique. Ce soir-là, trois types jouaient du tam-tam pour une cinquantaine d'espaciens qui bougeaient sur place en secouant les bras dans tous les sens. Il s'agissait en fait de danses de la récolte, déjà pratiquées dans certains ateliers de danses africaines; classiquement, au bout de quelques heures, certains participants éprouvaient ou feignaient d'éprouver un état de transe. Dans un sens littéraire ou vieilli, la transe désigne une inquiétude extrêmement vive, une peur à l'idée d'un danger imminent. "j'aime mieux mettre la clef sous la porte que de continuer à vivre de transes pareilles ."(Emile Zola) Bruno offrit un verre de vin des Charentes à la catholique."

1ère variation.

La journée connaissait un moment de répit et d’échanges, dans un lieu où se rassemblaient les villageois pour une cérémonie qui tenait de l’apéritif convivial et de la pause musicale. Certains mêmes dansaient au son des djembés et des darboukas, agitant en rythme bras et jambes comme dans les danses maliennes de la Récolte. Il arrivait que la transe s’emparât d’un danseur, et la communauté le regardait avec affection et inquiétude.

Les rationalistes s’offusqueront de ces pratiques, comme jadis Zola qui préférait « mettre la clé sous la porte plutôt que de vivre des transes pareilles ». Les croyants œcuméniques n’ont pas de pareils dédains.

Bruno tendit à Simone un verre de Clairette de Die.

2ème variation, pantoum

C’était à l’heure calme, quand descend le soir
Dans la prairie résonnaient les premiers tambours
Ils chantaient l’abondance et les rites d’amour
Des ombres, ça et là, ondulaient dans le noir

Dans la prairie résonnaient les premiers tambours
Se noyant dans la transe et portées par l’espoir
Des ombres, ça et là, ondulaient dans le noir
Implorant la récolte et dansant jusqu’au jour

Se noyant dans la transe et portés par l’espoir
Sur les peaux tendues, inlassables, les bruits sourds
Implorant la récolte et dansant jusqu’au jour
En des termes anciens invoquaient la mémoire

Sur les peaux tendues, inlassables, les bruits sourds
Se rappelaient Balzac par ces coups de boutoir
En des termes anciens invoquaient la mémoire
Je buvais avec toi, pour te faire la cour

E-pa-tant, ton pan-toum !

Merci Rotko!! J'étais prêt à faire n'importe quoi hier, pour ne pas me remettre au travail, même un poème! Du coup lever 5 h ce matin

Variation 3.

Je me rendis donc sur les coups de midi dans la salle du Centre. Ils étaient tous là, barbus et bronzés, la chemise bariolée ouverte sur leurs poitrines poilues. Des animateurs, vagues rappeurs du dimanche, frappaient en cadence sur de grands bidons. On aurait juré l’orchestre des manifs, de Bastille à Nation.

Ça sentait l’herbe et la merguez. Je fis le tour de la salle et repérai la grande blonde à queue de cheval, dont le rire vrillait les oreilles.

- On l’appelait Isabelle, car elle était catholique.

- On la disait hôtesse de l’air et sentimentalo-dépressive, après 17H

Citation :

« Son cœur lassé de tout, même de l’Espérance… »

J’apprendrais plus tard qu’elle trimait aux chèques postaux et vivait avec sa mère dans le quartier des Batignolles.

Son vrai nom, c’était Maryvonne, et elle carburait au Pernod.

4eme variation, variation bien pensante

Ma chère Marie Amélie,

Comme tu le sais, conseillée par notre nouveau prêtre, j'ai décidé de faire retraite une semaine à L'Espace, lieu de développement personnel, de façon à méditer sur les doutes religieux et les difficultés conjugales qui me tourmentent.

Après avoir expérimenté les ateliers massages, ainsi que la piscine naturiste, j'ai décidé de me rendre sur la Prairie, pour échanger en toute cordialité avec mon prochain, dans une communion pendant laquelle nous partageons le pain (enfin plutôt les biscuits apéritifs dans ce contexte) et le vin.

Je regardais à peine, les musiciens qui étaient venus nous aider à atteindre la Grâce, portés par les vibrations de leurs instruments et à leur foi profonde dans le genre humain, je réfléchissais à la révélation qui m'avait illuminée à la piscine en observant les autres espaciens: mon mari Pierre-Edouard, issu d'une famille qui remonte à Charlemagne, ne peut malheureusement prétendre au qualificatif de "Magnus" de son ancêtre.

Un homme s'approcha de moi, il était malingre et peu engageant. J'acceptai cependant, charité chrétienne oblige, le verre qu'il me tendit.

super votre variations !

Variation n°5

A l’heure où les pendules se sont arretées, une musique étrange envahit l’Assemblée, des tam tam, sirènes, zouzoulas et cymbales .

Soudain, le silence se fit, un ange passa, dans l’espace se faufila un esprit saint entre les fauteuils des élus au son de la harpe, chacun leva la tete dans une transe commune.
Tradition classique d’une rentrée parlementaire, méditation avant les palabres invitant au silence et au recueillement...
La récolte des insurgés était maigre, trop peu nombreux dans les rues encore pour décider de la levée d’une Réforme.
Voltaire ne disait-il pas : « l’étonnement est suivi du silence »
Aussitôt ils se mirent à danser debout sur leurs sièges, invoquant les grands dieux, mains levées, avaient-ils tous tant vieilli jusqu’ à devoir passer l’arme à » gauche » et céder aux incantations de la foule ?

Une nuit entière derrière les articles de loi cherchant la faute commise, avec l’idée d’un danger, un complot présageant un grand blocage cérébral collectif, l'inertie Totale ,
Préférant mettre la clef sous le paillasson, levant un verre à la victoire, repentis, ils retrouvèrent leur raison et trinquèrent avec les syndicats.

Variation n° 6

Nous avons dû intervenir le 18 juillet sur les coups de 14 h30 -15 h à la suite des plaintes d’un riverain sur le lieu dit « l’Espace » où se déroulait une fête - qui avait tout de l’orgie.

Comme l’avait annoncé M. Panta, le riverain, le vacarme était insupportable, et des énergumènes bien alcoolisés tapaient sur des bidons d’essence. D’autres se démenaient, plus ou moins vêtus ou dévêtus, c’est selon, en se prenant pour des adeptes de « la pluie bienfaisante » .

La dénommée « Maryvonne »,alias « Isabelle », dansait nue sur une table avec le prétendu "Albert", alias "Bruno", professeur de son état d’ébriété avancée, avec des gestes obscènes réprouvées par la morale laïque et obligatoire.

Nous avons été l’objet de menaces de pierre-Edouard de la Tour Meulin qui, se vantant de ses relations au ministère de la justice qu’il attribuait à Hortefeux, a déclaré qu’il nous « ferait tous sauter ».

A ce sujet, il ferait mieux de surveiller sa femme, Marie Amélie de la Tour Meulin, qui précisément, se trouvait avec Michel Houellebecq dans des positions que réprouve la morale laïque et obligatoire, même si autorisées par le Karma Fouchtra, à ce qu’ils disaient.

Nous sommes dans un pays européen et les législations étrangères ne permettent pas tout sur notre sol.

Toute la bande - c’est le cas de le dire, a été envoyée au dépôt, et je demande à Monsieur le Procureur, de poursuivre les délinquants, sexuels et autres, pour les délits caractérisés ci-dessus.

Brigadier Tuvache, gendarmerie d’Argelès.

super Rotko!! je vois que les textes se répondent et c'est très drôle!! plutôt de Royan la gendarmerie! L'espace est près de Royan!

Moment morne de la journée au Lieu du Souvenir, la cérémonie se déroulait généralement en silence. Ce soir-là, un vieillard récitait des textes millénaires pour une cinquantaine de chrétiens figés sur place qui gardaient leurs mains aplaties l'une contre l'autre. Il s'agissait en fait d'une messe, déjà pratiquée dans certains lieux de culte français ; classiquement, au bout de quelques heures, certains participants éprouvaient ou feignaient d'éprouver un état de recueillement. Dans un sens littéraire ou vieilli, le recueillement désigne une récolte de fruits, des pommes honteusement cueillies sur leurs arbres. "Le Dieu des chrétiens est un père qui fait grand cas de ses pommes, et fort peu de ses enfants." (Denis Diderot) Bruno offrit une hostie à l'athée.

Bravo Sylbao! ça devient de plus en plus délirant!

variation 8

Tout les sages se réunissent dans un paradis fiscal, Guignol, le maire, ses édiles arrivés en fanfare,
sont cinquante à la table des négociations, un déjeuner sans fin, vin et bonne chair, avalé à la vitesse imposé par la valeur-Temps, interrompu par des appels polyphoniques incessants..gagner de l'argent,

Du haut de leur piédestal, un spectacle magique se présenta aux yeux éblouis.
Guignol en tête flotte en transe sur une véritable neige d’euros, recouvre le globe terrestre d'une couche moelleuse et le fait tourner sur son index en maitre du monde.

C'est l'exotisme, des relents de colonialisme, un mythe retrouvé des anciens venus d'une autre planète, une transe vive craignant l’explosion des tubes catholdiques.

Soudain ils entendent des clameurs venus de loin, la peur au ventre, proie à une bile noire, la langue en feu, pichrochole met clef sous porte et s’enfuit sur une ile pacifique avec sa belle isabelle .